Israël et L'Humanité - Le catholicisme d'Israël
C'est dope a fait que dans tout le monde gréco‑romain, où l'in, diminue ci, judaïsme se faisait sentir, ai, nombre toujours croissant (le païens, touchés par la propagande israélite se maintenaient en ,apporte étroits avec les synagogues; que (les groupes, des centres noachides se constituaient où les Gentils, tout mi abjurant les anciennes erreurs polythéistes, pratiquaient une religion différente du moisaïsme, mais qui répond exactement à celle que les Docteurs nous décrivent comme la seule religion obligatoire pour les parjuifs, le maîchisme.
Les preuves sont si nombreuses qu'elles n'ont pu échapper aux recherches de la critique historique et qu'il a bien fallu reconnaître que les Juifs ne voyaient pas dans leur propre culte la forme de l'unique et véritable religion qui convenait aux païens. A Les Juifs portés au prosélytisme, écrit M. Renaît, ont toujours senti que ce qui dans leur religion convient à l'universalité des hommes est Io fond monothéiste, que tout le reste, institutions moictiques, idées ]messianiques, etc, forme comme ait second degré de croyance corpsGratuit l'apanage particulier des enfants flllsra~l, pu, sorte d'liévirage de famille qui n'est pas transmissible (î) ~. Tout est exact dans ce témoignage, sauf ce qui concerne les idées messianiques qui, loin d'être le patrimoine exclusif (IlLeraél, ont au contraire ait caractère essentiellement universel, puisque c'est la préoccupation des destinées religieuses de l'humanité qui en constitue le trait le
(1) Si. Paul, p, 46.
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plus marquant. Il est vrai que l'éminent écrivain Voit, dans Ce judaïsme largement Ouvert à toutes les âmes de bonne Volonté, ,ne conception des esprits avancés, laïques sacs science, soustraits, nous dit‑il, à Pinflueue, des Docteurs et qui, dans leur désir de convertir le monde, n'insistaient plus, comme ces derniers, sur Ilimpartance de la circoncision et détournaient môme les nouveaux convertis de la pratiquer. Mais il Dons tant bien opposer un démenti à ce table,, fantaisiste; la vérité en effet est que ces esprits avancés ne sont qu!une création de l'imagination. An sujet de la loi noachide, il ne pouvait pas y avoir deux manières de penser en larsâl, car le judaisme tout entier s'était élevé de Foxelusivisme confessionnel et national à la notion d'une religion universelle. Si quelque divergenre existait alors che, les JI1fs~ ce devait dire précisément le contraire de ce que prétend Renan; les Rabbins, qui faisaient sans cesse de la loi noachide l'objet de leurs discussions théologiques, as pouvaient se méprendre sur le armtùre du mosaïsme au point de le croire jamais obligatoire pour tous les hommes. N'a‑t‑on pas même été jusqulâ soutenir, ce qui d'ailleurs est excessif, qn7ils étaient plutôt hostiles A, la conversion des laitiers au judaïsme? Clest la foule seulement qui, moins mettait, en général, pouvait être portée à voir dans les institutions mosaïques la seule voie ouverte aux Gentils pour embrasser la vraie religion.
L'histoire des premiers temps du christianisme prouve, nous l'avons déjà vu, que cette derniers supposition West pas entièrement dénuée de fondement, car les apôtres qu'on nous représente comme des hommes ignorants, et qui Fêtaient dans une large mesure, se sont trouvés fort embarrassés quand il s'est agi de décider ce que l'on devait imposer aux Gentils. Les uns, les plus pieux, sinon les pins au courant de la tradition hébraïque, croyaient «il fallait les soumettre au mosaïsme tout entier; les autres reconnaissaient bien, à, la vérité qu'on devait les en dispenser, mais ce n'ôtait point, il faut le remarquer, parce qu'ils voyaient dans le culte mosaïque le statut personnel (Martel, mais bien parce qa7ils prétendaient quo cette religion était abolie pour les Juifs enx‑mêmes comme pour la (ientilitê.
