Israël et L'Humanité - Les sacrifices propitiatoires pour la Gentilitê

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Nous avons étudié plus haut les trois formes des sacHfices des Gentils consacrées par 16 judaïsme. Il nous reste à examiner ,aie. tenant Rue autre forme qui n'est certainement pas la mains loué­ressortie, car elle atteste mieux encore que les autres, s'il est possible, la place que la Gëntilitê occupait dans les préoccupations religieuses d'Israél. Nous voulons parler des sacrifices propitiatoires que la Loi mosaïque elle‑même ordonnait de célébrer solennellement pour les Gentils.

L'époque de l'année choisie pour cette célébration était celle, de Souccot, la fête des Tabernacles, et cette date est déjà signif, estive, car outre le sabbat dont nous avons précédemment parlé, la solennité de Souccot est la seule fête israêlite dont il soit dit dans l'Ecriture qu'elle doit être eêlêbrée par toutes les nations dans le Temple de Jérusalem: ~ Tous ceux qui resteront de toutes les nations vermes contre Jérusalem, monteront choque année pou, se prosterner (levant le roi, l'Eternel des arnuéos, et pour célébrer la fête des Tabernacles (') >. Cette prophétie est accompagnée de l'annonce d'un châtiment pour ceux qui s'abstiendraient de célébrer cette fête et elle constitue ainsi, pour le dire en passant, une preuve des plus concluantes en faveur de l'immutabilité de la Loi aux temps messianiques et nie objection des plus graves contre toute religion fondée sur l'idée du caractère provisoire et de l'abo­lition ultérieure du mosaïsme. Nous y voyons également la contir­motion de ce que nous n'avons oessê de soutenir, à savoir que jamais dans la pensée dqijadaisme, cette religion n'a été destinée à tous les peuples de la terre. S'il en eût été autrement, il serait

fq Z..h,~o,, ,~, 16.

@550 absurde en effet de parler dans Observance Particuliers de leur part à l'époque du Messie, observance qui implique Vexclusion de toutes les autres. Si PEcriture mentionne cette pratique spêeÏac, cela prouve deux choses: d'abord que la loi mosaïque dans son ensemble ne concerne pas les Gentils, ensuite clos s'ils en ont été dispensés, te n'est ni par haine, mépris ou négligence, mais uni. quement parce qu'une liberté religieuse plus grands leur a été laissée, certains autres Prêcerdes étant Proclamés au contraire obli­gatoires pour eux aussi bien eue pour Israël.

Ces considérations ne sont pas ici hors de propos comme on pourrait le supposer. Nous voyous dans cette disposition portion. lière, comme dans tant d'autres détails de la Loi, que, d'aptes la conception juive, la religion universelle ne consiste pas dans,une conversion pure et simple des Gentils au mosaïsme, mais dans la reconnaissance que l'humanité doit faire de la vêrit& de la doctrine d'Israël, tout en gardant dans la pratique son autonomie et sa liberté. C'est ]à un point essentiel sur lequel nous ne nous lasserons pas d'appeler toute l'attention des esprits sérieux.

Il serait extrêmement curieux de recueillir ici tous, les com­mentaires que cette future observation de la fête des Tabernacles a provoques dans les écrits rabbiniques. Ils sont si importants qWils pourraient aisément former la matièrû (Pum, étude spéciale. Mais voici fêlée centrale autour de laquelle toutes les autres viennent se grouper. C'est que, durant les liait Jours do Souccot, Israël offrait sur pontai de Jérusalem eoixante‑dix victimes ù titre de propitiation pour les soixante‑dix peuples de la terre ('). E est merveilleux de voir le parfait accord qm.règne sur la destination et le sens de ce sacrifice entre les plus anciens auteurs rabbiniques, soit dans la période qui a immédiatement précédé Fers chrétienne, soit dans les Écoles postérieurs, C'est‑à‑ dire à une époque où l'on devrait slattendrû le moins à rencontrer de pareilles dispositions à légard des Gentils. En effet, à la haine féroce da paganisme contre les Israêlites correspondait alors chez ces derniers une sonsi­bilité, plus grands qu'une longue habitude de souftrir n'avait pas encore émoussée comme dans le Moymi~Ago et dans Porc moderne. Israël n'était pas un vieillard résigné, courbé sous le poids de douleurs accumulêes comme il apparaît de nos jours dans les pays

(1) ,~, 12 t d....... W c.ooa«,a,à,~ a~ R'.chi.

