Israël et L'Humanité - L'homme créateur

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L'homme créateur.


Nous avons signalé les étroits rapports qui font de la doctrine de la coopération de l'homme avec Dieu et de celle de l'unité de, 1% Loi divine At humaine une saute et même doctrine. L'idée de parenté divine que nous retrouvons chez les Uabbins met le sceau à eût enseignement.

     Nous voyons les Docteurs prodiguer aux justes, outre le nota

déjà si , éloquent d'associé de Dieu, les douons appellations d'amis,

compagnons et frêres do Seigneur. Os dernier titre fait involon­

tairement songer à celui que le christianisme donne aux fidèles

dont Jémos est nommé Io frère aimé. On pourrait dire que c'est à

cause de t'humanité commune à l'un et à l'autre que le chrétien

est appelé le frère de Jeans. Mais il faut se souvenir de ce quo

nous avons indiqué pr6eédemment, c'est que l'incarnation chrétienne

n'est qu'une imitation de la Scheckfim hêbreique, de, PimmanOUCO

divine, du Malkhoot de la Kabbale, avec cette différence essentielle

que la descente dans le fini Saccomplit, d'après 168 croyances

chrétiennes au soin de l'humanité seulement, on plutôt dans an

seul homme, tandis que pour la Kabbale l'incarnation existe dans

le fait et par le fait même de la Création tout entière, bien que

dans celle‑ci ce soit encore l'homme qui en demeure pour ainsi

(lire Io foyer central, l'aimant qui l'y attire et l'y maintient.

Cette coopération, dont le titre de frère de Dieu est un symbole, atteint sa forme la pins êlevêe et on peut dire la plus hardie, dans la doctrine qui fait de flammes un créateur avec Dieu, on affirmant que l'esprit de l'homme a pris part avec Dieu à la création du monde. Il est vrai qu'on moseignalit que les oeuvres humaines Bout supârieures à celles du ciel et de la terre, les Itabbins nous ont


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dejê. fait entrevoir cette idée, mais nous la trouvons énoncée en termes formels dans ce passage du B~eschit rabba: ~ Lorsqu'il s'est agi de créer le monde, Dieu consulta les noms des justes, ainsi qu'il est écrit: Ils furent les créateurs siégeant avec le Roi quand il exécuta son oeurve (~) >. C'est évidemment la même idée qui a inspiré nombre d'autres passages rabbiniques, tels que ceux‑ci: ~ Si 108 justes le voulaient, ils pourraient créer les mondes ». On encore: s Bottalol connaissait la manière de combiner les lettres avec lesquelles 108 cieux et la terre furent créés s. Nous trouvons aussi un écho de cette doctrine dans ces créations de mondes que le savant, selon le Zohar, opûre en mëditaut la Loi divine et peut­être môme dans la promesse chrétienne que les justes devront juger le monde avec Jêsus.

Os West Pas simplement un écrivain, (~est, lorsque celui‑ci s'aPPe]]O Gîsthe, la science, le génie, la philosophie, la poésie ami­centrée dans nu seul homme, qui nous expriment une pensée sem. blable quand il émût, comme nous l'avons vu à propos de la doctrine dûs Sarim, cette idée que les âmes des sages prennent part aux joies des dieux < en s'associant à, la fêlicitê (font ils jouissent comme forces créatrices ~‑(2) On mmuaitpareillement la croyance des Anciens sur les astres animés. Les religions et les philosophies étaient sou­vent d'accord sur ce point, témoin Pythagore, Socrate Pt même Aristote avec ses « intelligences motrices ~.

En considérant comme l'âme de la terre le premier Adam, c'est­â‑dire l'humanité en la personne de son représentant, les Rabbins n'ont Ut qu'exposer à leur maniêro des idées analogues. Un Penseur nous en donne une formule philosophique quand il écrit: < L'homme fragment du Monde participe à ses lois dont la loi morale n'est qu'une déduction (') >. N'est,ce pu la ce quo nous avons dit de l'unité de la loi divine et humaine? Si l'homme est l'image du monde, à plus forte raison en doit‑il être le modéle, puisqu'il en est la créature la plus élevée. Le mot célèbre de Bande, qu'on ne triomphe de la nature physique qu'à condition de la con. naître et de lui obéir éclaire à son tour la doctrine rabbinique et s'il est omet, combien l'axiome connu Satura non nisi parendo vin.


(1) B~hit rabloi, roi.

