Israël et L'Humanité - Philosophie de l'angélologie hébraïque

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Philosophie de Ilangélologie hébraïque.


§ 1.


Il nous faut étudier maintenant les luttes entre les sacim dont la Bible miens offre plusieurs exemples. On sait qu'une idée ana­logue se retrouve dans toutes les mythologies ou l'an voit constata­ment les dieux en guerre les uns avec les autres. L'antagonisme perpétuel d'Ahura.‑Mazda et d'Ahriman nous offre le type le plus caractéristique de ce genre de mythes. Mais dans l'augélologie hébraïque, ce n'est pas Dieu lai‑même qui go trouve engagé directement dans la lutte, les Sadm seuls y figurant on bien, lorsque Dieu intervient, c'est, conformément aux conceptions monothéistes, pour exercer sa juridiction souveraine. Nous voyons alors l'ange d'Israël, Michaël, combattre pour son peuple ou plaider en sa f~ veuf devant le tribunal suprême. Parfois aussi c'est un homme, un saint, qui se mesure avec l'ange protecteur de son ennemi ~ ainsi en est‑il de la lutte que Jacob soutint à Peniel, vraisembla­blement avec l'ange gardien d'lisait

Il arrive également que ces luttes entre les anges n'Out aucune cause politique ou nationale. C'est ainsi par exemple que la tra­dition rabbinique nous montre les esprits célestes divisés entre


(~) G1oê~, 1.1o, 24‑30.


1,'M]%E DES ~ SARIX » OU ANGES aARDIENs 253


oux à. propos de la Création dAdam Ut 0110 108 désigne alors, non

point sous des noms propres, irais, comme nous l'avons dit, sous les

appellations abstraites de Charité et Vérité, la Charité intercédant

pour que l'homme soit crécc et la Vérit6 demandant qu'il ne la

soit pas. 1

Quoi qu'il en soit, il ne faudrait pas voir dans les lattes Outre les anges (le simples métaphores, COMMA si ces guerres que se fi. vrent entre eux les sarim symbolisaient uniquement les conflits po­litiques et religieux dont ce monde est le théâtre. Elles sont réelles à ai, double point de vue; d'abord en ce sens que chaque fois qu'un choc se produit ici‑bas dans l'ordre matériel, c'est que deux tendances, deux principes opposés sa combattent d~jA dans le monde des idées. En second lien, s'il est vrai que les anges sont à la fois des idées, des attributs divins et, comme nous l'avons exposé, des outitôs réelles, des forces naturelles, en donnant à ce, mot une acception assez large pour comprendre la création tout entière, s'il est vrai qu'à chaque lutte sociale et humaine corres­ponde sur le plan spirituel un combat engagé. entre les anges au ,arim, la touséqnone, qui en découle, C'est qu'entre les conflits humains et sociaux et ceux dont le domaine physique nous offre le spectacle, il existe un parallélisme dont la nature est sans dame difficile à expliquer, mais qui cependant n'échappe lise à, poirier­valeur attentif.

Et ce n'est pas nous qui tentons, pour la première fois ce rap­prochement entre les lois et les révolutions, les formes et les ores­liens du inonde social et du monde physique. Hartmann nous el' a donné la formule exacte et profonde, lorsqu'il dit: ~ Il est évident que popposition macrocomnique des forces (lattes naturelles) est la type symbolique de Popposition mierocosmique (guerres humaines) on, en d'autres termes, que les tendances opposée$ l'une à l'autre dans le mieronosine (gênies, caractères, idées, intérêts humains) se montrent comme éléments constitutifs du macrocosme, exactement clans le môme sens que les microcosmes opposés l'un à poutre pro­daieent précisément par cette lutte la réalité du macrocosme ~ ('). Mais ce que ce philosophe aurait dû ajouter pour être complet, c'est que la lutte pour obtenir l'harmonie et réaliser l'affité sup. pose une unité idéale et efficiente prêexistant quelque part et que c'est grâce à cette unité primordiale, au sein de laquelle toutes ces


         Le noncil., P.Oir, fi,a., d. i. g,~i,,, a du                da. E,ffl, Tter.,

phiL,~7 f6vrter 1877~ p. 153.


