IV.
 
Les espérances messianiques et la critique moderne.
 331   La présence de la doctrine du progrès dans le judaïsme est d'ailleurs si incontestable que des critiques indépendants, des pu. score penseurs n'appartenant à aucune Balise Eglise n'hésitent pu pas à la rosonnaitrereconnaître. « La vie tout entière du peuple juifi juif, dit l'un d'eux, est une aapi. rationaspiration, une préparation, et sans attribuer à la Perse et à la Judée une conception réfléchie du progrès, ne peut‑on peut-on pas dire qu'elles en ont pressenti et rendu possible l'avênement avènement dans le monde par leur indestructible confiance en un meilleur avenir (1) <ref>1 Un auteur éminent que nous avons déjà cité plusieurs foisCARREAU, M. Laurent, avoue que La foi au progrès manquait à l'antiquité: A Les philosophes, même ceux qu'on traite d1u1opistu~ les poêles, les prophêtu de l'avenir n'imaginaient pu un monde meilleur où la violence flt plau au droit, où la fraternité régnât au lien de la séparation hostile <i> Revue des nations; ils Wavaient pu foi dans la perfectibilitë qui nous anime et nous console. Ils crevant que les grande événements historiques étaient des faits sana lm~ sans moralité, que les hommes tournaient toujours dans lé même urole, que les mêmes maux lu attendaient toujours. Une antique doctrine applique cette idée désolants à la création entiêre. La conception de la grande année est la négation du progrès et de la portecti­bilit6. Aprês un certain nombre d'années tout devait recommencer la même existence (~ ». Il est aisé d'établir que la conception hébraïque est précisément Pantithèse de ces idées païennes. Toutes les voix du judaïsme sont d'accord pour prédire cette perfection future que les philosophes du paganisme ne parvenaient pas àimaginer. En outre, le dogme de la Providence divine, qui pour Israël est le pivot de l'histoire, est tout l'opposé du principe paient d'une histoire sana moralité. La grande année des païens offre bien mie ressemblance apparente avec ou périodes cosmogoniques que la Kabbale appelle schemitot, septénaires, on yobelim, jubilée et dont l'idée, croyons‑nonis, se retrouve dans la Bible même, mais il y a entre les du:t notions cette différence capitale que les cycles   CARREAU, B~ ~ DM, MmdoDeux Mondes</i>, 1875, p. 570. Loe. ft. tue, , 75.  332 L'RO~M poires Woffrent qu~uwo répétition telle quelle (les mêmes choses, taudis que les cycles llêbraiq'es sont des retours, mais dans des conditions toujours meilleures, et çm7en eux s'affirme par censé­ quoett l'idée de perfectionnement et de progrès. L'êerivain dont nous venons de citer le témoignage, en ce qui concerne le pessimisme de l'antiquité païenne, sbien saisi cette différence et il reconnaît formellement le principe du progrès chez les Juifs dans les espérances messianiques, tout Ail distinguant en celles‑ci on double élément: l'un qui regarde favorite religieux et moral et qui est un produit foncièrement h6braïque, et l'autre qui intéresse les transformations matérielles, le progrès de notre globe et qui, d'après lui, serait emprunté au mazdéisme. Il suffit de se rappeler les promesses toutes matérielles du mosaison, qui, peur l'ère messianique, prennent de Bi grandes proportions, pour se pet­sonder que la régénération religieuse et morale de l'homme ne pouvait être séparée de la régénération (le la planète qlle‑même dans la conception du messianisme. L'espérance du bonheur ma têriel, sous sa forme primitive et dans la croyance postérieure du millénarisme, nous paraît donc être d'origine essentiellement j nive, aussi bien que celle de la perfection morale de l'humanité. Et c'est ce que M. Laurent suppose lorsqWil ajoute cet aveu important: ~ Il y dans l'opposition