Israël et L'Humanité - De la perfectibilité de l'homme et as sa vocation à l'imitation de Dieu

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De la perfectibilité de 1;homme et de sa vocation à [limitation de Dieu.


§ 1.


La liberté humaine admise, nous disons que la pérfoctibilitê de l'homme est non seulement possible, mais qu'elle est même uêcüssaire. COnÇoit‑on un être libre qui ne soit susceptible de Perfectionnement morall linagine‑t‑on un être moralement lier.


(5 AlklIt &hi~, LIA MU, § 76.


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factitifs qui ne soit libre en même temps de se rapprocher de plus ou plus d'un idéal de perfection absolue? Et que servirait à l'homme d'être libre, s'il n'lisait de cette liberté pou combler les vides de son être, pour continuer pour ainsi dire sa propre création?

L'homme étant libre est dune tacessoirenout perfectible et la liberté cet précisément le moyen dont il dispose peurs acquérir ce qui lui manque. Et qu'on ne nous objecte pas que Dieu est libre sans être perfectible, puisqu'Il est àu contraire absolument parfait. C'est justement dans cette qualité d'absolue perfection que nous disons qu'Il est libre, car la liberté se confond en Lui avec la nécessité; comme Il est Plitre absolu et infini et qu'il n'y arien en dehors de Lui qui puisse agir sur Lui, comme Il ne peut subir aucune nécessité, la liberté pour Lui consiste à agir selon sa propre nature qui est absolue et parfaite, en d'autres termes sa liberté c'exerce nécessairement dans le sens du bleu. Les autres êtres au contraire n'ayant jamais qu'une perfection relative sont nécessités dans leurs actes, parce qu'il y a en dehors d'eux des causes qui agisgent sur eux et les êtres perfectibles sont libres de progrexser ou de se dégrader précisément parce qu'ils sont perfectibles et que leur perfection est conditionnée par le, bon usage de leur liberté.

La croyance à, la perfeetibilité humaine a donne naissance an grand principe éthique de la Bible et des Rabhms, celui de l'imi. lotion de Dieu. L'homme étant créé à l'image de Diea,‑H doit reconnaître comme règle pratique de conduite Piraitation de son Créateur, clest‑fadire un rapprochement toujours plus complet de son divin modèle, ma effort sans cesse croissant de reproduire en lui‑même cette image qui est la loi de son être. De lé la loi du progrès indéfini qui découle, d'ail côté de la perfection infinie du modèle, et de l'autre de la nature imparfaite de la copie. Car il serait inadmissible qu'on ait pu dire de l'homme quIl est créé àl'image de Dieu si, étant infiniment loin de son modèle, il filetit été du moins doué de la possibilité de Won rapprocher toujours davantage.

Nous ferons remarquer ici que cette théorie de l'image divine et de son imitation transportée sur le soi du polythéisme aurait cessé de donner ses incomparables fruits. C'est parce qat le, modèle est absolu et unique qulil est parfait et que son imitation est une loi de progrès ininterrompu; l'imitation d'un dieu particulier quel. minque, en dehors du Dieu unique et absolument parfait, ne


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pourrait serviede base à la doctrine du perfectionnement continu

Si la notion de Dieu, la religiosité est vraiment, comme Pa montré M. de Quatrefages, 1, caractère distinctif de, l'espèce humaine, on s'explique aisément pourquoi de tous les animaux l'homme seul est progressif. Des lors, on sera disposé à placer avec Bunsen dans le sentiment que l'homme a de Dieu la force primordiale et constante qui anime les nations, le souffle toujours vivant qui pousse Phuma­nité vers le vrai et le juste, le secret instinct de notre race qui, en se développant graduellement, donne naissance à toute langue, à, toute constitution sociale et politique, à toute civilisation. Et la foi monothéiste paraît si indispensable dans ce système que le même savant place, dans un monothéisme primitif commun à tous les hommes, la source de toutes les religions de Pancier, monde. « L'idée d'un Dion qui ne tolère à côté de lui aucun autre dieu, dit un autre auteur, qui n'apparaît pins comme une fiction humaine entourée de fables indignes, mais comme l'Eire suprême et absolu qui réclame pour soi toutes les aspirations morales de l'homme et dont l'omniscience découvre toute transgressioa pour la punir infailliblement; cette idée de Dieu transmise pendant des siècles (le génération en génération a fini par réagir sur la science même et en accoutumant l'esprit humain % le conception d'uns raison unique des choses, a enflammê en lui le désir de connaître "tic raison (2) o.

