Israël et L'Humanité - La question du monothéisme primitif

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La question du monothéisme primitif.


§ 1.


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Ce ne sont pas seulement les Rabbins et la Bible avant eux qui, en exposant d'une part les institutions hébraïques et de poutre celles de la gentilité, ont établi, d'après les ressemblances de dogmes, de traditions et de pratiques, que le Dieu unique était connu ailleurs qu'en Israël. 1,c philosophe Proclus a dit que l'hu. manité suit doux voies parallèles, la religion et la science, et que toutes ies religions se réduisent à une seule dont les éléments peuvent être déterminée et l'origine connue. Toîm les travaux des savants qui s'occupent de l'étude des religions comparées tendent à prouver de plus en plus cette unité fondamentale.

En ce qui concerne en particulier Phêbraïsme, la science du xvm. siècle West partagée en deux écoles, celle de Moshelm, qui a soutenu que le but des ordonnances mossiques était d'éloigner autant que possible le peuple hébreu des Idées et des coutumes païennes, et colle de Spencer, qui a prétendu que dans les insti. tutions de Moïse Vinditation, de la gentilité domine au contraire intentionnellement. Nous estimons, quant à nous, que des points de contact et des différences profondes peuvent être tour à tour signalés et qu'il en faut chercher la raison dans la manière dont le monde païen West plus ou moins écarté de l'esprit et des tendît­tiens de la révélation primitive. Ainsi les traces de la connaissance de Dieu chez les gentils varient selon les temps et les races et si nous insistons sur leur présence incontestable chez les divers peuples, si nous demandons à l'histoire et à l'archéologie de non­Ormer uns hypothèses, su West pas que la tendance universaliste (lu judaïsme ne puisse s'établir sans cela, &est qu'il y a là un fait d'une importance considérable pour la vérité de la révélation hébraïque et pour l'avenir du monothéisme en général.

On a pendant longtemps prétendu que l'humanité, par une série d'étapes prcgresslves~ sest élevée part à peu des notions »Il­gieuseB les pins rudimentaires aux plus bautea conceptions; on excluait ainsi toute idée de perfection aux origines. Aujourd'hui la question ne semble plus aussi dê0mitivernent résolue; on peut dire hardiment que Vaccina dogmatisme rationaliste est fortement


ébranlé. Des savants complètement indépendants n'hésitent pas, en présence de faits nombreux et éloquentse à reconnaître dans le monothéisme la première forme religieuse que l'humanité ait connue. On s'est demandé d'ailleurs si vraiment la, raison humaine. et le sentiment religieux sont partis de si bai et si les croyances primitives n'ont pas dù contenir les germas, aussi obscurs qu'on voudra, des développements ultérieurs. Dans la muse grossière des plus anciennes superstitions, on doit pouvoir Ilêcouvrir, vaguement dessinées déji4 les formes épurées de religion auxquelles, dans le. cours des siècles, Wêtêve de lui‑même le genre humain. Il n'est pas du tout certain que le sauvage considère le fêtiche comme un dieu en lui‑même; il a.Ilinatinet qu?un pouvoir mystérieux l'entoure, l'en­veloppe, le domine; il le. sont dans. son coeur, Il l'entrevoit dans sa raison obscure; ses yeux ne le découvrant nulle part, Il alin­génie à l'enfermer dans un lien, à le matérialiser pour le ramener à la mesure humaine et le tenir sous la main. Ses laborieux et vaille efforts attestent Faction latente de la grande idée qui vit au plus secret de son être et qu'il manifeste en la défigurant,