des Juifs contes Jésus‑Christ et dans leur croyance à un autre Messie un vif sentiment des besoins réels de l'humanité, besoins qui doivent trouver satisfaction en ce aucolo. L'époque messianique des chrétiens est purement mystique; le chris­Canisius Wa, jamais songé à réaliser sur cette terre la fraternité, l'égalité, la paix qu'il promet anx croyants. Toutes ces espérances sont pour le Ciel! La protestation des Juifs contre ce mysticisme était comme un appel à l'avenir. L'appel a été entendu. Les dogmes chrétiens commencent à pénétrer dans la société civile, mais c'est en quelque sorte malgré le christianisme, malgré l'Eglise du moins qui en est l'organe. Il a fallu pour cela des influences et (les été­monte qui sont hostiles à Id religion du christianisme. C'est une preuve que les Juifs ont en à, certahis égards raison de ne pue se rallier à l'Evangile. Ils sont restés fidèles, jusque dans cette lutte, à leur mission prophétique </ref> » ('). Ecoutons maintenant ce que nous dit Hartmann qui apporte, lui aussi, son témoignage à l'idée juive du progrès: « Les croyants   i~) Le.. en. non. , p. 420~  NOTION JUIVE DU PROGRÜS 333 aux religions panthéistes de J'Illde s1turfOnÇaient et s'anéantissaient dans les ténèbres d'un quiétisme pou, lequel l'histoire n'existait Pas. Le théisme j,daïco chrétien cachetait au contraim sas autre, défauts par l'intelligence de l'évolution historique des choses. En soumettant le, monde à, l'action souveraine d'lin sagesse providen­là,lle, il associait au dêveloppoment de la nature le Progrès triste­rique, de l'humanité d'après un plait prêêlabli vers une fin dernière souverainement sage. La croyance de plus en plus claire que les nations européennes ont prise de l'évolution intelligible de l'histoire leur it communiqué la force de se dévouer à 1% cause du progrès > (')~ Ces belles paroles sont en outre nos leçon indirecte à l'adresse de cette école qui croit le monothéisme juif antipathique au gênie aryen. Nous avons répondu à, cotte objection en montrent cent­aient le judaïsme, Pa, sa théologie Orthodoxe, est Ait état (10 qa­tisfoire les diverses tendances religieuses. QWil nous soit simple,­aient permis d'ajouter ici, en nous appuyant au, Pavait non suspect, assurément de Hartmann, combien il serait déplorable que la pré. tendue tendance aryenne arrivât jusqu'à supprimer toute distinction entre le fini et Pinimi. Avec toute religion disparalitrait en même temps la possibilité dil progrès. Il n'y a en effet (le progrès pos­sible qu'à uns condition: c'est qu'on dehors du sujet qui progresse, il existe un but vers lequel il tend, un idéal qu'il contemple, tue perfection qui le pousse, l'attire et qui règle sa marche en avant. Si l'idéal n'existait point en dehors (lu saint lui même, outre qu'il serait absurde de supposer la coexistence simultanée de la por~ fection et de l'imperfection dans un môme sujet, le mouvement qui constitué le progrès deviendrait impossible. Il faut nêctoaotire~ ment entre l'état présent et l'état futur uns distance à parcourir, sans quoi Il n'y attrait ni acheminement, ni perfectionnement rue­eevable. L'Enité, la Perfection idéale ne peut donc absolument pis être identique avec ce qui est en soi‑même multiple et p~rfeütibIA, clest,â‑dire que bien que le multiple créé soit en relation avec 111Tnité divine, il ne saurait cependant 90 confondre avec elle, car s'il en était ains4 nous le répétons, le progrès ne serait qu'on mot vide de sens. Peut‑être croira‑t‑on échappe, à cette difficulté en distinguant dans Io sujet unique, dans l'univers, l'acte et la puissance. Vaine illusion! Le puissance n'est rien, si elle n'est pas lin idéal, une   C) Philoeophie de Plucowaemete tome il, P. 241.?
