Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Paternité spirituelle d'Abraham"

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PATERNITÉ SPERITUELLE D'ABRAHAM.
  
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« On ne t'appellera plus Abram, dit le Seigneur, mais ton nom sera Abraham, car je te rendrai père d'nue multitude de nations <ref> Genèse, XVII, 5 </ref>» . Il ne saurait être question dans cette phrase simplement des familles ou tribus composant Israël ou des Ismaélites et Edomites <ref> Page 437 </ref>auxquels le patriarche devait donner naissance. La promesse est faite d'une façon trop solennelle pour cela. Lorsqu'il s'agit d'Ismaël l'expression est en effet toute différente: «  Il engendrera douze princes, dit le texte sacré, et je ferai de lui une grande nation <ref> Ibid, XVII, 20. </ref> ».
  
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Que faut-il donc entendre par cette paternité promise à Abraham? Quelque chose de bien plus grand sans aucun doute. Maïmonide dit que cela signifie qu'il a enseigné la vraie foi aux Gentils ou encore que toutes les nations sont destinées à se ranger sous sa bannière, à entrer par conséquent dans sa famille spirituelle et à devenir ses enfants d'adoption. Les anciens Rabbins ne l'ont pas compris autrement. Nous lisons dans le Talmud que le prosélyte dira comme l'Israélite de naissance, en portant au Temple les prémices de ses champs: « Regarde, ô Dieu, du haut de ta céleste demeure, et bénis ton peuple d'Israël  et la terre que tu nous a donné comme tu l'avais juré à nos pères ». Il appellera donc Abraham son père, ajoute le Talmud, car Abraham a été appelé par Dieu le père d'une multitude de nations ou, comme dit le <i>Midrasch</i> de toutes les nations.
  
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Il est impossible de méconnaître le lien étroit qui rattache la promesse faite à Abraham à cette autre bénédiction dont il est également l'objet de la part de Dieu et qui a donne lieu à tant de controverses: « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi <ref> Genèse, XII, 3. </ref>» . De quelque façon que l'on entende ce texte,  il prouvera du moins toujours que la pensée de l'écrivain sacré, la pensée hébraïque embrassait déjà tout l'horizon de l'humanité. Dès lors il ne peut être question de rétrécir l'interprétation de la paternité d'Abraham, comme si la promesse qui lui est faite ne pouvait, sans jurer avec le contexte, comporter une aussi vaste conception. Sans doute il y a dans cette promesse quelque chose de plus que l'idée pourtant si large d'une paternité spirituelle s'étendant à tous les peuples; nous y découvrons celle d'une fraternité humaine, d'une unité dont Israël doit être le centre. Mais il suffit d'un peu d'attention pour voir que la même conception se trouve déjà implicitement contenue dans cette assurance formée au patriarche hébreu que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui. <ref> Page 438 </ref>Certes, pour que l'humanité arrive à considérer Israël comme un modèle enviable, il ne suffirait point qu'il eût atteint un degré de grandeur, de puissance, de prospérité matérielles supérieur à celui des plus grands empires. Cela ne pouvait rentrer dans les aspirations de l'hébraïsme, d'abord parce que tous ces biens possédés dans une plus ou moins large mesure par ses ennemis politiques et religieux n'auraient pu passer à leurs yeux pour un exemple de bénédiction spéciale, ensuite parce qu'il n' a jamais existé à aucune époque un peuple qui ait regardé ces biens comme les seuls désirables. La science, la religion, la vertu, les qualités morales, selon ce que chaque nation d'après son degré de culture pouvait entendre par ces mots, permettaient seules de donner une véritable valeur à ces avantages temporels et constituaient elles-mêmes les biens les plus éminents sans lesquels les autres ne devaient point avoir d'existence durable. On est donc bien forcé d'admettre que si le judaïsme prédit dès sa naissance que tous les peuples de la terre se considéreraient un jour comme bénis en lui, les biens moraux qu'il glorifiait au-dessus, sinon à l'exclusion de tous les autres, devaient figurer en première ligne dans l'accomplissement de cette bénédiction. On voit donc que c'est uniquement dans ce sens que tous les peuples devaient s'honorer de se dire fils d'Abraham et que la paternité promise au patriarche est une paternité spirituelle, parce que la foi dont il était l'apôtre était destinée à l'humanité tout entière.
  
