La famille humaine.
 
 
§. 1.
 
 
Il existe, d'après l'hêbraisme, un nombre déterminé de nulle.
 
nalitês, Ou folle miens dire de races; c'est celui de soixmte‑(Ii,.
 
Ce nombre, qui se rencontre fréquemment chez les Itabbins, est
 
 
a, a, 8. Altos, xvil, 26.
 
 
L'IDÉE DE NATIONALITÉ DANS LF JUDA! SME 3~)5
 
d'origine biblique. La liste des nations issues de Noé et que le livre de la Genèse êmmêrc S'élève à soixante‑dix. C'est aussi le clriffre auquel,fait allusion le passage du cantique de Noise que nous avons cité plus haut: « Il fixa les frontières des peuples d'après le nombre des enfants dIsraël () >‑
 
Ce nombre déterminé de nationalités indique une, conception théorique, mie organisation idéale, quelle que soit d'ailleurs la signification du chiffre des enfants d'Israël dont il est question dans ce texte de Noise. on sont qu'il y a la quelque idée grue­diode sur la constitution de la famille humains et ses rapports avec Israël. Plusieurs interprétations de ce passage ont été, pro­posées par les coommentatourâ; la plus plausible, à notre avis, est celle qui y voit le nombre de soixante‑dix auquel s'élevaient les enfants de Jacob, qui, avec leur père, descendirent en Egypte. Le texte sacré insinue par là, le caractère représentatif des fils d'Israël, au point de ras religieux, vis‑à‑vis des autres nations, ces soixante‑dix chefs de famille israélites devenant ensuite les rüPré~ sentauts religieux de soixante‑dix races on nations de la terre. Olest Sous doute pourquoi ce chiffre est resté systématique dans le judaïsme. Le premier conseil suprême lustituê par MOÏSe en Israël At plus tard le Farabêdrin étaient composés chacun de soixante‑dix membres (2), et de même que Jacob était à la tête des soixante‑dix israélites descendus en Egypte et le prince on Nasi à la tête du Sanhêdriu, de même à la tête des soixante‑dix races on nations du globe se trouve Israël, descendant de Sem à qui a étà promise la direction religieuse de ses frères, ceux qui s'abriteraient sous ses tentes, selon l'expression biblique, devant adorer le même Dieu que lui. Un verset de la prophétie de Balawn semble faire allusion à la fois au nombre dêterminê des nations, à, leur organisation et à la place spéciale réservée à Israël en dehors du total des races de la terre: « Je le vois du sommet des rocher$, je le contemple du haut des coiffure: C'est un peuple qui a Sa demeure à, part et qui n'est point compté parmi les nations (~) ».
 
Ces peuples, dont le nombre est flxê par la Providence divine,
 
 
0) De.t6ll..Ml, Xxxo, 8.
 
0) Ce orme , 69 p.,tê p.,f.1, à 72. Le Mi.1h" lool‑ dl 72 ‑celles à
 
P,.P,. de Fi,stlu.tio‑ de R. FMàsar, fils dUzMia, cùm e Nasi. Le lemme des
 
Ierlaits. d'sella., . Egypte ~,âlëve à 72 se y ...P,ffl.t Jelsb et
 
J.s.ph.
 
(s) N"m., ~, 9.
 
 
396 L'HOMME
 
sont solidaires les uns des autres au soin de l'humanité comme le sont tous leurs membres dans trac propre existence individuelle. Le bien et le mal sont communs à tous, car le bien comme le mal sont répercutés dans l'unité idéale, dans le Sûr, qui, nous l'avons dit, en jouit Ou en SOufI~0 comme en jouit et en souffre en lui toute la collectivité nationale on humaine. Quand, les Rabbins ont dit que tous les membres de la communauté d'Israël sont solidaires les uns des autres, quand Moîse proclame, avec un courage que peut seule donner la conscience de 1, vérité, que Die, punit les Pêchés dûs Perse sur leurs enfants et leurs pmita~enfauts, ils n'ont fait qu'énoncer un principe fondamontat, celui de la solidarité ha~ maille qui n'était nullement reconnu de leur temps et qui aujourd'hui encore, quoique enseigné par la science, est bien loin de porter tous ses fruits.
 
