Israël et L'Humanité - Les sacrifices des Gentils

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Quel est, d'une façon générale, le but du culte qui se célébrait à Jérusalem, d'après la croyance orthodoxe du judaïsme? Sur ce point comme sur tous les autres, l'école qui semble avoir le ca­ractère le plus spécial, le plus rigoureusement particulariste, est justement celle qui se fait l'interprète des théories les plus hardies et en même temps les plus consolantes. Pour la Kabbale en effet, le but de ce culte est de mettre en harmonie le monde d'ici‑bas avec les autres univers, d'établir et de maintenir une communauté de vie et d'influence entre notre terre et les mondes supérieurs, spirituels aussi bien que matériels, sans quoi le monde que nous habitons resterait retranché du grand concert de la création comme un corps sans âme. Assurément une telle croyance est si peu égoïste, si peu ethnique, qu'on ne saurait imaginer une conception plus noble et plus grandiose du culte religieux. L'humanité elle-même est dépassée. La religion universelle, telle que la conçoit le judaïsme, s'étend au-delà du genre humain et de la terre; elle embrasse en réalité l'univers et l'infini

La forme matérielle du culte de Jérusalem est celle des sacrifices qui, indépendamment des raisons d'ordre psychologique ou mystique qui la justifient, répondait aux idées et aux coutumes générales du temps. Or, de même que les Gentils avaient dans le Temple une place désignée, ils étaient également admis à participer au culte qui s'y célébrait en apportant eux‑mêmes des sacrifices, ainsi que l'histoire juive en fait foi.

Il convient de distinguer, par rapport à Israël, trois formes différentes dans les sacrifices offerts par les Gentils. Nous trouvons d'abord ceux qu'ils célèbrent eux‑mêmes, sans l'inter­vention d'Israël, et qui font partie du centre noachide. Ces sacrifices ainsi offerts sans la participation des Israélites et hors du Temple de Jérusalem, en quelque lieu que ce soit, sont cependant agréables à Dieu d'après la doctrine hébraïque, ce qui prouve assez éloquemment que le judaïsme n'a pas attendu l'avènement de Jésus pour proclamer que le culte de Dieu pouvait être observé et célèbré partout et pour conformer ses pratiques à cet enseignement. A propos du texte de Moïse qui défend d'immoler des sacrifices en dehors du lieu choisi par l'Éternel, la Baraita s'exprime ainsi: « Il est interdit aux enfants d'Israël d'immoler des sacrifices hors du temple, mais les Gentils ne sont point soumis à cette obligation. C'est pourquoi chaque Gentil peut édifier un autel à son usage et y offrir des sacrifices >.

