Israël et L'Humanité - Autres témoignages bibliques et rabbiniques en faveur de la vocation d'Abraham

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§ 4.

AUTRES TÉMOIGNAGES BIBLIQUES ET RABBINIQUES EN FAVEUR DE L'APOSTOLAT D'ABRAHAM.

Un trait du caractère d'Abraham que la Bible met en relief, c'est son hospitalité qui est restée proverbiale. On a déjà fait observer que les habitudes d'hospitalité dans l'antiquité ont puissamment contribué à établir entre les peuples les relations commerciales. C'est grâce à elles que le peregrinus dont le nom équivalait à l'origine à celui d'ennemi, finit par ne plus être chez les Romains qu'un étranger, à qui l'on concéda d'abord le droit de conclure de valables transactions, puis la faculté de contracter des alliances légales et enfin la complète égalité civile. Dans les derniers temps de l'empire, c'étaient encore les règles de l'hospitium qui servaient à déterminer les rapports de l'Etat romain avec les Barbares qu'on salariait et à qui l'on accordait des terrains.

Or, si l'on se représente Abraham, avec sa foi profonde au Dieu unique de tous les hommes, recevant à sa table ses hôtes païens et pratiquant devant eux les usages religieux dont les Anciens accompagnaient invariablement les repas publiques et privés, on comprend que les Rabbins aient signalé à bon droit l'hospitalité exercée par le saint patriarche comme une preuve de sa mission de prosélytisme monothéiste auprès des Gentils.

Les témoignages rabbiniques en faveur de l'apostolat d'Abraham sont d'ailleurs très nombreux. Les Docteurs ont relevé avec une [1]insistance toute particulière la promesse divine qu'il deviendrait le père d'une multitude de nations et ils ont figuré cette paternité universelle sous la douce image de Sara. En effet, en même temps que s'accomplit pour ceux-ci la prédiction relative à la miraculeuse naissance d'Isaac, non seulement toutes les femmes stériles deviennent mères, mais tous les sourds entendent, tous les aveugles voient, les muets recouvrant la parole et les fous sont guéris de leur démence [2]. Non contents de cela les Rabbins nous représentent Sara allaitant, avec Isaac qu'elle vient de mettre au monde, les fils des plus nobles femmes, qui avaient été privées de lait, afin que l'épouse d'Abraham put servir de mère à leurs enfants. Il vaut la peine de traduire tout entière cette belle haggada. « R. Berahia, dit au nom de R. Lévi: Que voyons-nous que Dieu fit lorsque notre mère Sara devint mère? Il priva de lait les femmes des Gentils. Celles-ci venaient donc baiser les pieds de Sara en lui disant: Par charité, donne un peu de lait à nos enfants. Abraham dit à Sara: Sara! sanctifie le nom de Dieu; assieds-toi dans la rue et allaite leurs enfants. C'est pourquoi l'Eternel dit: «  Sara allaita - non pas un fils - mais des enfants » . On peut déduire de là un argument. Si un mortel composé de chair et de sang se réjouit, lorsqu'on bonheur lui arrive, et met tout le monde en allégresse, à combien plus forte raison en sera-t-il de même lorsque L'Eternel viendra réjouir Jérusalem [3]» .

La lecture de cet apologue, démontrera, croyons-nous, que loin d'être dicté par le sentiment d'orgueil qu'auraient pu éprouver des descendants d'Abraham au récit du miracle de l'enfantement de Sara, il est inspiré au contraire par une générosité de cœur d'une telle noblesse qu'elle ne peut goûter pleinement les joies des faveurs divines si les autres ne les partagent également. Cette conception des femmes stériles, l'allaitement de leurs enfants, la guérison de tant de souffrances au moment de la naissance d'Isaac ne s'expliquent pas autrement et le Midrasch ne pouvait faire entendre plus clairement ses véritables intentions qu'en se servant de ce fait merveilleux pour proclamer les dispositions miséricordieuses de Dieu à l'égard de l'humanité. [4]


References

  1. Page 441
  2. Pesickta, ed. Lyck. P. 146
  3. Ibid. p. 146. 2.
  4. Page 442