Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Philosophie as la doctrine de la coopération humaine"

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Philosophie de la doctrine de la coopération humaine.
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L'idée de la coopération de l'homme avec Dieu a‑t‑elle un fon. dement métaphysique? On n'en saurait douter, si l'on se souvient que, d'après PhAbraisme, l'homme est doué de libre arbitre et que, par eonsêquent, il a la faculté de seconder on de contrecarrer les desseins du Créateur, comme il en serait d'ailleurs de toutes les autres forces de Punivers, si elles possédaient la liberté. Il devient donc le coopérateur de Dieu, lorsqu'il agit conformément au plan de sa providence. On doit nécessairement admettre que, si l'homme est libre, il exerce une influence puissante soit en bien, soit en
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mal, d'après l'usage qu'il fait de son libre arbitre et ‑selon qu'il entre dans la réalisation des vues divines ou s'on écarte.
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Sous cette vérité si évidente, se cache le principe théosophique de l'action que l'homme exerce su, l'univers entier d'uns manière consciente ou inconsciente, en raison (le l'action qu'il exerce sur les choses connues ou sur le côté inconnaissable de la création. Comment en serait‑il autrement puisque au point de vue théologique la liberté, la volonté, l'âme elle‑même nous apparaissent par essence originairement et ‑substantiellement divines, comme un rayon, une partie et aussi comme une limitation de la toute‑paliciance de Dieul Il est impossible que dans cette relation si étroite avec l'UniversAl, avec l'pierrot, en que l'âme vent, ce qu'elle fait, demeure sans conséquence sur Fesisemble du créé. Et si la pensée humaine, comme tout Pindique, n'a sa source que dans ans perpétuelle coin­mumication, de l'Absolu, on ne conçoit pas que ce commerce intime et continu j~éla,gisse pas prodigieusement la sphère d'action de l'homme. On se rappelle ce que nous avons dit (') des consciences eoncentriquAs rentrant toutes les unes dans les autres ju8qu,â la Conscience divine qui les embrasse toutes. Or si cela est /
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Vrai, chacun comprend a quelle hauteur peut s'élever l'action de l'être humain que certains théologiens ont nommé, non sans raison, une pensée de Dieu, et qui est libre de coopérer à l'ordre universel on de le combattre.
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Et qu'on ne nous accuse pas d'absorber la nature humaine dans la nature divine, à force de l'élever, à l'exemple des gnostiques, des philosophes de l'école d'Alexandrie et des mystiques exagérés. Oui, l'homme est une pensée de Dieu, mais une pensée active, c'est‑à‑dire capable d'agir par elle‑même. Un écrivain, qui' n'est assurément pas un mystique, M. Havai, a dit, comme nous pour­rions le faire nous‑même: ~ Quand nous cherchons Dieu, c'est Dieu
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Cette idée de Finduence bienfaisante ou néfaste (le l'homme sur la création se retrouve, pariatmil, dans les croyances des Parsis et cela a inspiré à Minhelet une page d'un beau lyrisme, dans laquelle il célèbre la grandeur do ce chef de famille qui, levé en pleine nuit, quand la femme et l'enfant dorment, prononce devant le feu, les mots qui vivifient les mondes: « Quelle sera, dit‑il, la
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(~) Voir aussi « U mie Credo s dans Toologia                  e                    lo,r
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En, B ..... ~,,.gU,                                      Vboà, 1877, pg. 271.
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sainteté de celui qui se sent si nécessaire à l'existence des mondes! Dans le silence de minuit, sent il se sent d'accord avec toutes les tribus des pars qui, à, cette heure, disent aussi la même parole de vie (') . Et voici maintenant comment s'exprime, d'une manière moins fantaisiste et plus précise, un philosophe dont le raisonne. Iseut sérieux n'est pas moins impressionnant que l'élan de la poésie: « Je conçois, écrit Fichte, qu'il doit suffire. qu'une volonté quel­conque existe en tant que volonté, lors même qu'encore enfouie dans le mystère deurma intelligence... pour qu'elle devienne dans ce monde la cause et le centre commun (fous multitude de me­Mentions intellectuelles qui, partout de ce point, se répandent en ondulations variées jusqu'aux dernières limites des espaces intelligibles, absolument de la même façon que dans notre monde visible, au moindre mouvement de la plus petite portion des ou­fières se rattachent diverses séries d'autres mouvements qui vont rayonner aussi dans toute l'immensité de l'univers matériel... La loi du devoir est le point par où se fauchent le monde invisible et le monde visible, c'est le lien de tous deux; c'est le sens, l'organe au moyen duquel l'homme pont agi, dans la sphère qui demeure voilée pour ses yeux terrestres (~) ». 