Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Emprunt, religion, faite aux païens par le Israélites"

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Emprunts religieux faits aux paiens par les Israélites.
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Emprunts religieux faits aux païens par les Israélites.
  
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Nous avons dit que le nom d'Azazel peut avoir été emprunté au paganisme. Un autre nom païen se présente, lui aussi en Israël avec une signification parfaitement orthodoxe, c'est celui de Baal.
  
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Un texte d'Osée, d'obscur qu'il était, devient lumineux si l'on se place à ce point de vue. Le prophète prévoit des jours où Israël, abandonnant ses erreurs polythéistes, reviendra à son Dieu et voici comment il s'exprime: « En te jour-là, dit L'Eternel, tu m'appelleras: Mon époux (<i> ischi</i>)! tu ne m'appelleras plus: Mon maître (<i>baali</i>)! J'ôterai de sa bouche les noms des Baals, afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms » <ref> Osée, II, 18-19. </ref>. La différence existant dans la pensée du prophète entre les deux mots <i> ischi</i> et <i>baali </i> n'est pas celle qui résulte de la traduction, car <i>baali</i>signifie également mon époux et le terme qui rendrait le mieux le sens de <i> mon maître</i> serait <i>adoni</i>. La vérité est que le Dieu d'Israël avait été désigné sous le nom de <i>Baal</i> en même temps qu'on l'appelait aussi <i>Adonaï</i>. Que signifie donc la prédiction d'Osée et pourquoi condamne-t-il ce nom? La fin du passage cité nous l'apprend: « J'ôterai de sa bouche les noms des Baal afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms ». Il résulte évidemment de ce texte que l'adoration du vrai Dieu sous le nom de Baal créait le danger de tomber dans le culte des Baals de la Palestine et de la Phénicie; c'est donc pour éviter la tentation d'idolâtrie que l'invocation de ce nom est interdite. Pour ceux que surprendrait notre explication nous dirons que le nom d'Ahoura-Mazda, le dieu bon du Zend Avesta, a pareillement été donné par les Juifs au Dieu d'Israël. On lit en effet dans Tosaphoth <ref> Batra. fol. 8. </ref> à propos de la mère de Sapor, roi de Perse, Iphra Ohoura: « On interprète ce mot par <i> grâce qui vient du vrai Dieu (hammakom )</i>, car, dit-on, Ahoura, c'est le nom de la Schechina ».
  
Nous avons dit que le nom d'Azazel peut avoir été emprunté au patapisme. Un autre nom païen se présente, lui aussi oit Israël .avec une signification parfaitement orthodoxe, c'est celui de Baal.
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Les noms des dieux païens ont donc souvent appartenu au Dieu d'Israël. Le paganisme les a parfois empruntés aux Juifs de même qu'il est arrivé à ceux-ci de les prendre aux païens. Il n'y a pas lieu de s'étonner par conséquent, encore moins de se scandaliser, <ref> Page 215 </ref>s'il est fait quelquefois mention de ces noms avec respect. Ainsi devient intelligible le passage suivant de Moïse: « Vous observerez tout ce que je vous ai dit, et vous ne prononcerez point le nom d'autres dieux; qu'on ne l'entende point sortir de votre bouche » <ref>Exode, XXIII, 13. </ref>
  
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Ce passage offre une analogie évidente avec celui d'Osée qui ne fait qu'appliquer à un cas spécial, et presque dans les mêmes termes, la prohibition générale de Moïse, ce qui prouve, pour le dire en passant, que le Pentateuque était connu, observé et invoqué comme
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autorité à l'époque du prophète Osée. Le texte mosaïque témoigne que l'on faisait des noms polythéistes un usage innocent et religieux, car il ne s'agit pas là  d'une nouvelle condamnation de l'idolâtrie, ni de la simple interdiction de prononcer des noms étrangers, défense toute superstitieuse à laquelle Moïse ne nous a pas habitués. On ne saurait trouver de motif plus acceptable que le fondement historique dont nous venons de parler, c'est-à-dire l'usage très légitime que les Juifs faisaient précédemment de ces noms pour désigner le vrai Dieu, mais que le législateur se voit dans la nécessité d'interdire pour ôter tout prétexte à l'idolâtrie.
  
se place à ce point de vue. Le prophète prévoit des jours où
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L'une des plus importantes prophéties vient à l'appui de notre explication. Quand Zacharie annonce « qu'en ce jour-là, Dieu sera un et son nom, un » <ref> Zacharie, XIV, 9. </ref> il est permis de croire que le prophète n'entend pas simplement dire que Dieu était jusqu'alors adoré sous d'autres noms par les Gentils, qui désormais n'en reconnaîtront plus qu'un seul, mais encore « Israël, habitué à se servir, pour désigner le vrai Dieu, de noms que les païens avaient profanés en altérant la signification, n'implorera plus désormais que le tétragramme reçu par tous comme le seul nom sacré. Peut-être aussi ces mots: « Son nom sera un » ne signifient-ils pas que Dieu n'aura plus chez tous les hommes qu'un seul et même nom, mais bien que sous les mêmes noms différents, il sera universellement adoré.
  