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La Bible nous montre d'ailleurs comment Abraham a compris la bénédiction dont il était l'objet. Que signifie autrement son intercession en faveur de Sodome? Il ne se borne pas à demander la préservation de Lot et des siens; il s'efforce d'obtenir la grâce de tout le pays coupable. Ce chapitre du livre de la Genèse que tout le monde lit et admire, sans chercher à diminuer la portée de l'acte du patriarche hébreu, n'est certainement pas moins étonnant que la promesse qui lui est faite de voir un jour tous les peuples s'appeler ses enfants. La conduite d'Abraham révèle la véritable signification de cette prédiction. <ref> Page 439 </ref>
  
mites auxquels le patriarche devait donner naissance. La promesse est faite d'une façon trop solennelle pour cela. Lorsq',il s'agit d'Ismaël l'expression est en effet toute différents: ~ Il engendrera douze princes, dit le texte sacré, et je ferai de loi une grande nation (i) >.
 
 
Que faut‑il donc entendre par cette paternité promise à Abra. beau 1 Quelque chose de bien plus grand sans aucun doute. Mm~ comble dit que cela signifie ildil a enseigné la vrais foi aux Gentils ou encore que toutes les nations sont destinées à sa ronger sous sa bannière, à entrer par conséquent dans sa famille spiri­tuelle et à devenir ses enfants d'adoption. Lm anciens Rabbins ne l'ont pas compris autrement. Nous lisons dans le Talmud que le prosélyte dira comme IlIsraëlite de naissance, en portant au Temple les prémices de ses champs: . Regarde, ô Dieu, do haut de ta céleste demeure, et bénie ton peuple dIsraël et la terre que tu noua a dmn~e comme tu l'avais juré à nos pères >. Il appellera donc Abraham son père, ajoute le Talmud, car Abraham a été appelé par Dieu le père duns multitude de nations ou, comme dit le Midirasch, de toutes les nations.
 
 
Il est impossible de méconnaître le lien étroit qui rattache la promesse faite à Abraham à cette autre bénédiction dont il est également Vobjet de la part de Dieu et qui a donne lieu à tant de controverses: ~ Toutes les familles de la terre seront bénies en toi (') ~. DA quelque façon que l'on entende ce tûxte~ il prouvera du moins toujours que la pensée de l'écrivain sacré, la pensée h6braïquA embrassait déjà tout l'horizon de l'humanité. Des lors il ne peut être question de rétrécir l'interprétation de la paternité d'Abraham, comme si la promesse qui lui est faite ne pouvait, sans jurer avec le contexte, comporter une aussi vaste conception. Sans doute il y a dans cette promesse quelque chose de plus que l'idée pourtant si large d'une paternité spirituelle s'étendant à tous les peuples; nous y découvrons celle d'une fraternité hu­maine, dune unité dont Israël doit être le centre. Mais il saint d'ou, peu d'attention pour voir que la même conception se trouve déjâ implicitement contenue dans cette assurance formés au pa, triamhe hébreu que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui.
 
 
 
 
p~ Ibid, xvn, 20.
 
 
 
Certes, pour que l'humanité arrive à considérer Israël romans un modèle enviable, il ne suffirait point qu'il eût atteint un degré de grandeur, de puissance, de prospérité matérielles supérieur àcelui des plus grands empires. Cela je, pouvait rentrer dons les aspirations de phébraisme, d'abord parce que tous ces biens pas­8édêo dans une pins ou moins large mesure par ses ennemis poli­tiques et religieux n'auraient pu passe, à leurs ym,x pour un exemple de bénédiction spéciale, ensuite parce qu'il n~a jamais existê à aucune époque un peuple qui ait regardé ces biens comme les seuls désirables. La science, la religion, la vertu, les qualité$ morales, selon es que chaque nation d'après son degré de culture pouvait entendre par ces mots, permettaient seules de donner une véritable valeur à ces avantagea temporels et constituaient elles­mêmes les biens les plus éminents sans lesquels les autres ne devaient point avoir d'existence durable. On est doue bien forc6 d'admettre que si le jaUisme prédit des sa naissance que tous les peuples de la terre se considéreraient un jour comme bénie en lui, les biens moraux qu'il glorificit au‑dessus, sinon à I1ex~ clusion de tous les autres, devaient Il garer en pomiè,A ligne dans l'accomplissement de cette bénédiction. On voit dose que c'est uniquement dans ce sens que tous les peuples devaient s'honorer de se dire fils d'Abraham et que la paternité promise au patriarche est une paternité spirituelle, parce que la foi dont il était l'apôtre était destinée à rhumanité tout entière.
 
