Israël et L'Humanité - La judaïsme et la religion de l'avenir

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VI.

Le judaïsme et la religion de l'avenir.

on peut voir par tout ce qui précède combien se sont mépris sur le sens de la doctrine juive les critiques qui ont prétendu que, [1]d'après les espérances d'Israël, la loi de Moïse devait gouverner toute l'humanité à l'avènement du libérateur attendu. Un auteur appuie cette affirmation [2] sur ce texte d'Isaïe: « Revets tes habits de fête, Jérusalem, ville sainte, car il n'entrera plus chez toi ni incirconcis, ni impur [3]», mais une simple lecture du contexte suffit pour se convaincre qu'il ne s'agit là que des ennemis armés contre Israël et non pas de l'état religieux des étrangers.

Un passage d'Ezéchiel cité également par le même écrivain contient bien le reproche adressé aux Israélites d'avoir profané le temple en y introduisant des étrangers « incirconcis de cœur et incirconcis de chair [4], mais que peut-on inférer de là en vérité contre la légitimité d'une religion autre que le culte mosaïque? S'il s'agit bien là des Gentils, et non pas des Juifs incirconcis et apostats ou, pour mieux dire, des prêtres qui se trouvent dans ces conditions, selon l'interprétation d'une partie des commentateurs rabbiniques, c'est évidemment des mauvais Gentils, incirconcis de cœur, et nullement des bons Noachides que parle ici le prophète. Ce texte se rattache tout naturellement à celui dans lequel Isaïe parle des fils d'étrangers remplissant certains offices dans la maison de Dieu et il semble qu'Ezéchiel signale un abus que l'on commettait de son temps, en étendant démesurément les attributions de ces Gentils attachés au service du Temple, et surtout en n'exigeant pas d'eux les qualités morales requises pour le culte divin.

En réalité, ni les Ecritures, ni la tradition rabbinique ne nous montrent un Israël absorbant l'humanité et la soumettant tout entière à la loi mosaïque; c'est un Israël, centre et lien religieux du monde, que nous y découvrons, Israël pour l'humanité. La conversion future des Gentils annoncée par les Prophètes est présentée comme un retour à la Loi, mais la loi générale de tous les hommes et non pas le mosaïsme qui ne concernait que les Juifs seulement. «Tous les rois de la terre te loueront, ô Eternel! s'écrie le psalmiste, en entendant les paroles de ta bouche [5] » Si les voies de Dieu sont connues sur toute la terre et son salut chez tous les peuples, [6]si le Seigneur conduit toutes les nations du monde [7][8]n'est- ce pas de l'aspect spécial de la loi divine destiné à tout le genre humain que l'écrivain sacré entend parler?

De nos jours, M. Salvador a signalé dans ses ouvrages le côté universel du judaïsme; il s'est efforcé de relever les éléments que celui-ci contient, pour la religion de l'avenir, d'un culte laïque de l'humanité. Cependant son œuvre offre plus d'une lacune que le présent travail a pour but de combler. L'auteur retrouve bien dans l'hébraïsme les matériaux qui serviront à l'édification du temple futur du genre humain, mais il ne semble pas se douter que le judaïsme a toujours en conscience de les posséder et c'est cette possession consciente que nous tâchons de mettre en lumière. La religion telle que la conçoit M. Salvador, n'a et ne peut avoir qu'une origine humaine; elle ne saurait donc prétendre devenir universelle. En outre, c'est l'unité qui préoccupe exclusivement l'esprit de M. Salvador; le double aspect de la loi divine, d'un côté la loi laïque pour tous les hommes, de l'autre la règle sacerdotale pour Israël, lui échappe entièrement.

Nous avons suffisamment démontré que la religion des Gentils ne peut être le mosaïsme et puisque pour prouver qu'ils ont une loi particulière nous avons eu recours aux Livres sacrés où nous voyons, avant comme après l'avènement de Moïse, les peuples soumis à une règle d'après laquelle la Providence divine les gouverne, il faut bien convenir que c'est là l'unique loi imposée à tous ceux qui ne sont pas Israélites. Ajoutons que c'est sous cette loi que les Gentils ont vécu au milieu des Israélites, aussi bien dans le désert que plus tard en Palestine, et cela nous amène à rechercher maintenant le rapport qui existe entre elle et celle d'Israël.[9]


References

  1. Page 499
  2. M. Coen, Les Déicides
  3. Isaïe , LII, 1.
  4. Ezéchiel, XLIV, 7.
  5. Psaume CXXX,4.
  6. Ps. LXVII, 3.
  7. Ibid. verset 5.
  8. Page 500
  9. Page 501