Israël, abandonnant ses erreurs polythéistes, reviendra à son Dieu
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Nous avons vu plus haut que les noms de Dieu étaient connus des païens et qu'il leur arrivait d'en profaner l'usage; ce fut même là avons-nous dit, le commencement du polythéisme. Peut-être l'application que l'on fit aux dieux du paganisme des noms donnés au Dieu d'Israël se confond-elle avec celle que l'on en fit aux anges. Quoi qu'il en soit voici un texte d' Isaïe qui confirme pleinement <ref> Page 216 </ref>nos explications sur l'abus des noms divins: « Je suis Avaya, c'est là mon nom; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre ni mon honneur aux idoles » <ref> Isaie, XLII, 8. </ref>. Il est évident que dans ce passage le prophète a présenté à l'esprit la profanation que l'on faisait des noms sacrés en les appliquant aux fausses divinités et que, pour cette raison, il proclame que le nom Dieu est incommunicable.
  
et voici comment il s'exprime: ~ En te jour‑là, dit IlEtmmel, tu m'ap.
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L'instinct d'unité religieuse que possédaient les Israélites fut la cause des pratiques idolâtriques qu'ils introduisirent à diverses reprises dans leur propre culte en s'imaginant par là être agréables à Dieu, car c'est bien Avaya qu'ils croyaient honorer lorsqu'ils adoptaient les formes religieuses des autres peuples qui l'adoraient sous d'autres noms. On comprend ainsi les termes dans lesquels Dieu leur reproche de sacrifier leurs enfants à Baal, c'est-à-dire à Dieu même conçu par eux selon les doctrines baalistes: « Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, pour brûler leurs enfants au feu en holocauste à Baal, ce que je n'avais ni ordonné ni prescrit, ce qui ne m'était point venu à la pensée » <ref> Jérémie, XIX, 5. </ref>. Ce qui est en effet condamné ici, ce n'est pas l'objet même de l'adoration, mais la forme illégale du culte. Si les Israélites par les pratiques religieuses auxquelles ils se livraient avaient eu l'intention d'adorer, sous le nom de Baal, une autre Divinité qu'Avaya, le langage du prophète serait incompréhensible. Le texte signifie bien: Comment pouvez-vous penser m'honorer par un culte que je ne vous ai point prescrit et que j'ai en horreur? Si le veau d'or dans le désert et l'idole de Michée portent le nom sacré du tétragramme, la cause est identique; les Juifs se persuadaient que le culte qu'ils voyaient en usage chez les Gentils devait également plaire au Dieu d'Israël, car ils avaient l'intuition que ce que tous adoraient sous des formes diverses, c'était un seul et même Dieu.
  
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désigné sous le nom (le Baal en même temps qu'on l'appelait
 
 
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d'autres dieux; qu'on ne pectorale point sortir de votre bouche ~ (~).
 
 
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fait qu'appliquer à un cas spécial, et presque dans les mêmes termes,
 
 
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passent, que le Pentateuque était connu, observé et invoqué comme
 
 
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pour désigner le vrai Dieu, mais que le législateur se voit dans
 
 
la nécessité d'interdire pour ôter tant prétexte à l'idolâtrie.
 
 
L'une des plus importantes prophéties vient à l'appui de notre explication. Quand Zacharie annonce ~ qu'en ce jouxta, Dieu sera un et son nom, un ~ (2) il est permis de croire que le prophète n'entend pas simplement dire que Dieu était jusqu'alors adoré sous d'autres noms par les Gentils, qui désormais n'en reconnuâtront plus qWun seul, mais encore «Israël, habitué à se servir, pour désigner le vrai Dieu, de noms que les païens avaient profanes en altérant la signification, ulimploiera plus désormais que le têtragramme reçu par tous comme le seul nom sacré. Peut‑être aussi ces mots: ~ Son nom sera un . ne signifient‑ils pas que Dieu n'aura plue chez tous les hommes qu'un seul et même nain, mais bien que sous les mêmes noms différents, il sera universellement adoré.
 
