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Le Dieu universel dans les mythologies et les inhiations.
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Le Dieu universel dans les mythologies et les initiations.
  
La tendance générale du critiques modernes pour l'interprê. tation des anciennes fables est assez favorable aux Alexandrins. C'est ce que recoeinalt M. Frauk lui‑même qui a écrit à ce sujet: e Je crains bien que ce symbolisme savant, mais purement artificiel des Alexandrins n$ait fait illusion à plusieurs mythologues de nos joue sur le sens et la valeur du Vieux polythiasinte. A partir de ce moment les divinités de l'Olympe devenues les attributs on les forces de Fanivers se coordonnent en un vaste systeme que pênêtre partout une unie Ame, une unie intelligence e) ».
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La tendance générale des critiques modernes pour l'interprétation des anciennes fables est assez favorable aux Alexandrins. C'est ce que reconnaît M. Frank lui-même qui a écrit à ce sujet: « Je crains bien que ce symbolisme savant, mais purement artificiel des Alexandrins n'ait fait illusion à plusieurs mythologues de nos jours sur le sens et la valeur du vieux polythéisme. A partir de ce moment les divinités de l'Olympe devenues les attributs ou les forces de l'univers se coordonnent en un vaste système que pénètre partout une seule âme, une seule intelligence <ref> <i> Philosophie religieuse, p.9 </i> </ref> ».
  
Il y a deux choses à distinguer ici: d'abord la mantière iPen~ visager lez dieux comme autant de forces de l'univers, ce qui n'est guère contestable, à moins que Pon ne veuille voir en eux que de vaines créations de l'imagination dépourvues de toute signification et, en second lien, l'idée de l'unité qui, de Faven général, se re­trouve même dans les Vêdas. Que cette unité soit monoth6istique au panthéistique, on ne peut nier raisonnablement que panaient hellénisme Won ait eu, lui aussi, l'intuition, soit qu'il en ait limité des ancêtres aryeuse soit qu'il Pair tirés de Bon propre,fonds.
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Il y a deux choses à distinguer ici: d'abord la manière d'envisager les dieux comme autant de forces de l'univers, ce qui n'est guère contestable, à moins que l'on ne veuille voir en eux que de vaines créations de l'imagination dépourvues de toute signification et, en second lieu, l'idée de l'unité qui, de l'aveu général, se retrouve même dans les Védas. Que cette unité soit monothéistique ou panthéistique, on ne peut nier raisonnablement que l'ancien hellénisme n'en ait eu, lui aussi, l'intuition, soit qu'il en ait hérité des ancêtres aryens soit qu'il l'ait tirée de son propre fonds.
  
Les néo‑platoniciens d'ailleurs n'ont pas été les premiers ni Ica unis à voir dans la mythologie un symbolisme dont l'interprétation (levait donner naissance à un monisme quelconque théiste ou peut­théietique. Platon, et pourtant Hêraclite étaient entrée dau$ cette vole et lorsque Socrate proposait de bannir les poêles de IlEtat et accusait Homère de corrompre la religion, il ne voulait proba, blement pas dire autre chose sinon que les fictions poêtiques; avaient été la source et la cause du polythéisme. Des rabbins anciens et modernes, surtout dans la Talmud de Jérusalem, ont tenu contre fflaggada, cette mythologie de l'hébraïsme, un langage malogue àcelui de Socrate. J~& uns et les autres n'entendaient que con‑
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Les néo-platoniciens d'ailleurs n'ont pas été les premiers ni les seuls à voir dans la mythologie un symbolisme dont l'interprétation devait donner naissance à un monisme quelconque théiste ou panthéistique. Platon, et l'ancien Héraclite étaient entrés dans cette voie et lorsque Socrate proposait de bannir les poètes de l'Etat et accusait Homère de corrompre la religion, il ne voulait probablement pas dire autre chose sinon que les fictions poétiques avaient été la source et la cause du polythéisme. Des rabbins anciens et modernes, surtout dans la Talmud de Jérusalem, ont tenu contre l'Haggada, cette mythologie de l'hébraïsme, un langage analogue à celui de Socrate. Les uns et les autres n'entendaient que condamner <ref> Page 125 </ref> une méthode qui leur paraissait créer de sérieux dangers pour la vraie foi.
  
