Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Béthel et la vision de Jacob"

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BÉTHEL ET LA VISION DE JACOB.
  
BÊTIrEL ET LA vISION DE JACOU.
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Dans l'histoire de Jacob le nom Jérusalem ne se trouve, il est vrai, en aucune façon. Le lieu où le patriarche s'arrête pour passer la nuit n'est pas désigné autrement que par ce simple mot <i>makom</i>, l'endroit <ref> Genèse, XYVIII, 11. </ref>. Mais c'est le nom même par lequel le mont Moria est indiqué dans le récit de l'épreuve d'Abraham: « Il vit l'endroit de loin <ref> Ibid. XXII, 4.</ref>. Moïse s'en sert également pour parler de l'emplacement du temple futur: « Il y aura le lieu que l'Eternel, votre Dieu, choisira pour y faire résider son nom <ref>Deutéronome, XII, 11. </ref>». A la fin du Cantique de la mer Bouge, lorsqu'il est question du sanctuaire de Jérusalem, c'est par un mot non seulement synonyme, mais étymologiquement identique qu'il y est fait allusion: « Le lieu (<i>makhon</i>) préparé pour Ta demeure, ô Eternel !<ref> Exode, XV, 17. </ref> »
  
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La tradition juive comme le prouve notamment le <i>Bereschit Rabba </i> et les anciens commentateurs rabbiniques tels que Raschi, Nahmanide, sont unanimes pour dire que le lieu de la vision de <ref> Page 520 </ref> Jacob n'est autre que Jérusalem. La critique même la plus rigoureuse place Lus ou Béthel dont il s'agit dans ce passage à douze milles seulement de la ville sainte. Or, s'il existait une tradition religieuse qui a fait dire à Jacob en parlant de cette localité: « C'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel », on a certainement dû en tenir compte lorsqu'il s'est agi de construire le Temple à si peu de distance. Mais ce n'est pas tout; l'histoire de Jacob ne dit point à quel endroit précis se trouvait posée à terre l'échelle qu'il aperçut dans sa vision, si l'on suppose que lui-même n'était pas au lieu que le sanctuaire devait occuper plus tard.
  
Dans l'histoire de Jacob le nom Jérusalem ne se trouve, il est vrai, en aucune façon. Le lieu le patriarche s'arrête pour passer la nuit n'est pas désigné autrement que par ce simple mot makom, l'endroit (4). Mais c'est le nom même par lequel le mont Noria est indiqué dans le récit de l'épreuve d'Abraham: . Il vit l'endroit de loin (~) >. Moïse s'on sort également pont parler de pompiste­]neuf du temple futur: ~ Il y aura le lien que l'Eternel, votre.Dieu, choisira pour y faire résider son nom () >. A la fin du Cantique de la mer Bouge, lorsqu'il est question du sanctuaire de 36rusalein, c'est par un mot non seulement synonyme, mais étymologiquement identique qu'il y est fait allusion: « Le lieu (makh") préparé pour Ta donnuarre, ô Eternel (7)! »
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La Bible n'est pas sans faire allusion à l'identité existant entre Jérusalem et cette localité mystérieuse. Kimchi, à son tour, en voit une dans ce passage des Psaumes où, parlant du serment fait par David d'élever un temple à l'Eternel, le chantre sacré dit:  
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« Il jura à l'Eternel, il fit ce vœu au puissant de Jacob: Je n'entrerai pas dans la tente où j'habite... jusqu'à ce que j'aie trouve un lieu pour l'Eternel, une demeure pour le puissant de Jacob <ref> Psaume CXXXII, 2-5. </ref> ».
  
La tradition juive comme la prouve notamment Io Berachit Rabba et les anciens commentateurs rabbiniques tels que Baschi, Nahmanide, sont unanimes pour dire que le lieu do la vision de
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La mention que le texte fait ici, à deux reprises, de Jacob, est, au dire de Kimchi, un souvenir de la consécration que le patriarche avait faite de cette sainte montagne où David devait placer plus tard le siège du culte divin.
  