LA RELT~10X UN~‑RSELLU rÀnS LU 01TL~B MOSAÏQUE fi51 de Persécutions; il était toujours on lutteur vigoureux qui étonnait le monde par des prodiges de résistance.

Eh bien! écoutons lit voix de est Israël s'exprimant par Forgans, de ses maitres, les Pharisiens si dêcriës. Car, qu'on le sache bien! la Bible (') qui Prescrit formellement le sacrifice dont il s'agit, 80 tait'complètement sur les motifs qui l'inspirent et sur la s1gni~ ficatimi qu'il faut lui donner, comme en général sur le sens de tous les sacrifices ou, pour mieux dire, sur toute la partie théorique (le la Loi de Dieu. Or n'est‑ce pas un juste sujet d'admiration que de voir que les Pharisiens, an lien de rabaisser par des interpré. tations égoïstes et mesquines le niveau moral de PEcriture, com­blent ses lacunes dans le sens le plus humanitaire et parlent eux~ mêmes oit faveur des Gentils quand elle garde le silence? Citons d'abord le Yaïcra Rabla qui, des cinq parties du Midristcli, Ratte, est reconnu par la critique moderne comme l'une des plus anciennes. On y lit sous le nom de R. Jooschaal fils de Lévi: , Si les nations du inonde avaient su combien le tabernacle d'assignation tour était utile elles Pouvaient (pour le protéger) entouré de tontes et de camps retranchés ~. Et dans un autre passage à, peu près semblable: « Si les nations du monde avaient su combien le Temple leur était utile, elles l'auraient calamité de camps retranchés pour le garder, cm il leur était plus utile quà Israël >.

Le Midrasch Schir aeckirim, qu'on peut à bon droit placer après le Vaiera Rabba, s'exprime avec plus de douceur, sans être moins explicite, et la pensée en outre se généralise: ~ Tes yeux: sont semblables à ceux de la colombe, cela vent dire que de même que In colombe (offerte au temple) fait expiation pour tout le monde, de même Israël fait expiation pont tous les peuples, car les soixante­dix veaux qu'on immolait sur l'autel à la fête (les Tabernacles étaient efforts, pour les nations, afin qu'elles fussent maintenues en ce monde, c'est pourquoi il est écrit (dans 109 Psaumes): Ils m'accusent en échange de mou amour, tandis queje prie (pour eux) ».

Dans le Talmud, au traité soucca, nous lisons également: < R. Johanan dit: Malheur aux peuples gentils pont ce qu'ils ont perdu (en perdant le Temple), car lorsque le Temple était debout, il était fait expiation pour eux Bar l'autel (au moyen des sodimnte‑dix veaux offerts en sacrifice), mais maintenant qu'est‑ce qui fera pour eux Ilexpiationl ~ Et voici d'autres passages de la Peaikta: « Dieu

(i) N..bv.~, x,i~, 12 ot ~ifl,..to.

@551 dit à Israël: Mes iuifanW~ je sais que durant les sept jours pré­,êdentisi de la fête (des Tabernacles), vous êtiez occupés aux sacrifices pour les peuples du monde; à présent (le jour de Scheveini Azeret, huitième de la solennité) vous et moi rêjouissons‑no,s ensemble . Et ailleurs: < R. Alexandre dit: Cela (cette institution de la fête des Tabernacles) fait songer à on roi qui aurait ou la joie (de marier son fils). Pendant toute la semaine des noces, le fils du roi s'occupait à faire des honneurs aux hôtes qu'il avait conviés. La semaine des noces achevée, le roi dit 1 son fils: le sais que durant traits la semaine des noces, tu t'occupais de tes hôtes; à, présent, toi et moi, éjouisammnous ensemble. Ainsi pendant les sept jours des Tabernacles, Israël s'occupe des sacrifices pour les nations du monde, car, dit R. Pintais: Les soixante‑dix veaux «Israël sa­«riflait pendant la danse de la fête correspondaient aux soixante‑dix nations de la terre, afin qu'elles fassent maintenues en ce monde ~.