Si telles sont, de l'aveu même des savants, les conséquences de la foi au Dieu unique dans le domaine de la science, quels résultats n'en peuton pas attendre pour la vie morale de l'homme et son perfectionnement!


§ 2.


Il est facile de trouver dans les livres de Moise d'autres preuves de la croyance à la perfectibilitê humaine. Ce ne peut être an effet du hasard si, tandis que le récit de la création de chacun des jours de la Genèse se termine par ces mots: « Or Itieu vit que cela était bon >1 il n'est rien dit de semblable après la création Lie l'homme. C'est que aval. l'homme n'est Pas bon avant d'atteindre sa perfection dont il est lui‑même l'artisan.


(i) V. H,, ................. Phi~oophi, à,

       C) Du Bois RA~iùxD, L'Hioloiro do Il soffésèc., dlc~ Il lislu. fticatilhfic,

a. 19 1878.


Isou ~1 1t


306 L'UO~

On a cité aussi les bénédictions dont le Pentateuque offre tant d'exemples et tour efficacité. Elles seraient l'expression religieuse de la foi au progrès, car toute bénédiction , implique Pidé, d'un bien que Pon, ne possède pas encore et que l'on veut obtenir. Et comme parmi les bémolictions il y en a tllo,d,o moral, la croyance au perfectionnement de l'homme y est implicite.

Mais voici des preuves plus convaincantes encore. La, domi­nation Rue la nature est la grande promesse faite à l'homme et le grand devoir qui lui est impose dès l'instant de sa création. Or cette domination, en raison de la nature de l'ouvrier et des conditions de la matière sur laquelle il travaille, ne peut être que successive et graduelle, cri sorte que cette noble et grandiose promesse auppose la foi au progrès humain. L'homme en effet no parviendra jamais à se rendre malue (le la nature, à moins qu'il ne se dompte lui‑même, qu'il ne discipline ses q,âlitês, qu'il ne perfectionne son intelligence et n'affermisse sa volonté. Il faut que, moralement et intellectuellement, il se rende toujours plus digne de sa mission et que le progrès intérieur et subjectif mfier~ vienne comme condition du progrès extérieur. L'homme, dans le mosaïsme, est si bien perfectible, qu'il entraîne la nature elle même dans,son mouvement ascensionnel.

Il est vrai que la domination sur la nature prend dans la Genèse la forme d'un empire exercé sur les espèces animales que l'homme est appelé à maîtriser. Mais qWon songe aux conditions spéciales de l'existence humaine aux premiers âges de la terre, aux animaux antédiluviens de nature à inspirer à l'homme nue si grande terreur, au, lottes continuelles qu'il lui fallait soutenir contre eux et l'on conviendra que, dans l'enfance de l'humanité, l'idée divine ne pouvait revêtir aucune autre forme plus capable de frapper l'imagination. Eu général les lattes morales, et à plus forte raison les guerres sociales et ethniques, prennent facilement citez les anciens l'aspect de combats soutenus corps à corps avec (les géants on des monstres. Les dieux et les héros du paganisme ont en, eux aussi, à lutter contre les bêtes sauvages. Toutefois la bénédiction de la Genèse ami caractère beaucoup plus général, car elle 6tondpo~itivemeàtla domination prédite âl'homme au globe terrestre tout entier: ~ Remplissez la terre et subjuguAz‑la C) ~, ces paroles saut aussi précises que possible et n'exceptent rien


(~) ~, 28~


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de l'empire promis à la descendance d'Adam. ce n'est pas sim~ plongent du sol labourable gin'il s'agit, mais de la terre entière. A ce mot sont liés long los triomphes (le l'humanité sur la planète qu'elle habite.