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Si Socrate semble avoir proscrit la mythologie, Platon, au contraire, recommande chaleureusement aux instituteurs de la jeunesse l'interprétation allégorique d'Homère. Les stoïciens suivant de près les traces de Platon interprétaient les noms des dieux et les mythes des anciens théologiens comme si ceux-ci avaient employé les uns et les autres pour exprimer sous de gracieuses images la connaissance qu'ils avaient des choses de la nature. On comprend aisément que l'ancienneté du système interprétatif des néo-platoniciens est un argument précieux en faveur de la valeur qu'il convient de lui attribuer.
  
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On parait avoir été d'accord en général sur la méthode d'interprétation aux premiers siècles de l'ère chrétienne, mais on ne l'était pas autant sur les principes dont elle devait s'inspirer ou, si l'on préfère, sur les résultats de ce symbolisme mythologique touchant les rapports entre l'unité et la pluralité, le monothéisme et le polythéisme. Les uns soutenaient qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, mais que sa nature étant infinie, on ne pouvait le désigner ni par un seul nom, ni par une seule forme. De là, les personnages de Mars, Minerve, Mercure et les autres désignations et symboles par lesquels on s'efforçait de représenter la puissance infinie d'un Dieu unique qui resplendissait en toute chose. Ainsi les déités diverses n'étaient que des vertus divines cachées sous les figures qui frappaient davantage l'imagination. D'autres enseignaient au contraire qu'il n'y avait qu'un seul Dieu souverain, Père et Seigneur de toutes choses, infiniment au dessus de toutes nos pensées et de toutes nos définitions, et que les dieux du paganisme étaient des substances incorporelles, dépendantes du Dieu souverain,
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Ministres de ses volontés et médiatrices entre Dieu et les hommes. Tel était le système suivi Par Porphyre, Macrobe et Apulée. Tertulliens, dans son Apologie, y fait allusion, lorsqu'il dit que les gentils reconnaissaient au fond l'unité du Dieu suprême, mais qu'ils chargeaient d'un office particulier chacune de leurs divinités subalternes.
  
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Nous espérons démontrer que ces deux systèmes n'en font qu'un, car les vertus divines étaient adorées incarnées ou personnifiées dans des êtres que l'on jugeait capables de les représenter plus dignement. Ces êtres étaient donc à la fois, par rapport aux hommes, des anges, des ministres, des dieux de second degré, <ref> P126 </ref> et par rapport à Dieu, des puissances, des idées, des attributs. Voilà selon nous, comment il faut entendre ce que disent Philon et Spinoza, le premier de l'identité des anges avec les <i> idées </i> de Platon, le second de l'existence des âmes humaines comme idées divines. Tout cela rentre dans la théorie des consciences concentriques remontant jusqu'à Dieu, la Conscience suprême, une et compréhensive; chaque être, et surtout chaque personne n'est qu'une idée divine et ce qui est réel pour nous est pour lui idéal.
  