'font ce passage de Fichte est à méditer et on remarquers, certainement combien il est con­forme aux idées que noie& exposons. Cependant, lorsqu'il conclut que: ~ c'est à la seule condition de se conformer au devoir que les volontés des êtres finis ont prise sur la volonté infinie et que, en dehors de cette condition, elles sont pour cette dernière comme n'ayantjamais été (3) ., nous ferons observer qu'on ne conçoit pas comment l'acte de la volonté finie, daccord avec le devoir, peut affecter la volonté ilifillie, sans qu'en revanche il ait également prise sur cette volonté infinie, quoique dans un sens inverse, lorsqu'il est en contradiction avec le devoir. Ce n'est donc pas sur l'univers seulement qu'agit la volonté libre, &est sur Dieu lui‑même, s'il est permis de parler ainsi, en favorisant ou en cou­tractant l'accomplissement de ses desseins.
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Cette doctrine de la coopération de Phomme avec Dieu n1à rien qui ne s'accorde parfaitement avec la nature et l'origine divine (le l'esprit humain, car tout ce que l'homme fait comme être créé
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loto, ac                P. 85.
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D.M..U.. à.                          p. 187 t ,IV.
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lois, P. 320.
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à Pimage et à la ressemblance de Dim, il le fait pour poursuivre et compléter paction de Dieu dans le monde. Elle Roui explique en outre l'action que l'homme peut avoir sur ce que Fichte appelle la volonté infinie et es que la Kabbade nomme la Sahechina, le divin dans le monde, car en cas de rébellion de la volonté humaine, c'est la partie qui s'insurge contre le tout; c'est le royaume divisé contre lui‑même (i). Voilà comment devient intelligible, à, la lumière de cette même doctrine, tout ce que nous lisons dans la Bible et chez les Rabbins sur l'influence de l'homme sur le monde divin, tout ce qui nous est dit de la douleur ou de la joie quo les oeuvres humaines font éprouver à la Divinité, en un mot toutes les anthro­popathies. Nous eompronons enfin comment se eoncillent les textes bibliques en apparence contradictoires, les mis admettant, les autres niant cette influence des oeuvres de l'homme, car ceux‑là concernent l'âme du monde, la Schechina on immanence divine, tandis que ce~cî s'appliquent au Dieu transcendant, à l'idéal inaccessible aux vicissitudes de,la création.
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Il est une autre vérité que SUPPOSA la doctrine de la coopération humaine: c'est que la loi de Dieu et la loi de l'homme sont une seule et même loi, car eue coopération n'est Possible que si l'on s'inspire il" part et d'autre d'une même pensée et si Von suit une règle unique. Aussi voyous‑nous que tantôt c'est l'homme qui est invité à imiter Dieu, et tantôt c'est Dieu lui‑même qui exécute ce que Phomme est oblige de faire. Ce ne sont là que deux ma­nitres différentes d'exprimer cette idée de l'unité de la Loi. La première domine dans la Bible, tandis que les écrits des Rabbins nous présentent avec une égale autorité des exemples de l'une et de l'autre.
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Il n'est pas nécessaire de revenir ici sur l'imitation de Dieu imposée à l'homme comme un devoir. Nous signalerons seulement, à propos de l'autre face de cette vérité, 18 principe général qui a suggéré aux Docteurs tant d'applications, c'est que Dieu lui‑même observe la Loi (~). Une légende rabbinique nous montre Mutile qui
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        (~) AU.111. à un ma a. Jënil dl., 166 Ull.gil.: Mafthim, 'u, 25.
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Dm, la loblial., 1, 8,hoek1la mrb,                              1. .,, dl M,Ikh..t,
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trouve écrite au ciel la loi qWil copia pour son peuple et d'après mie autre baggada, inspirée par la même idée, les anges reven. diquaient aussi cette loi afin de Vobserver. Les Rabbins nous disent que la Loi a servi de plan, de modèle à la création, (~) ce qui au fond se rattache à, cette autre doctrine que les âmes humaines ont coopéré à, l'oeuvra des six jours, la loi de l'homme ayant commencé par être celle de Dieu et de l'univers.
