Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Beauté morale du judaïsme"

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Beauté morale du judalisme.
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Beauté morale du judaïsme.
  
Après tout ce qui précède on peut dire d'une manière générale que Phébraisme a enseigné et pratique l'égalité civile et politique entre les hommes, qWils soient Israélites, prosélytes ou simples Gentils. Aussi a‑t‑on fait observer avec beaucoup de raison que, taudis que dominait partout dans le paganisme le culte exclusif de la force, la Jades était la première à donner l'exemple du respect des droits de Phomme: « D'un côté, dans l'immensité de t'empire romain, l'égoïsme et la foi suprême dans la force; de Pautre, dans un pays microscopique et à peine connu, la croyance à la dignité de l'homme qui ne reconnaît d'soirs maître que Dieu: tel est M contraste saisissant que présente Plumetis aux premières armées de notre ère (‑) ». Et M. Laurent constate à ce propos que le christianisme ne prêche que l'égalité religieuse, qu'il n'a jamais songé à la faire pénétrer dans l'ordre civil et politique et qu'ainsi la mosaïsme dépasse Sur ce point la doctrine chrétienne.
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Après tout ce qui précède on peut dire d'une manière générale que l'hébraïsme a enseigné et pratique l'égalité civile et politique entre les hommes, qu'ils soient Israélites, prosélytes ou simples Gentils. Aussi a-t-on fait observer avec beaucoup de raison que, tandis que dominait partout dans le paganisme le culte exclusif de la force, la Judée était la première à donner l'exemple du respect des droits de l'homme: « D'un côté, dans l'immensité de l'empire romain, l'égoïsme et la foi suprême dans la force; de l'autre, dans un pays microscopique et à peine connu, la croyance à la dignité de l'homme qui ne reconnaît d'autre maître que Dieu: tel est le contraste saisissant que présente l'histoire aux premières années de notre ère <ref> Revue polit. et litté r. 15 février 1873, p. 801. </ref> ». Et M. Laurent constate à ce propos que le christianisme ne prêche que l'égalité religieuse, qu'il n'a jamais songé à la faire pénétrer dans l'ordre civil et politique et qu'ainsi le mosaïsme dépasse sur ce point la doctrine chrétienne.
  
Mais quand il s'agit de saisir exactement l'idée que le judaïsme s'est faite de l'humanité, il ne suffit pas d'interroger la Loi qui
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Mais quand il s'agit de saisir exactement l'idée que le judaïsme s'est faite de l'humanité, il ne suffit pas d'interroger la Loi qui <ref> Page 609 </ref>n'en est que l'aspect extérieur, il faut aussi faire entrer en ligne de compte la morale, soit parce que celle-ci est également une manifestation importante de la pensée juive, soit parce que, dans le dualisme de la légalité et de la moralité, on devine précisément l'effort qu'a dû faire l'esprit israélite pour se dégager des bornes et des entraves que lui imposaient les circonstances. Or, dans les règles de morale pratique tracées par les Docteurs de la Synagogue les tendances universalistes sont bien plus manifestes encore que dans la Loi écrite. Ce n'est pas ici le lieu d'en entreprendre un examen détaillé <ref> Voir l'ouvrage de l'auteur «Morale Juive et morale chrétienne » Paris 1867 . </ref>; c'est un champ où la moisson est si abondante qu'il suffit de glaner pour former encore des gerbes imposantes. Nous nous bornerons donc à ramasser quelques épis pour terminer notre étude sur les rapports du Juif avec le Gentil.
  
   
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Par exemple, bien que le non juif n'ait pas à se préoccuper de quelle façon a péri l'animal dont il veut manger, les Rabbins exhortent l'Israélite à ne point lui vendre la viande comme provenant d'une bête tuée selon le rite quand elle ne l'a pas été <ref> Holin 94 <super> a </super></ref>. On doit également se garder de chercher à capter sa confiance par de faux semblants d'amitié et, comme dit le Talmud, de voler la bonne opinion de nos semblables <ref> Ibidem</ref>. Ce n'est pas tout; il faut encore lui faire du bien. On n'empêchera donc pas l'étranger de venir ramasser avec la veuve et l'orphelin juifs ce qui tombe de la main des moissonneurs; il aura part avec eux à la récolte oubliée et aux produits de l'angle du champ réservé aux pauvres. D'une manière générale, il est commandé de soutenir les pauvres des Gentils, de soigner leurs malades et d'ensevelir leurs morts comme s'il s'agissait d'Israélites, pour l'amour de la paix <ref> Lévitique XIX, 10; <i> Pea</i>, IV, 9; Mischna, <i> Ghittin</i>, V, 8, 9; <i> Schebiit </i>, VI, 3; Maïmonide, <i> Mattenot Aniim VII, 7; Caro, <i> Joré Dea</i>. 335, 9 ; 367, 1. </ref>».
  
