Israël et L'Humanité - Le catholicisme d'Israël

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IV.

Le catholicisme d'Israël.

Il n'est pas inutile sans doute de voir comment, sur des points bien divers de l'horizon intellectuel, d'éminents penseurs out compris le caractère tout particulariste du mosaïsme et la religion universelle dont il n'est que la forme appropriée aux Israélites.

Spinoza nous dit que les lois que Dieu a dictées à Moïse ne regardent que les Juifs et ne sont obligatoires pour aucun autre peuple: « Je me suis demandé, ajoute-t-il, par quelle raison les Hébreux ont été appelés élus de Dieu. Or m'étant convaincu que cela signifie seulement que Dieu leur avait choisi une certaine contrés de terre où ils pussent vivre commodément et avec sécurité, j'ai appris par là que les lois révélées par Dieu à Moïse ne sont autre chose que le droit particulier de la nation hébraïque ». L'explication que donne le philosophe de l'élection d'lsraël paraît à première vue assez singulière, mais au fond nous retrouvons là l'idée biblique et rabbinique que la Palestine appartient d'une façon plus particulière au Dieu d'Israël de même qu'Israël lui-même. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce passage de Spinoza, c'est lorsque s'élevant de la considération du culte spécial des Juifs à la con- ception du noachisme, il appelle celui ci la véritable religion universelle; « Ensuite j'ai voulu savoir, dit-il, si la religion catholique (universelle), je veux dire la loi divine révélée par les prophètes et par les apôtres à tout le genre humain, est différents de celle que nous révèle la lumière naturelle ». Nul doute que la pensée, [1]de Spinoza ne soit ici conforme aux idées que nous nous efforçons d'exposer au lecteur. A côté du mosaïsme qui est le statut national des israélites, il existe une loi universelle, un catholicisme dont celui des apôtres chrétiens n'a été qu'un essai de réalisation imparfaite.

La philosophie indépendante se rencontre donc avec l'hébraïsme dont Philon de son côté s'est fait, nous l'avons dit, le fidèle interprète quand il enseigne que les lumières de la raison suffiraient pour amener tous les hommes au monothéisme sans qu'ils eussent à passer par le judaïsme, parce que le monothéisme est au fond le véritable judaïsme et les Rabbins ont donné de cette vérité la formule théologique en disant: « Quiconque abjure l'idolâtrie est un véritable juif » ou encore; «Quiconque rejette le polythéisme confesse toute la Loi Cite error: Closing </ref> missing for <ref> tag Le même auteur ajoute que ce judaïsme mitigé ne différait du christianisme que par l'importance que celui-ci attribuait au rôle de Jésus et que Josèphe le réduisait « à une sorte de déisme, avouant que la circoncision et les pratiques juives étaient bonnes pour les Juifs de race, que le vrai culte est celui que chacun adopte en toute liberté. « A chaque page, une douce philosophie, sympathique à toute vertu, envisageait les préceptes rituels de la loi comme un devoir pour les seuls Israélites, proclamant hautement que chaque homme juste a la qualité essentielle pour devenir fils d'Abraham [2]. Mais où l'éminent critique se trompe, c'est lorsqu'il représente ce judaïsme ainsi mis à la portée de tous comme une conception particulière de Josèphe, tandis qu'il n'y a pas là autre chose que la manière dont les Pharisiens et tous ceux qui étaient instruits des traditions hébraïques, envisageaient le noachisme, la religion des Gentils.[3]Cette conception du judaïsme se retrouve même chez les Pères de l'Eglise chrétienne. Eusèbe dans sa « Préparation Evangélique » distingue très judicieusement la religion de la législation mosaïque et ne donne à celle-ci d'autorité que sur Israël. Moïse, d'après lui, n'a modifié en rien la tradition des Patriarches en ce qui concerne la doctrine. « Il a pu seulement, dit-il, jeter les bases d'une législation et d'une constitution politique en rapport avec le genre de vie des hommes au milieu desquels il se trouvait ». Ce n'est pas uniquement la doctrine juive que Moïse a laissée inaltérée, mais encore le culte noachide seul obligatoire après lui comme avant lui pour tous ceux qui ne sont pas Israélites et il faudrait ajouter aussi que cette législation particulière qu'il a donnée à Israël et qui ne concerne que lui seul, comprend toutes les observances de la Loi, qui toutes répondent à son caractère sacerdotal.

Enfin, nous trouvons dans l'Ecriturc elle-même la preuve que les Gentils ne sont point soumis au mosaïsme et qu'il existe en dehors de celui-ci, pour tous ceux qui ne lui appartiennent pas par la naissance ou l'affiliation volontaire, un état religieux parfaitement légal. Parmi les reproches adressés aux païens, voit-on jamais figurer dans la Bible celui de ne point observer la religion de Moïse, tandis qu'elle les blâme maintes fois pour leur négligence de la loi noachide, comme elle blâme également Israël à tant de reprises pour sa violation de la Thora? La Tradition fait plus encore; elle dresse la liste des préceptes auxquels la Gentilité est soumise. C'est un culte tout à fait à part et qui n'a pas d'autre rapport avec le mosaïsme que celui qui rattache le culte des laïques à la règle sacerdotale. Aussi les Docteurs proclament-ils comme conséquence légitime de cette doctrine vraiment catholique, au seul sens parfaitement légitime du mot, que les justes de toutes les nations ont part au salut éternel.


References

  1. Page 495
  2. Ibid. p. 249.
  3. Page 496