251 DIEU

tendances s'harmonisaient, qu'elles cherchent naturellement, eue fois divisées, à se rapprocher pour s'unir de nouveau. Ailleurs il êerit.(i): ~ Uns fois admise la diversité (les fonctions, puisqu'elles sont les fonctions d'un seul et même être, la diversité idéale de leur objet doit provoquer entre elles un conflit idéal destiné à en amener l'accord, et cette lutte idéale devient une lutte réelle, parte que les idées entre lesquelles elle m'engage sont en même temps les objets d'actes réels de la,volontê. CI est le même processus qui se déroule dans la conscience de l'individu sous la forme d'un conflit entre les tendances, désirs, affections différentes. Si la lutte se pro« duit tel malgré 17anit6 de I,nmo dont ces désirs opposés ne sont que les fonctions, il on peut être de même au sein de l'inconscient. La lutte de deux passions dans l'âme d'an homme ne le cède pas assurément en rage, en impitoyable violence, un combat de deux loups affamés

ITn autre philosophe allemand, Feuerbach, n'est pas moins ipac­cord avec nos idées lorsqu'il écrit à propos du monothéisme chrê­Coet!, . Le polythéisme est plus franc, car bien que le, christianisme prétende né pas distinguer de signes individuels dans la Divinité, son Dieu n'en garde pas moins le caractère de collectivité. De même que les dieux de l'Olympe se sont déclaré la guerre limi, àl'autre, de 'même les diverses qualités; du Dieu chfêtion ont Au­entre elles leurs luttes sanglantes ~. Voila donc , un penseur qui assimile les différentes qualités du Dieu chrétien aux divinités de l'Olympe et qui reconnaît comme nous que ces qualités diverses peuvent entrer et sont effectivement entrées en conflit.

Il existe eue doctrine biblico‑rabbinique relative aux sarùm qui

'justifie parfaitement notre explication théologique. Tout autour du

Char suprême (la mercaba) qui supporte la gloire divine, sont rangés,

en ordre hiérarchique, les soixante‑dix 8aria on anges tutélaires

et ils forment tous ensemble, par la manière dont ils sont groupés,

la figure d'un homme; les yeux de tous sont fixés sur le Imm i 1 nef­

fable, le Tétragramme, pour y puiser à la fois leur vie propre et

celle da peuple qui leur est,eoufê 0). Dans cette conception gran­

diose qui serait à elle seule un titre de gloire immortelle pour la

religion qui Poff~ü à nos méditations, nous retrouvons prêcisêment

l'idée (Porganisation d'éléments divers, le mot d'oft dérive le nom


(') Philosophie de 11fismlliliot, t'M' ,, P. 197.

(I) VOYez 80lisorê Ora Ufê~th.


L'IDÊE DES ~ SART]o ~ OU ANCES GARDIENS 055


do Obar suprême, la ln"eabal étant employé dans le langage phi­losophique des écrivains juifs pour indiquer la composition en un tout organique de parties distinctes (').


§ 2.


Après avoir recueilli les éléments doctrinaux, il nous reste ù, les résumer en une théorie générale. Nous avons vu que pour Phé­braisons les Elokim sont ainsi des Sarim, des anges proposés aux destinées des divers peuples. D s'agit donc de trouver une idée supérieure dans laquelle ces deux caractères d'Elohim et de SaHm se combinent et S'harmonisent en un seul tout.

1 Nous touchons ici à l'cou des points fondamentaux de la théo­logis hébraïque en ce qui concerne spécialement ses rapports aveu l'humanité. Or cette idée, telle qu?elle résulte de la Bible et des commentaires des Rabbins, nous paraît être la suivante: Dieu, don­Sidérê non pas comme cause efficiente et dans ses rapports avec la création en tant que substance, mais comme la Cause formelle dans ses relations avec le monde comme Idéal, Dieu, disons‑nous, forme Panivers, le Fini, à son image et à sa ressemblance, t'est‑âdire qu'il façonne la création sur le modèle de ses attributs, non point, il va sans dire, avec l'unité parfaite dans laquelle ces attributs subsistent en Lui, mais avec les distinctions et la diversité fidi& pensables quand il s'agit des choses finies. Dans cette irradiation de ses attributs, il y a une gradation qui va des formes ou imi­tations les plus élevées jusqu'aux copies les plus intimes, échelle immense, mais dont: tous les degrés sont reliés par un fil qui n'est autre que Poulté de plan reproduite plus ou moins parfaitement dans les divers ordres de la création où elle concilie constamment, l'identité du type avec la multiplicit6 de ses réalisations. Or, comme il y a ordre et analogie outre ces diverses réalisations, nous pour­rions même dire ces incarnations des idées divines, il existe par conséquent entre elles un rapport de subordination et chaque mëa‑~ turc est, selon le point de vue où on la considère, inférieure ou sulnàrieure, sujette ou dominatrice vis‑ûvis des êtres qui sont au­dessous ou au‑dessus d'elle.