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On sait que Voltaire, avant les critiques modernes, a dit que si Dieu a fait Phomme à son image, l'homme le lui a bien rendu ai d'autres unt soutenu, sous Due forma plus sérieuse, mais dans le même Bons, que la théologie n'est en définitive que de Fanthro­pologie. On a répondu à, cette accusation des athées que l'anthro­pologie est de la théologie, en ce sans que la conception subjective elle‑même que l'homme se forme de Dieu n'existerait pas, si l'Absola ne l'attirait pas à lui, s'il ne lui inspirait l'intuition de lui‑même, en un mot s'il n'y avait pas de Dieu objectif (2). C'est à peu près l'argument de Descartes, et sans doute il est parfaitement juste à sa place. Ici il nous suffira de faire observer ce que la science tend à, démontrer toujours davantage, à, savoir que la loi qui régit Funivers dans toutes ses parties, malgré la diversité des appli­cations, constitue un plan, un modèle unique, et que d'après Phé­braisme, il y a nue unité de dessein qui en commençant par Dieu arrive jusqu%it damier échelon des créatures. De la sorte il est aussi vrai de dire que la théologie est de l'anthropologie, comme Io veulent les athées qui croient par la fournir un argument favo­rable à leur thèse, que de renverser les termes de la proposition, car il est indifférent de partir d'ce, point ou d'un autre, puisque la voix qui, au plus haut des cieux, a prononcé le fiat créateur, se répercute de degré en degré sur toute l'échelle des êtres et que, pour emprunter le langage des Kabbalistes, la décade suprême comprenant les dix sqkirot, se reproduit jusque dans les créatures les plus infimes.
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(Jette unité de plan qui régit la création entière devient dans l'homme Une loi consciente et rationnelle et la coopération, àlaquelle il est appelé par sa nature, aboutit à une véritable cou­limitation de l'oeuvra créatrice, ce que le philosophe italien Gioberti
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B~,,Umt ~ ~ 2; Prov. Chap. vin. V. M.n..., C.tt.11~,, . dfflâ, p. 107.
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a fort justement appelé une concrêation. Aussi pleuvra de Phomme aequiert‑elle des caractères qui la rendent supérieure à la nature, celle‑ci n'étant qu'un effet de l'acte créatif, taudis que l'action humaine est la suite, l'achèvement et en nu sens le perfectionnement de cet acte lui‑môme. La toi créatrice, dans l'homme libre et colis. ôtent, poursuit l'oeuvre gênésiaque et elle doit triompher précisé. muni dans cette liberté humaine, qui n'est liberté véritable qu'à, la condition > d'intervenir dans la chaîne des causes et~ des effets naturels et d'en rompre la continuité, C'est un miracle permanent, mais il faut l'admettre ou nier la liberté elle‑même et ce que l'on a appelé, à proprement parler, le miracle lui‑même n'est pas autre chose que l'apparition intermittente de l'acte créatif, Pêche de 1, Genèse précédente et le prélude de celle qui doit suivre, reliant l'une à l'autre et êtâblissant l'unité entre les mondes.
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Pour contrebalancer la liberté humaine et rétablir l'équilibre qu'elle pourrait détruire, la liberté de la nature apparaît, comme lino manifestation de la Conscience infinie. Au point initial, cette Conscience infinie présida à la naissance du fini; au point de cou­version, la conscience finie à son tour produit le mouvement de retour vers l'lofai. La philosophie positiviste et hégélienne a raison quand elle dit que dans l'homme, c'est la nature qui prend conscience
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Seulement la nature, telle qu'elle existe aujourd'hui est on effet; les lois qui la constituent sont les résultats de certaines conditions et celles‑ci, qui sont des causes par rapport à ces résultats, sont en môme temps les effets de lois supérieures. Or, cette nature supérieure, cette satura natwanw, comme disaient les Anciçns, cette loi plus haute, plus universelle doit avoir pris conscience d'elle‑même pour créer la satura saturais qu4 à son tour, devient consciente dans l'homme, pour atteindre par lui sa perfection, revenir à, sa source, compléter l'oeuvre créatrice, dêve­lopper ce qu'elle possède en puissance et préparer la palingênêse. Alors se produira une fois encore, pour fonder le nouvel ordre de choses, un acte crêatif nouveau qui, grâce au travail accompli dans la Cebèse précédente, fera monter les existences à un degré sa­périeur. Cela revient à dire que l'homme est le rédempteur IlàRR nature, lorsque, travaillant sous l'inspiration du Verbe, du Logos incarne dans la Loi divine, il s'identifie avec son esprit et devient, dans le seul sens acceptable, l'homme‑dieu.
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L'HOMHE COOPËR~IUOR DE »M~U
  