Le Bamidbar Rabba reproduit le motif do sacrifice donnê par le Schir mokirim Rabba: C'est afin que le monde ne soit pas privé des peuples gentils Le Midrmeh Tadschê est aussi esplicite: ~ On sait quo soixarute~dîx veaux êtaient sacrifiés par Israël pendant la durée de la fête des Tabernacles en faveur des peuples gentils, pour leur servir d'expiation ».

L'unanimité entre les divers écrits rabbiniques est donc parfaite sur ce point. Mais voici une circonstance qui mérite une mention toute particulière. Le nombre de soixante‑dix victimes. offertes pendant la fête est déjà par lui‑même très significatif, si l'on vent bien se rappeler tout ce que nous avons dit précédemment sur la division du monde en nationalités d'après les Rabbins. Or ce chiffre de soixante‑dix victimes était reparti entre les sept jours de fête de telle manière qu'il était offert chaque jour une victime de moins que le jour précédent; il y en avait treize le premier jour, douze le deuxième, onze le troisième et ainsi de suite jusqu'au septième jour où sept veaux seulement devaient être immolés, ce qui coin­plétait le nombre de soixante‑dix. Que pouvait bien signifier cette diminution progressive dans le chiffre des victimesi Une disposition si particulière n'est certainement pas due au hasard et l'on ne saurait douter qu'il dût y avoir quelque secrète raison dans cet ordre cérémoniel. On rencontre parfois chez les Rabbins cette phrase: , Les nations du monde vont en diminuant comme les veaux de la fête ~. Est~ce la un souhait égoïste de l'amour‑propre national, on la simple constatation d'un fait, ou encore l'expression

@552 d'un désir inspire par de plus nobles motifs? Ces diverses hypo­thèses ont été sentences tour à tom. Lors même que la première serait vraie, ce ne serait encore qu'une note dissonants dans Fimposant concert forme par les témoignages que nous avons te­cueillis de toutes parts chez les Docteurs en faveur des aspirations universelles du judaïsais. Et combien le patriotismejuif, si cruel­lement blessé par les païens, serait excusable d'avoir quelquefois nourri de semblables pensées! La seconde supposition paraît cou~ forme au commentaire de Raschi sur le chapitre des Nombres fixant le chiffre de victimes à immoler pendant la fête des Tabor. ,cartes ('): « Les victimes de la fête sont au nombre (le soixante‑dix et elles diminuent chaque jour. C'est un signe de destruction des nations, mâle à Pépoque du sanctuaire ‑ces sacriflees offerts les mettaient à l'abri des châtiments encourus ~. Ainsi la constatation (pont fait elle‑même conserve aux holocaustes de la solennité en question leur caractère humanitaire.

Mais on est allé plus loin encore dans cette voie. Oit a dit que ce nombre décroissant de victimes signifiait la diminution graduelle (les diverses religions et leur réduction à des formes plus lêgi­tiens (~) et il convient de remarquer que le nombre s'arrête à sept, ce qui, en acceptant cette interprétation, est encore une censé­eration de la pluralité et de la variété de, cultes, le judaïsme reconnaissant que Padoration de Dieu doit prendre des formes diverses adaptées au génie des différentes races et ‑à la nature du milieu, sans préjudice toutefois de l'auto générale dont Israël est le gardien et le modèle. Engages dans cette voie d'exégèse sym­bolique, nous ne voyous pas pourquoi il ne serait point logique (le songer êgalement à panification progressive et toujours plus complets du genre humain, sous Faction (lu principe de fraternité universelle enseignê par le judaïsme.

§ 2.

L'idée de religion universelle dans la eAIL~b,ation de la fête de Soucoet appardit plus nettement encore, lorsque l'on considère l'époque de l'année choisie pour cette solennité et pour les sacrifices offerts en faveur de l'humanité. C'était évidemment le moment Dû

N.ooo.,, v'r', 18.