(~) Il Issu, de 1, ZD‑J osrah; à l'hiphil llasl 1bbi11~: ..‑

P." .. ... jung~.; d'eu ~p=:5.J1M M~IDU?à ôM,~. ~,.P"Jt" ~,.~coa, .1st,

(N~ d', 44ftoo~).


MG DIEU


On comprend ainsi que toutes choses ici‑bas ont un sur, comme l'enseigne précisément la doctrine rabbinique, et les nations dles­mêmes An ont an sur le plan qui est immédiatement au‑dessus du plant humain. Le ar ou ange de chaque peuple est donc l'idée di­vine que ce peuple est appelé à représenter dans le monde en la considérant d'une manière concrète (toile l'être supérieur qui la é­Boucs. De quelque manière cependant qu'on envisage cotte idée, le gar sera au fond Due seule et môme chose que Dieu vu d'une façon partielle et rêf[Ïchi dons DU (le es éléments, les consciences an­géliques ou humaines 'étant pas autre chose que des idées divines et les consciences inférieures formant les élêmAitts de celles qui leur sont sul)êri,,res, jusqu'à la Conscience des cousciences qui est Dieu. Si donc les consciences ne sont que des idées divines rêalisées, si elles croissent hiérarchiquement et deviennent ainsi plus oit moins compréhensives, on voit Ce que sont les hommes au~ pêrieur8 appelés synthétiques, parcs qu'ils résument en eux‑mêmes la conscience d'un peuple, d'une époque, voire même de Pharos­aile, comme Moise par exemple qui, au dire des Étabbins, êqui­valait à , moixinto myriades ~ d'Israaites, En S'élevant ensuite au‑dessus de cetteidée des hommes synthétiques jusqu'à, salle d'une conscience qui les ombrasse tous et voit sous toutes leurs fisces, pour parler le langage d'Ampère, les sujets qu'ils n'entrevoient eux‑mêmes que confusément, peut‑être commence‑t‑on à mieux saisir ce que renferme cette notion des aarim appliquée aux nationalités.

On nous objectera que les nationalités, produit de l'couvre humaine, n'étant que des créations artificielles, elles échappant par cela même à cette loi do subordination hiérarchique qui relie toutes les parties de l'univers en plaçant chaque chose dans un rapport de domination et de dépendance vis‑à‑vis des autres. Mais l'ethnologie et la sociologie ne nous dAmontrent‑elles pas que bien qu'elles aient l'humanité pour facteur, les nations n'en sont pas moins des produits spontanée sait de la nature extérieure, soit des dispositions toutes naturelles de l'humanité en général et de chaque race en partieulierl La science est si loin de regarder Forgaloïsme ethnique comme puremeut artificiel que des savants vont jusquà considérer les littératures des divers peuples elles‑mêmes comme une partie de l'histoire naturelle de chaque pays. Dira‑t‑on que les nations sont des corps collectifs et qnIon ne saurait par consê~ queut les traiter comme des êtres réels, une nationalité n'étant qu'une id" abstraite et gênéralo moir désigner mi groupe d'hommes


L'IDÉE DEO « SATUM » OU ANGES OARDIENS


viVant dans Certaines conditions dêterMin6e$ OÙ il n'y a de réel an fond que lés individus qui le composentl Nous répondrons à,élu que d'éminents krivains rationalistes, empruntant en quelque sorte notre langage spiritualiste, n'ont pas hésité à, parler de Pidée que chaque nation représente; ils Pappellont le génie, Pesprit, l'âme de ce peuple. Il serait plus exact de dire Ilidëe que ce peuple se forme de Dion ou,Iplus simplement, son dieu.