 
La Bible nous montre d'ailleurs comment Abraham a compris la bénédiction dont il était Vobjet, Que signifie autrement son intercession en faveur de Sodome 1 Il ne se borne pas à demander la préservation de Lot et des siens; il s'efforce d'obtenir la grâce de tant le pays coupable. Ce chapitre du livre de la Osasse que tact 1, moud, lit et admire, sacs chercher à diminuer la portée de l'acte du patriarche hébreu, n'est certainement pas moins êtm,~ nant que la promesse qui lui est faite de voir un je,, tous les peuples s'appeler ses enfants. La conduite d'Abraham révèle W véritable signification de cette prédiction.
 
 
 
 
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Il existe on psaume qui, à notre avis, peut servir de commen­taire à la vocation d'Abraham. C'est le ce psaume qui commence par ces mots: ~ Parole de IlEtoricel à mou Seigneur: Assieds~toi à ma droite ~. 011 sait le sens que lui ont donné les exêgùtes chrétiens. D'autres ont voulu y voir la glorification de la royauté de David. Et cependant il y a un verset qui ne peut se prêter à aucune de ces interprêbtions. C'est cehd~ci: « L'Etemel l'a juré et il ne s'en repentira point. Tu es prêtre pour toujours selon la parole de Molchisêdek ~.
 
 
Ce dernier nom n'est‑il pas ans révélatioul Il ne peut être question de rapprocher David de Malchisinlek et l'idée de sacer. doce exprimée dans ce texte ne loi est pas davantage applicable. Le psalmiste n'a pu d'ailleurs se décorner à, lui‑même le titre de Seigneur, tandis que ce nom est très naturel dans la bouche de David parlant d7Abraham. Quant au Melebisédek dont il est ques­tion. ce ne peut être que ce roi de Salem qui, il faut bien le remarquer, n'a eu de rapport avec lhébraïsme que par Abraham seulement et la qualité de prêtre, cokes, évoquée par le psomne est bien celle par laquelle IlBeritum caractérise le roi pontife et qui a passé de plein droit à A bruinera, car le sacerdoce qui était légitimement représenté par les Gentils avant l'élection d'Israël, se trouve transmis su premier pgtriarche juif, des que Dieu le constitue le père d'ou peuple appelé à remplir dans l'humanité les fonctions sacerdotales. Or, si l'idée que la Bible nous donne d'Abraham est celle d'un prêtre, ne S'ensuit‑il pas qu'à cette qualité se trouvent rattaches le rôle et la mission d'instruire et de convertir les Gentils?
 
 
Il n'y a qoMn seud mot qui parait, à première vue, en contra, diction avec le sens que nous croyons devoir donner à es psaume. C'est celui de Sion: « L'Eternel étendra de Sion le sceptre de la puissance ». Comment, dira‑t‑on, peut‑il être question de Sion au temps de Molchisédek, puisque Sion n'existait pas encore, au moins sous cette dénomination 1 Il suffit cependant d'examiner un autre passage des Psaumes dans le parallélisme hébraïque, pour voir que le moud de Sion est pris comme synonyme de SaIeoa~ ~ Son
 
 
 
 
e~ACTàRE UNFVERSEL DE L& LOI                                  441
 
 
tabernacle est à Salem et sa demeure en Sion () >. La vérité est que de même qu'on a donné à la Jérusalem d'Israël l'ancien nom de Salem, de même aussi l'êerivain encré n'a pas craint d'appeler la jêvusalma payerme du nom plus moderne de Sion. Ce dernier nom paraît d'ailleurs remonter à une haute antiquité, puisqu'il est question dans un passage des Rois de z la ville de David qui est Sion ~) ~.
 
 
Rien ne s'oppose donc à ce que ce psaume soit appliqué à Abraham et la parole do chantre sacré: ~ Tu es prêtre pour toujours 1 ~ est un êloquent commentaire de la promesse de Dieu au patriarche que toutes les familles de la loue seraient bénies par lui.
 
  
 
==References==
 
==References==

Latest revision as of 15:57, 18 October 2010

§ 2.

PATERNITÉ SPERITUELLE D'ABRAHAM.

« On ne t'appellera plus Abram, dit le Seigneur, mais ton nom sera Abraham, car je te rendrai père d'nue multitude de nations [1]» . Il ne saurait être question dans cette phrase simplement des familles ou tribus composant Israël ou des Ismaélites et Edomites [2]auxquels le patriarche devait donner naissance. La promesse est faite d'une façon trop solennelle pour cela. Lorsqu'il s'agit d'Ismaël l'expression est en effet toute différente: «  Il engendrera douze princes, dit le texte sacré, et je ferai de lui une grande nation [3] ».