 
==References==
 
==References==

Revision as of 12:11, 12 November 2009

Philosophie de la doctrine de la coopération humaine.


§ 1.


L'idée de la coopération de l'homme avec Dieu a‑t‑elle un fon. dement métaphysique? On n'en saurait douter, si l'on se souvient que, d'après PhAbraisme, l'homme est doué de libre arbitre et que, par eonsêquent, il a la faculté de seconder on de contrecarrer les desseins du Créateur, comme il en serait d'ailleurs de toutes les autres forces de Punivers, si elles possédaient la liberté. Il devient donc le coopérateur de Dieu, lorsqu'il agit conformément au plan de sa providence. On doit nécessairement admettre que, si l'homme est libre, il exerce une influence puissante soit en bien, soit en


(1) ,ignizwi Ifiti ‑r‑0 btz,‑Ill) ‑linq Mes


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mal, d'après l'usage qu'il fait de son libre arbitre et ‑selon qu'il entre dans la réalisation des vues divines ou s'on écarte.

Sous cette vérité si évidente, se cache le principe théosophique de l'action que l'homme exerce su, l'univers entier d'uns manière consciente ou inconsciente, en raison (le l'action qu'il exerce sur les choses connues ou sur le côté inconnaissable de la création. Comment en serait‑il autrement puisque au point de vue théologique la liberté, la volonté, l'âme elle‑même nous apparaissent par essence originairement et ‑substantiellement divines, comme un rayon, une partie et aussi comme une limitation de la toute‑paliciance de Dieul Il est impossible que dans cette relation si étroite avec l'UniversAl, avec l'pierrot, en que l'âme vent, ce qu'elle fait, demeure sans conséquence sur Fesisemble du créé. Et si la pensée humaine, comme tout Pindique, n'a sa source que dans ans perpétuelle coin­mumication, de l'Absolu, on ne conçoit pas que ce commerce intime et continu j~éla,gisse pas prodigieusement la sphère d'action de l'homme. On se rappelle ce que nous avons dit (') des consciences eoncentriquAs rentrant toutes les unes dans les autres ju8qu,â la Conscience divine qui les embrasse toutes. Or si cela est /

Vrai, chacun comprend a quelle hauteur peut s'élever l'action de l'être humain que certains théologiens ont nommé, non sans raison, une pensée de Dieu, et qui est libre de coopérer à l'ordre universel on de le combattre.