Chaque peuple ayant un caractûre particulier et représentant aile idée distincte a~ sur la terre, un champ d'activit6 propre dans lequel son génie doit 80 développer et tous ensemble, liés les uns Anvers les autres Par la communauté de but et de devoirs, coopérant à P4almaissemeut et au Perfectionnement de la vie Sur notre globe et à la constitution de cette humanité idéale dont ils sont les élé­ments nêcessaires et providentiels. Malgré les différences ethniques voulons pu Dieu des le commencement, ils rentrent donc tous dans un plan unique et cette solidarité prend, dans l'esprit du judaïsme, uns ferme qui exprime de la faÇon la plus parfaite Pidëô d'organisme humain. Pli effet, le tYP6 auquel correspond pour l'bêbra:isme le monde des nations qn! se partagent la terre, c'sel le tYPO de la 'famille. Cela ressort d'une maniêre évidente de tous les monuments bibliques et rabbiniques.
 
Cette coucOlitiOn d'Une famille humains remonte probablement ât une haute antiquité, phomme ayant été amené à considérer la Cause invisible de son être comme Son Père et la nature qui le nourrissait comme sa mère et à se regarder lui‑même comme le fils dû feu et de l'autre. Dieu, la Nature et Adam forment une véritable famille, famille sacrés qui est l'image de deux a,tr,s~ le Dieu transcendant, llldêal ou Logos et la Schechina ou Immanence divine, et Plus haut encore, au sein de la Divinité elle‑même, pIntel­ligant, l'Intelligence et Platelligible. Cette notion d'nos famine OOMPOSéû de la Cause invisible, de la Nature et de l'homme, notion si simple qu'elle se présentait spontanément à l'esprit, est la base de toutes les conceptions analogues qui remplissent les théogonies
 
 
L'MÉE DE NATIONALITÉ DANS LE JUDAÏSME 397
 
de tous les Peuples anciens et, ce qui nous intéresse davantage, la
 
théosophie kabbalistique elle‑même avec son liPharet ou démiurge,
 
la Hchechisa et ses Adam et tirs, les deux Chérubins, fils de Pull
 
et de l'autre. L'idée générale qui embrasse le ciel et la terre, s'est
 
ciTcoris , crite ensuite, en passant de l'humanité dans son ensemble
 
au, groupements humains qui s'appellent les nations, au monde
 
ethnique en on mot dans lequel les divers peuples deviennent alors
 
les enfants de Dieu, le Père universel, et sont par conséquent les
 
uns vis‑ô‑vis clos autres, des frères.
 
Enfin si Dieu et Phumanité constituent une famille, il 011 résulte que la demeure de cette fouille, c'est le monde où Dieu habite à côté de ses enfants. 011 peut citer à l'appui de cette conception des textes nombreux. , Ainsi parle IlEtoccul, s'écris le prophète Isaïe: le ciel est mon trône et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez‑vons me bâtir et quel lieu me donneriez‑vous pour clemeurel (~) ~ C'est donc vraisemblablement dans ce sous qu'il faut comprendre le temple Ou échal dont le fils d'Amos parle dans la célèbre vision du sixième chapitre et dont la maison de Dieu à Jérusalem n'est que l'image en petit. Cette dernière appellation se retrouve d'ailleurs avec cette signifleation dans la bouche môme de Dieu, lorsque le Seigneur exalte la supériorité d'inspiration do Moïse sur tous les autres prophètes: ~ Il n'en est pas ainsi de mon Serviteur Moïse. Il est le fidèle de toute ma maigon. Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes (~) >‑ Quelle est cette maison? demande Maimonide. C'est la création tout entiers, l'univers, la totalité dûs choses existantes ('). La conception même coamologique du ciel et de la terre se prêtait à Cette int8rPrëtatiOu. En effet, les cieux (tans la Bible sent un pavillon dont la terre est le sol et tous deux forment ensemble l'ancienne tente israélite, la tente même de Moïse, le Tabernacle du désert OÙ l'On a Vu avec raison nue image de l'univers. Dans les Proverbes le mot se retrouve avec la même acception: La Sagesse a bâti sa maison; elle a taillé ses sept colonnes(') En divers antres passages des Ecri­tares le sens de société, état, royaume, est donné également à cette expression.
 