Certains savants ont même été trop loin dans ce sens, lorsque, non contents de montrer que tous les hommes sont religieux àleur manière, ils vont jusqulâ soutenir que toutes las peuplades uns exception admettent, au‑dessus des cap rite et autres puissances surnaturelles, un dieu suprême, comme si la monothéisme existait chez elles, non plue comme vague souvenir de l'état primitif, mais déjà reconstitué et en plein développement. « rest~e pu quelque chose digne d'être connu, dit aussi Max Müller, qu'avant la sépa, ration de,la race aryenne, avant l'existence du sansérit, du grec et du latin, avant que les dieux des Védas fassent adorés et qu'il y eût nu sanctuaire de Zeus au milieu des chênes sacrés de Dodone, ou ait trouvé une Il ; lutté suprême, qu'on lui ait donné un nom, IV

qu'elle ait été invoquée par les ancêtres de notre rue et qu'on l'ait invoquée sous un nom qui n'a jamais été surpassé par aucun autre nom 1 (') ».

Les récentes découvertes ont donné la certitude que sous les superstitions populaires de Fantique Egypte as cubait la croyance à une intelligence unique et souveraine, ordonnatrice de l'univers et juge des humains dans l'entré vie et l'on a pu se convaincre que la religion des premiers Aryens a été de tout temps très supê­rieure au brahmanisme et au polythéisme grec qui en sont Issus.

(1) la~dnog,, à la mlanoe d~ ~mligim. p. 34.


ta: DIEr UNIVERSEL

Une inspiration monothéiste remarquablement pure et élevée circule à travers les Vêdas, dit Ma~y. Soma, Agn4 Indra, Vamrma ne sont pour les vieux chantres aryas que les manifestations diverses d'un principe unique et se dieu souverain, Inaccessible dans,son Bamum, sans nom comme sans bornes, est le père de tout ce qui u4 de la terre et des cieux, des dieux et des hommes (') ». Le même autour prétend que le monothéisme primitif professé pu les anciens Aryens était une sorte de, naturalisme paufflistique dont nous retrouvons le prototype dans les Védu, ü1est~Wdire non lm le monothéisme caraïtique on antith6mophique, mais le mono. théisme émanatiste de la E~ldnde hébraïque d Ont nous déwuvrons plus tard une trace chez les Grecs, non mulement dans la "nve~ raineté dont Jupiter est investi, mais surtout dans là conception du fWim supérieur même à Jupiter. Ceux qui n'admettent pu que le monothéisme ait 6tê la forme religieuse primitive de l'humanité ont va du moins dans cette idée du fatten un pressentiment du monothéisme pur, sans considérer queun pressentiment qui ne traduit par une forme religieuse si claire, si nette, si complètement en dehors du système général, peut bien être regardée comme une pierre d'attente, mais à la condition toutefois d'avoir été auparavant la dernière pierre de l'ancien édifice.

Tel est donc le monothéisme de l'humanité dont celui d'Israël ne peut différer essentiellement sans se condamner à l'isolement et A l'impuissance et sans condamner aussi la sagesse divine qui aurait mis dans les tendances humaines une insoluble contradiction. En remontant aussi loin que possible dans le pneu, nous ne trou. vons plus la moindre tram de panthéisme; d'ailleurs l'idée de création fait pareillement défaut. L'absence de cette dernière idée en même temps que de la notion panthéistique exclut ainsi à la fois tout ce qui Be rapproche soit des conceptions chrétiennes, soit (lu spinozisme. Il demeure donc acquis que le monothéisme pri­mitif de l'humanité 6tait celui de la théosophie hébraïque.

Le phénomène que présentent çà et là les Vêdu où nous voyons chaque dieu particulier prendre tour à tour le caractère de dieu suprême apparaît comme une phase de transition entre ce moue. théisme primitif et la décadence polythéiste. L'opinion des critiques qui ont va là un souvenir de l'ancienne croyance monothéiste pa­raît mieux fondée que celle qui interprète cette forme d'adoration du dieu particulier comme un surcroît d'hommage rendu par le