Et qu'on ne nous accuse pas d'absorber la nature humaine dans la nature divine, à force de l'élever, à l'exemple des gnostiques, des philosophes de l'école d'Alexandrie et des mystiques exagérés. Oui, l'homme est une pensée de Dieu, mais une pensée active, c'est‑à‑dire capable d'agir par elle‑même. Un écrivain, qui' n'est assurément pas un mystique, M. Havai, a dit, comme nous pour­rions le faire nous‑même: ~ Quand nous cherchons Dieu, c'est Dieu


Cette idée de Finduence bienfaisante ou néfaste (le l'homme sur la création se retrouve, pariatmil, dans les croyances des Parsis et cela a inspiré à Minhelet une page d'un beau lyrisme, dans laquelle il célèbre la grandeur do ce chef de famille qui, levé en pleine nuit, quand la femme et l'enfant dorment, prononce devant le feu, les mots qui vivifient les mondes: « Quelle sera, dit‑il, la


(~) Voir aussi « U mie Credo s dans Toologia e lo,r

En, B ..... ~,,.gU, Vboà, 1877, pg. 271.


L'EnaffIffE COÔPftnATEUR DE DIEU 363

sainteté de celui qui se sent si nécessaire à l'existence des mondes! Dans le silence de minuit, sent il se sent d'accord avec toutes les tribus des pars qui, à, cette heure, disent aussi la même parole de vie (') . Et voici maintenant comment s'exprime, d'une manière moins fantaisiste et plus précise, un philosophe dont le raisonne. Iseut sérieux n'est pas moins impressionnant que l'élan de la poésie: « Je conçois, écrit Fichte, qu'il doit suffire. qu'une volonté quel­conque existe en tant que volonté, lors même qu'encore enfouie dans le mystère deurma intelligence... pour qu'elle devienne dans ce monde la cause et le centre commun (fous multitude de me­Mentions intellectuelles qui, partout de ce point, se répandent en ondulations variées jusqu'aux dernières limites des espaces intelligibles, absolument de la même façon que dans notre monde visible, au moindre mouvement de la plus petite portion des ou­fières se rattachent diverses séries d'autres mouvements qui vont rayonner aussi dans toute l'immensité de l'univers matériel... La loi du devoir est le point par où se fauchent le monde invisible et le monde visible, c'est le lien de tous deux; c'est le sens, l'organe au moyen duquel l'homme pont agi, dans la sphère qui demeure voilée pour ses yeux terrestres (~) ». 'font ce passage de Fichte est à méditer et on remarquers, certainement combien il est con­forme aux idées que noie& exposons. Cependant, lorsqu'il conclut que: ~ c'est à la seule condition de se conformer au devoir que les volontés des êtres finis ont prise sur la volonté infinie et que, en dehors de cette condition, elles sont pour cette dernière comme n'ayantjamais été (3) ., nous ferons observer qu'on ne conçoit pas comment l'acte de la volonté finie, daccord avec le devoir, peut affecter la volonté ilifillie, sans qu'en revanche il ait également prise sur cette volonté infinie, quoique dans un sens inverse, lorsqu'il est en contradiction avec le devoir. Ce n'est donc pas sur l'univers seulement qu'agit la volonté libre, &est sur Dieu lui‑même, s'il est permis de parler ainsi, en favorisant ou en cou­tractant l'accomplissement de ses desseins.

Cette doctrine de la coopération de Phomme avec Dieu n1à rien qui ne s'accorde parfaitement avec la nature et l'origine divine (le l'esprit humain, car tout ce que l'homme fait comme être créé


loto, ac P. 85.