 
N'mb., c' 7.
 
 
398 L'IlOofWe
 
 
On a donc fait prouve d'une méconnaissattee absolue de la doctrine juive, lorsqu'on a prétendu que le nom de Père appliqué à. Dieu a été mis pour la première fois dans la bouche des hommes par le christianisme. L'Evangile en cela, comme presque toujours, n'a été que l'écho de l'antique voix des Prophéties et des Docteurs d'Israël. Dans la maison de Dieu qui est l'univers, IlEternel est père sur la terre comme dans le ciel. Il est le père des hommes aussi bien que des auges qui se nomment ses enfants, les fils de Dieu. Pour nous montrer la vénération dont nous sommes rede­vables envers, Dieu, le prophète nous parle du respect que Pûnfant doit à son père: ~ Un film, dit‑il, honore son porc, et un serviteur son maître. Si je suis Vêle, où est l'honneur qui m'est dûl Si je suis maître, on est la crainte qu'on a de moi? dit l'Eternel des arméesf') ». David appelle Dieu ~ le père des orphelins (') . Ailleurs l'amour de Dieu pour ceux qui le craignent est compare à Paumer du père pour ses enfants. « L'Eternel châtie celui qu'il aime, lisons‑nous date les Proverbes, comme nu père l'enfant qu'il chérit CI) >. « 0 Eternel, s'écrie IsWie, là es notre père 1. » ci afin que Von ne croie point qu'il s'agit d'Israël seulement, il ajouté: < Nous sommes l'argile et.eest toi qui nous a formés, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains (4) ..
 
La comparaison prend parfois des accents de tendresse inconnus
 
même au christianisme, réputé la religion de l'amour, car Dieu n'est
 
plus seulement appelé un père, mais une mère. « Pareil à l'aigle
 
qui éveille sa couvée, dit Moise, qui voltige sur ses petits, déploie
 
ses ailes, les prend, les porte mur ses plumes, IlEternel seul a emadait
 
son peuple (') ~ et Isaie dit, imitant es langage; « Comme des oiseaux
 
déploient lem ailes sur leur couvée, ainsi IlEternel des armées
 
étendra sa protection sur Jérusalem, il protégera et délivrera, il
 
épargnera et sauvera (6) > et ailleurs: < Sion disait: l'Ete,iiet
 
m'abandonne, le Seigneur m'oublie. Une femme oublie‑t‑elle l'enfant
 
qu'elle allaite! pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand
 
même elle l'oublierait, moi je ne t'oublierai point,(,) ~. Et quoi
 
 
P.. ",i" 6.
 
 
D..t& ...
 
 
~7) laid. l~l. 15.
 
 
I~MÉB DE NAT10N.~TÉS D~S LE JUDÀÏSXU 399
 
de plus doux que cette parole du même prophète: ~ Vous serez portés sur les bras et caressés sur les genoux. Comme un homme que sa mère collecte, ainsi je vous consolerai; vous serez consoles dans Jérusalem (~) ~.
 
 
§ 2.
 
 
Nous venons de voir l'idée que le judaïsme se fait de hn pa~ ternité divine;.nous allons établir maintenant qu'il considûre tous les hommes comme les enfants de Dieu. On a déjà, remarqué, àpropos du titre de fils de Dieu donné à Jésus, qu'il était dans la tradition hébraïque de donner aux hommes les plus éminents cette glorieuse appellation. C'est ainsi qu'il est dit de SaIomon~ ~ Je serai pour lui un père et il sera pour moi un lits (2) >.
 
