Israël et L'Humanité - La théorie de l'émanation et l'hébraïsme

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LE DIEU UN

IV.

La théorie de l'émanation et l'hébraïsme.

La théorie de l'émanation est particulièrement intéressante, parce qu'elle renferme une double croyance qu'on dit éminemment adaptée au génie aryen: le polymorphisme ou élément pluraliste dans la Divinité [1] et l'immanence. Voyons si l'hébraïsme ne contiendrait rien de semblable et si le Pentateuque lui‑même ne nous fournirait pas des bases solides pour l'édification d'un tel système. C'est du moins ce que nous affirme la théosophie [2] qui, malgré les dénégations qu'on lui opposait de toutes parts, a en le mérite d'enseigner, avant toute autre école, que la théorie de l'émanation n'est point étrangère à la Bible.

La première trace que nous en trouvons est dans le mot même dont se sert la Genèse pour désigner l'acte par lequel Dieu a créé le monde, le verbe bara . Si certains auteurs ont voulu voir à tort dans ce terme la preuve de la création ex nihilo d'autres, et prin‑ cipalement Ibn Ezra, n'ont pas été sans remarquer qu'il présente précisément le sens, diamétralement opposé, de couper, séparer, extraire de quelque chose de préexistant [3] . En outre, pourquoi les créatures angéliques et les âmes des hommes ne figurent‑elles pas au nombre des créations partielles dont la Genèse fait men‑ tion, sinon parce que les unes et les autres sont censées appartenir au monde divin? Les anges, en maints passages de la Bible, sont identifiés avec la Divinité et à cela il n'y a pas d'autres expli‑[4]

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objet de science en Israël. Il nous suffira, pour illustrer cela d'un exemple, de citer les chérubins du tabernacle [5]

Nous avons rappelé, en parlant de la spiritualité de Dieu chez les Hébreux, l'horreur de ceux‑ci pour les images. Et cependant voici deux figures qu'on trouve placées dans la partie la plus auguste du sanctuaire; ces chérubins demeurent, il est vrai, soigneusement cachés par le voile, mais ils n'en couvrent pas moins de leurs ailes le propitiatoire. Que signifie cette anomalie étrange? Pour nous, ce sont là deux symboles matériels de la théosophie hébraïque dont ils représentent sans doute une des plus hantes vérités, mais en même temps ils nous paraissent appartenir, à la fois comme idée et comme image sensible, à la religion populaire des Gentils. C'est pourquoi de telles figures étaient interdites partout ailleurs en Israël et ces deux là, unique exception, devaient rester sous‑traites à tous les regards.

Dans l'élaboration religieuse qui s'est produite au cours des âges, nous attribuerons donc aux Sémites, ou plutôt aux Israélites, la pure doctrine monothéiste exempte des spéculations philosophiques chères aux Aryens, et à ces derniers, le symbolisme ou l'élément mythologique. Pour les premiers, en dehors de la Kabbale théosophique, la personnalité divine une, indivisible, demeure toujours infiniment au dessus de la création matérielle; les seconds au contraire éprouvent le besoin d'humaniser les dieux, d'incarner le divin jusqu'aux derniers degrés de l'échelle des êtres. La théosophie nous permet de voir comment ces deux tendances traduites, celle‑ci par le nom pluriel de la Divinité (Elohim), celle‑là par le nom incommunicable du Dieu Un, se trouvent réunies dans la synthèse religieuse de l'hébraïsme.

References

  1. C'est une des conclusions du remarquable ouvrage de Williams James, L'expérience religieuse  : « J'incline à croire qu'une philosophie de la religion devrait accorder plus d'attention qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent à l'hypothèse pluraliste» . Trad. Franç d'Abauzit, p. 436 ( Note des éditeurs ).
  2. Pour l'hébraïsme tel que nous l'avons défini, la théosophie fait partie intégrante de l'orthodoxie juive. (Nous croyons utile de faire observer qu'il faut entendre avec l'auteur par théosophie la théologie contenue dans les principaux monuments de la Kabbale et non pas le néo‑bouddhisme introduit sous ce nom en Occident par Blavatsky, Olcott, Annie Besant . Note des éditeurs ).
  3. Voyez les dérivées des racines appartenant au même groupe que ברא: berit , pacte, alliance, à cause de l'usage de couper en deux la victime, bar , le fils, parce qu'il est issu de ses parents, et en araméen, bar , dehors: bor, puits creusé, excavation, et les verbes bara, barar , pour exprimer l'action de distinguer, séparer une chose d'une autre.
  4. Page 55
  5. V. Exode, XXV, 18‑20.