Israël et L'Humanité - Le Tabernacle du désert

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II.

Rôle des Gentils dans la construction du tabernacle
et des deux temples.

§ 1.

LE TABERNACLE DU DÉSERT.

L'histoire de la construction du Tabernacle d'abord, puis du temple de Salomon, et enfin du second Temple qui devait être le dernier, n'est pas moins instructive. Mentionnons avant tout une disposition très remarquable qui rehausse le caractère éminemment pacifique et humanitaire de ces maisons de Dieu. La loi avait prescrit que l'usage du fer fût banni pour la taille des pierres au moins dans l'enceinte sacrée, car, dit Moïse: « le simple contact de ton épée sur la pierre la profanerait [1] »; ce qui signifie, selon la très juste interprétation rabbinique, « qu' il ne serait point convenable que l'épée qui abrège la vie humaine servît à l'édification de l'autel qui est destiné à la prolonger [2]» Si l'on veut bien se souvenir que les Prophètes hâtent de leurs vœux le jour où les épées seront converties en boyaux et les lances en faucilles et où la guerre sera bannie de la face de la terre [3], et que David s'est vu refuser la gloire de construire le Temple, dont il avait rassemblé les matériaux, uniquement parce qu'il avait fait couler beaucoup de sang et entrepris de grandes guerres [4], sans que l'Ecriture fasse aucune distinction entre le sang des Gentils et celui des Israélites, on ne saurait douter un instant que l'exclusion du fer dans les travaux du sanctuaire ait bien eu la signification indiquée par les Rabbins. Dans leur commentaire des paroles de Moïse: « Quiconque touche le corps de celui qui a été tué par l'épée [5]» les Docteurs font du contact de l'épée comme de celui du cadavre une cause d'impureté qui rend l'homme indigne de toucher aux choses sacrées et même de pénétrer dans l'enceinte du Temple. [6]Voyons maintenant la part prise par les Gentils dans l'édification du sanctuaire. On a déjà remarqué que les objets précieux qui servirent à cette occasion provenaient tous de l'Egypte. Un peuple opprimé comme l'avait été Israël ne pouvait évidemment posséder d'autres richesses que celles qu'il tenait de ses persécuteurs [7] et si le texte dit à propos de ces objet, emportés d'Egypte: « Vous les mettrez sur vos fils et vos filles [8], cela n'empêche pas qu'ils aient servi à la fabrication des accessoires du Temple, puisque lorsqu'il s'est agi de la construction du veau d'or, nous voyons que chacun apporta à cet effet à Aaron les bijoux dont il était chargé. Qu'il y ait eu là des amulettes et autres objets ayant un caractère religieux, c'est ce que semble indiquer la paraphrase araméenne [9] et il est vraisemblable qu'on les ait pris comme trophée de la victoire du Dieu d'Israël sur les dieux des Egyptiens et qu'on s'en soit servi ensuite pour la construction de son sanctuaire. On sait d'autre part qu'en Egypte et au désert de nombreux prosélytes s'étaient attachés d'une façon plus ou moins complète à la religion d'Israël et il est naturel de supposer qu'ils ont volontairement apporté leur concours dans cette circonstance. Ne voyons-nous pas Moïse et Aaron demander formellement à Pharaon d'apporter, lui aussi, au Dieu d'Israël, des holocaustes qu'ils auraient offerts en son nom? Si les deux chefs d'Israël ont osé tenir ce langage au monarque égyptien, ce qui prouve qu'il n'y avait rien qui ne fût parfaitement conforme soit aux croyances du pays, soit aux principes israélites eux-mêmes, on ne peut douter que la multitude des convertis qui suivirent les Hébreux au désert ait été invitée à coopérer à l'édification du Tabernacle.

Il est évident d'ailleurs que les ouvriers, les dessinateurs et artistes en tout genre qui ont été employés pour les divers travaux du sanctuaire avaient acquis et perfectionné en Egypte leurs connaissances et leur habileté respectives. Il est vrai que le texte sacré parle d'une science spéciale que Dieu leur aurait communiquée, mais il est non moins explicitement question d'artistes précédemment formés, déjà experts dans l'exercice de leurs professions. Si l'on se rappelle les surprenantes analogies que l'archéologie moderne a constatées entre les sanctuaires et les objets [10]religieux de l'Egypte d'une part et, d'autre part, le tabernacle et les ustensiles sacrés décrits dans l'Exode, le doute n'est plus possible et cette coopération de la Gentilité rentre dans le système général que nous voyons dominer d'un bout à l'autre de la Bible et qui consiste à distinguer entre le vrai et le faux dans les diverses religions de l'humanité et à choisir et conserver tout ce qu'elles contenaient de bon et de légitime.


References

  1. Exode, XXV, 20.
  2. Raschi dans le passage cité
  3. Isaïe, II, 4.
  4. I Chron XXII, 8.
  5. Nombres XIX16.
  6. Page 532
  7. Exode III, 22.
  8. Exode, III, 22.
  9. Exode XXXII, 2. Le mot qu'elle emploie pour désigner ces objets est Kadasché dahaba
  10. Page 533