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Ce que nous disons des temps primitifs et pour ainsi dire préhistoriques peut s'établir aisément pour les époques moins anciennes dont les monuments écrits sont à notre portée. Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que, selon l'opinion commune, le monothéisme était enseigné dans les mystères du paganisme que nous retrouvons chez presque tous les peuples. Dans la descente d'Enée aux enfers, Anchise enseigne à son fils la doctrine de l'unité telle qu'on la communiquait aux initiés <ref> Principio cœlum ac terras camposque liquentes Lucentemque globum lunæ titaniaque astra Spiritus intus alit totamque infusa per artus Mens agitat molem et magno se corpore miscet. <i> Virg. Enéide VI, 724-27. </i></ref> Il y a cependant des auteurs qui, sans nier l'enseignement de cette doctrine théiste, y voient une importation des idées philosophiques contemporaines. Ce ne serait donc pas à la tradition, mais à la philosophie que les mystères en seraient redevables. Cette opinion paraît assez improbable, ou les prêtres auraient agi contre les lois les plus constantes du cœur humain qui réclame l'immutabilité des croyances religieuses, s'ils avaient exposé leurs doctrines à tous les vents qui soufflaient du dehors. Les enseignements secrets n'auraient ainsi joui que d'un bien mince crédit auprès des penseurs auxquels on les destinait et l'on ne voit pas quel prestige auraient pu conserver des cérémonies d'initiation, où l'on n'aurait retrouvé que l'écho affaibli des opinions courantes chez les philosophes. Cette hypothèse s'accorde donc bien mal avec l'éloge magnifique que les sages ont fait des mystères. Toutes ces contradictions s'évanouissant, si l'on suppose que ceux-ci cachaient, non pas des nouveautés philosophiques, mais plutôt d'anciennes croyances religieuses. On s'explique alors ces deux phénomènes autrement peu conciliables: d'une part, la manifeste indépendance des mystères <ref> Page 127 </ref> et, de l'autre, l'hommage que les sages leur rendaient et qui se trouvait justifié à leurs yeux par la plus ou moins grande conformité des doctrines secrètes avec les spéculations de la philosophie.
  
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Ce ne sont pas seulement les mystères helléniques et avant eux, ceux de l'Egypte, qui proclamaient l'existence d'un Dieu unique. Cette idée d'un seul Dieu, créateur et conservateur de l'univers, a été connue des habitants du Pérou, aussi bien sous leur loi primitive que postérieurement sous celle des Incas ou, plus tard encore, sous la loi chrétienne. Seulement là comme partout, il n'y avait que quelques esprits d'élite ou quelques initiés qui s'élevassent à cette notion; le peuple adorait la forme, le symbole. Le nom de <i> Pachacamac </i> signifie « celui qui anime l'univers ». Assurément cette idée philosophique était plus propre que le culte du soleil à détourner les hommes de la tendance au fétichisme. L'antique religion péruvienne était d'ailleurs si pure à cet égard que, dans le temple du Dieu suprême et incompréhensible, il était défendu de représenter la divinité sous une figure quelconque et de l'adorer autrement qu'en esprit. Les cultes de l'ancienne Etrurie, de la Rome antique et des premiers Persans offraient des exemples analogues qui confirment tous l'existence du monothéisme au début de l'humanité.
  
damner une méthode qui leur paraissait créer de sérieux dangers pour la vraie foi.
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Chez les Grecs, Zeus figure toujours à la tête des dieux conseillers ou assesseurs. Tous les emblèmes de ce dieu retrouvés sur les statues, les vues, les camées aussi bien latins que grecs ou étrusques, indiquent la souveraineté. Homère lui donne fréquemment le titre de grand père des hommes et des dieux et il est clair que l'idée d'un Dieu souverain implique celle d'un Dieu unique. Euripide, dans son Hercule furieux, fait dire à son héros au retour des enfers, c'est-à-dire, selon Warburton, après son initiation: « Je ne puis comprendre comment un dieu pourrait être souverain d'un autre dieu; car s'il est vraiment souverain quel besoin aurait-il d'un autre? Sophocle, que cite S. Cyrille au premier livre contre Julien, dit: « Un est le Dieu qui a fait le ciel et la terre spacieuse, les beaux flots de la mer et le souffle des vents », et ailleurs: « O Toi qui vis par toi-même, qui fais tourner le globe terrestre et à qui la lumière du jour et les ténèbres forment une ceinture ».
  
