Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Paganisme oriental"

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PAGANISME ORIENTAL.
  
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Il nous reste à comparer les idées du paganisme oriental avec la doctrine hébraïque. Les plus caractéristiques sont sans contredit celles qui nous viennent de l'Inde. On sait à quel degré de perfection surhumaine peuvent atteindre les maints personnages des religions de ce pays; on connaît l'hébraïsme de leurs vertus, leurs prodigieuses abstinences et le respect, la crainte même qu'ils arrivent à inspirer aux dieux eux-mêmes. Il y a là un aspect si particulier de la foi religieuse qu'on a cru pouvoir l'opposer précisément à celui des religions sémitiques: «Selon les idées sémitiques, nous dit-on, les grands personnages peuvent certes opérer des prodiges, mais leur puissance dépend seulement de l'Eternel dont ils sont séparés par un abîme et qui, s'il retire d'eux sa main, peut les précipiter dans le néant. Dans l'Inde au contraire le ciel ne leur est pas inaccessible ». Il y a lieu de rechercher si ce jugement porte sur les saints ou justes de l'hébraïsme est exact et ensuite, si cette domination sur la nature à laquelle parviennent les mystiques bouddhistes peut-être assimilée à celle que le judaïsme biblique et rabbinique promet à l'homme.
  
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Pour nous, la réponse à l'une et à l'autre question se trouve dans la distinction entre Dieu et les dieux, distinction légitime et nécessaire même dans le panthéisme, sauf peut-être à substituer au mot Dieu celui d' Unité ou de grand Tout. Si on l'admet, tout devient parfaitement intelligible. Il est bien vrai que chez les Sémites le saint n'est rien, si Dieu vient à l'abandonner ; mais pourquoi cela? Précisément parce que le sémite est unitaire et que nulle créature ne peut se vanter de compter pour quelque chose en face de l'Unité absolue. Mais dès qu'il est mis en rapport avec l'univers, la nature, la pluralité, avec le domaine des forces finies, anges, puissances célestes ou dieux en un mot, aussitôt sa <ref> Page 373 </ref> grandeur apparaît. Le juste que le Talmud proclame plus grand que le ciel et que la terre, le saint qui, d'après les Rabbins, est l'associé de Dieu, est supérieur non seulement à la nature, mais aux anges et aux dieux.
  
Il nous reste à comparer les idées du paganisme oriental avec la doctrine hébraïque. Les plus caractéristiques sont sans contredit celles qui nous viennent de l'Inde. On mit 1 quel degré de per­fection surhumaine peuvent atteindre les maints personnages des religions de ce pays; on connaît Ilbéroisme de leurs vertus, leurs prodigieuses abstinences At le respect, la crainte même qu'ils ar­rivent à inspirer aux dieux eux‑mêmes. Il y a la un aspect si particulier de la foi religieuse qu?on a cru pouvoir l'opposer pré­,iséenomit à celui des religions sémitiques: ~ Selon les idées sémi. tiques, nous dit‑on, les.grands personnages peuvent certes opérer des prodiges, mais leur puissance dépend seulement de IlEternel dont ils sont séparés par un abîme et qui, Wil retire d'eux sa main, pont los précipiter dans le néant. Dans l'Inde au contraire le ciel ne leur est pas inaccessible ». Il y a lieu de rechercher si ce jugement ports sur les saints ou justes de l'hébraïsme est exact et ensuite, si cette domination sur la nature à, laquelle parviennent les mystiques bouddhistes peut être assimilée à celle que le judaïsme biblique et rabbinique promet à, l'homme.
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Nous convenons qu'aux yeux des saints du bouddhisme la nature est bien petite, puisque nous les voyons souvent traiter d'égal chacun de leurs dieux qui ne sont que les forces naturelles divinisées. Mais on n'aura aucune peine à saisir la différence entre cette attitude et celle que le judaïsme nous propose. Le saint hindou n'est qu'un thaumaturge; le saint israélite peut être un thaumaturge, mais il est avant tout un homme. Le but du premier n'est pas d'améliorer, de perfectionner la nature, encore moins de s'en servir; il la domine sans la dompter ni la discipliner. Le second au contraire n'est point un magicien capricieux qui ne cherche qu'à faire parade de sa force; ce qu'il a en vue, c'est avant tout l'ordre moral, social, humanitaire; chez lui le surnaturel s'harmonise avec la nature qu'il ne veut point détruire, mais corriger. La supériorité de l'ascète bouddhiste disparaît dès qu'il est mis en face de Dieu, de l'Unité, du Grand Tout et non plus des dieux ou forces naturelles, comme disparaît dans l'hébraïsme l'infériorité du juste quand il est en présence non pas du Dieu unique, mais des dieux ou anges, c'est-à-dire de la Nature et de ses forces. C'est que, comme nous avons eu l'occasion de le faire remarquer dans la première partie de cet ouvrage, le point de vue habituel du judaïsme, c'est le monothéisme pur, tandis que tout ce qui concerne la pluralité divine, entendue dans le sens que nous avons dit, demeure secret, exceptionnel. Dans le paganisme au contraire, c'est le polythéisme qui forme le fond des croyances générales; l'idée de l'unité divine est réservée à une élite. En un mot ce qui est exotérique chez l'un est ésotérique chez l'autre et il y a là, croyons-nous, la clef de plusieurs énigmes historiques sur lesquelles nous n'avons pas à insister ici.
  