Il n'est pas doutenx en effet, et les pins grande penseurs en conviennent, que la civilisation tout attirer Van peuple ne soit que la manifestation extêrio"e de son~ idée religieuse. On voit donc ce que nous affirmomî quand nous disons que chaque nation a son ,qar, que son sar est son âme, son esprit, que c'est lui qui déter. mine ses destinêes et qui lui imprime sa propre ressemblance. « Eu peuple dans sa réalité empirique, dit Mariano, offre précisément ce qu'il possédé dans as rêalitâ spirituelle. Et ce que~ nous appe­loue réalité empirique, est surtout le sentiment du divin devenu conscience présente et pratique d'an peuple et tics individus et classes qui le composent (') >.

     D'autres auteurs positivistes ont assimilé avec raison l'âme du

peuple à, l'âme de l'individu, mais lis font consister à tort l'une

et futurs dans une collection de manifestations de la vie intel­

lectuolle et morale. On nous demandera pAut‑être avec étonnement

si nous prétendons voir dans oelle‑11 comme dans celle‑ci une âme

véritable, une substance individuelle et consciente, au moi réell

A cela nous répondrons, si étrange que cela puisse familles, que

partout oh il y a unité ou même simplement union, harmonie on

tendance à l'anion, il doit nécessairement exister une voulue com.

mune, un point ' central dans lequel tous sont on doivent étre unis,

si l'on ne vent pas admettre d'affût sans cause. Si doue dans chaque

peuple d'abord, puis dans Vensomble de Phamanitê, on découvre

une unité de fait ou une tendance 1 l'unité, ces trait8 communs;

présupposant uns nature commune, une force unique et réelle dont

les effet évoluent, il est vrai, mais pour converger finalement vers

une unité plus vaste et non moins parfaite.

Nous ne contestons pos que les influences héréditaires, los questions dalimentation et d'hygiène, le climat et les anoure sont pour beaucoup dans les différences que l'on remarque entre les caractores nationaux, mais des picotant que pou admet également


0) C.9aIk~ , eiOlM, P. 341.


DIEU

à la baso de toutes ces différences une diversité originaire des races, il faut reconnaître aussi des idées on types primitifs variés, contenant les germes de ces tempéramenusg dissemblables, et par conséquent des forces do différente nature. Sans doute chez les peuples comme chez les individus, il y action et réaction continues entre les tendances innêes et les circonstances extérieures, mais $,il arrive que celles‑ci modifient dans une certaine mesure le caractère militant, On ne peut Pourtant pas dire qu'elles le trai~sformet~ Les qualités, les aptitudes morales et intellectuelles restent héoë­dibiires: les (11111101s, les Malais, 109 Juifs le prouvent jusqui?â l'êvidAnce. On ne peut nier qu'il n'y ait des peuples mieux disposés que d'autres à certaines connaissances, à certains arts on professions, sans que les conditions géographique$ et historiques auxquelles lis ont été soumis puissent rendre raison de ces dispositions portion­Héros, preuve manifeste quo les nations sont autre ehose que de simples aggrégations accidentelles on mécaniques d'individus. Q,ant aux modifications Occusionnecs par Jes circonstances extérieures, il est aisé de se rendre compte qu'elles ne portent jamais sur ce que l'on appelle les signes distinctifs de la race. Aussi des savants ethnologistes n'ont‑ils pas h6s;tê à conclure que les peuples se sont constitues non par l'oeuvre du hasard ou de la nécessité, mais grâce à une certaine communauté d'éléments moraux et qu'à chaque peuple appartieunent des l'origine certaines dispositions portion­fleurs qui, dans le cours des siûcles, deviennent plus actives et plus saillantes.

Qu'on nous permette de citer ici une page de Renan qui semble avoir été écrite pour éclairer notre thêarie des s«im, tant elle est conforme à nos idêes: ~ Les nations comme la France, Il ~ lemagne, l'Angleterre, dit l'illustre poussin, les villes comme Altamira, Ve­aise, Florence, Paris, agissent à la manière des personnes ayant ou caratêre, un esprit, des intérêts déterminée. On peut raisonner d'elles comme on raisonne d'uns Personne. Elles ont, comme l'être vivant, un instinct secret, un sentiment de leur essence et de leur conservation, si bien qu'indépomilimment de la réflexion des, poli­tiques, une nation, une ville peuvent être comparées à, l'animal (~) si ingénieux et si profond quand il s'agit de sauver son être ou


il) 0. ont lie. a, Il 1l'ol de Dimià 1,li ,p~ et l~ .Y..", "et psi, do, ai.,.. Le. iloooiiv et dit égffl,.,.f: ~ Il y a 1. lold un