Si Socrate semble avoir proscrit la mythologie, Platon, au cou­traite, recommande chaleureusement aux instituteurs de la jeunesse l'interprétation allégorique d'Homère. Les stoïciens suivant de prês les trams de Platon interprétaient les noms des dieux et les mythes des anciens théologiens comme si ceux‑ci avaient employé les uns et les autres pour exprimer "as de gracieuses images la connaissance qu'ils avaient des choses de la nature. On comprend aisément que Fanoiennoté du systême interprêtatif des néo‑plato­niciens est un argument précieux en faveur de la valeur qu'il convient de lui attribuer.
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Le témoignage de Josèphe, en sa qualité d'israélite, est particulièrement intéressant: « Les plus sages d'entre les Grecs, dit-il, ont parlé de Dieu comme d'un monarque, ce qui exclut toute pluralité des dieux ». Il semble même que le monothéisme, en dehors <ref> Page 128 </ref> de la mythologie des poètes et des philosophes, avait laissé des traces dans les croyances populaires elles-mêmes. Maxime de Tyr s'exprime de telle façon qu'il ne paraît pas faire de distinction entre la foule et les penseurs: « En ceci, dit il, toutes les lois et toutes les opinions s'accordent, à savoir qu'il y a un Dieu, roi et père de tous, et un grand nombre de dieux, fils de Dieu qui règnent avec lui. C'est ce que reconnaissent le grec et le barbare, l'habitant des continents et l'insulaire, le sage et l'ignorant » Dion Chrysostome dit de son côté: « Pour ce qui est des dieux, de leur nature et de leur chef à tous, le plus parfait accord règne, dans tout le genre humain pour les choses les plus importantes, soit chez les Grecs, soit chez les Barbares ». <ref> <i> Réponse à Appion, </i> II, 6. </ref> Aussi ne sommes-nous pas surpris d'entendre Orose nous dire que lorsque les païens se voyaient reprocher par les chrétiens leur polythéisme, ils répondaient aussitôt qu'ils ne croyaient point à plusieurs dieux, mais que sous un seul grand dieu, ils vénéraient plusieurs ministres.
  
On parait avoir été d'accord en général sur la méthode d'lu. torprétation aux premiers siêclm de père chrétienne, mais on ne l'était pu autant sur les principes dont elle devait s'inspirer ou, si l'on préfère, sur 108 résultats de ce symbolisme mythologique touchant les rapports entre l'unité et la pluralité, le monothéisme et le polythéisme. Les une soutenaient qu'il ny avait qu'un seul Dieu, mais que sa nature étant infinie, on ne pouvait le désigner Ili Pu un $Oui nom, ni par eue seule forme. De lâ, les personnages de Mars, Minerve, Mercure et les autres désignations et symboles par lesquels ou sefforçait de représenter la puissance infinie d'un Dieu unique qui resplendissait en toute chose. Ainsi les déités diverses n'étaient que des vertus divines cochées "us les flgures qui frappaient davantage l'imagination. D~antres enseignaient au contraire quIl n'y avait qu'un seul Dieu souverain, Père et Soi. gnew de toutes choses, infiniment au‑dessus de toutes nos pensées et de toutes nos d6finitions, et que les dieux du paganisme étaient des substances incorporelles, dépendantes du Dieu souverain, mi. nistrm de 808 volontés et médiatrices entre Dieu et les hommes Tel était le système suivi Par Porphyre, Mouche et Apulée. Ter~ tullieu, dans son Apologie, y fait allusion, lorBqWil dit que les gentils reconnaissaient au fond l'unité du Dieu suprême, mais qu'ils chargeaient den office particulier ohacune de leurs divinités subalternes.
 
 
Nous espérons démontrer que ces deux systêmes den font qu'un, car les vertus divines étaient adorées incarnées ou persan. niflêes dans des êtres que Von jugeait capables de les représenter plus dignement. (lu êtres étaient doue à la fois, W rapport aux homanné, des anges, des ministres, des dieux de second degré,
 
 
 
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et par rapport à Dieu, des puissances, des idées, des attributs. Voilée selon nous, comment il faut entendre ce que disent Philon et Spinoza, le premier de l'identité des anges avec tes idée de Platon, le second de l'existence des âmes humaines comme idées divines. Tout cela rentre dans la théorie des consciences concen. triques remontant jusqu'à Dieu, la Coutienee suprême, une et compréhensive; chaque être, et surtout chaque personne n'est qu'une idée divine et ce qui est réel pour nous est pour lui idéal.
 