Viennent en second lieu les sacrifices dans lesquels, bien qu'ils soient célèbres en dehors du Temple et du rite mosaïque, l'israélite intervient avec les fonctions d'instructeur et d'officiant. Le nosachisme n'est plus une loi simplement admis en théorie comme une religion légitime à côté du mosaïsme, mais il apparaît comme pratiquement sanctionné, réglé et présidé par l'intervention directe de l'israélite agissant en sa qualité de prêtre, non plus collectivement comme à Jérusalem, au nom de l'humanité tout entière, mais individuellement, dans un lieu quelconque au nom d'un simple Gentil quel qu'il soit. Le Talmud nous rapporte un certain nombre de faits semblables fort remarquables. Le roi de Perse envoie aux Rabbins un veau pour être offert en sacrifice. Ceci se passait, comme on le voit, loin de la Terre Sainte et plus de deux cents ans après la destruction du Temple. Rabâ, c'était le nom de l'un de ces Docteurs, chargé avec deux autres de ses collègues de faire un holocauste à l'intention de la reine, en l'hon­neur du Dieu d'Israël. Pour qui connaît la peine du ]Korat (rotran­Abornant) mAna~aat tout Israélite qui se serait permis d'offrir pour son propre compte un sautilles en de telles conditions, il n'y a vraiment qu'à admirer la force que la loi nombide on la conception de religion universelle devait avoir aux yeux des Docteurs d'Israël, puisqu'elle était capable de faire taire en cette circonstance des scrupules si justifiés. Il vaut la peine de citer entièrement ce précieux texte talmudique; « Raba dit: Quant à les instruire (les Gentils), c'est chose permise. c'est ce qui arriva par exemple pour Ormiz, la mère de Sapor, roi de Perse. Elle envoya un veau de trois ans aux Rabbins leur disant de le Sacrifier au nom du vrai Dieu. Rabâ dit alors à Rabbi Safra et à Rabbi Ailes, fils d'Unna: Allez, procurez‑vous deux jeunes hommes d'une même constitution et choisissez un terrain d'alluvion; apportez du bois nouveau, tirez du feu d'un objet neuf, et offrez pour elle la victime en l'honneur de Dieu ». La troisième catégorie de sacrifices des Gentils comporte ceux qu'ils apportaient au Temple de Jérusalem et qu'Israël, à titre d'intermédiaire entre Dieu et le Gentil, offrait au Dieu d'Israël qui est le Dieu de toute l'humanité. Au point de vue des traces de la religion universelle dans le culte mosaïque qui est celui où nous nous plaçons ici, cette classe est assurément la plus importante. Une surprise qui ne peut accroître notre admiration pour le judaïsme nous attend dans, cette étude. Quel est en effet le Gentil dont il s'agit? On pourrait croire que c'est sinon le païen entièrement converti au mosaïsme, du moins, celui qui, abjurant le rails des idoles, professait la religion noachide. Il n'en est rien. Quelque étrange que cela paraisse, c'est le Gentil encore polythéiste. C'est ce dernier que le texte mosaïque a en vue quand, parlant des imperfections qui rendent les victimes indignes de l'autel, il dit: "Vous n'accepterez de l'étranger aucune de ces victimes, pour l'offrir en Sacrifice à votre Dieu; car elles sont mutilées, elles ne seraient point agréées pour vous". Mais quelle preuve %vous‑nous qu'il est loi question du vrai païen s'il s'agissait du prosélyte de la porte ou du prosélyte de justice, toute loi spéciale serait superflue, puisqu'ils sont assimilés, chacun dans sa sphère particulière, à l'israélite de naissance. Le nom même de ben néokar « fils de l'étranger, qu'on lui donne ne se prête pas par sa signification et désigne un prosélyte quelconque, mais dans le langage de Moïse il est de plus éminemment impropre à cette acception, puisque non seulement le Pentateuque emploie constamment une toute autre dénomination, celle de gher, pour désigner le prosélyte, mais cette location de ben néokar , dis de l'étranger, s'y trouve toujours appliquée au véritable étranger, c'est‑à‑dire au polythéiste. En outre, et cette considération est une preuve décisive, au début de cette même loi relative à la perfection pour les victimes, les prosélytes se trouvent déjà, mentionnés en même temps que les Israélites d'origine: "L'Éternel parla à Moïse et dit: Parle à Aaron et à ses fils, et à tous les enfants d'Israël, et tu leur diras: Tout homme de la maison d'Israël ou des prosélytes qui se trouvent en Israël, qui offrira un holocauste à l'Éternel...". Si donc quelques versets plus loin il est parlé du fils d'étranger, ce ne peut être que du polythéiste, étranger au culte d'Israël, et non pas du prosélyte qu'il est question.

La tradition, qui a comme chacun sait une autorité prépondérante, découle pour l'orthodoxie juive, est formelle sur ce sujet " même les idolâtres, en se conforment toutefois à certaines règles, sont admis à présenter leurs offrandes au Temple". C'est ce que le Talmud dit explicitement. Ainsi dans le mot "pour vous" qui termine le texte de Moise, le Gentil, quel qu'il soit, se trouve certainement compris avec 18,aël. Est‑il possible d'imaginer une plus belle con­sêcration de l'unitê du genre humain 1 Israël et l'humanité sont ici confondus et Dieu s'adresse à eux dcas manière telle quun ne découvrirait peut‑être pas un exemple semblable dans toute la Bible.

Le Coutil, même polythêiste, était donc admis à présenter des victimes au Temple de Jérusalem; cela n'est pas douteux. Mais de

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@514 quelle espère de victimes elagi8sait.iii fi,est lei que les discussions commencent entre les Rabbins; c'est ici également que se révèle le zêle avec lequel l'esprit des Douleurs se préoccupait de tout ce qui concernait la religion de l'humanité, mémorable exemple de leur noble abnégation à nos époque où leur intérêt personnel aurait dû absorber toute leur attention.

