Israël et L'Humanité - Incompatibilité de l'idée d'un Dieu national avec la conception israélite

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Incompatibilité de l'idée d~un Dise national avec la conception israélite.


L'avenir réservé au Cube da Dieu d'Israël et la vocation des Gentils remplissent d'un bout à l'autre les pages des Prophètes. Cela est d'autant plus remarquable aux époques où le sentiment patriotique était particulièrement vivace et aurait dû par censé­quent étouffer toute autre tendance, si le Dieu des Jnifs avait été, comme on le prétend, un Dieu purement national. LOB deux notions, particulariste et universaliste, se trouvent exprimées au contraire simultanément en parfait accord, car la premiers répon­


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doit à, un état de choses qui avait ses racines dans toute la vie israélite, publique et privée, et la seconde était une aspiration bien authentiquement juive et de nature à ravir toutes les âmes reli­gieuses en Israël.

Une citation du prophète Michée va non, montrer le rappro­chement et l'arme des deux conceptions ~ ~ Car tous les peuples marchent, chacun an nom de Bon dieu, et nous marcherons, nous, au nom d'Avaya, notre Dieu, à toujours et à, perpétuité ». Voilà certes une éclatante profession de foi nationale et cependant la rédaction de ce passage qui est présenté en quelque sorte comme une conséquence de ce qui précède ne nous permet pas de croire qu'il en est réellement ainsi. Et en effet, le,commencement du cha~ pitre annonce dans Ios termes les plus clairs la conversion des Gentils: ~ Il arrivera, dans la suite des temps, que la montagne de la maison do IlEternel sera fondée sur le sommet des montagnes, qu'elle n'élèvera par‑dessus les coltines et que les peuples y se flueront. Des nations s'y rendront en foule, et diront: ~~ Venez, et montons à la maison d'Avaya. à la maison du Dieu de Jacob, afin qu'il nous enseigne ses voies et que nous marchions dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de I'Fte~,l » (~). Le sens parait donc être celui‑ci: Jusqulâ l'époque de cette conversion fonds, que chaque peuple suive ses lumières actuelles et l'avenir montrera quel est le vrai Ilion. Ce texte me. rite d'être rapproché d'un passage d'Isaïe où la prédiction relative à la conversion des Gentils est faite exactement dans les mêmes termes et se termine ainsi: ~ 0 maison de Jacob, venez et mat­chons à la lumière de l'Elornel! ~ (~). C'est‑à‑dire: En attendant le jour où tous les peuples marcheront dans les voies de notre Dieu, marchons dès aujourd'hui. nous, famille de Jacob, à la la­mière de 1111ternel.

Nous ne saurions trop appeler l'attention sur ce fait que tous les textes, et !la sont fort rmmbreux~ dans lesquels l'idée natio­naliste et la profession de foi universelle se trouvent unies, mêlées ensemble, prouvent à Vévidmwe que les deux doctrines, loin de se présenter comme les étapes successives d'une évolution spirituelle qui aurait fait passer d'une notion inférieure à une notion plus élevée, ont été conçues en même temps et dépendent si étroite.


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ment l'une de l'autre qWelles semblent ne former, nous le rëpé­tous, qu'une seule et même idée sous deux aspects différents.