 
Ce que nous disons des temps primitifs et pour ainsi (lire préhistoriques peut s'établir aisément pour les époques moins an­ciennes dont les monuments écrits sont à, notre portée. Nous avons déjà en l'occasion de rappeler que, selon Popinion commune, le monothéisme était enseigné dans les mystères du paganisme que nous retrouvons chez presque tous les peuples. Dans la descente d'Enêe aux enfers, Anchise enseigne à un file la doctrine de l'unité toile qu'on la communiquait aux initiés ('). Il y a cependant des auteurs qui, sans nier l'enseignement de cette doctrine théiste, y voient une importation des idées philosophiques contemporaines. Ce ne serait donc pu à la tradition, mais à la philosophie que les mystères en seraient redevables. Cette opinion paralt usez improbable, ou les prêtres auraient agi centre les lois les plus constantes du coeur humain qui réclame Pimmutabilitê des croyances religieuses, s'ils avaient exposé lems doctrines à tous les vents qui souffaient du dehors. Les enseignements secrets n'auraient ainsi joui que d'un bien mince crédit auprès des penseurs aux­quels on lu destinait et l'on ne voit pu quel prestige auraient pu conserver des cérémonie& d'initiation, où Pon n'serait retrouvé que Pêcho affaibli des opinions courantes chu les philosophes. (Jette hypothèse Wamorde donc bien mal avec Péloge magnilique que les sages ont fait des mystères. Toutes ces contradictions S'évanouissant, si l'on suppose que ceux‑ci cachaient,> non pas des nouveautés philosophiques, mais plutôt Wanciennes croyances reli­giuses. On s'explique alors ces deux phénomènes autrement pou conciliables! d'me part, la manifeste indépendance des mystères
 
 
 
 
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et, de l'autre, l'hommage que les sages leur rendaient et qui se trouvait justifié à leurs yeux par la plus on moins. grande couler­mitê des doctrines secrétes avec les spéculations (le la philosophie.
 
 
Ce ne sont pas seulement les mystêrûs helléniques et, avant eux,, ceux de VEgypte, qui proclamaient l'existence d'un Dieu Unique. Cette idée d'un seul Dieu, créateur et conservateur de l'uni­vers, a été connue des habitants du Pérou, aussi bien sous leur loi primitive que postérieurement "as celle des Mous on, plus tard encore, sono la loi chrétienne. Seulement lâ comme partout, il n'y avait que quelques esprits d'élite on quelques initiés qui s,êlevasuat à cette notion; le peuple adorait la forme, le symbole. La nom de Puhaoasnac signifie c celui qui anime l'univers >. As­surêment cette idée philosophique était plus propre que la culte da soleil à détourner les hommes de le, tendance au fétichisme. L'antique religion péruvienne êta z d'ailleurs si pare à cet égard que, dans le temple du Dieu suprême et incompréhensible, il était défendu de représenter la divhâtê sous une figure quelconque et de Padorer autrement qu'on esprit. Les cultes de l'ancienne Etrurie, tic la Rome antique et des premiers Persans offraient des exemples malogues qui confirment tous l'existence du monothéisme au début de l'humanité.
 
 
Chez les Grecs, Zou figure toujours à la tête des dieux con~ selliers ou assesseurs. Tou les emblêmeB de ce dieu retrouvés Bar les statues, les vues, les cernées aussi bien latius que grecs on étrusques, indiquent la souveraineté. Homère lui donne fréquent. ment le titre de grand père des hommes et des dieux et il est clair que l'idée d'un Dieu souverain implique celle d'un Dieu unique. Euripide, dans son Hersais furieux, fait dire à son héros au retour des enfers, c'est‑à‑dire, selon Warburton, aprêB son initiation; ~ Je ne puis comprendre comment un dieu pourrait être souverain d'un autre dieu; car s'il est vraiment souverain quel besoin aur4itil d'ou autre? Sophocle, que cite S. Cyrille au premier livre contre Julien, dit: Un est le Dieu qui a fait le ciel et la terre spa­closes, les beaux flots de la mer et le souffle des vents >, et ailleurs: « 0 Toi qui vis par toi‑même, qui fais tourner le globe terrestre et à qui la lamière du je" et 18B ténèbres forment une ceinture ».
 
