Israël et L'Humanité - Le catholicisme d'Israël
Le catholicisme d'Israël.
Il n'est pas inutile sans doute de voir comment, sur des points bien divers de l'horizon intellectuel, d'éminents penseurs out compris le caractère tout particulariste dn wosaïmne et la religion universelle dont il n'est que la forme appropriée aux Israélites.
Spinoza nous dit que les lois que Dieu a dictées à Moïse no
regarderuqueleg Juifs crue soctobligatoires pouraucun autre peu~
pis: « Te me suis demandé, ajoute‑t‑il, par quelle raison les Hébreux
ont été appelés élus de Dieu. Or m'étant convaincu que cela %ignifie
seulement que Dieu leur avait choisi une certaine contrés de te",
où lis pussent vivre commodément et avec sécurité, j'ai appris par
lû que les lois révélées par Dieu à Moïse ne sont autre chose que
le droit particulier de la nation hébraïque ». L'explication que
donne le philosophe de t'élection dIlsraët para' il; à première vue
assez singuliù,e, mais au fond nous retrouvons lâ l'idée biblique
et rabbinique que la Pale~tine appartient d'une fa~,ou plus parti
culiere an Dieu d1lâwagI de même qu'Israël lui‑même. Ce. qu'il y
a de plus remarquable dans ce passage de Spinoza, c'est lorsque
S'élèvent de la considération du culte spécial des Juifs à, la con
ception du noaehisme, il appelle celui‑ci la véritable religkmTmi~
verselle; ~ Ensuite j'ai voulu savoir, dit il, si la religion catholique
(universelle), je veux dire la loi divine révélée par les prophètes
et par les apôtres à tout le genre humain, est différents de celle
que nous révèle la lumière naturelle ~. Xal doute que la pensé,
L... 0t. p. 87. Ab,d. 7,n. 5‑.
496 LA LOI
(le Spinoza ne soit ici conforme aux blocs que nous nous efforçons d'exposer a, lecteur. A côté (lu mosaïsme qui est le statut national des israélites, il existe uns loi universelle, un catholicisme (lent celui des apôtres chrétien, n'a été qu5un essai de réalisation imparfaite.
La philosophie indépendants se rencontre donc avec l'hébraïsme dont Philon de son côté s'est fait, nous l'avons (lit, le Mêle inter prête quand il enseigne que les lumières de la raison suffil pour amener tous les hommes au monothéisme sans qu'ils cassent à Passer par le judaïsme, pouce que le monothéisme est au fond le véritable judaisme et les Rabbins ont donné de cette vérité la formule théologique en disant: Quiconque abjure l'idolâtrie est un véritable juif ~ ou encore; Quiconque rejette le polythéisme Confesse toute la Loi ~ (,)‑
Nul n'a mieux développe cette conception du catholicisme d'laraél que Josèphe qui, lui aussi, a écrit pour les païens. ~ Le but (le tous 818 ouvrages est IA même, dit Reran; il s'agit de prêcher aux idolâtres 10 déisme et les préceptes dits noachiques, c'est‑â‑dire un judaïsme mitigêàle,r usage, un judaïsme rédaitpresque aux furportiens de la loi naturelle. 0, maintenait seulement deux du trois abstinences qui, aux yeux des Juifs les plus larges, passaient presque pour faire partie de la loi naturelle (2) ~. Le même autour ajoute que ce judaïsme mitigé ne différait du christianisme que par l'importance que celui‑ci` attribuait au rôle de Jésus et que Josèphe le réduisait ~ à une sorte de déisme, avouant que la circoncision et les pratiques juives étaient bonnes pour les Juifs de race, que le vrai culte est celui que chacun adopte en toute liberté. c A chaque page, une douce philosophie, sympathique à toute vertu, envisageait les préceptes rituels de la loi comme un devoir pour les seuls Israélites, proclamant hautement que chaque homme juste a la qualité essentielle pour deveui, dis d'Abraham (‑)~. Mais où l'éminent critique se trompe, c'est lorsqu'il représente ce judaïsme ainsi mis à la portée de tous comme une conception particulière de Josèphe, taudis qu'il n'y a pas la autre chose que la manière dont les Pharisfims et tous ceux qui étaient instruits des traditions hébraïques, envisageaient le noachisme, la religion des Gentils.
R. Xie.fi, 4, Ab.a, Z.,. 357‑. tas E~,.giM~, p. 161.
Lud. p. 219.
SITUAT[ON LÉG~E DU NOACHIDE 497
Cette conception du judaïsme se retrouve même chez les Pères de IlEglise chrétienne. Eusèbe dans sa « Préparation Evangêlique ~ distingue très judicieusement la religion de la législation mosaïque et ne donne à celle‑ci d'autorité que sur Israël. Moïse, d'après lui, n'a modifié en rien la tradition des Patriarches en ce qui concerne la doctrine. « Il a pu seulement, dit‑il, jeter les bases d'une 16gislation et d'une constitution politique en rapport avec le genre de vie des hommes au milieu desquels il se trouvait ». 00 n'est Pas uniquement la doctrine juive que Mois, a laissée inaltérée, mais encore le culte noachide seul obligatoire après lui comme avant lui pour tous ceux qui ne sont pas Israélites et il faudrait 4outer aussi que cette législation particulière qu'il a donnée à Israël et qui ne concerne que lui seul, comprend toutes les observances de la Loi, qui toutes répondent à son caractère smerdotal.
Enfin, nous trouvons dans I'Ecriturc elle‑même la preuve que les Gentils ne sont point soumis au mosaïsme et qu'il existe en dehors de celui‑ci, pour tous ceux qui ne lui appartiennent pas par la naissance ou l'affiliation volontaire, on état religieux parfaitement légal. Parmi les reproches adressés aux païens, voit‑onjamais figurer dans la Bible celui de ne point observer la religion de Moïse, taudis qu'elle les blâme maintes fois pour leur négligence de la loi mmobide, comme elle blâme également Israël à tant de reprises pour sa violation de la Thora? La Tradition fait plus encore; elle dresse la liste des préceptes auxquels la Gentilitê est soumise. C'est un culte tout à fait à, part et qui n'a pas d'autre rapport avec le momaisme que celui qui rattache le culte des laïques à, la règle sacerdotale. Aussi les Docteurs proclamentils comme conséquence légitime de cette doctrine vraiment catholique, au seul sans parfaitement légitime du mot, que les justes de toutes les nations ont part au salut éternel.