ët. qui ~I.Pp'a~ Ilulal rictur yqp‑o V, nmR mM


I~iDÊE DES « $ARIM > ou ANGUS (1Au»OEN~ 25A

d'assurer la perpêtuitâ de son espece. Il tant en dire autant des Balises, des religions, de toutes les associations constituant des ensembles organiques qui se comportent exactement comme des individus. Le plus grand progrüs de la physiologie moderne a été de montrer que la vie des pleures et colle de l'animal ne sont qu'une résultante d'autres vies harmoniquemont subordonnées et. aboutissent à un concert unique. La vie du vertébré est la rêmil­tante centralisée de l'individualité de chaque vertêtore; un arbre est la eonsonnance (les milliers de bourgeons. La conscience est de même une rémittents de millions d'autres consciences concordant à un même but. La cellule est déjà uns petite concentration persan­nelle: plusieurs cellules eonsonnant ensemble forment une conscience de second degré (homme on animal), les consciences au second degré en se groupant forment le consciences au troisiême degré, consciences de villes, d'Eglises, de nations, produites par des mil­lions d'individus vivant d'une même idée, ayant des sentiments communs. Pour le matérialisme, il n'y a que Poteries qui existe pleinement; mais pour le philosophe, pour, l'idéaliste, la cellule' existe plus que paliure, l'individu existe plus que la cellule, la nation, IlEglise, la Cité existent plus que l'individu, puisque l'lu. dividu se sacrifie pour ces entités qu'au réalisme grossier regarde comme de pures abstractions (') ».

Ajoutons que ce que les philosophes allemands appellent le Volksgoïst, l'âme du peuple, l'esprit national, loin d'être le produit fie divers éléments tels que la langue et la littérature, les croyances et les formes religieuses, les lois et le genre de vie sociale et fa, milialet apparaît au contraire comme le principe génération: de ces différentes manifestations d'activité qu'il maintient et développe selon son génie propre et pour une fin particuliers.

Il reste à examiner quel, est le rapport (les individus avec le groupe dans lequel.ils naissent à la vie comme corps séparés et consciences distinctes et de quelle manière se concilient IqwlJvi~ dualité des parties et celle du tout. Il est évident, croyans‑noux. que le seul véritable individu est l'être simple, indivMble et par conséquent immatériel, car le matière même dans ses plus intimes parties ne peut ëtre conçue que comme composée. Mais,,dlautre part, si chaque groupe matériel c'existe que grâce à la force ici. matérielle qui en tient unies les différentes parties et si les groupes


p) 't chu,o~YAiq,îo, P. SU.


m DIEU

sont eux‑mêmes constituée par d'autres groupes plus petits, il s'ensuit que l'immatériel est également composé. Où trouverons. nous donc le véritable individu, la vraie unitél La difficulté dispa­raît si l'on considère qu'au rebours de ce qui se passe dans la routiers, Feutré, dans l'immatériel croît à mesure qu'augmente le Composé et que plus les groupes sont nombreux, plus PaRitê qui les relie est parfaite, car elle slaffleme d'autant mieux que la muI~ tipliolté des parties rattachées entre elles est plus considérable. Par conséquent, la seule vraie monade, a la fois la plu simple et la plus féconde, n'est que l'nuits universelle qui se trouve aux deux extrémités (le Pffloelle, à la base de tout être comme indêüni potentiel et au sommet comme Infini At acte souverain, au fond de plus minuscule atome comme au faîte de l'incommensurable univers (').