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Nous ne croyons pas qu'il y ait dans ces derniers préceptes une mesure de convenance ou de nature politique plutôt qu'un devoir moral, comme on serait tenté peut-être de le supposer. Le conseil est donné sans aucune considération de temps et de lieu et les exemples que l'on cite à l'appui se rapportent à des époques où Israël jouissait d'une entière indépendance nationale; ce sont les morts de l'armée de Gog auxquels doit être donnée une sépulture <ref> Page 610 </ref>honorable <ref> Ezéchiel, XXXIX, 11 et segg </ref>; c'est David ensevelissant ses ennemis et envoyant des messagers à Hanun, fis de Nachasch, roi d'Ammon, pour loi porter ses condoléances au sujet de la mort de son père; <ref> II Samuel, X; I Chron, XIX, 2. </ref>c'est R. Méir <ref> <i> Rut Rabba </i> </ref> qui en fait autant pour Abnimos Aggardi, qui n'est autre vraisemblablement qu'Oenomaus de Gadara, <ref> Graetz G. d. J. IV. 435 et seq. </ref> philosophe néopythagoricien. Et ce qui achève de montrer la véritable intention des Docteurs, c'est le motif proposé, l'amour de la paix, qui est allégé en tant d'autres circonstances, quand il s'agit des rapports entre Israélites et même des règles qui doivent présider au culte religieux <ref><i> Ghittin</i>, V, 8; Caro, <i> Orah Haïm</i>, 135 </ref>.
  
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De toutes façons nous pensons avoir établi, soit par l'examen des lois particulières concernant les deux classes de prosélytes admises par le mosaïsme et par la Tradition, soit dans tout ce que nous avons dit des préceptes visant les relations des Juifs avec les Gentils sans distinction de religion, que le judaïsme, malgré la forme strictement ethnique et nationale de son culte, n'a pas laissé de s'occuper des autres peuples, que sa doctrine embrasse l'humanité tout entière, qu'en un mot la Révélation dont il est le dépositaire a un caractère universel. Il est temps d'étudier maintenant le second aspect de la loi divine, autrement dit cette loi noachide constituant, d'après la conception hébraïque, la religion de tous ceux qui, par la naissance ou l'affiliation volontaire, n'appartiennent pas à l'Eglise d'Israël. <ref> Page 611 </ref>
  
R~...... ïadIt.    t Utt&. 15 févri,r 1873, p. 801.
 
 
 
 
610                                        LA LOI
 
 
n'on est que l'aspect extérieur, il faut aussi faire entrer en ligne de compte la morale, soit parce que G8lle~cl est également une manifestation importante de la pensée juive, soit parce que, dans le dualisme de la légalité et de la moralité, on devine précisément l'effort qu% dû faire l'esprit israélite pour se dégager des bornes et des entraves que lui imposalimt les circonstances. Or, dans les règles de morale pratique tracées par les Docteurs de la Synagogue les tendances universalistes sont bien plus manifeste$ encore que dans la Loi écrite. Ce n'est pas lei le lieu d'on entreprendre un examen détaillé (t); c'est un champ où la moisson est si abondante qu'il suffit de glaner pour former encore des gerbes imposantes. Nous nom bornermis donc à ramasser quelques épis pour terminer notre étude sur les rapports.du Juif avec le Gentil.
 
 
par exemple, bien que le nonjuif n'ait pas à, se préoccuper de quelle façon a péri Fanimal dont il veut manger, les Rabbins exhortent VIsraêlite à ne point lui vendre la viande comme pro­venant d'une bête tuée selon la rite quand elle ne l'a pu été 0). On doit également se garder de chercher à, capter sa confiance par de faux semblants d'amitié et, comme dit le Talmud, . de voler la bonne opinion de nos semblables (') e. Ce n'est pas tout; il faut encore lui faire du bien. On n'empêchera donc pas Pêtranger de venir ramasser avec la veuve et l'orphelin juifs ce qui tombe de la main des moissonneurs; il aura part avec eux à la récolte oubliée et wax produits de l'angle du champ réservé aux pauvres. D'une manière générale, il est commandé de soutenir les pauvres des Gentils, de soigner leurs malades et d'ensevelir leurs morts comme s'il s'agissait d'Iaraélites, pour l'amour de la paix (i).
 