    Au risque d'étonner nos lecteurs, nous dirorts d'ailleurs que

Vides d'un Dieu local en laraël n5est pas même concevable. La rc~

ligion du Dieu dIgra~l n'a point lie patrie, à moins que l'on n1âp~

pelle de ce nom le berceau du genre humain. Nom seulement elle,

commence, d'après ses livres sacrés avec la création du monde et

de phumanitê' ce qui, est déjà un argument décisif contre tonte

espèce de localisation, mais en nous bornant même à l'histoire de

la race israélite, nous la voyons débuter avec une, famille nomade

et se continuer avec sa descendance captive en Egypte. Les rabbins

ont si peu de sympathie pu" Pidée d'mi Dieu local et national

qu'ils font remonter aux origines mêmes de Phumanitê le emI~e

mosaïquA; ainsi en concentrant en Adam, Imité primordiale, tout

ce qui se trouvera par la suite distribué et diversiflê dans les dif­

féremins familles terrestres, tous les génies nationaux, et en ratta­

chant leur propre,religmrt au premier homme, ils entendaient indi~

quer que, d'une certaine manière, ci 16 convenait à Volques humaine

tout entière. 1

Dans le système des divinités 1 contes au contraire, le dieu et la terre sont si indissolublement unis quils ne peuvent Subsister fou sans l'autre. Aussi l'autoelitonêité a‑t‑elle été le caractère do­adronnu; de toutes les anciennes religions et il serait absurde Pm conséquent de parier de religion locale pour un peuple qui, comme les juifs, ne se croyait pas autochtone. Le moswsme d'ailleurs ne commence pas, à proprement parler, à Moiso et l'assertion des rabbins sur ce point n'est pas dénuée de fondement; il a en me longue existence antérieure, période de préparation, nous disent des savants comme Ni. Barnouf, analogue à celle que le judaisme Iui~mêum représente pour la religion chrétienne qui lui a succédé. Tout n'est pas faux assurément dans cette théorie, car on peut dire d'cou manière générale que toute religion, antérieure est la préparation et la figure de celle qui doit suivre. Mais il est tombait­aille, on en conviendra, que la figure soit supérieure A la réalité elle même, comme ce serait évidemment 10 cas si la religion oui­veraene et franchement humanitaire des générations antêrieUtOS àxoise avait fait Place à un cuite strictement national comme on prétend que le mosaïsme l'a été. A moins que l'on ne veuille son­tenir que l'humanité, au lieu d'avancer, a fait nu pas considérable en arrière, il parait plus raisonnable (le croire que la religion de


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DIEU

ûfoise n'a pas perdu le caractioeA universaliste de celle qu'elle a remplacée et qu'elle loi. a même été supérieure à art égard. De &Il, la religion prémosaïque, tout universelle qu'elle était, n'avait pas de centre d'organisation et d'imité; elle était plus exposés par conséquent à se corrompre et à dégénérer irrémédiablement. Avec Molise au contraire, nous la voyous pourvue d'une constitution d& finitive, d'art foyer central et de représentants attitrés. Avant que, parût le grand législateur hébreu, il existait bien une religion pour tous les hommes, mais après lui il y en a uns pour l'humanité, en es sous que Ph~anité religieuse a été véritablement organisée Pm lui.

Certains critiques comprenant tout ce que cette localisation de Iz religion mosaïque a d'invraisemblable, se sont contemAs de dire que si le Dieu d'Israël n'était pas le Dieu exclusif des Juifs, il était du moins, dans l'esprit de ses adorateurs, leur protecteur spécial. Nous croyons avoir montré en parlant du Dieu Providence qu'une égale justice est proclamés dans la Bible pour tous les peuples inàistinctenmnt~ Si la protection spéciale dont on parle a quelque fondement de vérité, elest uniquement, nous le volerons a sa place, pour Israël en tant que peuple‑prêtre, eest.â‑dire dans un sens parfaitement universaliste, dans l'intérêt de, l'humanité tout Antiêre. Les Juifs lie sont point d'ailleurs sang excuse, au dire de ces mêmes critiques, s'ils se sont crus l'objet spécial des faveurs divines. ~ Comment faire aux Juifs un reproche d'avoir élevé des prétentions pareilles, écrit M. Delaunay, quand nous voyous tous les peuples de l'antiquité dans la même erreurl S'ils se vantaient d'avoir la protection spéciale d'Avaya, les Grecs se déclarèrent aussi les enfants chéris de Zeus ~ (~).

Mais nous avouons que la comparaison ne serait point à Pavait. rage des larmélites. Les Grecs ne voyaient pas en Zeus ce que les Juifs voyaient en Avaya, le créateur du monde et de l'humanité et par conséquent leur exclusivisme, religieux n'était point si odieux qu'il font été elle, les Juifs. lie reconnaissaient l'autorité d'autres dieux sur d'autres nations, aussi l'amour spécial que Zeus pouvait avoir pour eux était incomparablement moins ii~justê que ne l'eût été la conduite d'Avaya, Dieu unique du monde entier, mlatt%­chant, à l'exclusion de tous les autres peuples, une petite nation seulement.


(1) EiÈt~ ifi, Philo., p. 77,


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La notion de Fimpàrtialitê divine était si bien entrée dans l'Asprit du judaïsme que les rabbins qu'on représente assez volon­tiers comme des modèles de sectarisme religieux, s'écrient à propos de la formule de la bénédiction aaronique: Que l'Eternel fasse briller sa face sur toi At qu'il t'accorde sa grâce! , Comment CAIR peut‑il être dit d'Israël, puisqu'il est écrit que Dieu ne fait accep­tion de personnel C'est, Out4ls répondu, qua les Juifs accom­plissant par la pratique des observances mosaïques plus qu'il n'est exigé du commun des hommes, Dieu môme leur (toit, pour main­tenir la stricte justice, un regard spécial >.


References