Un auteur éminent que nous avons déjà cité plusieurs fois, M. Laurent, avoue que la foi au progrès manquait à l'antiquité: «Les philosophes, même ceux qu'on traite d'utopistes, les poêtes, les prophètes de l'avenir n'imaginaient pas un monde meilleur où la violence fît place au droit, où la fraternité régnât au lieu de la séparation hostile des nations; ils n'avaient pas foi dans la perfectibilité qui nous anime et nous console. Ils crurent que les grands événements historiques étaient des faits sans but, sans moralité, que les hommes tournaient toujours dans le même cercle, que les mêmes maux les attendaient toujours. Une antique doctrine applique cette idée désolante à la création entière. La conception de la grande année est la négation du progrès et de la perfectibilité. Après un certain nombre d'années tout devait recommencer la même existence <ref> Loc. cit. tome I, 75. </ref>». Il est aisé d'établir que la conception hébraïque est précisément l'antithèse de ces idées païennes. Toutes les voix du judaïsme sont d'accord pour prédire cette perfection future que les philosophes du paganisme ne parvenaient pas à imaginer. En outre, le dogme de la Providence divine, qui pour Israël est le pivot de l'histoire, est tout l'opposé du principe païen d'une histoire sans moralité. La grande année des païens offre bien une ressemblance apparente avec ces périodes cosmogoniques que la Kabbale appelle <i>schemitot</i>, septénaires, ou <i>yobelim</i>, jubilés et dont l'idée, croyons-nous, se retrouve dans la Bible même, mais il y a entre les deux notions cette différence capitale que les cycles <ref> Page 331 </ref>païens n'offrent qu'une répétition telle quelle des mêmes choses, tandis que les cycles hébraïques sont des retours, mais dans des conditions toujours meilleures, et qu'en eux s'affirme par conséquent l'idée de perfectionnement et de progrès.
334 L'HOMMEécrivain dont nous venons de citer le témoignage, en ce qui concerne le pessimisme de l'antiquité païenne, a bien saisi cette différence et il reconnaît formellement le principe du progrès chez les Juifs dans les espérances messianiques, tout en distinguant en celles-ci un double élément: l'un qui regarde l'avenir religieux et moral et qui est un produit foncièrement hébraïque, et l'autre qui intéresse les transformations matérielles, le progrès de notre globe et qui, d'après lui, serait emprunté au mazdéisme. Il suffit de se rappeler les promesses toutes matérielles du mosaïsme, qui, pour l'ère messianique, prennent de si grandes proportions, pour se persuader que la régénération religieuse et morale de l'homme ne pouvait être séparée de la régénération de la planète elle-même dans la conception du messianisme. L'espérance du bonheur matériel, sous sa forme primitive et dans la croyance postérieure du millénarisme, nous paraît donc être d'origine essentiellement juive, aussi bien que celle de la perfection morale de l'humanité. Et c'est-ce que M. Laurent suppose lorsqu'il ajoute cet aveu important: « Il y a dans l'opposition des Juifs contre Jésus-Christ et dans leur croyance à un autre Messie un vif sentiment des besoins réels de l'humanité, besoins qui doivent trouver satisfaction en ce monde. L'époque messianique des chrétiens est purement mystique; le christianisme n'a jamais songé à réaliser sur cette terre la fraternité, l'égalité, la paix qu'il promet aux croyants. Toutes ces espérances sont pour le Ciel! La protestation des Juifs contre ce mysticisme était comme un appel à l'avenir. L'appel a été entendu. Les dogmes chrétiens commencent à pénétrer dans la société civile, mais c'est en quelque sorte malgré le christianisme, malgré l'Eglise du moins qui en est l'organe. Il a fallu pour cela des influences et des éléments qui sont hostiles à la religion du christianisme. C'est une preuve que les Juifs ont eu à certains égards raison de ne pas se rallier à l'Evangile. Ils sont restés fidèles, jusque dans cette lutte, à leur mission prophétique » <ref> Loc. cit. tome , p. 420. </ref>Ecoutons maintenant ce que nous dit Hartmann qui apporte, lui aussi, son témoignage à l'idée juive du progrès: « Les croyants <ref> Page 332 </ref> aux religions panthéistes de l'Inde s'enfonçaient et s'anéantissaient dans les ténèbres d'un quiétisme pour lequel l'histoire