Hartmann semble nous renseigner sur la nature du sur dont parle l'hébraïsme, lorsqu'il écrit: « Si l'âme continuant d'animer les deux parties entre lesquelles on a artificiellement partagé un animal, reste encore une, pourquoi cesserait‑elle d'être indivisible dans la plante, dans le bourgeon, dans llêerevisse dont les pinces se détachent spontanément? Pt pourquoi Won serait‑il pas de même de la génération bissexuelle où un animal hermaphrodite se féconde lui‑même? Si l'âme inconsciente demeure une encore et identique à elle‑même dans les divers Cragments d'un insecte ou dans la souche et, dans les bourgeons détachés, pourquoi ne serait‑elle pas une aussi dans les insectes séparés naturellement qui composent une république d'abeilles ou de fourmisl Sans être unis matériel­lement, ces êtres organisés n'agissent‑ils pas avec le même concert que ]As diverses parties d'un seul et même organismel (') >* or il est aise d'assimiler, comme l'ont fait certains savants, l'économie animale à l'économie sociale et de voir que, dans l'histoire de la civilisation des peuples, les efforts de développement supposent, soit à l'origine, soit dans la marche du progrès, une unité cou­trots qui coordonne les "tes individuels à la réalisation du but. Sans doute, de môme que lorsqu'un homme se met en marche, il ne saurait rendre compte du processus intérieur qui a déterminé le mouvement, de même dans l'évolution des peuples, il y a pour


. (e) C'est ee q1m 1.1 K.bb,lie~. ~pdomdt par 1. semble Y,d, yd toffas e y,ed ill...

(2) FA?ogopleie de Vigooomiem, tome 119 P. 195,


ThDÉE DES « sAnist ~ On âXGES GARDIENs 261


poluservâteur bien des points mystérieux; c'est quelque chose d'ana­logue au processus résolutif de la biologie mi les éléments sont préparés de longue main, bien que la production soit instantanée, et où la cause n'est nullement proportionnes à, l'effet, celui‑ci étant, du moins en apparence, bosncoup plus grand que eelle‑lâ.

Mais si divers que soient les peuples, si variées que soient les manifestations du progrès social, l'unité dès nations Weu est pas moins réelle, et cette unité, c'est l'humanité, l'Adam terrestre, comme l'unité des idées divines, c'est le Logos, le Monde intelli. gible, l'Adam divin de la théosophie.


§ 3.


il ne sera pas inutile d'embrasser maintenont d'un coup d'oeil la chemin parcouru.

     Tout ce que nous avons dit des sariub on anges se coordonne

parfaitement avec ne qui a ' été précédemment «Posé sur les dieux

Indiens. S'il est.une échelle qui, de Dieu, descend jusqa1a~ der­

niera confins de la création, il est naturel, que chaque être, selon

le rang qu'il occupe, joue le rôle d'Elohi~n relativement à ceux an­

dessus desquels il se trouve place et l'on comprend aussi que Dieu,

considéré comme la Source (le "a forces éparpillées, s'appelle 6ga­

lement Elohim? nom qui les embrasse tous. A plus forte raison, si

on,je contemple sêparément, en dehors de ses émanations, trouvc‑~ou

j "te de le nommer Elokë k~Blohiîn, le Dieu des dieux,, soit parce

qu'on le regarde comme leur unité et leur lieu (Kakom), soit, parce

«Il est lEire pot excellence, la Monade suprême dont tous d&

pendent.

Il n'est donc pas surprenant que l'on ait réhabilité Io& divinités du paganisme comme contenant toutes une parcelle de vérité, ,puisque, comme le dit la Bible C), les idées divines sont distribuées entre les nations qui composent l'humanité, les peuples se parts

geant matériellement le corps d'Adam et leurs âmes n'étant que des fmotions détachées de la sienne. La conséquence est que ~le mouvement religieux tend à, Punité, ee8t.â.dire à la réalisation complets de l'idée divine, tandis que l'êvol,tion des nations les pousse à se rapprocher, car elles ne sont que les membres épars du premier homme, de l'homme‑type, comme les diverses conceptions religieuses ne sont que le morcellement de l'idée de E eu.


265 DIUU

De là, la Mission attribuée à L"afil d'opérer la synthèse reli­gieuse nécessaire, en assimilant de toutes parts toutes les idées homogènes, afin de reconstituer Pouffé religieuse de l'humanité en même temps que son unité extérieure dans le demain, social. L'hébraïsme fait exactement dans l'ordre métaphysique et religieux, ce qui est arrivé, d'après Thièle, dans l'ordre historique. Il nous dit en effet que la religion de la tribu est le produit des divers cultes des familles et quo la religion de la nation est à son tour la syn~ thèse de celles des tribus. Enfin, les cultes nationaux donnent noie­sauce aux communions religieuses an les étrangers sont admis àtitre (le prosélytes et relles‑ci aux religions franchement univer­selle%. certes, les familles s'étant aggloinêrêos Au tribus et les tribus en nations, cri comprend historiquement 1, passage d'une forme de culte Ù, on autre, mais comment expliquer la transformation d'une religion nationale en religion universelle en dehors du secret in­stinct qui pousse les divers groupemnuts nationaux vers la consti. tution d'une humanité supërieurel Or, c'est précisément le but auquel tend l'hébraïsme; il no cesse de poursuivre la réalisation de la synthèse religieuse de l'humanité.