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Jacob fut d'ailleurs le premier à reconnaître publiquement cette localité comme un endroit sacré. A son retour de Paddan Aram, il visite de nouveau Béthel sur l'ordre de Dieu et telle est la vénération qu'il éprouve pour ce lieu qu'avant de s'y acheminer, il ordonne à tous ceux qui l'accompagnaient de se dépouiller de leurs idoles, de se purifier et de changer leurs vêtements, précisément comme Moise le prescrivit aux Israélites au pied du Sinaï, peu de jours avant la promulgation de la Loi <ref> Genèse, chap. XXXV. </ref>. Là, Dieu lui apparaît et change son nom en celui d'Israël, et ce qui est tout particulièrement remarquable, c'est que le récit se termine par ces mots:
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« Dieu remonta au-dessus de lui dans le lieu où il lui avait parlé ». Cette phrase, en apparence superflue, a fait dire avec assez de raison à Raschi: « J'ignore ce que ces paroles ont pour but de nous enseigner ». Leur sens, à notre avis, est que l'Ecriture désigne cet endroit comme le point de jonction entre le ciel et la terre et le moyen de passage de l'un à l'autre, ce qui s'accorde on ne peut <ref> Page 521 </ref>
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mieux avec sa destination future. Lorsque la <i>Schechina</i>, la gloire divine, remonte au ciel après la révélation dont Jacob fut favorisé, c'est dans la direction même de Béthel, au-dessus du patriarche, dans le lieu où Dieu lui avait parlé, comme l'indique expressément le texte qui fait l'étonnement de Raschi et qui, à nos yeux, est une allusion aux glorieuses destinées de l'emplacement de la célèbre vision.
  
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Voyons maintenant ce que devient, à l'époque de Moïse, cet endroit qu'Abraham et Jacob ont successivement consacré par leur culte du vrai Dieu.
  
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(1) Eud. xxu, 4.
 
 
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(1) E.J., ,, 17.
 
 
 
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Jacob n'est autre que Jérusalem. La critique môme la plus rigou­reuse place Lus ou Bêthel dont il s'agit dans ce passage à douze milles seulement de la ville sainte. Or, s'il existait une tradition religieuse qui a fait dire à Jacob en parlant de cette localité: ~ C'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel », on a certainement dû An tenir compte lorsqu'il s'est agi de construire le Temple à, si peu de distance. Mais ce n'est pas tout; l'histoire de Jacob ne dit point à quel endroit précis se trouvait posée à terre léchelle qu'il aïmr~,nt dans sa vision, si l'on suppose que lui‑même n'était Pas au lien que le sanctuaire devait occupov plus tard.
 
 
La Bible n'est pas sans faire allusion à l'identité existant entre Jérusalem et cette localité mystérieuse. Kimchi, à Son tour, cri voit Rue dans ce passage des Psaumes où, parlant du serment fait par David d'élever nu temple à> FEternel, le chantre sacré dit: « Il jura à 11PIternel, il fit ce voeu au puissant do Jacob: Je n'en­trerai pu dans la toute où j'habite... jusqulâ ce que j'aie trouve un lieu pour Pluernel, une demeure pour le puissant de Jacob (') ».
 
 
Le mention que le texte fait ici, à, deux reprises, de Jacob, est, an dire de Kimchi, un souvenir de la consécration que le patriarche avait faite de cette sainte montagne DÛ David devait placer plus tard le siège du culte divin.
 
 
Jacob fut d'ailleurs le premier à reconnalitre publiquement cette localité comme un endroit sacré. A son retour de Paddan Arme, il visite de nouveau Bêthel sur l'ordre de Dieu et telle est la vênê­ration qu'il éprouve pour ce lieu qu'avant de s'y acheminer, il ordonne à, tous ceux qui l'accompagnaient de se dépouiller de leurs idoles, de se purifier et de changer leurs vêtements, Précisément comme Moise le prescrivit aux Israélites au pied da Sinaï, Peu de jours avant la promulgation de la Loi (2). Là, Dieu lui apparatIt et change son nom en Celui d'Israël, et ce qui est tout portion­lièrement remarquable, c'est que le récit se termine Par Ces mots: « Dieu remonta au‑dessus do lui dans le lieu où il lui avait Parlé >­cette phrase, en apparence superflus, a fait dire avec assez de raison à. Baschi: A J'ignore ce que ces paroles ont pour but de nous enseigner ». Leur sens, à notre avis, est que PEcriture désigne cet endroit comme le point de jonction entre le ciel et la terre et le moyen do passage de fou à l'autre, ce qui s'accords on ne peut
 
 
 
 
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mieux avec sa destination future. Lorsque la Scheckina, la gloire divine, remonte au ciel après la révélation dont Jacob fat favorisé, c'est dans la direction même de Bêthel, au‑dessus du patriarche, dans le lieu où Dieu lui avait parIê~ comme l'indique expressément Io texte qui fait l'étonnement de naschi et qui, à nos yeux, est ,me allusion aux glorieuse$ destinées de Ileinpl~,em6nt de la célèbre vision.
 
 
Voyous maintenant ce que dovient, à l'époque de lvloisA, cet endroit qu'Abraham et Jacob ont successivement consacré par leur culte du vrai Dieu.
 