D.M..U.. à. p. 187 t ,IV.

lois, P. 320.


à Pimage et à la ressemblance de Dim, il le fait pour poursuivre et compléter paction de Dieu dans le monde. Elle Roui explique en outre l'action que l'homme peut avoir sur ce que Fichte appelle la volonté infinie et es que la Kabbade nomme la Sahechina, le divin dans le monde, car en cas de rébellion de la volonté humaine, c'est la partie qui s'insurge contre le tout; c'est le royaume divisé contre lui‑même (i). Voilà comment devient intelligible, à, la lumière de cette même doctrine, tout ce que nous lisons dans la Bible et chez les Rabbins sur l'influence de l'homme sur le monde divin, tout ce qui nous est dit de la douleur ou de la joie quo les oeuvres humaines font éprouver à la Divinité, en un mot toutes les anthro­popathies. Nous eompronons enfin comment se eoncillent les textes bibliques en apparence contradictoires, les mis admettant, les autres niant cette influence des oeuvres de l'homme, car ceux‑là concernent l'âme du monde, la Schechina on immanence divine, tandis que ce~cî s'appliquent au Dieu transcendant, à l'idéal inaccessible aux vicissitudes de,la création.


§ 2.


Il est une autre vérité que SUPPOSA la doctrine de la coopération humaine: c'est que la loi de Dieu et la loi de l'homme sont une seule et même loi, car eue coopération n'est Possible que si l'on s'inspire il" part et d'autre d'une même pensée et si Von suit une règle unique. Aussi voyous‑nous que tantôt c'est l'homme qui est invité à imiter Dieu, et tantôt c'est Dieu lui‑même qui exécute ce que Phomme est oblige de faire. Ce ne sont là que deux ma­nitres différentes d'exprimer cette idée de l'unité de la Loi. La première domine dans la Bible, tandis que les écrits des Rabbins nous présentent avec une égale autorité des exemples de l'une et de l'autre.

Il n'est pas nécessaire de revenir ici sur l'imitation de Dieu imposée à l'homme comme un devoir. Nous signalerons seulement, à propos de l'autre face de cette vérité, 18 principe général qui a suggéré aux Docteurs tant d'applications, c'est que Dieu lui‑même observe la Loi (~). Une légende rabbinique nous montre Mutile qui


       (~) AU.111. à un ma a. Jënil dl., 166 Ull.gil.: Mafthim, 'u, 25.

Dm, la loblial., 1, 8,hoek1la mrb, 1. .,, dl M,Ikh..t,

(') B.~"ht, ,p. L


L'Ho~ Cm0PÉ~TEUR DE DIEU 365

trouve écrite au ciel la loi qWil copia pour son peuple et d'après mie autre baggada, inspirée par la même idée, les anges reven. diquaient aussi cette loi afin de Vobserver. Les Rabbins nous disent que la Loi a servi de plan, de modèle à la création, (~) ce qui au fond se rattache à, cette autre doctrine que les âmes humaines ont coopéré à, l'oeuvra des six jours, la loi de l'homme ayant commencé par être celle de Dieu et de l'univers.