La question est étudiée dans le Talmud au traité iVenakot. Pour R. José le Galiléen Fautorisation s'étend aux sacrifices pacifiques (uehelmnim), aux sacrifices d'actions de grâces (toda), aux volailles, aux libations de vin, à l'encens et au bois. Selon R. Akiba au contraire outre, autorisation est limitée seulement aux holocaustes et c'est la doctrine que Maimonide a suivie (~). Il convient de men­tionner ici un passage de Josèphe qui semble donner raison àE. Akiba et par suite à Maimonide et confirme par conséquent la légitimité des règles talmudiques, d'aptes lesquelles l'opinion de R. Allias, doit être préférée à celle des autres Doewrs. Josèphe, dit formellement que c'étaient les sacrifices pour le péché que les païens étaient admis à offrir au Temple. Il n'était point permis d'ajouter le parfum à l'offrande de ces victimes, mais afin de ne pas rebuter le païen, on acceptait tout ce qu'il présentait et le sacrificateur dirigeait suit intention vers le péché, quoique le sa­crifice eût été offert à an autre titre ('). Telle est l'explication donnée par Josèphe et qui paraît en tout point conforme à la doctrine rabbinique et plus spécialement au système de R. Akiba. Le péché dont il s'agit dans ce passage est bien, comme le veut cedoctour, non pas la violation du la Loi (hattt), mais le péché intérieur pour lequel l'holocauste (01,) était destiné, d'après la maxime: ~ L'holo­causte est offert en expiation des mauvaises pensées . Ce que Josèphe dit du parfum est vrai également et répond à la tradition rabbinique, pourvu qu'on l'applique aux libations qui accompa­gnaient le sacrifice israélite et qui étaient exclues de celui du païen du qui, pour mieux dire, devaient être dans ce cas ajoutées au sacrifice par Israël, pourvu aussi qu'au s'en rapporte à l'avis (le R. Akiba qui soutient justement contre R. José que l'encens (lebona) ,te figure pas dans le sacrifice du païen. Enfin les pavoisa do Josèphe sur l'intention du sacrificateur, à quelque titre d'ailleurs que la victime fût présentés, trouvent un parfait équivalent dans cette

j.d,i~,, lit. ,, ~h.p. "1', 808.

@515 décision des Rabbins: . Si le Gentil apporte des sacrifices paci. fiques, on les offrira à titre d'holocaustes, car l'intention du Gentil est dirigée vers le Ciel (le vrai Dieu), c'est‑à‑dire qu'il ne veut rien que ce que Dieu a permis et comme ce que Dieu a permis pour lui~ c'est seulement l'holocauste, c'est sous ce titre que Pari offrira la victime (~) ».

Mais ce qui est plus important encore, c'est Pesprit qui a dicté ces dispositions. Evidemment dans cette rêglementation dos sami­fices des Gentils dans le Temple de Jérusalem, on s'est inspiré de la nature de leur foi religieuse, ou pour mieux dire de lent croyance arachide libre de toute entrave mosaïque. On s'est efforce du mettre ces règles d'accord avec l'état moral et religieux que le Judaïsme lui‑même leur impose. De là l'acceptation de certains sacrifices et Fexclusion des autres. On admettra d'après R. José, les sacrifices votifs et d'actions de grices, tout ce qui fait en un mot l'objet d'une offrande volontaire, car le Gentil n'êtant point soumis a, culte mosaïque, il n'est tenu à aucun sacrifice légal. Pour R. Akiba, on acceptera l'holocauste, car l'holocauste lui‑même peut être votif et si ce doctemr croit devoir exclure les autres offrandes de ce genre, nous allons en voir la raison. Mais comment expliquer, di,a‑t~ii, la disposition du traité Schekaline daprès Maimonide qui autoriserait le païen à offrir des sacrifices pour les pêchés, car puisqu'il n'est nullement soumis aux prescriptions de la loi Mo­saïque, ses transgressions ne sauraient entraîner pour lui aucune culpabilité? Est‑ce à dire que, selon cette doctrine, le Gentil se t,ouverait en état de péché tant qu'il n'observe pas le mosaïsme qui serait obligatoire pour lui comme pour laraël? lUne telle pré­tendent renverserait de fond en comble notre édifice religieux, nous ne disons pas celui que nous avons élevé, mais celui qui résulte du majestueux ensemble des enseignements du judaïsme. La diffi. calté, tante sérieuse qu'elle paraisse, est loin d'être insoluble. Nous avons dit que le païen peut se charger volontairement de l'exécution de quelques préceptes de la Thora; des lors, quand il transgresse les règles quqI s'est lui‑même tracées comme expression de an re­ligion intérieure, il est coupable et passible d'expiation, sinon vis‑â~vis de la Loi mosaïque, du moins au regard de sa propre conscience. Il se peut aussi ~ue les sacrifices pour les péchés soient, aux yeux des Docteurs dont il s'agit, de nature à pouvoir être @546 présentés également à titre d'accompliuement d'un vital Le Talmud ne ditil pas que les anciens A,,idim en apportaient chaque jour un de ce genre‑le., sans objet déterminé?