122 DIEU

fidèle dans un but intéress6. Lors môme qu'il n'y aurait dans un tel culte qu'une tactique habile des adorateurs, ce serait encore une preuve qu'aucun dieu particulier n'était réputé posséder par lui‑même la plénitude de la divinité. Si donc la notion d'un dieu suprême existait malgré esta, il en faut chercher Porigine uniqu~ meut dans la croyance antérieure et persistante à une puissance supérieure aux différents dieux et qui était l'attribut commande tous et non pas le privilège exclusif de l'nu d'entre eux. Il faut ajouter que, dans le système polythéiste, chaque (Ueu a n6cessai­rament sous sa domination une partie plus on moins grande de la nature dent il est le souverain ineontestê, en sorte qu'on S'adressant à lui dans un eu particulier la fidèle n'a à redouter aucune p"~ sibilité de rivalité entre les différentes divinités dont les spécia, tirés sont nettement établies. Un pareil système est absurde sans doute si l'on envisage la d6pendau~ mutuelle qui relie en un tout organique les diverses parties de Ilanivere, mais il.glexplique fort bien par la vague survivance de la notion d~nne unité divine ré­pendant à Panité du monde créé.

On a voulu opposer à cette hypothèse le dualisme des Aryens et le polythéisme qui a fait son apparition dès la plus haute anti. quitô. Mais on n'a pas réfléchi que, dans notre système, cetta idée deune puissance supérieure, d'un roi céleste à côté duquel venaient se grouper d'autres divinités est assez naturelle à une époque qui caractérise, selon nous, le pu" du monothéisme pur am dé­viations polythéistes. Quant aux Indes, il est bien arbitraire de prétendre, comme on l'a fait, que le polythéisme aryen y a pris la forme pauthéistique. Il faudrait établir, d'après les plus anciens documents, que le polythéisme a succédê au panthéisme; il n'en est rieU~ et cas monuments autiques de la pensée religieuse mon. trent bien plutôt qu'une vague croyance à Ilanitê coexistait alors avec Pidêe de la pluralité des dieux. Et si, comme nous le croyons, une pareille cuneeption Waccorde au fond avec celle du judaimne, ne voit‑on pu que cela comble Pablme que l'on pensait creuser entre la religion aryenne et la religion sémitiquel


§ 2'.


Certains critiques estiment que Pidée monothéiste cet moins simple que‑la, conception polythéiste et qu'ainsi, la loi de Vêvo. lotion religieuse étant un passage graduel dos rudiments inférieurs


LE DIEU U?UVERSEL


aux croyances plus élevée@, le polythéisme a dft être antérieur au monothéisme. Mais ils ne réfléchissent pu qu'il n'est nullement nécessaire d'avoir compris l'unité de l'univers pour im agner une cause unique. Le sauvage qui assigne un seul mitre au petit coin du monde, où au connaissances bornées renferment l'ensemble des choses créée84 est monothéiste à ma manière.

La loi à laquelle on fait allusion n'est vraie et constante que durant la période d'évolution, aux époques pour ainsi dire histo. riquu. Au début de l'humanité, il faut au contraire supposer né. cessairement pempire lVautres lois oue si l'on préfère, Vexistgnu d'autres phénomènes résultant des conditions diverses des oba"s. Ainsi les rationalistes eux‑mêmes distinguent, dans l'histoire de notre race, l'époque de spontanéité de celle de la réflexion et nous n'avons pu cessé de dire que la première sidentifie pour nous avec ce que les diffémntes_Egliaeg appellent, dans leur langage théologique, la Révélation. Or, aux époques de spontanéité, l'hu. manité s'est trouvée en état de faire maintes choses dont elle a été ensuite incapable aux époques de réflexion; sans aucune re cherche, sans science ni entente préalable, elle a fait des décou. vertu, jeté les bases, semé les germes de ce qui devait exister pins tard; en un mot elle a révélé un génie inventif qui, dans la suite, semble épuisé. Pourquoi n'on aurait‑il pas été de même pour l'idée religieusel pourquoi thumanité, par un élan de ailes. tanéitê ou d'inspiration, n'aurait~lle pu en la prémiêre intuition, du monothéisme 1 Celui‑ci, ainsi compris aux origines, n'arien qui contredise à la loi générale de lévolution, et pon voit qu9eutre le rationalisme et l'orthodoxie bêbraique, il n'y a qWune différence de mots, le judaïsme appelant rêvêlation ce que les savants ratio­naliatu qualifient de 8p«ta"té. Il parait doue naturel que le po­lythéisme Wait apparu qu~en ‑second lieu, lorAque là vue cou. fuse et synthétique dudébut a cédé la plue à l'étude analytique du choses et à la distinction des parties.