 
Nous avons vu plus haut que les noms de Dieu étaient connus des païens et qu'il leur arrivait d'en profaner l'usage; ce fut même, la avons‑nous dit, le commencement du polythéisme. Peut‑être pop, plication que l'on fit aux dieux du paganisme des noms donnés au Dieu d'Israël se confond‑elle avec celle que pou en fit aux anges. Quoi qu'il en soit voici un texte d'18me qui confirme plei,
 
 
 
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peinent nos explications sur l'abus des noms divins: « Je sois Avays, c'est la mon nom; et je ne, donnerai pas ma gloire à mi autre ni mon honneur aux idoles ~ (). Il est évident que dans ce passage le prophète , présente à l'esprit la profanation que l'on faisait (les noms sacrés cri les appli'j'ant aux fausses divinités At que, pour cette ràason~ il 'proclame que ]A nom (IA Dieu est incom­muuicablo.
 
 
L'instinct d'unité religieuse que possédaient les Israélites fat la cause des pratiques idolâtriques qu'ils introduisirent à diverses reprises dans leur propre culte en s'imaginant par là être agréables à Dieu, car elest bien Avaya qu'ils croyaient honorer lorsqu'ils adaptaient les formes religieuses des noires peuples qui t'adoraient sous d'antres noms. On comprend ainsi les termes dans lesquels Dieu leur reproche de sacrifier leurs enfants à Baal, c'est‑â~dire àDieu même con5u par Poix selon les doctrines baslistes: ~ Ils ont bati des hauts lieux à Baal, pour brûJer leurs enfants an feu en holocaustAa à, Baal, es que je n'avais ni ordonné ni prescrit, ce qui ne m'était point yen, à 1, pensée » (~). Ce qui est cri effet mot­damné ici, ce n'est pas l'objet même de l'adoration, mais la forme illêgale du culte. Si les Israélites par les pratiques religieuses auxquelles ils se livraient avaient en l'intention d'adorer, sous le nom de Baal, une autre Divinité quAvaya, le langage du fin. phète serait incompréhensible. LA texte signifie bien: Comment po,ve,‑vons penser m'honorer par roi celle que je ne vous ai point prescrit et que J~ai en horreur? Si le,veau d'or dans le désert et l'idole de Michés portent le nom sacré du têtragrammeq la cause est idontique.; les Juifs se persuadaient que le culte qu'ils voyaient en usage chez les Gentils devait également plaire au Dieu d'Israël, car ils avaient l'intuition que ce que tous adoraient sous des forum% diverses, c'était un seul et môme Dieu.
 
  
 
==References==
 
==References==

Latest revision as of 14:49, 3 September 2010

IV.

Emprunts religieux faits aux païens par les Israélites.

Nous avons dit que le nom d'Azazel peut avoir été emprunté au paganisme. Un autre nom païen se présente, lui aussi en Israël avec une signification parfaitement orthodoxe, c'est celui de Baal.

Un texte d'Osée, d'obscur qu'il était, devient lumineux si l'on se place à ce point de vue. Le prophète prévoit des jours où Israël, abandonnant ses erreurs polythéistes, reviendra à son Dieu et voici comment il s'exprime: « En te jour-là, dit L'Eternel, tu m'appelleras: Mon époux ( ischi)! tu ne m'appelleras plus: Mon maître (baali)! J'ôterai de sa bouche les noms des Baals, afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms » [1]. La différence existant dans la pensée du prophète entre les deux mots ischi et baali n'est pas celle qui résulte de la traduction, car baalisignifie également mon époux et le terme qui rendrait le mieux le sens de mon maître serait adoni. La vérité est que le Dieu d'Israël avait été désigné sous le nom de Baal en même temps qu'on l'appelait aussi Adonaï. Que signifie donc la prédiction d'Osée et pourquoi condamne-t-il ce nom? La fin du passage cité nous l'apprend: « J'ôterai de sa bouche les noms des Baal afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms ». Il résulte évidemment de ce texte que l'adoration du vrai Dieu sous le nom de Baal créait le danger de tomber dans le culte des Baals de la Palestine et de la Phénicie; c'est donc pour éviter la tentation d'idolâtrie que l'invocation de ce nom est interdite. Pour ceux que surprendrait notre explication nous dirons que le nom d'Ahoura-Mazda, le dieu bon du Zend Avesta, a pareillement été donné par les Juifs au Dieu d'Israël. On lit en effet dans Tosaphoth [2] à propos de la mère de Sapor, roi de Perse, Iphra Ohoura: « On interprète ce mot par grâce qui vient du vrai Dieu (hammakom ), car, dit-on, Ahoura, c'est le nom de la Schechina ».