En admettant que telle soit la juste explication du passage de la Mielma en question, comment se fait‑il, si l'on s'en tient à la nature particuliers do la religion rescinde, que R. Akiba ne pûr~ mette aux Gentils que les holocaustes à Po£clusion de tous los autres sacrifices votifs? La réponse nous est fournie par nos con­troverse dont le Talmud et le 3fidrasel, se font I?êeho sur flou­têriorit6 des formes da sacrifice, la plus ancienne devant être Pm conséquent celle qui caractérise la religion de l'humanité, les autres étant considérées comme des formes nouvelles introduites par le noisaisme (~). Or, d'après certains Docteurs, c'est Pholocauste qui est la forme primitive; il n'y a donc rien d'étonnant à ce que R. Akiba, se conformant à cette opinion, ait limité aux holocaustes les sacrifices des Gentils.

L'importance de ces dispositions particulières relatives à la Gentilité s'serrait encore lorsque l'on considcre celles qui concernent 16 Juif apostat. Tandis que le paien même idolâtre est libre d'ap­porter des sacrifices au Temple, l'israélite qui a apostasié n'eu peut plus présenter d'romans sorte. Etait,il possible do démontrer plus êloquemment que la Loi mosotique West faite que pour Israël, que les Gentils n'y sont aucunement assiijêtis, sans être par suite, bien loin de là, rejetée de Dieu, puisque leurs offrandes sont agréêesl Le monothéisme lui‑môme ne leur est point impose, Fidolâtre ôtant admis au Temple comme le vrai noachide, et peut‑être touchante­nous ici à fi première application de ce principe que noue ne trouvons formulé que dans les livres postérieurs au Talmud, bien que Pidée en e~iste thjû, dans ce monument de la 'tradition: < Il n'a pas été défendu aux enfants de Noé d'associer (d'tenace divi­cités au vrai Dieu) (2) D.

La même distinction se renouvelle également à propos des dons et cette règle est encore observée de nos jours dans la pratique

(~) ZDehi. 116‑; Midr.~,h lahi, .,~koùs; Bll,,~Ait Battu, 22 ~ 9. Hilewde,

dans sa 'Êhê.g,.ie, arible ,,her ,tt, ,el,.,e pratique. Il trucs qu'a,tact atonal tarifé st.it e.Mè~,,e.t brûle. Ce fur Pr..6th6l qui, ,9y,,.t que 1. dêp ... e était btim, de Jupiter qu'u., part!, suluaeffli de 1, 'I'tire, fût do,6navant eonsuatês par le f~. et il .. .. ... Mure plus à tuner s.t[ü~svs.t que le,, riethat a. dis. trou ... el (~) V.1, ..te p~ 242.

@547 synagogale: le don du renégat est rejeté. L'exemple le pins me. morable.de l'acceptation des dons des Gentils est peut‑être celui des Philistins. Ils envoykrûnt, à titre d'offrande, avec Porche dont ils S'étaient momentanément emparés, un êcrin rempli d'objets pré­cieux (~) qui fat déposé dans la partie la plus secrète et la plus vénérable du sanctuaire, à coté du vase (le la manne et de la verge d'Àaron.


References