Ce serait méconnaître tout ce qu'il y a de grand et de fécond dans cette bénédiction de la première page de la (lenêse quo d'on attribuer tout l'honneur au seul sentiment de la nature. Ce son­tidgent‑lâ et le polythéisme qui en est issu, sont plutôt faits pour river l'homme au respect de la réalité matérielle. à une sorte d'acceptation fataliste de tout ce qui existe, beau ou laid, utile ou nuisible, et par conséquent du mal comme du bien. Pour réaliser les transformations morales aussi bien que les prodiges opérée par la science dans la nature, il faut l'intervention d'un autre facteur qui n'est pas, qui ne peut pas être la réalité toute seule; il faut la foi à l'idéal, nous allions dire l'opposition de l'idéal à la réalité, a" c'est seulement quand l'homme se révolte contre la natu,e qui l'écrase, quand il se, dresse face à face contre le monde extérieur, qu'il le combat et s'impose à lui, quo le progrès même matériel devient possible. Le mot triomphe par lequel on désigne les succès (le l'activité humaine implique tout cela.

Or, admettre l'idéal, c'est reconnaltre qnlil existe au‑delà de la nature quelque chose de transcendant dont la nature n'est qu'une pâle image, mais qui, dans la pensée de l'homme, brille d'un plus pur éclat. Et la preuve que l'homme ne tient pas cet idéal (le la nature elIe~même, cest qu'il s'agit de la perfectiontier par son moyen.


§ 3.


Le nom que la perfectibilitê humaine porte dans l'hébraïsme indique la perfection morale, sociale, intellectuelle, en même temps que la perfection religieuse. C'est un chemin, une voie, an voyage, un itinéraire, cm tout cela cet compris dans le mot si expressif de derach (q, qui offre une singulière analogie avec le tao des Chinois. L'acte de perfectionnement, tout l'effort, tout le progrès humain est une marche (alicha) dans ce chemin, ce qui rappelle encore la vocation de l'homme à l'imitation de Dieu, car tout chemin suppose nécessairement un but qu'on veut atteindre. Le


j~I a. 1, "'Igm 1‑1‑1 ~.kaaU pciiiiso, jsgwîom~ ce. La mot , 1. aime


de via, itor et Moi de aadga, I agio ageadi.


308 i,luo~


point (le départ, la règle et la fia, on, comme (lit PEvangile qui est rempli de ces idées hébraïques, la voie, la vérité, la vie, sont divins. Aussi l'hébreu offre‑t‑il pour l'idée de perfectionnement moral ces irais locutions significatives: marcher devant Dieu, mar. cher avec Dieu, marcher derrière Dieu. Le forte, l'erreur, pigne­rance, le mal, la réprobation sont par conséquent ou une déviation ('), où un recul (') et avec nue clarté admirable la Bible dit des pervers quqls vont en arrière et lion en avant (); désobéir à la loi de Dieu, c'est reculer. Il n'y a pas là seulement une belle image, mais une pensée profonde.

L'idée d'ascension vient souvent s'ajouter à celle de marche; il s'agit alors d'ans voie ascendants, d'une montagne que l'on gravit, d'un sommet à atteindre et, dans ces expressions, il n'est pas toujours question du temple de Jérusalem. Peut‑être la position du lieu saint a,t~elIe donné naissance à cette ligues par l'habitude que l'on a prise d'attacher l'idée de sainteté à, celle. de hauteur, mais l'image offrait déjà en elle‑même unej,ste,couvenane, pour représenter la, perfectibilité, humaine. C'est ainsi que, dans nos langues modernes, ait exprime par l'idée primitivement matérielle de 8ups5riorité aile foule de pensées qui n'car rien à faire averti superposition des objets.