 
Nous ne croyons pas qu'il y ait dans ces derniers préceptes une mesure de convenance ou de nature politique plutôt qu'un devoir moral, comme on serait tenté peu&être de le supposer. Le conseil est donné sans aucune considération de temps et de lien et les exemples que Von cite à Pappui se rapportent à des époques où Israël jouissait d'une entière indépendance nationale; ce sont les morts de l'armée de Gog auxquels doit être donnée une sépulture
 
 
 
 
V) V,1, P..~,g, do                        M ... 1, Jl,, t naemb, bro5th,... » Pari. 1867.
 
 
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Ldvitique xix, 10; Poo, ive 9; Misohna, Ghitimp ve se 9; fflebuti Vie
 
 
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honorable (1); c'est David ensevelissant ses ennemis et envoyant des messagers à Hotte, fis de Nachasch, roi d'Ammon, pour loi porter ses condoMancAs a, sujet de la mort de son purs; (2), c'est B. Xêir (~) qui en fait autant pour Abnimos Aggwili, qui n'est autre vraisem­blablement qu'Oenomaus de Godais, (% philosophe nâopythagorieien. Et ce q ni achève de montrer la vêritable intention des Docteurs, c'est le motif proposé, l'amour de la paix, qui est aU6gùë en tant d'autres circonstances, quand il s'agit des rapports entre Israêhtes et même des règles qui doivent présider au culte religieux (').
 
 
De toutes façons nous pensons avoir êtabli, soit par l'examen des lois particulières concernant les deux cluses de prosêlytes admises par le mosaïsme et par la Tradition, soit dans tout ce que nous avons dit des prêceptes visant les relations des Juifs avec les Gentils sans distinction de religion, que le judaïsme, malgré la forme strictement ethnique et nationale de son culte, n'a pas laisse de s'occuper des autres peuples, que sa doctrine embrasse Phumanitê tout entière, qu'on nu mot lallêvêlation dont il est le dêpositaire a un caractère universel. Il cet temps d'étudier main­tenant le second aspect de la loi divine, autrement dit cette loi noachide constituant, d'après la conception hébraïque, la religion de tous ceux qui, par la naissance ou l'affiliation volontaire, n'op­partierment pas à l'Eglise d'Israël.
 
 
 
 
(1)                                11 t ,gg.
 
 
(1) a                    Xi , Curva, "x, 2.
 
 
Rf ~bM, ,, 14.
 
 
Gra,U G. d. J. ,. 425 ~a e.q.
 
 
Ghitti., ', 8; Car., O.A ffi., 135.
 
  
 
==References==
 
==References==

Latest revision as of 13:17, 23 July 2010

VI.

Beauté morale du judaïsme.

Après tout ce qui précède on peut dire d'une manière générale que l'hébraïsme a enseigné et pratique l'égalité civile et politique entre les hommes, qu'ils soient Israélites, prosélytes ou simples Gentils. Aussi a-t-on fait observer avec beaucoup de raison que, tandis que dominait partout dans le paganisme le culte exclusif de la force, la Judée était la première à donner l'exemple du respect des droits de l'homme: « D'un côté, dans l'immensité de l'empire romain, l'égoïsme et la foi suprême dans la force; de l'autre, dans un pays microscopique et à peine connu, la croyance à la dignité de l'homme qui ne reconnaît d'autre maître que Dieu: tel est le contraste saisissant que présente l'histoire aux premières années de notre ère [1] ». Et M. Laurent constate à ce propos que le christianisme ne prêche que l'égalité religieuse, qu'il n'a jamais songé à la faire pénétrer dans l'ordre civil et politique et qu'ainsi le mosaïsme dépasse sur ce point la doctrine chrétienne.