rour justifier la reproche d'intransigeance qu'il fait aux Rabbins, Renan Cite deux anecdotes qui couraient alors sur le compte de Schammai. Ce I)octeur aurait repoussé deux prosélytes dont feu ne voulait accepter que la Loi écrite, tandis que l'autre demandait qu'il s'engageât à lui apprendre toute la Loi durant le temps qu'il
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se tiendrait sur un seul pied. Mais ces faits, tout authentiques
qu'on 'Os SuPPOSO, ne Roue paraissent avoir aucun rapport avec
la question dont il s'agit. Schammaï d'ailleurs n'car que Pun des
chefs du pharisaïsme et ce n'est pas lui qui fait autorité dans le
judaïsme. Dans des circonstances semblables on sait que le eélêbre
Hillel tint une conduite toute différente. Les deux Docteurs dans
ces cas analogues ne S'occupaient point de la loi nmohide. Il ne
s'agissait pas pour eux de savoir si, sans embrasser le mosaïsme,
le Pabul Pouvait se placer dans une situation religieuse légale;
tout le monde était d'accord sur ce point‑Il. (le qui les intéressait
alors, c'est la position de ceux qui, de leur plein gré, sans être
aucunement astreints par le commandement divin, voulaient se
soumettre à toutes les charges de la loi mosaïque; e,(~tait une
question de procédés à suivre pour lem admission, moins encore,
dû simple tolérance, de patience, de douceur à employer à leur
égard et sac tout cela les tempéraments respectifs des deux Docteurs
étaient en ddsaceord.
L'histoire des deux Juifs qui déterminèrent la conversion de la famille royale d'Adyabêne n'est pas pins concluante. Il est vrai que l'un d'eux, Ananêe, la détournait de la circoncision et que l'autre, Blêazar, la lui conseillait. Mais 00 n'est pas parce que l'un la croyait indispensable, taudis que J'autre ne la jugeait pas né. cesimire; c'est uniquement parce que le premier ambitionnait de faire de ses convertis de véritables juifs et que l'autre au contraire se contentait qu'ils devinssent de simples noachides. Cela ne veut pas dire qu'on général les Juifs n'étaient pas flattés de voir les Pui(Ms se soumettre à leur propre Loi plutôt qu'à celle (le Noé; 10 Peuple surtout devait préférer la premiers forme du conversion. Mais ce qui importe, ce n'est pas le sentiment de Juifs plus ou moins ignorants, C'est la doctrine même du judaïsme qui s'imposait à tous et d'après laquelle tous auraient foi par convenir que le mosaïsme était un degré supérieur d'initiation accessible à loue ceux qui y voulaient prétendre, mais auquel en conscience aucun G(Moil n'était tenu de s'élever.
L'illustre critique dont nous citons le témoignage et que nous trouvons sur ce point en contradiction avec lui‑même, reconnait d'ailleurs que < beaucoup de pieux néophytes menaient la vie juive sans slassnjëtir au rite qui était censé pour le vulgaire en ouvrir Pacoês >. Et il ajoute: e Les Pharisiens wenvisageaient pas
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la Loi comme devant s'appliquer au genre humain tout entier. Ce qui était essentiel à leurs yeux, c'est qu'il y eût toujours une tribu Sainte qui l'observât et offrit une réalisation vivante de Pldéal révélé (') ~. Rmuan constate ainsi la mise en pratique de cette règle dont nous avons parle et d'après laquelle chaque Gentil, sans embrasser formellement le judaïSme, avait la faculté tout en restant dans sa religion noathide, d'accomplir un ou plukours des préceptes de la Loi, règle dont R. Jonathan dans le Talmud a donné une formule théologique, quaud il attribue à chaque précepte pris séparéusent, Ileffloacitô d'opérer le salut (Il.