Les, peuples sont pareillement nommés les fils de Dieu et si les premiers exemples que nous allons citer concernent spécialement Israël, nous n'savons pas de peine à, en trouver d'autres dans lesquels ce titre affectueux est étendu à tous les peuples, même aux païens. On se souvient de cette tendre parole du Deutéronome: « Vous êtes les enfants de FEternel, votre Dieu (') , et de cet antre passage du même livre: ~ Ta as vu que l'Eternel, ton Dieu, t'a porté comme un homme porte son enfant pendant toute la route que vous avez faite ~. Dans son dernier cantique, Moïse sladres­saut à Israël s'écris: N'est‑Il pas ton père, ton créateur? N'est‑ce pas Lui qui t'a formé et qui t'a affermi (')l » Et Isaïe dit à soit tour: ~ C'est bien Toi qui es notre père, car Abraham ne nous courant pas et Israël ignore qui nous sommes; c'est Toi, Eternel, qui es notre père, qui, dès l'éternité, t'appelles notre sauveur (6) .. Ce dernier texte West‑il pas particulièrement remarquable par l'in­sistance avec laquelle le prophète semble ne vouloir reconnaître comme véritable père d'Israël que Dieu seul à l'exclusion des ton­triarohes, ce qui confond porc ainsi dire le peuple juif avec toutes les autres nations vis‑à‑vis de la commune paternité de Dieu?
 
 
Ibid. LXVIY 12. 18,
 
 
Dent6ronome, xxv, 1. Ibid. ~, 31.
 
(5) Ibid. xxxii, 6.
 
(~) 1,M., 16.
 
 
100 eucoamE
 
Mais voici maintenant un passage très frappant de Jérémie dans lequel tous les peuples sans exception sont appelés les enfants de Dieu, Israël n'étant plue alors considéré que eomme un membre de la grande famille humaine. Voici en quels termes le prophète fait parler le Seignour: « Je disais: Comment te placeraije parmi mes enfants en te donnant un pays de délices, un héritage, le plus bel ornement des nations (~) ~l Le texte a si bien le sens que nous indiquons que Raschi, tout en vivant au Moyen‑A,&@, dans un milieu qui n'était certes point fait pour inspirer aux Juifs des sentiments de bienveillance universelle, le ewmmmte par ces paroles: « Toi, ma congrégation, mon peuple, comment te place­miwje parmi mes autres enfants, te mêlant avec les Gentilsl > Cette idée que tous les peuples sont les enfants de Dieu est donc commune et légitime dans le judaïsme et un autre commentateur, Kimohi, qui ne vivait pas dans des circonstances plus favorables, dit à propos du passage d'Isaïe, Un pays peut‑il naître es, unjour (2): « C'est moi qui fais maire les peuples (n) ».
 
Prétendra~t‑on que la qualification de premier‑né donnée à Israël, titre que Moïse proclame solennellement quand, parlant à Pharaon au nom de l'Eternel, il lui dit « Israël est mon fils, mon pro~ mier‑uë (i) , apporte une atténuation à cette croyance à l'universelle paternité de Dieu? Nous croyons pouvoir affirmer au contraire qu'elle en est la consécration et le couronnement. Ce litre de premier‑né suppose en effet Ilexistmice d'autres peuples également enfants de Dieu; il éveille en outre précisément l'idée d'cou, famille, d'une organisation domestique et il doit par conséquent s'entendre dans 16 sens de prêtre familial, le premier‑né dans la famille israélite et dans la société ancienne en général étant chargé illime mission sacerdotale à l'égard de ses frères. Cette place particulière accordée à Israël n'est donc pas, comme on Pa trop souvent reproché aux Juifs, un, égoïste privilège; c'est le complément religieux, nécessaire à la constitution de la grande famille humaine.
 
 
Jêrêi., ,, 19.
 
 
"bt
 
E,.d" 22.
 
 
LIMÉE DE NATioN~1TÉ DANS ug =aAïSmE~ loi
==References==

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