 
Le témoignage de Josèphe, en sa qualité disraélite, est parti. culibrement intéressant: « Les plus anges d'entre les Grecs, dit‑il, ont parlé de Dieu comme d'un monarque, ce qui exclut toute plu. ralitê des dieux ». Il semble même que le monothéisme, en dehors
 
 
 
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(le la mythologie des postes; et des philosophes, avait laissé des trucs dans les croyances populaires elles‑mêmes. Maxime de Tyr s'exprime de telle fagon qu'il ne parait pu faire de distinction entre la foule et les penseurs: « En ceci, dit‑il, toutes les lois et toutes les opinions s1woordent, à savoir qu'il y a un Dieu, roi et pêre de tous, et un grand nombre de dieux, fils de Dieu qui ré, iment avec lui. C'est ce que reconnaissent le grec et le barbus, l'habitant des continente et l'insulaire, le cage et Vignorant D. Dion Chrysostome dit de wu côté: c Pour ce qui est de& dieux, de le" nature et de leur chef à tous, le plus parfait accord râgne, dans tout la genre humain pour lac choses les plus lmportxmtùs~ soit chez les Grecs, soit chez les Barbarceî ». (') Aussi ne sommes‑nous pas surpris d'entendre Orose nous dire que lorsque les païens ce voyaient reprocher par les chrétiens leur polythéisme, ils rêpon­daient aussitôt qu'ils ne croyaient point à plusieurs dieux, mais que sous un seul grand dieu, ils vénéraient plusieurs ministres.
 
  
 
==References==
 
==References==

Latest revision as of 19:21, 9 June 2010

IV

Le Dieu universel dans les mythologies et les initiations.

La tendance générale des critiques modernes pour l'interprétation des anciennes fables est assez favorable aux Alexandrins. C'est ce que reconnaît M. Frank lui-même qui a écrit à ce sujet: « Je crains bien que ce symbolisme savant, mais purement artificiel des Alexandrins n'ait fait illusion à plusieurs mythologues de nos jours sur le sens et la valeur du vieux polythéisme. A partir de ce moment les divinités de l'Olympe devenues les attributs ou les forces de l'univers se coordonnent en un vaste système que pénètre partout une seule âme, une seule intelligence [1] ».

Il y a deux choses à distinguer ici: d'abord la manière d'envisager les dieux comme autant de forces de l'univers, ce qui n'est guère contestable, à moins que l'on ne veuille voir en eux que de vaines créations de l'imagination dépourvues de toute signification et, en second lieu, l'idée de l'unité qui, de l'aveu général, se retrouve même dans les Védas. Que cette unité soit monothéistique ou panthéistique, on ne peut nier raisonnablement que l'ancien hellénisme n'en ait eu, lui aussi, l'intuition, soit qu'il en ait hérité des ancêtres aryens soit qu'il l'ait tirée de son propre fonds.

Les néo-platoniciens d'ailleurs n'ont pas été les premiers ni les seuls à voir dans la mythologie un symbolisme dont l'interprétation devait donner naissance à un monisme quelconque théiste ou panthéistique. Platon, et l'ancien Héraclite étaient entrés dans cette voie et lorsque Socrate proposait de bannir les poètes de l'Etat et accusait Homère de corrompre la religion, il ne voulait probablement pas dire autre chose sinon que les fictions poétiques avaient été la source et la cause du polythéisme. Des rabbins anciens et modernes, surtout dans la Talmud de Jérusalem, ont tenu contre l'Haggada, cette mythologie de l'hébraïsme, un langage analogue à celui de Socrate. Les uns et les autres n'entendaient que condamner [2] une méthode qui leur paraissait créer de sérieux dangers pour la vraie foi.

Si Socrate semble avoir proscrit la mythologie, Platon, au contraire, recommande chaleureusement aux instituteurs de la jeunesse l'interprétation allégorique d'Homère. Les stoïciens suivant de près les traces de Platon interprétaient les noms des dieux et les mythes des anciens théologiens comme si ceux-ci avaient employé les uns et les autres pour exprimer sous de gracieuses images la connaissance qu'ils avaient des choses de la nature. On comprend aisément que l'ancienneté du système interprétatif des néo-platoniciens est un argument précieux en faveur de la valeur qu'il convient de lui attribuer.