(s) PhUosophie de G«s~e, Revus des Doux Mondes, i865; p. 329;

(‑) II,~6 Phil‑oophiq.,, 0,ds 1878.


1~UO~ COOPÉRATE~ DE DIEU 377

cuur ne le sera‑t4l pas davantage encore quand il ifagit de la nature morale (I)l

Nous avons parlé plus haut de la théorie du miracle selon Ibn Pzra. Elle rentre évidemment dans le même ordre d'idées, C'est une conséquence du rôle de créateur avec Dieu attribué à Adam; c'est le côté mystérieux de la nature humaine qui étend sa domi. nation sur tout ce qu'il y a encore d'inconnu dans 1% Xature en général. Il n'en peut être ainsi dans le paganisme qui, étant fata. lement naturaliste on panthéiste, subordonne toujours Phomme àson dieu et par cela même à l'univers. Dans ce système, à ilêfaut d'un Idéal, d'un Dieu transcendanL, tout doit commencer et se terminer dans la réalité. L'idée ne se distinguant pas du fait, elle ne saurait le dominer; il y a entre eux équation parfaite. Les exceptions qu'on peut nous objecter ne sont qu'apparentes. Dans l'Inde par exemple, il arrive que l'homme se révolte et combat, et parfois il en impose aux dieux et triomphe. Mais là comme en Grèce, ce qui distingue ces lattes do celles que soutient le saint israélite, c'est leur caractère de rébellion. Victorieux ou vaincus, les sainte du paganisme sont toujours des révoltés, tandis quo e~est en Ubêissant constamment à l'ordre, à la volonté souveraine de Dieu, que le juif lutte avec les dieux, nous allions dire avec Dieu lui‑même en tant qu'immanent, dans la création et les Rabbins nous disent qu'il n'y a pas de titre plus cher à la Schmki« que celui (10 Vaincu (.).

Pour le judaïsme, tout procède do Dieu, même ce que nous appelons mal. Isaïe n'a‑t‑il pas dit: « Je donne le bonheur et je erêe le malheur (~) »? et la personnirication même du mal, Azmel, ne représente‑t‑elle pas, comme nous l'avons vu, au dire des Kab. balistes, le côté gauche de la Divinité? Le mot célèbre de Proudhon renferme donc autre chose qu'un blasphème; combattre le mal, &est ,d'une certaine façon combattre Dieu lui‑même. Seulement ce que Proudhon n% point vu, c'est qu'on ne peut combattre Dieu de cette manière qu'avec l'aide de Dieu même, clest~â‑dire en utilisant les facultés qu'il nous a données pour continuer dans le monde l'couvre de la création.

Ce qu'il ne faut jamais oublier lorsqu'il s'agit de l'homme, c'est que, sous le terme gênées], de nature, on doit comprendre sa


(1) Ibid. Novoenbre 1878, p. 465.

    l"I', 'v, 7.
    T. B. Me.~, 59~.


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nature personnelle, avec toutes ses qualités CaTaotêristiqties qui sont souvent en contradiction avec celles du monde extérieur. Pour obéir à la loi de la Nature dans laquelle il vit et se mettre librement et consciemment en harmonie avec le Tout comme les êtres physi‑~ ques le font fatalement, Pleurer, ne pont pas se contenter d7huiter la nature 5 il a souvent A, lutter coutre elle, car autrement il Blêloi­gourait du but à atteindre, pour cette raison bien simple que si l'être dépourvu de liberté et d'intelligence agit nécessairement ci, la manière la plus convenable à ses rapports avec la nature uni. verselle, celle‑ci se chargeant de le maintenir constamment dans Io cercle de ses lois, l'être libre et intelligent au contraire doit, par ses propres efforts, prendre la place qui lui appartient spêeia­lement dans l'univers, au prix de lattes incessantes et de victoires remportées sur tout ce qui fait obstacle à sa vocation supérieure. Voilà en quel sous l'homme est vraiment créateur et comment, au lieu d'imiter la, nature, il doit la dominer et s'on servir pour une fin plus haute. Ajoutons simplement ici que ce n'est point dans la nature elle‑même qu'il trouve la loi à laquelle il est tonuWobéir pour réaliser son idéal, cette loi, en définitive, lui vient du dehors, elest‑â‑dire d'une révélation et eest elle qui le met véritablement oit harmonie avec PorsbA universel. Sa qualité d'être spirituel le place ainsi dans l'obligation de se conformer, non pas à la nature, tuais à l'Idée créatrice, qui perfectionne la nature.

References