Les noms des dieux païens ont donc souvent appartenu au Dieu d'Israël. Le paganisme les a parfois empruntés aux Juifs de même qu'il est arrivé à ceux-ci de les prendre aux païens. Il n'y a pas lieu de s'étonner par conséquent, encore moins de se scandaliser, [3]s'il est fait quelquefois mention de ces noms avec respect. Ainsi devient intelligible le passage suivant de Moïse: « Vous observerez tout ce que je vous ai dit, et vous ne prononcerez point le nom d'autres dieux; qu'on ne l'entende point sortir de votre bouche » [4]

Ce passage offre une analogie évidente avec celui d'Osée qui ne fait qu'appliquer à un cas spécial, et presque dans les mêmes termes, la prohibition générale de Moïse, ce qui prouve, pour le dire en passant, que le Pentateuque était connu, observé et invoqué comme autorité à l'époque du prophète Osée. Le texte mosaïque témoigne que l'on faisait des noms polythéistes un usage innocent et religieux, car il ne s'agit pas là d'une nouvelle condamnation de l'idolâtrie, ni de la simple interdiction de prononcer des noms étrangers, défense toute superstitieuse à laquelle Moïse ne nous a pas habitués. On ne saurait trouver de motif plus acceptable que le fondement historique dont nous venons de parler, c'est-à-dire l'usage très légitime que les Juifs faisaient précédemment de ces noms pour désigner le vrai Dieu, mais que le législateur se voit dans la nécessité d'interdire pour ôter tout prétexte à l'idolâtrie.

L'une des plus importantes prophéties vient à l'appui de notre explication. Quand Zacharie annonce « qu'en ce jour-là, Dieu sera un et son nom, un » [5] il est permis de croire que le prophète n'entend pas simplement dire que Dieu était jusqu'alors adoré sous d'autres noms par les Gentils, qui désormais n'en reconnaîtront plus qu'un seul, mais encore « Israël, habitué à se servir, pour désigner le vrai Dieu, de noms que les païens avaient profanés en altérant la signification, n'implorera plus désormais que le tétragramme reçu par tous comme le seul nom sacré. Peut-être aussi ces mots: « Son nom sera un » ne signifient-ils pas que Dieu n'aura plus chez tous les hommes qu'un seul et même nom, mais bien que sous les mêmes noms différents, il sera universellement adoré.

Nous avons vu plus haut que les noms de Dieu étaient connus des païens et qu'il leur arrivait d'en profaner l'usage; ce fut même là avons-nous dit, le commencement du polythéisme. Peut-être l'application que l'on fit aux dieux du paganisme des noms donnés au Dieu d'Israël se confond-elle avec celle que l'on en fit aux anges. Quoi qu'il en soit voici un texte d' Isaïe qui confirme pleinement [6]nos explications sur l'abus des noms divins: « Je suis Avaya, c'est là mon nom; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre ni mon honneur aux idoles » [7]. Il est évident que dans ce passage le prophète a présenté à l'esprit la profanation que l'on faisait des noms sacrés en les appliquant aux fausses divinités et que, pour cette raison, il proclame que le nom Dieu est incommunicable.

L'instinct d'unité religieuse que possédaient les Israélites fut la cause des pratiques idolâtriques qu'ils introduisirent à diverses reprises dans leur propre culte en s'imaginant par là être agréables à Dieu, car c'est bien Avaya qu'ils croyaient honorer lorsqu'ils adoptaient les formes religieuses des autres peuples qui l'adoraient sous d'autres noms. On comprend ainsi les termes dans lesquels Dieu leur reproche de sacrifier leurs enfants à Baal, c'est-à-dire à Dieu même conçu par eux selon les doctrines baalistes: « Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, pour brûler leurs enfants au feu en holocauste à Baal, ce que je n'avais ni ordonné ni prescrit, ce qui ne m'était point venu à la pensée » [8]. Ce qui est en effet condamné ici, ce n'est pas l'objet même de l'adoration, mais la forme illégale du culte. Si les Israélites par les pratiques religieuses auxquelles ils se livraient avaient eu l'intention d'adorer, sous le nom de Baal, une autre Divinité qu'Avaya, le langage du prophète serait incompréhensible. Le texte signifie bien: Comment pouvez-vous penser m'honorer par un culte que je ne vous ai point prescrit et que j'ai en horreur? Si le veau d'or dans le désert et l'idole de Michée portent le nom sacré du tétragramme, la cause est identique; les Juifs se persuadaient que le culte qu'ils voyaient en usage chez les Gentils devait également plaire au Dieu d'Israël, car ils avaient l'intuition que ce que tous adoraient sous des formes diverses, c'était un seul et même Dieu.


References

  1. Osée, II, 18-19.
  2. Batra. fol. 8.
  3. Page 215
  4. Exode, XXIII, 13.
  5. Zacharie, XIV, 9.
  6. Page 216
  7. Isaie, XLII, 8.
  8. Jérémie, XIX, 5.