On parait avoir été d'accord en général sur la méthode d'interprétation aux premiers siècles de l'ère chrétienne, mais on ne l'était pas autant sur les principes dont elle devait s'inspirer ou, si l'on préfère, sur les résultats de ce symbolisme mythologique touchant les rapports entre l'unité et la pluralité, le monothéisme et le polythéisme. Les uns soutenaient qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, mais que sa nature étant infinie, on ne pouvait le désigner ni par un seul nom, ni par une seule forme. De là, les personnages de Mars, Minerve, Mercure et les autres désignations et symboles par lesquels on s'efforçait de représenter la puissance infinie d'un Dieu unique qui resplendissait en toute chose. Ainsi les déités diverses n'étaient que des vertus divines cachées sous les figures qui frappaient davantage l'imagination. D'autres enseignaient au contraire qu'il n'y avait qu'un seul Dieu souverain, Père et Seigneur de toutes choses, infiniment au dessus de toutes nos pensées et de toutes nos définitions, et que les dieux du paganisme étaient des substances incorporelles, dépendantes du Dieu souverain, Ministres de ses volontés et médiatrices entre Dieu et les hommes. Tel était le système suivi Par Porphyre, Macrobe et Apulée. Tertulliens, dans son Apologie, y fait allusion, lorsqu'il dit que les gentils reconnaissaient au fond l'unité du Dieu suprême, mais qu'ils chargeaient d'un office particulier chacune de leurs divinités subalternes.

Nous espérons démontrer que ces deux systèmes n'en font qu'un, car les vertus divines étaient adorées incarnées ou personnifiées dans des êtres que l'on jugeait capables de les représenter plus dignement. Ces êtres étaient donc à la fois, par rapport aux hommes, des anges, des ministres, des dieux de second degré, [3] et par rapport à Dieu, des puissances, des idées, des attributs. Voilà selon nous, comment il faut entendre ce que disent Philon et Spinoza, le premier de l'identité des anges avec les idées de Platon, le second de l'existence des âmes humaines comme idées divines. Tout cela rentre dans la théorie des consciences concentriques remontant jusqu'à Dieu, la Conscience suprême, une et compréhensive; chaque être, et surtout chaque personne n'est qu'une idée divine et ce qui est réel pour nous est pour lui idéal.

Ce que nous disons des temps primitifs et pour ainsi dire préhistoriques peut s'établir aisément pour les époques moins anciennes dont les monuments écrits sont à notre portée. Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que, selon l'opinion commune, le monothéisme était enseigné dans les mystères du paganisme que nous retrouvons chez presque tous les peuples. Dans la descente d'Enée aux enfers, Anchise enseigne à son fils la doctrine de l'unité telle qu'on la communiquait aux initiés [4] Il y a cependant des auteurs qui, sans nier l'enseignement de cette doctrine théiste, y voient une importation des idées philosophiques contemporaines. Ce ne serait donc pas à la tradition, mais à la philosophie que les mystères en seraient redevables. Cette opinion paraît assez improbable, ou les prêtres auraient agi contre les lois les plus constantes du cœur humain qui réclame l'immutabilité des croyances religieuses, s'ils avaient exposé leurs doctrines à tous les vents qui soufflaient du dehors. Les enseignements secrets n'auraient ainsi joui que d'un bien mince crédit auprès des penseurs auxquels on les destinait et l'on ne voit pas quel prestige auraient pu conserver des cérémonies d'initiation, où l'on n'aurait retrouvé que l'écho affaibli des opinions courantes chez les philosophes. Cette hypothèse s'accorde donc bien mal avec l'éloge magnifique que les sages ont fait des mystères. Toutes ces contradictions s'évanouissant, si l'on suppose que ceux-ci cachaient, non pas des nouveautés philosophiques, mais plutôt d'anciennes croyances religieuses. On s'explique alors ces deux phénomènes autrement peu conciliables: d'une part, la manifeste indépendance des mystères [5] et, de l'autre, l'hommage que les sages leur rendaient et qui se trouvait justifié à leurs yeux par la plus ou moins grande conformité des doctrines secrètes avec les spéculations de la philosophie.