Pour nous, la réponse à l'une et à l'autre question se trouve dans la distinction entre Dieu et les dieux, distinction légitime et nécessaire même dans le panthéisme, sauf peat~être à substituer au mot Dieu celui dl Unité on de grand Tout. Si on l'admet, tout devient parfaitement intelligible. Il est bien vrai que chez les Sémites le saint n'est rien, si Dieu vient à l'abandonner ; mais pourquoi celal Précisément parce que le sémite est unitaire et que nulle créature ne peut se vanter de compter pour quelque chose en face de PlJuité, absolue. Mais dès qu'il est mis en rapport avec l'univers, la nature, la pluralité, avec le domaine des forces finie$, anges, puissances célestes on dieux en un mot, aussitôt ma
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Il est donc arrivé tout naturellement qu'en établissant la comparaison entre le judaïsme et le paganisme oriental dans cette question de la sainteté et de ses manifestations extérieures, comme pour tant d'autres questions, on s'est borné à étudier ce qui est exotérique de part et d'autre et ainsi on n'a pu saisir que les différences apparentes, tandis que lorsqu'on tient compte de la doctrine ésotérique propre à chacune de ces religions et qui correspond précisément à ce qui, dans l'autre, fait partie de l'enseignement <ref> Page 374 </ref> public, on voit apparaître le fond commun et se reconstituer la ressemblance. Nous dirons même que l'on aurait obtenu un résultat analogue si, tout en négligeant l'ésotérisme hébraïque, on avait du moins mieux approfondi la conception juive des miracles, se souvenant par exemple de la définition d'Ibn Ezra qui dit que c'est quand la partie s'unit au tout qu'elle produit dans le tout des signes et des prodiges. Cela nous ramène en effet bien près de la théosophie et des miracles des saints de l'Hindoustan.
 
 
 
 
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grandeur appardit. Le juste que le Talmud proclame plus grand que le ciel et que la terre, le saint qui, d'après les Rabbins, est l'associé de Dieu, est supérieur non seulement à la nature, mais aux anges et aux dieux.
 
 
 
Nous convenons qu'aux yeux des saints du bouddhisme la nature est bien petite, puisque nous les voyous souvent traiter d'êgal chacun de leurs dieux qui ne sont que les forces naturelles divi­muées. Mais on n'aura aucune peine à saisir la différence entre cette attitude At celle que le judaïsme nous propose. Le, saint hindou n'est qWwn thaumaturge; le saint israélite peut être un thaumaturge, mais il est avant tout un homme. Le but du premier West pas d'améliorer, (le perfectionner la nature, encore moins (le s'on servir; il la domine sans la dompter ni la discipliner. Le second au contraire n'est point ne magicien capricieux qui ne cherche qu'a faire parade de sa force; ce qu'il a A, vue, cest avant tout Perdre moral, social, humanitaire; chez lui ]A surnaturel 81h,r~ nocarisA avec la nature TWil ne veut point détruire, mais corriger. La supériorité de l'ascète bouddhiste disparaît dès qu'il est mis en face de Dhw, de l'Unitê, du Grand Tout et non plus des dieux ou forces naturelles, comme disparaît dans ]'hébraïsme lljnfêrioriLé du juste quand il est en présence non pas du Dieu unique, mais des dieux ou anges, c'estâ.dirA do la Nature et de ses forces. ("est que, comme nous avons en l'occasion (Io le faire remarquer dans la première partie de cet ouvrage, le point de vue habituel d, judaïsme, c'est le monothéisme pur, taudis que tant ce qui concerne la pluralitê divine, entendue dans le sens que nous avoue dit, demeure secret, exceptionnel. Dans le paganisme an contraire, c'est le polythéisme qui forme le fond des croyances générales; l'idée de Fondé divine est réservée .a une élite. En un mot ce qui col, exotérique chez Fun est êsotêrique chez l'autre et il y a la, croyons­nous, la clef de plusieurs énigmes historiques sur lesquelles nous n'avons pas à insister Ira.
 
 
 
Il est donc arrivé tout naturellement qu'en établissant la cent­paraison entre le judaïsme At le paganisme oriental dans cette question de la sainteté et de ses manifestations extérieures, comme pour tant d'autres questions, ait s'est borné il étudier ce qui est exotérique de part et d'autre et ainsi on n'a pu saisir que les différences apparentes, taudis que lorsqu'on lient compte de la doctrine esotérique propre à, chacone de ces religions et qui cor­respond précisément à ce qui, dans l'autre, fait partie de Pûnsei~
 
 
 
 
 
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Latest revision as of 16:17, 13 October 2010

§ 2.

PAGANISME ORIENTAL.

