Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - La question de la circoncision"

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LA QUESTION DE LA ClUeONOISXGN.
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LA QUESTION DE LA ClRCONCISION.
  
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Nous venons de mentionner la circoncision au nombre des commandements de la loi mosaïque auxquels se soumettaient assez fréquemment les prosélytes de la porte. Il y a eu des Docteurs qui leur en faisaient un devoir, mais en réalité cette obligation est plus douteuse. Certains auteurs, comme Glaire <ref> V. Archéologie biblique, tome II, p. 258. </ref> voient au contraire dans la dispense de la circoncision une mesure prise pour attirer plus facilement les Gentils. « En effet, dit-il, Josèphe raconte qu'un marchand nommé Hanania ayant converti Izate, roi des Adiabènes, ne l'obligea pas à se faire circoncire en disant que cela n'était pas nécessaire pour observer les lois de Moïse ».
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Malgré l'inexactitude manifeste de cette dernière phrase qui ferait croire qu'il n'existait pas d'autre forme de conversion que celle de la soumission à toutes les lois mosaïques, la véritable signification des paroles rapportées est néanmoins assez apparente. On devine qu'il y avait une manière d'appartenir à la vraie religion sans accepter tout le mosaïsme dont la circoncision constituait le symbole et l'initiation nécessaire. Si Josèphe semble soutenir le contraire, c'est de sa part une exagération telle qu'elle prouve justement que, sans la circoncision, ce n'est pas du judaïsme proprement dit qu'il s'agit, mais bien de cette forme de la religion véritable, à la fois supérieure et subordonnée aux lois de Moïse, qui est le noachisme. L'absence de circoncision, qu'on nous présente <ref> Page 593 </ref> comme une dispense particulière du mosaïsme dans un but de propagande, constituait précisément le caractère spécifique d'une classe entière de prosélytes parfaitement en règle d'ailleurs avec la religion d'Israël.
  
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Maimonide est très explicite sur cette question. Il déclare en propres termes que le noachide ou prosélyte de la porte n'était point soumis à la circoncision. «  Si le maître, dit-il, a convenu avec l'esclave de ne pas circoncire ce dernier, il peut le conserver tant qu'il voudra quoique incirconcis, à la condition toutefois que l'esclave accepte les sept préceptes de Noé et qu'il devienne là <i> gher thoschab? </i> (prosélyte de la porte) ». Et plus loin il écrit: « Quel est ce <i>gher thoschab</i>? C'est le gentil qui a accepté les sept préceptes de Noé et qui n'est ni circoncis ni baptisé <ref> Allusion à la tebila, bain par immersion qui accompagnait la circoncision des païens. Des mariages prohibés, ch. XIV, 7. </ref>».
  
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Ces paroles par lesquelles là Maïmonide résume l'antique tradition juive, dont il se fait ainsi l'écho, sont d'une importance capitale pour l'histoire et la critique des origines du christianisme. Elles prouvent que la doctrine israélite dépasse en largeur et en condescendance religieuse la forme chrétienne du noachisme, puisqu'elle n'exige pas, comme celle ci, le baptême.
  