  
 
==References==
 
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Latest revision as of 13:38, 16 July 2010

§ 2.

BÉTHEL ET LA VISION DE JACOB.

Dans l'histoire de Jacob le nom Jérusalem ne se trouve, il est vrai, en aucune façon. Le lieu où le patriarche s'arrête pour passer la nuit n'est pas désigné autrement que par ce simple mot makom, l'endroit [1]. Mais c'est le nom même par lequel le mont Moria est indiqué dans le récit de l'épreuve d'Abraham: « Il vit l'endroit de loin [2]. Moïse s'en sert également pour parler de l'emplacement du temple futur: « Il y aura le lieu que l'Eternel, votre Dieu, choisira pour y faire résider son nom [3]». A la fin du Cantique de la mer Bouge, lorsqu'il est question du sanctuaire de Jérusalem, c'est par un mot non seulement synonyme, mais étymologiquement identique qu'il y est fait allusion: « Le lieu (makhon) préparé pour Ta demeure, ô Eternel ![4] »

La tradition juive comme le prouve notamment le Bereschit Rabba et les anciens commentateurs rabbiniques tels que Raschi, Nahmanide, sont unanimes pour dire que le lieu de la vision de [5] Jacob n'est autre que Jérusalem. La critique même la plus rigoureuse place Lus ou Béthel dont il s'agit dans ce passage à douze milles seulement de la ville sainte. Or, s'il existait une tradition religieuse qui a fait dire à Jacob en parlant de cette localité: « C'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel », on a certainement dû en tenir compte lorsqu'il s'est agi de construire le Temple à si peu de distance. Mais ce n'est pas tout; l'histoire de Jacob ne dit point à quel endroit précis se trouvait posée à terre l'échelle qu'il aperçut dans sa vision, si l'on suppose que lui-même n'était pas au lieu que le sanctuaire devait occuper plus tard.

La Bible n'est pas sans faire allusion à l'identité existant entre Jérusalem et cette localité mystérieuse. Kimchi, à son tour, en voit une dans ce passage des Psaumes où, parlant du serment fait par David d'élever un temple à l'Eternel, le chantre sacré dit: « Il jura à l'Eternel, il fit ce vœu au puissant de Jacob: Je n'entrerai pas dans la tente où j'habite... jusqu'à ce que j'aie trouve un lieu pour l'Eternel, une demeure pour le puissant de Jacob [6] ».

La mention que le texte fait ici, à deux reprises, de Jacob, est, au dire de Kimchi, un souvenir de la consécration que le patriarche avait faite de cette sainte montagne où David devait placer plus tard le siège du culte divin.

Jacob fut d'ailleurs le premier à reconnaître publiquement cette localité comme un endroit sacré. A son retour de Paddan Aram, il visite de nouveau Béthel sur l'ordre de Dieu et telle est la vénération qu'il éprouve pour ce lieu qu'avant de s'y acheminer, il ordonne à tous ceux qui l'accompagnaient de se dépouiller de leurs idoles, de se purifier et de changer leurs vêtements, précisément comme Moise le prescrivit aux Israélites au pied du Sinaï, peu de jours avant la promulgation de la Loi [7]. Là, Dieu lui apparaît et change son nom en celui d'Israël, et ce qui est tout particulièrement remarquable, c'est que le récit se termine par ces mots: « Dieu remonta au-dessus de lui dans le lieu où il lui avait parlé ». Cette phrase, en apparence superflue, a fait dire avec assez de raison à Raschi: « J'ignore ce que ces paroles ont pour but de nous enseigner ». Leur sens, à notre avis, est que l'Ecriture désigne cet endroit comme le point de jonction entre le ciel et la terre et le moyen de passage de l'un à l'autre, ce qui s'accorde on ne peut [8] mieux avec sa destination future. Lorsque la Schechina, la gloire divine, remonte au ciel après la révélation dont Jacob fut favorisé, c'est dans la direction même de Béthel, au-dessus du patriarche, dans le lieu où Dieu lui avait parlé, comme l'indique expressément le texte qui fait l'étonnement de Raschi et qui, à nos yeux, est une allusion aux glorieuses destinées de l'emplacement de la célèbre vision.

Voyons maintenant ce que devient, à l'époque de Moïse, cet endroit qu'Abraham et Jacob ont successivement consacré par leur culte du vrai Dieu.


References

  1. Genèse, XYVIII, 11.
  2. Ibid. XXII, 4.
  3. Deutéronome, XII, 11.
  4. Exode, XV, 17.
  5. Page 520
  6. Psaume CXXXII, 2-5.
  7. Genèse, chap. XXXV.
  8. Page 521