Il nous reste à comparer les idées du paganisme oriental avec la doctrine hébraïque. Les plus caractéristiques sont sans contredit celles qui nous viennent de l'Inde. On sait à quel degré de perfection surhumaine peuvent atteindre les maints personnages des religions de ce pays; on connaît l'hébraïsme de leurs vertus, leurs prodigieuses abstinences et le respect, la crainte même qu'ils arrivent à inspirer aux dieux eux-mêmes. Il y a là un aspect si particulier de la foi religieuse qu'on a cru pouvoir l'opposer précisément à celui des religions sémitiques: «Selon les idées sémitiques, nous dit-on, les grands personnages peuvent certes opérer des prodiges, mais leur puissance dépend seulement de l'Eternel dont ils sont séparés par un abîme et qui, s'il retire d'eux sa main, peut les précipiter dans le néant. Dans l'Inde au contraire le ciel ne leur est pas inaccessible ». Il y a lieu de rechercher si ce jugement porte sur les saints ou justes de l'hébraïsme est exact et ensuite, si cette domination sur la nature à laquelle parviennent les mystiques bouddhistes peut-être assimilée à celle que le judaïsme biblique et rabbinique promet à l'homme.

Pour nous, la réponse à l'une et à l'autre question se trouve dans la distinction entre Dieu et les dieux, distinction légitime et nécessaire même dans le panthéisme, sauf peut-être à substituer au mot Dieu celui d' Unité ou de grand Tout. Si on l'admet, tout devient parfaitement intelligible. Il est bien vrai que chez les Sémites le saint n'est rien, si Dieu vient à l'abandonner ; mais pourquoi cela? Précisément parce que le sémite est unitaire et que nulle créature ne peut se vanter de compter pour quelque chose en face de l'Unité absolue. Mais dès qu'il est mis en rapport avec l'univers, la nature, la pluralité, avec le domaine des forces finies, anges, puissances célestes ou dieux en un mot, aussitôt sa [1] grandeur apparaît. Le juste que le Talmud proclame plus grand que le ciel et que la terre, le saint qui, d'après les Rabbins, est l'associé de Dieu, est supérieur non seulement à la nature, mais aux anges et aux dieux.

Nous convenons qu'aux yeux des saints du bouddhisme la nature est bien petite, puisque nous les voyons souvent traiter d'égal chacun de leurs dieux qui ne sont que les forces naturelles divinisées. Mais on n'aura aucune peine à saisir la différence entre cette attitude et celle que le judaïsme nous propose. Le saint hindou n'est qu'un thaumaturge; le saint israélite peut être un thaumaturge, mais il est avant tout un homme. Le but du premier n'est pas d'améliorer, de perfectionner la nature, encore moins de s'en servir; il la domine sans la dompter ni la discipliner. Le second au contraire n'est point un magicien capricieux qui ne cherche qu'à faire parade de sa force; ce qu'il a en vue, c'est avant tout l'ordre moral, social, humanitaire; chez lui le surnaturel s'harmonise avec la nature qu'il ne veut point détruire, mais corriger. La supériorité de l'ascète bouddhiste disparaît dès qu'il est mis en face de Dieu, de l'Unité, du Grand Tout et non plus des dieux ou forces naturelles, comme disparaît dans l'hébraïsme l'infériorité du juste quand il est en présence non pas du Dieu unique, mais des dieux ou anges, c'est-à-dire de la Nature et de ses forces. C'est que, comme nous avons eu l'occasion de le faire remarquer dans la première partie de cet ouvrage, le point de vue habituel du judaïsme, c'est le monothéisme pur, tandis que tout ce qui concerne la pluralité divine, entendue dans le sens que nous avons dit, demeure secret, exceptionnel. Dans le paganisme au contraire, c'est le polythéisme qui forme le fond des croyances générales; l'idée de l'unité divine est réservée à une élite. En un mot ce qui est exotérique chez l'un est ésotérique chez l'autre et il y a là, croyons-nous, la clef de plusieurs énigmes historiques sur lesquelles nous n'avons pas à insister ici.

Il est donc arrivé tout naturellement qu'en établissant la comparaison entre le judaïsme et le paganisme oriental dans cette question de la sainteté et de ses manifestations extérieures, comme pour tant d'autres questions, on s'est borné à étudier ce qui est exotérique de part et d'autre et ainsi on n'a pu saisir que les différences apparentes, tandis que lorsqu'on tient compte de la doctrine ésotérique propre à chacune de ces religions et qui correspond précisément à ce qui, dans l'autre, fait partie de l'enseignement [2] public, on voit apparaître le fond commun et se reconstituer la ressemblance. Nous dirons même que l'on aurait obtenu un résultat analogue si, tout en négligeant l'ésotérisme hébraïque, on avait du moins mieux approfondi la conception juive des miracles, se souvenant par exemple de la définition d'Ibn Ezra qui dit que c'est quand la partie s'unit au tout qu'elle produit dans le tout des signes et des prodiges. Cela nous ramène en effet bien près de la théosophie et des miracles des saints de l'Hindoustan.


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  2. Page 374