Ce ne sont pas seulement les mystères helléniques et avant eux, ceux de l'Egypte, qui proclamaient l'existence d'un Dieu unique. Cette idée d'un seul Dieu, créateur et conservateur de l'univers, a été connue des habitants du Pérou, aussi bien sous leur loi primitive que postérieurement sous celle des Incas ou, plus tard encore, sous la loi chrétienne. Seulement là comme partout, il n'y avait que quelques esprits d'élite ou quelques initiés qui s'élevassent à cette notion; le peuple adorait la forme, le symbole. Le nom de Pachacamac signifie « celui qui anime l'univers ». Assurément cette idée philosophique était plus propre que le culte du soleil à détourner les hommes de la tendance au fétichisme. L'antique religion péruvienne était d'ailleurs si pure à cet égard que, dans le temple du Dieu suprême et incompréhensible, il était défendu de représenter la divinité sous une figure quelconque et de l'adorer autrement qu'en esprit. Les cultes de l'ancienne Etrurie, de la Rome antique et des premiers Persans offraient des exemples analogues qui confirment tous l'existence du monothéisme au début de l'humanité.

Chez les Grecs, Zeus figure toujours à la tête des dieux conseillers ou assesseurs. Tous les emblèmes de ce dieu retrouvés sur les statues, les vues, les camées aussi bien latins que grecs ou étrusques, indiquent la souveraineté. Homère lui donne fréquemment le titre de grand père des hommes et des dieux et il est clair que l'idée d'un Dieu souverain implique celle d'un Dieu unique. Euripide, dans son Hercule furieux, fait dire à son héros au retour des enfers, c'est-à-dire, selon Warburton, après son initiation: « Je ne puis comprendre comment un dieu pourrait être souverain d'un autre dieu; car s'il est vraiment souverain quel besoin aurait-il d'un autre? Sophocle, que cite S. Cyrille au premier livre contre Julien, dit: « Un est le Dieu qui a fait le ciel et la terre spacieuse, les beaux flots de la mer et le souffle des vents », et ailleurs: « O Toi qui vis par toi-même, qui fais tourner le globe terrestre et à qui la lumière du jour et les ténèbres forment une ceinture ».

Le témoignage de Josèphe, en sa qualité d'israélite, est particulièrement intéressant: « Les plus sages d'entre les Grecs, dit-il, ont parlé de Dieu comme d'un monarque, ce qui exclut toute pluralité des dieux ». Il semble même que le monothéisme, en dehors [6] de la mythologie des poètes et des philosophes, avait laissé des traces dans les croyances populaires elles-mêmes. Maxime de Tyr s'exprime de telle façon qu'il ne paraît pas faire de distinction entre la foule et les penseurs: « En ceci, dit il, toutes les lois et toutes les opinions s'accordent, à savoir qu'il y a un Dieu, roi et père de tous, et un grand nombre de dieux, fils de Dieu qui règnent avec lui. C'est ce que reconnaissent le grec et le barbare, l'habitant des continents et l'insulaire, le sage et l'ignorant » Dion Chrysostome dit de son côté: « Pour ce qui est des dieux, de leur nature et de leur chef à tous, le plus parfait accord règne, dans tout le genre humain pour les choses les plus importantes, soit chez les Grecs, soit chez les Barbares ». [7] Aussi ne sommes-nous pas surpris d'entendre Orose nous dire que lorsque les païens se voyaient reprocher par les chrétiens leur polythéisme, ils répondaient aussitôt qu'ils ne croyaient point à plusieurs dieux, mais que sous un seul grand dieu, ils vénéraient plusieurs ministres.


References

  1. Philosophie religieuse, p.9
  2. Page 125
  3. P126
  4. Principio cœlum ac terras camposque liquentes Lucentemque globum lunæ titaniaque astra Spiritus intus alit totamque infusa per artus Mens agitat molem et magno se corpore miscet. Virg. Enéide VI, 724-27.
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  7. Réponse à Appion, II, 6.