Mi.~.ê K.U~,ffi, S.~t. B,, p. 108.

@553 Patinée commenlalit. Il résulte de la Bible 61le‑MêMe que l'année ci­vile des lfêbteux s'ouvrait avec le mois de Tisekii qui est, le septième de Fanté, religieuse et que le premier jour de ce mois était tout naturellement le jour (le l'an, ainsi que la Synagogue le emmenait aujourd'Imi, d'autant mieux que ce premier jour de Tisokri est un jour de fête solennelle institué par Moïse, mais dont IlEcriture n'indique pas le motif.

il n'est pas moins établi que le commencement de l'année se prolongeait jusqu'it Kippour, comme le prouvent la libération des esclaves, celle des débiteurs, le repos de la terre, le retour des possessions, toutes choses dont la proclamation était faite ce jour‑là. C'était donc toute une série déjours qui constituait la période du début de l'année et à, (jeux reprises dans le Pentateuque, Moise laisse entendre que cette période s'étend jusqu'à Sommai, lorsque, parlant de la fête des Tabernacles, il en fixe la date « à la fin de l'année « on ~ au retour de l'année (') >.

cette manière de considérer le commencement de l'année com­mous, ainsi marqué par la célébration de la fête de Phamanitê, nous donne peut‑être l'explication du singulier silence que le Don­têronome garde sur les deux fêtes préliminaires de Roseh ARchana et de Kippour. Cellesci auraient formé une sorte d'introduction à, la fête de (11ôtura (2) dont la simple mention supposait ainsi les deux précédentes comme faisant partie d'nue même solennité (r.

On sait que les Hébreux: avaient une double fas~cm de calculer Patinée: le mois de Nissan, au printemps, solennisé par la emmené­moraillon de la sortie d'Egypte, marquait le début de l'année re. ligieuse spéciale à Israël; l'ouatés civile, qui comu:po:m~ait avec le mois de lïschri, était au contraire commune à tous les peuples y compris les Juifs. Comme les Gentils ne connaissaient que cette dernière année qui, semblable aux jours de la création, partait de Pëquinoxe d'automne, époque correspondant au soir dans l'ordre des saisons comme Nisan correspond à la pointe du jour, il était naturel que le judaïsme la consacrât par dom solennités religieuses d'un caractère essentiellement cosmopolite et nous venons de voir que la fête de souccist, avec ses sacrifices offerts pont toutes les

~1> E,~de, 16, x,,,,, 22‑

LMlu"~ xxw, 36, N,.ho,~ 35.

Ce .,~, a, ose a. clôt.,e a..ê nu h.itib.e j.~ a. s~,t est p~ emantent celui qui eert à d~igner le dernier jour de la Pâqae. tenter. xvi, 8.

@555 nations du monde, témoigne de la place considérable que l'humanité tout entière occupe dans la pensée hébraïque.

Il est curieux de constater comment les croyances ch,hiennes arrivent par des voles détournées à un résultat analogue. ]Un thêo­logien protestant, après avoir étudié les solennités eb,ëtionos de de Pâques et de Pentecôte et leurs rapports avec les fêtes juives do même nom, ajoute ce qui soit: ~ En ce qui concerne les Tw berna,les, nous Warens pas encore de fête qui y corresponde, mais lorsque les temps seront accomplis et que nous nous trouverons enfin dans les conditions requises, nous eêlêbrerons aussi très solennellement cotte fête. La vie présente, cest, pour l'humanité, la vie au désert qui, comme celle des Israélites après leur sortie d'Egypte, a une Pâque et une Pentecôte, mais qui n'a pas encore de fête des Tabernacles, Mloni ayant été précisément i,8tituêo en souvenir de cette vie errante du désert. Il s'ensuit que les Souccot des Gentils ne pourront être célébrées qu'â 17êpoquA de la résurrection (c1es~â‑dira pour nous aux temps messianiques) 0) ~.

(1) L,, De. Allhuae., se. 65‑66.

References