Le christianisme, en dépit de ses prétentions à Il~ivermlisiüe, ne répond nullement à cet idéal; celui‑ci exige' en Affet comme facteurs les nationalités elles‑mêmes, taudis que la religion chré­tienne, loin tic favoriser leur développement, vise plutôt à leur sap~ pression. Elles s'est en outre constituée trop tôt pour pouvoir être la religion définitive du genre humaine qui réclame l'épanouissement préalable des divers génies nationaux. Le vrai christianisme ou messianisme ne peut surgir que lorsque 100 différents peuples pacifl­quement unis auront complètement réalisé le progrès humanitaire en développant d'abord simultanément leurs qualités ethniques respectives. L'empire romain, qui supprimait Vautonomie des nations en les englobant sous sa juridiction administrative, avait opéré aussi une imité trop factIve qui n'avairrien de commun avec l'idéal hébraïque; il n'en était pu moins, à sa manière, comme le chris. Maoïsme, une tentative d'universalisme. Les rabbins, entre autres Maimonide et Juda HaMvi, An ont jugé ainsi et lis nous (lisent qu'il existe ainsi à chaque époque une aspiration messianique cor~ respoudant A la tendance universaliste qui ne cesse de travailler au sein de l'humanité. Et comme il fallait une base pour la con­struction du grand édifice, Dieu y a pourvu en constituant on peuple international, laraêl, les Juifs étant devenus depuis leur di­


spersion un peu Grecs, Persans on Fgyptions ‑ et l'on en pont dire autant des temps modernes ‑ sans jamais cesser cependant d'être Juifs.

Or,. comme l'homme primitif s'est trouvé scindé, chacun diû, membres emportant avec loi une fraction do la vie intellectuelle, ranime Dieu a distribue ses rayons entre les intelligences créées, chaque portion de l'humanité réfléchissant ainsi un rayon parti­coller, il s'ensuit que le foyer total ne peut être composé que par le faisceau humain tout entier; autrement dit tous les sarim, pour parler le langage As la théosophie hébraïque, doivent concourir àcette ouvre. On s'explique ainsi t'élévation ou l'abaissement de tel on tel sur, selon la conduite du peuple comiê à, ses soins. Quand une idée divine est mal représentée par le peuple à qui elle est échue en partage sa valeur intrinssèque n'est en rien altérés, car, comme le dit VEcriture, l'influence des actions des hommes n'ar­rive point j"qWâ Dieu, mais son rayonnement dans le monde, la achechina, qui pour chaque nation est son sac particulier, sImArouve obscurci.

Les luttes entre les s«im ne sont donc pas autre chose que la lutte des principes, des civilisations, des idées et des croyances, aussi longtemps que font cela ne parvient pas à eliarmon iser, ,a reproduire l'unité parfait, dans laquelle tout existe en Dieu, soit que cet antagonisme se manifeste seulement dans le domaine lu­telleutuel, soit qu'il éclate extérieurement dans les guerres et les compétitions de toute nature qui divisent les peuples,

Feuerbach que nous avons cité ~ saisi l'analogie existant entre les guerres des dieux dû l'ancien polythéisme et les disputes thesdo­giquAs sur la nature divine et il n'est pu douteux que les dismissi . nos entre Dieu et les hommes on entre les anges eux‑mêmes, dont parlent les livres rabbiniques, ne représentent ]a lutte, le poloenos des idées, des principes, des forces dans l'univers, celle‑ci traduisant le discours intérieur de Plutelligence divine, s'il est permis de s'exprimer ainsi, le Logos qui, comme tous les discours, résulte des contradictions conciliées. C'est ainsi que les anges se trouvent rattachés au Logu dont ils ne sont que les manifestations, idéales quand il s'agit de PEsprit divin, mais réelles pour ce qui est des êtres sonnés de Lui, les unes et les autres étant reliées, nous dirons même identiques entre elles, conformément au principe que les consciences ne sont en Dieu que des idées.

