Israël et L'Humanité - Elohieme et Jahvéisme

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§ 6.

EL-OHIESME ET JAH-VÉISME.

Pour compléter notre étude du mot El-ohieme, il nous reste à dire brièvement que ce nom a été invoqué contre l'antiquité dit monothéisme mosaïque, non seulement en raison de sa forme plurielle, ainsi que nous venons de le voir, mais encore comme étant bien antérieur au tétragramme qui n'aurait été adopté que beaucoup plus tard, lorsque le monothéisme commença à s'introduire.

Si le fait était exact, la Bible elle-même ne nous en fournirait-elle pas une explication, lorsque nous y lisons: « El-ohieme parla à Moïse et lui dit: Je sui Avaya. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El Shaddaï, mais je ne leur ai pas fait connaître mon nom Avaya» [1] Mais voyons ce qu'il faut penser de cette assertion.

il est incontestable par exemple que parmi les documents bibliques dont la date est postérieure à l'époque que la critique moderne assigne généralement à l'établissement définitif du monothéisme, il en est où l'on retrouve un usage constant du mot El-ohieme. Or, dans notre système, il n'y a rien la qui doive surprendre, car un nom ancien reconnu légitime, voire même sacré, ne disparaît pas tout à coup pour faire place à un autre. Mais il n'en eût pas été de même si l'explication de nos adversaires était fondée; après [2]le triomphe du monothéisme, le nom d'El-ohiemeaurait un effet paru blasphématoire aux Jah-véistes et dès lors, ne se serait-on pas empressé de le supprimer? Ce n'est pas tout. Dans le Pentateuque, la prédominance du nom Avaya suit l'ordre bibliographique, en même temps que l'ordre chronologique des événements. Ainsi il est plus fréquent dans l'Exode que dans le livre de la Genèse, dans le Deutéronome que dans l'Exode. Or cette concordance avec la chronologie biblique confirme parfaitement les données mosaïques, tandis que dans le système contraire on serait obligé d'admettre, entre chacun des cinq livres, un intervalle de rédaction suffisant pour justifier la prédominance progressive du tétragramme. Il faudrait en outre que la rédaction du Pentateuque eût été faite dans l'ordre même où nous voyons les cinq parties disposées aujourd'hui, car dans l'hypothèse d'une composition contemporaine ou du moins très rapprochée, on ne s'expliquera plus la prédominance d'un nom divin sur l'autre sans cette intention systématique dont on pense précisément pouvoir se passer. Et comment s'en passer, nous le répétons, en présence de cette déclaration formelle de l'Exode: « Je suis apparu comme El Shaddaï, mais je ne leur ai pas fait connaître mon nom Avaya ».

Disons encore, avant de terminer nos recherches sur le pluriel des noms divins, que le mot Adonaï, mes seigneurs, quand il s'adresse à Dieu, est toujours employé à la place du singulier Adoni, mon seigneur, de même que l'on dit El-ohaï, mes dieux, et non pas Elohi mon dieu. Ce mot confirme l'intention théologique d'exprimer que le Dieu unique, qui est l'objet du culte d'Israël, équivaut à tous les dieux ensemble et qu'en l'invoquant sous le nom d'Adonaï, mes seigneurs, on adore en Lui toutes les perfections réunies.


References

  1. Exode, VI, 2.
  2. Page 191