On sait que Voltaire, avant les critiques modernes, a dit que si Dieu a fait Phomme à son image, l'homme le lui a bien rendu ai d'autres unt soutenu, sous Due forma plus sérieuse, mais dans le même Bons, que la théologie n'est en définitive que de Fanthro­pologie. On a répondu à, cette accusation des athées que l'anthro­pologie est de la théologie, en ce sans que la conception subjective elle‑même que l'homme se forme de Dieu n'existerait pas, si l'Absola ne l'attirait pas à lui, s'il ne lui inspirait l'intuition de lui‑même, en un mot s'il n'y avait pas de Dieu objectif (2). C'est à peu près l'argument de Descartes, et sans doute il est parfaitement juste à sa place. Ici il nous suffira de faire observer ce que la science tend à, démontrer toujours davantage, à, savoir que la loi qui régit Funivers dans toutes ses parties, malgré la diversité des appli­cations, constitue un plan, un modèle unique, et que d'après Phé­braisme, il y a nue unité de dessein qui en commençant par Dieu arrive jusqu%it damier échelon des créatures. De la sorte il est aussi vrai de dire que la théologie est de l'anthropologie, comme Io veulent les athées qui croient par la fournir un argument favo­rable à leur thèse, que de renverser les termes de la proposition, car il est indifférent de partir d'ce, point ou d'un autre, puisque la voix qui, au plus haut des cieux, a prononcé le fiat créateur, se répercute de degré en degré sur toute l'échelle des êtres et que, pour emprunter le langage des Kabbalistes, la décade suprême comprenant les dix sqkirot, se reproduit jusque dans les créatures les plus infimes.

(Jette unité de plan qui régit la création entière devient dans l'homme Une loi consciente et rationnelle et la coopération, àlaquelle il est appelé par sa nature, aboutit à une véritable cou­limitation de l'oeuvra créatrice, ce que le philosophe italien Gioberti


B~,,Umt ~ ~ 2; Prov. Chap. vin. V. M.n..., C.tt.11~,, . dfflâ, p. 107.


366 rua

a fort justement appelé une concrêation. Aussi pleuvra de Phomme aequiert‑elle des caractères qui la rendent supérieure à la nature, celle‑ci n'étant qu'un effet de l'acte créatif, taudis que l'action humaine est la suite, l'achèvement et en nu sens le perfectionnement de cet acte lui‑môme. La toi créatrice, dans l'homme libre et colis. ôtent, poursuit l'oeuvre gênésiaque et elle doit triompher précisé. muni dans cette liberté humaine, qui n'est liberté véritable qu'à, la condition > d'intervenir dans la chaîne des causes et~ des effets naturels et d'en rompre la continuité, C'est un miracle permanent, mais il faut l'admettre ou nier la liberté elle‑même et ce que l'on a appelé, à proprement parler, le miracle lui‑même n'est pas autre chose que l'apparition intermittente de l'acte créatif, Pêche de 1, Genèse précédente et le prélude de celle qui doit suivre, reliant l'une à l'autre et êtâblissant l'unité entre les mondes.

Pour contrebalancer la liberté humaine et rétablir l'équilibre qu'elle pourrait détruire, la liberté de la nature apparaît, comme lino manifestation de la Conscience infinie. Au point initial, cette Conscience infinie présida à la naissance du fini; au point de cou­version, la conscience finie à son tour produit le mouvement de retour vers l'lofai. La philosophie positiviste et hégélienne a raison quand elle dit que dans l'homme, c'est la nature qui prend conscience

Seulement la nature, telle qu'elle existe aujourd'hui est on effet; les lois qui la constituent sont les résultats de certaines conditions et celles‑ci, qui sont des causes par rapport à ces résultats, sont en môme temps les effets de lois supérieures. Or, cette nature supérieure, cette satura natwanw, comme disaient les Anciçns, cette loi plus haute, plus universelle doit avoir pris conscience d'elle‑même pour créer la satura saturais qu4 à son tour, devient consciente dans l'homme, pour atteindre par lui sa perfection, revenir à, sa source, compléter l'oeuvre créatrice, dêve­lopper ce qu'elle possède en puissance et préparer la palingênêse. Alors se produira une fois encore, pour fonder le nouvel ordre de choses, un acte crêatif nouveau qui, grâce au travail accompli dans la Cebèse précédente, fera monter les existences à un degré sa­périeur. Cela revient à dire que l'homme est le rédempteur IlàRR nature, lorsque, travaillant sous l'inspiration du Verbe, du Logos incarne dans la Loi divine, il s'identifie avec son esprit et devient, dans le seul sens acceptable, l'homme‑dieu.


L'HOMHE COOPËR~IUOR DE »M~U

References