       C'est à cette notion de perfectionnement moral que se rattache

la doctrine rabbinique de la mêtempsycose ou réincarnation. Celle‑ci,

d'après les Docteurs, n'a d'calao bat que de permettre aux âmes

d'atteindre dans des vies successives lit perfection dont elles sont

capables et qu'elles remit pu réaliser dans les conditions de leur

existence ici‑bas. Nous croyons que, comme l'idée de la résurrection

qui est bien Paffirmation la plus hardie du progrès, la théorie de

la métempsycose n'appartient pas aux Rabbins seulement et qu'elle

a ses fondements solides dans la Bible ûlle~nome. Mais nous la

considérons simplement ici au point da vue philosophique et lions

disons que de même que la croyance à 1, pal iagêuèse est la turc­

elancation du progrès dans Perdra los rénovations suc.

cessives des molules tendant à une fi, toujours meilleurs, de même

aussi la doctrine de la réincarnation atteste la foi de l'hébraïsme

à la perfectibilitê humaine.

« Le mouf s'appelle un boeuf des quCil vient au coude, nous


(il mpu

     Pl. l", 3. 11elO j, 4y XLIL 17

=IJDS bt~i riryis l'i‑141 iêr. ,,, 24.


DIGNITË DE 1~HO~F 309


disent les Rabbins ('); ainsi en est‑il (les autres animaux. L'homme seul De devient en homme que lorsqu'il s'est donné ce caractère ». Et à propos de ce verser du Lévitique ~ Vous les ferez, eucUUim otham (vous accomplirez mes préceptes) » (2) comme le mot otlbam non ponct,ni est écrit dans le texte sacré de manière à, pouvoir êtes 1, «ttkmt « vues ~1 les Docteurs commentant cette phrase di­&mt~ Vous vous fore, voux‑mêmes, c'est‑à‑dire vous serez vos propres créateurs. Cette idée noue rappelle un mot de Hartmann: « La force qui conserve et perfectionne est la même qui a crêê > (i). Chacun voit que si d'une certaine manière l'homme se rêe,ki‑même, c'est une conséquence de sa perfectibilitê. Il nous semble que la doctrine ,le Darwin et de l'école transformiste que la fonction crée Forgeur, n'est que la forme fausse, paradoxale de es principe vrai en soi que l'être par sa vert, intrinsèque se perfectionne lui‑même. Cette aptitude à as modifier nous fait comprendre Pintluence que l'âme exerce sur son propre avenir. Il n'est pas jusqu'à M. Talon qui, tout en ne parlant que de l'organisme, n'en convienne implicite. t'eut, cm cette aptitude ne pourrait s'exercer sur l'organisme, si 1 a force vitale organisatrice ne se modifiait tlle~,uême: « Ici, dit‑il, intervient une propriété qui distingue la mfthi,ie nerveuse de nos machines ordinaires: sa fonction la modiflu. Plus an chemin a été parcouru par les courants antérieure, plus d'antres ont chance de le prendre et (le le suivre ~ (4).

Nous citerons en terminant nu curieux midasch qui prouve bien que, pour les Rabbins, l'homme est susceptible de perfection. neffient et qu'il en doit être lui‑même l'ouvrier: ~ Un philosophe posa mi jour à R. Oschaya cette question: Si la circoncision est si chêre à Dieu, pourquoi donc n'a‑t‑elle pas été ordonnée au premier homme? Le docteur lui répondit: Pourquoi te rases‑tu donc une partie des cheveux et lai8ses‑tu croitrA ta barbe? C!est, dit le phi­losophe, que mes cheveux ont poussé avec moi dès ma plus tendre enfance. Si telle est la raison, reprit le rabbin, ne devraii‑ta pas te couper aussi les yeux et te tailler la main, puisqu'ils ont éga, hantent poussé avec toi dès ton enfance? te philosophe lui dit alors: Est‑ce pour recevoir de telles réponses queje sais venu te trouver? A quoi le docteur répondit: Puisqu'il n'est pas possible queje te


(i) J.. 65b.

N,.b~.., ,, su.

phikiiiookie d, Donc , p. 97,


(4) Imue phiksophique, 1878, p. 333‑1.


310 L'HO~

renvoie sans ont explication, écoute ceci Tout ce qui a été créé pendant les six jours de la création exige lin perfectionnement et l'homme aussi a besoin d'être perfectionné > ('~.

References