(1) V. Archffl.gle biblIque, t1m, 1, P. 2b8.
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Ce n'est pas seulement la Tradition juive par ses organes les plus autorisés, c'est l'histoire elle-même qui nous démontre que la circoncision n'était point imposée au prosélyte de la porte. L'état de la société juive avant l'époque gréco-romaine ne nous est connu, pour la plus grande partie tout au moins, que par ce que nous en apprennent les livres juifs déjà mis à contribution, mais depuis cette époque les autres sources d'informations abondent. Or celles-ci nous attestent que durant cette période, soit en Orient, soit en Occident, une foule de païens s'étaient depuis un temps immémorial constitués en groupes sans cesse grossissant, acceptant cette loi universelle prêchée par le judaïsme, mais sans cependant se faire circoncire ni pratiquer le mosaïsme. Nous croyons avoir établi tout cela d'une façon irrécusable à propos de la destination de la révélation divine. Or un fait si universel et si constant ne peut être que la conséquence d'un principe fondamental du judaïsme. Si ce principe n'avait pas existé, jamais les Israélites ne se seraient permis, en faveur des Gentils, une pareille dérogation aux préceptes de la Thora; ils n'auraient certainement pas enfreint une Loi qu'ils<ref> Page 594 </ref>croyaient divine, pour la mettre à la portée d'étrangers qui trop souvent ne méritaient que leur défiance ou leur hostilité. Ainsi nous voyons par exemple quelles difficultés la propagation du christianisme libéral de Paul a rencontrées, en ce qui concerne l'admission des païens, dans les croyances religieuses et les préjugés nationaux des chrétiens judaïsant. Cette attitude n'était, nous le répétons, que le résultat d'un malentendu et Renan prouve l'existence du vrai principe juif, lorsqu'il écrit: « La loi imposée par la primitive Eglise aux nouveaux convertis du paganisme n'était à peu près que l'ensemble des préceptes noachiques... qui étaient imposés à tous les prosélytes. Un homme qui, vers le même temps, écrivit sous le nom usurpé du célèbre moraliste grec Phocylide un petit coin de morale naturelle juive simplifié à l'usage des non juifs, s'arrête à des solutions analogues <ref> S. Paul, p. 90. </ref>»
  
 
 
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Maimonide est très explicite sol cette question. Il déclare on propres termes que le noaekide ou prosélyte de la porte Wétait point "omis à la circoncision. ‑ Si le maître, ditil, a convenu avec Peselave de ne pas circoncire es dernier, il peut le conserver tant qu'il voudra quoique !»circoncis, à, la condition toutefois que UOBOlave accepte les sept préceptes do Noê et qu'il devienne Pm la gher thoschab (prosélyte de la Porte) 1. Et Plus 10111 il écrit: « Quel est ce gker thoschabl C'est le gentil qui a accepté les sept préceptes de No6 et qui n'est ni circoncis ni baptisé (') >.
 
 
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(i) Allusion à la tobilm bain par immersion qui a~mpàgUait la C!rWUCisiD» a.. peines, Des mariages prhlbâ, eh. xrv, 7.
 
 
 
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croyaient divine, pour la mettre à la portée d'êtrangors qui trop souvent ne méritaient que leur défiance 011 leur hostilité. Ainsi nous voyons par exemple quelles difricultês la propagation du chris­tianisme libéral de Paul a rencontrées, en ce qui concerne l'admis. sion des puions, dans les croyances religieuses et les préjugés nationaux des chrétiens judaïsants. OBUS attitude n'était, nous Io répétons, que le résultat d'un malentendu et Renan prouve l'exis. tence du vrai principe juif, lorsqu'il écrit: ~ La loi imposés par la primitive Eglige aux nouveaux convertis du paganisme n'était à pou près que Pensemble des préceptes no"ldques... qui étaient imposés à tous les prosélytes, Un homme qui, vers le même temps, écrivit sous le nom usurpé du célèbre moraliste grec Phoeylide un petit coins de morale natwellejuivo Simplifié à l'usage des nonjuifs, slarrôte à, des solutions analogues (~) .
 
  
 
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Latest revision as of 12:51, 23 July 2010

§ 5.

LA QUESTION DE LA ClRCONCISION.

Nous venons de mentionner la circoncision au nombre des commandements de la loi mosaïque auxquels se soumettaient assez fréquemment les prosélytes de la porte. Il y a eu des Docteurs qui leur en faisaient un devoir, mais en réalité cette obligation est plus douteuse. Certains auteurs, comme Glaire [1] voient au contraire dans la dispense de la circoncision une mesure prise pour attirer plus facilement les Gentils. « En effet, dit-il, Josèphe raconte qu'un marchand nommé Hanania ayant converti Izate, roi des Adiabènes, ne l'obligea pas à se faire circoncire en disant que cela n'était pas nécessaire pour observer les lois de Moïse ». Malgré l'inexactitude manifeste de cette dernière phrase qui ferait croire qu'il n'existait pas d'autre forme de conversion que celle de la soumission à toutes les lois mosaïques, la véritable signification des paroles rapportées est néanmoins assez apparente. On devine qu'il y avait une manière d'appartenir à la vraie religion sans accepter tout le mosaïsme dont la circoncision constituait le symbole et l'initiation nécessaire. Si Josèphe semble soutenir le contraire, c'est de sa part une exagération telle qu'elle prouve justement que, sans la circoncision, ce n'est pas du judaïsme proprement dit qu'il s'agit, mais bien de cette forme de la religion véritable, à la fois supérieure et subordonnée aux lois de Moïse, qui est le noachisme. L'absence de circoncision, qu'on nous présente [2] comme une dispense particulière du mosaïsme dans un but de propagande, constituait précisément le caractère spécifique d'une classe entière de prosélytes parfaitement en règle d'ailleurs avec la religion d'Israël.