n'existait pas. Le théisme judaïco-chrétien rachetait au contraire ses autres défauts par l'intelligence de l'évolution historique des choses. En soumettant le monde à l'action souveraine d'une sagesse providentielle, il associait au développement de la nature le progrès historique, de l'humanité d'après un plan préétabli vers une fin dernière souverainement sage. La croyance de plus en plus claire que les nations européennes ont prise de l'évolution intelligible de l'histoire leur a communiqué la force de se dévouer à la cause du progrès » <ref><i> Philosophie de l'Inconscient</i>, tome II, p. 241. </ref>. Ces belles paroles sont en outre une leçon indirecte à l'adresse de cette école qui croit le monothéisme juif antipathique au génie aryen. Nous avons répondu à cette objection en montrant comment le judaïsme, par sa théologie orthodoxe, est en état de satisfaire les diverses tendances religieuses. Qu'il nous soit simplement permis d'ajouter ici, en nous appuyant sur l'aveu non suspect, assurément de Hartmann, combien il serait déplorable que la prétendue tendance aryenne arrivât jusqu'à supprimer toute distinction entre le fini et l'infini. Avec toute religion disparaîtrait en même temps la possibilité du progrès. Il n'y a en effet de progrès possible qu'à une condition: c'est qu'en dehors du sujet qui progresse, il existe un but vers lequel il tend, un idéal qu'il contemple, une perfection qui le pousse, l'attire et qui règle sa marche en avant. Si l'idéal n'existait point en dehors du saint lui-même, outre qu'il serait absurde de supposer la coexistence simultanée de la perfection et de l'imperfection dans un même sujet, le mouvement qui constitué le progrès deviendrait impossible. Il faut nécessairement entre l'état présent et l'état futur une distance à parcourir, sans quoi il n'y aurait ni acheminement, ni perfectionnement concevable. L'Unité, la Perfection idéale ne peut donc absolument pas être identique avec ce qui est en soi-même multiple et perfectible, c'est-à-dire que bien que le multiple créé soit en relation avec l'Unité divine, il ne saurait cependant se confondre avec elle, car s'il en était ainsi, nous le répétons, le progrès ne serait qu'un mot vide de sens.
Peut-être croira-t-on échapper à cette difficulté en distinguant dans le sujet unique, dans l'univers, l'acte et la puissance. Vaine illusion! Le puissance n'est rien, si elle n'est pas un idéal, une <ref> Page 333 </ref>loi, que dis-je? une force qui agit et lutte continuellement pour substituer à l'état présent celui qui lui doit succéder. Et il ne faudrait pas comparer à cet antagonisme passager les conflits que soulèvent les passions dans la conscience humaine et qui ont fait dire au poète: Je sens deux hommes en moi! car ces luttes intérieures supposent en dehors du sujet des causes étrangères. Mais quand il s'agit non de l'individu, mais de l'univers, de l'être au delà duquel il n'y a rien qui puisse expliquer la cause de l'antagonisme, il faut bien avouer que, sans une distinction fondamentale entre le Parfait et l'être perfectible, aucun mouvement ne serait possible.
loiL'unité panthéistique, que (lis‑jel un, force qui agit et faitquelle qu'elle soit,, contitk,ellejne]lt Peur substituer à Vêtat présent celui qui lui (lait saccéder. Let il ne bsH~ drqit pasi comparer peut point changer; vouée à cet antagonisme Passager les conflits que son. lèvent 169 passions dans la conscience humaine et qui ont fait (lire au pOète~ Je sens deux hommes en moil car ces lattes intérieures supposent en dehors da sujet des causes étrangères. Mais quand il s'agit non de l'individu. mais de Puiiivoimmobilité indéfinie,8, de elle ne connaît dans l'être au‑delà duquel il n'y a rien qui puisse expliquer la casse de l'antagonismeavenir ni régénération, il faut bien avouer queni messianisme, sans une distinction fondamentale entre le Parfait el, lêtre perfectible, aucun mouvement et ne serait possiblesaurait par conséquent jamais être inspiratrice de progrès.
L'unité panthéistique, quelle qu'elle soit, ne pont point change,; voues à Ilimmobilité indêfinio, elle ne connaît dans l'avenir ni ré~ génération, ni messianisme, t ne saurait par conséquent jamais être inspiratrice de progrès.
==References==

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