On a fait observer, il est vrai, que dans les commencements mythiques des temps qui précédent Abraham, pu un met de la Bible ne nous renseigne sur Vêcluion du polythéisme. Mais on oublie que les écrivains sacrés ne nous expliquent pas ordinaire­ment lu causes et les origines, à moins qWils ne les jugent né~ cessaires pour le but essentiellement religieux et pratique qu'ils poursuivent. L'histoire de la création elle‑même, ont dit les rail­bins, aurait été omise, si un but éminemment pratique n'avait


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motivé ce récit. D'ailleurs, nous avons vu que le verset de la Genèse, où il est dit queau temps diEnouh î on commença àinvoquer le nom de PEtunel », indique justement, Belon le Mi­draseb, de quelle manière on introduisit le polythéisme en donnant le nom de Dieu aux fausses divinités.

M. de Qmtr~5!ages espérant découvrir dans la Bible les traces d'un polythéisme primitif a prétendu que « le pluriel Elohim, les généalogies des patriarches antédiluviens, le Mie attribué aux dis de Dieu, sont la preuve du fond polythéiste duquel a surgi, à, un moment mystérieux, oe premier monothéisme 4ui devait devenir la vraie religion de l'humanité . Mais que prouve en faveur de, l'existence antérieure du polythéisme es pluriel Elohfinq es trou. vons‑nouB pu aussi dans les mêmes pages le tétragramme, Punité par exeell«nee~ et le singulier Z1 on El Sohaddaïl Le uni emploi de ce pluriel Elohim au sens monothéiste prouve que le mono. théisme n'a pas prévalu à, la suite d'une évolution de Pidêe poly­théiste, car dans ce M on aurait jugé que la conservation de ce mot constituait un grave danger. Il faut admettre que ce qui nous parait être une terminologie polythéiste a été compris dans un tout autre uns et pentêtre serait‑il plu juste d'y voir, au lieu d'un résidu de Pancien culte polythéiste, je prétexte qui lit tomber dans cette errBur~ lorsqu'on commengs à, prendre à la lettre la pluralité des symboles dont les premiers monothéistes s'étaient servie, dans leur langage linagé et poétique~ pour traduire leurs conceptions unitaire& Le nom même des Bmè‑A~E1okim (1) indique une unité supérieure dont ces ille de Dieu sont les émanations et, par censé. quent, la coexistence du monothéisme. Yumina womina, ont dit les anciens. Nous voyous un phénomène semblable se produire à la naissance du christianisme; lâ encore l'image est prise pour la réalité.

Nous ne voudrions pas qu'on nous accusât de chercherde putt pris dans le monothéisme juif un côté caché ou symbolique. Des auteurs pou suspecte de sympathie pour la Kabbale ont fait les mêmes conatatations que nous. < A leur origine, a dit M. Larroque, les mythes païens n'étaient que des aymbolu et sous leur écorce grossière, il n'était pas difitelle â,des philosophes comme les née. platoniciens de retrouver la signification et des idées plus ou moins raisonnables >. Cet aveu de la critique rend aux n6o‑platonielens


1,U DIEU UXIVZRB~


toute l'importance que d'autres leur refusaient comme représea­tante lidèles de la pensée des anciens fondateurs de religions et il vaut la peine d'étudier maintenant plus en détail la mythologie (lent lis se prétendaient les vérit ables interprêtes,


References