Maimonide est très explicite sur cette question. Il déclare en propres termes que le noachide ou prosélyte de la porte n'était point soumis à la circoncision. «  Si le maître, dit-il, a convenu avec l'esclave de ne pas circoncire ce dernier, il peut le conserver tant qu'il voudra quoique incirconcis, à la condition toutefois que l'esclave accepte les sept préceptes de Noé et qu'il devienne là gher thoschab? (prosélyte de la porte) ». Et plus loin il écrit: « Quel est ce gher thoschab? C'est le gentil qui a accepté les sept préceptes de Noé et qui n'est ni circoncis ni baptisé [3]».

Ces paroles par lesquelles là Maïmonide résume l'antique tradition juive, dont il se fait ainsi l'écho, sont d'une importance capitale pour l'histoire et la critique des origines du christianisme. Elles prouvent que la doctrine israélite dépasse en largeur et en condescendance religieuse la forme chrétienne du noachisme, puisqu'elle n'exige pas, comme celle ci, le baptême.

Ce n'est pas seulement la Tradition juive par ses organes les plus autorisés, c'est l'histoire elle-même qui nous démontre que la circoncision n'était point imposée au prosélyte de la porte. L'état de la société juive avant l'époque gréco-romaine ne nous est connu, pour la plus grande partie tout au moins, que par ce que nous en apprennent les livres juifs déjà mis à contribution, mais depuis cette époque les autres sources d'informations abondent. Or celles-ci nous attestent que durant cette période, soit en Orient, soit en Occident, une foule de païens s'étaient depuis un temps immémorial constitués en groupes sans cesse grossissant, acceptant cette loi universelle prêchée par le judaïsme, mais sans cependant se faire circoncire ni pratiquer le mosaïsme. Nous croyons avoir établi tout cela d'une façon irrécusable à propos de la destination de la révélation divine. Or un fait si universel et si constant ne peut être que la conséquence d'un principe fondamental du judaïsme. Si ce principe n'avait pas existé, jamais les Israélites ne se seraient permis, en faveur des Gentils, une pareille dérogation aux préceptes de la Thora; ils n'auraient certainement pas enfreint une Loi qu'ils[4]croyaient divine, pour la mettre à la portée d'étrangers qui trop souvent ne méritaient que leur défiance ou leur hostilité. Ainsi nous voyons par exemple quelles difficultés la propagation du christianisme libéral de Paul a rencontrées, en ce qui concerne l'admission des païens, dans les croyances religieuses et les préjugés nationaux des chrétiens judaïsant. Cette attitude n'était, nous le répétons, que le résultat d'un malentendu et Renan prouve l'existence du vrai principe juif, lorsqu'il écrit: « La loi imposée par la primitive Eglise aux nouveaux convertis du paganisme n'était à peu près que l'ensemble des préceptes noachiques... qui étaient imposés à tous les prosélytes. Un homme qui, vers le même temps, écrivit sous le nom usurpé du célèbre moraliste grec Phocylide un petit coin de morale naturelle juive simplifié à l'usage des non juifs, s'arrête à des solutions analogues [5]»


References

  1. V. Archéologie biblique, tome II, p. 258.
  2. Page 593
  3. Allusion à la tebila, bain par immersion qui accompagnait la circoncision des païens. Des mariages prohibés, ch. XIV, 7.
  4. Page 594
  5. S. Paul, p. 90.