Mais quand il s'agit de saisir exactement l'idée que le judaïsme s'est faite de l'humanité, il ne suffit pas d'interroger la Loi qui [2]n'en est que l'aspect extérieur, il faut aussi faire entrer en ligne de compte la morale, soit parce que celle-ci est également une manifestation importante de la pensée juive, soit parce que, dans le dualisme de la légalité et de la moralité, on devine précisément l'effort qu'a dû faire l'esprit israélite pour se dégager des bornes et des entraves que lui imposaient les circonstances. Or, dans les règles de morale pratique tracées par les Docteurs de la Synagogue les tendances universalistes sont bien plus manifestes encore que dans la Loi écrite. Ce n'est pas ici le lieu d'en entreprendre un examen détaillé [3]; c'est un champ où la moisson est si abondante qu'il suffit de glaner pour former encore des gerbes imposantes. Nous nous bornerons donc à ramasser quelques épis pour terminer notre étude sur les rapports du Juif avec le Gentil.

Par exemple, bien que le non juif n'ait pas à se préoccuper de quelle façon a péri l'animal dont il veut manger, les Rabbins exhortent l'Israélite à ne point lui vendre la viande comme provenant d'une bête tuée selon le rite quand elle ne l'a pas été [4]. On doit également se garder de chercher à capter sa confiance par de faux semblants d'amitié et, comme dit le Talmud, de voler la bonne opinion de nos semblables [5]. Ce n'est pas tout; il faut encore lui faire du bien. On n'empêchera donc pas l'étranger de venir ramasser avec la veuve et l'orphelin juifs ce qui tombe de la main des moissonneurs; il aura part avec eux à la récolte oubliée et aux produits de l'angle du champ réservé aux pauvres. D'une manière générale, il est commandé de soutenir les pauvres des Gentils, de soigner leurs malades et d'ensevelir leurs morts comme s'il s'agissait d'Israélites, pour l'amour de la paix [6]».

Nous ne croyons pas qu'il y ait dans ces derniers préceptes une mesure de convenance ou de nature politique plutôt qu'un devoir moral, comme on serait tenté peut-être de le supposer. Le conseil est donné sans aucune considération de temps et de lieu et les exemples que l'on cite à l'appui se rapportent à des époques où Israël jouissait d'une entière indépendance nationale; ce sont les morts de l'armée de Gog auxquels doit être donnée une sépulture [7]honorable [8]; c'est David ensevelissant ses ennemis et envoyant des messagers à Hanun, fis de Nachasch, roi d'Ammon, pour loi porter ses condoléances au sujet de la mort de son père; [9]c'est R. Méir [10] qui en fait autant pour Abnimos Aggardi, qui n'est autre vraisemblablement qu'Oenomaus de Gadara, [11] philosophe néopythagoricien. Et ce qui achève de montrer la véritable intention des Docteurs, c'est le motif proposé, l'amour de la paix, qui est allégé en tant d'autres circonstances, quand il s'agit des rapports entre Israélites et même des règles qui doivent présider au culte religieux [12].

De toutes façons nous pensons avoir établi, soit par l'examen des lois particulières concernant les deux classes de prosélytes admises par le mosaïsme et par la Tradition, soit dans tout ce que nous avons dit des préceptes visant les relations des Juifs avec les Gentils sans distinction de religion, que le judaïsme, malgré la forme strictement ethnique et nationale de son culte, n'a pas laissé de s'occuper des autres peuples, que sa doctrine embrasse l'humanité tout entière, qu'en un mot la Révélation dont il est le dépositaire a un caractère universel. Il est temps d'étudier maintenant le second aspect de la loi divine, autrement dit cette loi noachide constituant, d'après la conception hébraïque, la religion de tous ceux qui, par la naissance ou l'affiliation volontaire, n'appartiennent pas à l'Eglise d'Israël. [13]


References

  1. Revue polit. et litté r. 15 février 1873, p. 801.
  2. Page 609
  3. Voir l'ouvrage de l'auteur «Morale Juive et morale chrétienne » Paris 1867 .
  4. Holin 94 <super> a </super>
  5. Ibidem
  6. Lévitique XIX, 10; Pea, IV, 9; Mischna, Ghittin, V, 8, 9; Schebiit , VI, 3; Maïmonide, Mattenot Aniim VII, 7; Caro, <i> Joré Dea. 335, 9 ; 367, 1.
  7. Page 610
  8. Ezéchiel, XXXIX, 11 et segg
  9. II Samuel, X; I Chron, XIX, 2.
  10. Rut Rabba
  11. Graetz G. d. J. IV. 435 et seq.
  12. Ghittin, V, 8; Caro, Orah Haïm, 135
  13. Page 611