Que faut-il donc entendre par cette paternité promise à Abraham? Quelque chose de bien plus grand sans aucun doute. Maïmonide dit que cela signifie qu'il a enseigné la vraie foi aux Gentils ou encore que toutes les nations sont destinées à se ranger sous sa bannière, à entrer par conséquent dans sa famille spirituelle et à devenir ses enfants d'adoption. Les anciens Rabbins ne l'ont pas compris autrement. Nous lisons dans le Talmud que le prosélyte dira comme l'Israélite de naissance, en portant au Temple les prémices de ses champs: « Regarde, ô Dieu, du haut de ta céleste demeure, et bénis ton peuple d'Israël et la terre que tu nous a donné comme tu l'avais juré à nos pères ». Il appellera donc Abraham son père, ajoute le Talmud, car Abraham a été appelé par Dieu le père d'une multitude de nations ou, comme dit le Midrasch de toutes les nations.

Il est impossible de méconnaître le lien étroit qui rattache la promesse faite à Abraham à cette autre bénédiction dont il est également l'objet de la part de Dieu et qui a donne lieu à tant de controverses: « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi [4]» . De quelque façon que l'on entende ce texte, il prouvera du moins toujours que la pensée de l'écrivain sacré, la pensée hébraïque embrassait déjà tout l'horizon de l'humanité. Dès lors il ne peut être question de rétrécir l'interprétation de la paternité d'Abraham, comme si la promesse qui lui est faite ne pouvait, sans jurer avec le contexte, comporter une aussi vaste conception. Sans doute il y a dans cette promesse quelque chose de plus que l'idée pourtant si large d'une paternité spirituelle s'étendant à tous les peuples; nous y découvrons celle d'une fraternité humaine, d'une unité dont Israël doit être le centre. Mais il suffit d'un peu d'attention pour voir que la même conception se trouve déjà implicitement contenue dans cette assurance formée au patriarche hébreu que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui. [5]Certes, pour que l'humanité arrive à considérer Israël comme un modèle enviable, il ne suffirait point qu'il eût atteint un degré de grandeur, de puissance, de prospérité matérielles supérieur à celui des plus grands empires. Cela ne pouvait rentrer dans les aspirations de l'hébraïsme, d'abord parce que tous ces biens possédés dans une plus ou moins large mesure par ses ennemis politiques et religieux n'auraient pu passer à leurs yeux pour un exemple de bénédiction spéciale, ensuite parce qu'il n' a jamais existé à aucune époque un peuple qui ait regardé ces biens comme les seuls désirables. La science, la religion, la vertu, les qualités morales, selon ce que chaque nation d'après son degré de culture pouvait entendre par ces mots, permettaient seules de donner une véritable valeur à ces avantages temporels et constituaient elles-mêmes les biens les plus éminents sans lesquels les autres ne devaient point avoir d'existence durable. On est donc bien forcé d'admettre que si le judaïsme prédit dès sa naissance que tous les peuples de la terre se considéreraient un jour comme bénis en lui, les biens moraux qu'il glorifiait au-dessus, sinon à l'exclusion de tous les autres, devaient figurer en première ligne dans l'accomplissement de cette bénédiction. On voit donc que c'est uniquement dans ce sens que tous les peuples devaient s'honorer de se dire fils d'Abraham et que la paternité promise au patriarche est une paternité spirituelle, parce que la foi dont il était l'apôtre était destinée à l'humanité tout entière.

La Bible nous montre d'ailleurs comment Abraham a compris la bénédiction dont il était l'objet. Que signifie autrement son intercession en faveur de Sodome? Il ne se borne pas à demander la préservation de Lot et des siens; il s'efforce d'obtenir la grâce de tout le pays coupable. Ce chapitre du livre de la Genèse que tout le monde lit et admire, sans chercher à diminuer la portée de l'acte du patriarche hébreu, n'est certainement pas moins étonnant que la promesse qui lui est faite de voir un jour tous les peuples s'appeler ses enfants. La conduite d'Abraham révèle la véritable signification de cette prédiction. [6]


References

  1. Genèse, XVII, 5
  2. Page 437
  3. Ibid, XVII, 20.
  4. Genèse, XII, 3.
  5. Page 438
  6. Page 439