Ainsi s'expliquent également la position que les sarmu occupent


264 DIEU

dans la mereaba, le char divin, et l'attitude qu'ils observent, les yeux fixés sur le tétragramme; leurs noms abstraits de Charité, Véritè~ ci les désignations pareillement abstraites de middat addin et middat fakamine, littéralement Attribut de la justice et Attribut de la clémence, employées dans les dialogues divins; enfin l'appel W

it à toutes les forces déjà créée& au moment de 1, erêation de l'homme lui‑même dont la nature est Précisément de former un microcosme, eest‑â‑dire de les résumer toutes.

Il est si vrai que les anges ou divinités inférieures se rattachent aux attributs divins que le polythéisme, ainsi que nous Pavons déjà remarqué, n'a pas ou d'notre origine, sa forme première ayant été l'adoration des attributs personnifiés. Ce fat lâ le premier degré par lequel passa la conception de l'unité divine avant de se trans­former en véritable polythéisme. Vacation qui, dans certains hymnes, des Vedas, est l'un des noms de l'unique et suprême Divinité, devient plus tard le roi de ses compagnons, cle8t‑â‑dire que l'unité absolue prend la forme d'une suprématie. Dans l'hébraïsme aussi nous trouvons ce uutëro de Dieu des dieux, mais il ne signifie pas autre chose que l'unité de tout le multiple, autrement dit une Ufnitë'plus absolue et le nom d'Elokin n'a qWmuw valeur relative comme synonyme de fwm. L'errAur polythéiste ne consiste donc pas tant à admettre des ‑Elohim qu'à ne les point admettre tous ou à les adorer séparément, au lien de reconnaître leur unité. Dans les Vêdas, les deux conceptions coexistent çà et la et s'entremê­lent, celle d'un Dieu supérieur à d'autres dieux et celle de l'unité divine on pont mieux dire de la simple valeur logique de ces pré. tendus dieux personnifiant des attributs. . Les dieux ont coopéré à l'oeuvre de Verneau, dit un hymne du Big V4da. Je sais le roi de mes compagnome; je suis le roi Vaincra: en moi résident toutes les forces vitales... Je suis Indra et Varouna ».

De même dans la Bible le nom de Dieu, le tétragramme, est donné à l'ange et réciproquement le nom d'ange est donné à Dieu. Dans Phistoire, de Balamn ('), elest tantôt Dieu qui donne à ce dernier la permission d'aller avec les envoyés de Balac et tantôt pange qui, dans des termes identiques, lui réitéra la même auto. risation. Les noms des anges ont tous la terminaison El; Dieu est en eux, Adonai bant, disent les Psaumes et les Babbins de leur côté disent que chaque amge porte sur son coeur une tablette sur


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laquelle le nom de Dieu est grave. Et s'il est vrai, comme nous l'avons soutenu, que Dieu est pour l'ensemble du créé ce que chaque ange est pour ne partie de la création, pour l'an des corps célestes par exemple, il m'rosait que les auges entrent et se résument ci, Dieu même.

Les Rabbins font de l'enseignement des noms divins nu mystërP soigneusement gardé et les Esséniens en font autant pour ce qu'ils appellent les noms des anges. Philon lui‑même, d'accord en tels avec, le Pentateuque, nomme le Logos prophoricox qui équivaut ùla sckeckina des talmudistes et au malkouth de la Kabbale, le premier des anges, Parchange. Et que représentent ces anges dm Philon? On reconnaît généralement en euX lem idées mêmes do Platon, avec cette différence qu'elles §ont personnifiées. Ce qu'on rapporte des Sadducéens est engore plus concluant. Ils auraient considéré les auges comme des vertus inséparables de Dieu, qui apparaissaient sur la terre sons différents noms, selon les diverses fonctions qu'ils étaient appelés à exercer ici‑bas, tout en demeurant reliés à, leur source comme les rayons au soleil. Ce rapport si intime avec Dieu est mens dents la cause de la défense de nommer les auges que nous trouvons chez les Rabbins At peut‑être même dans la Bible. Ce quIl y a de certain, c'est que noirs Voyons dans les Ecritures des anges remplir des rôles divers dans des circonstances variées sans qu'aucun nom spécial leur soit assigné. Il n'est pas vraisem­blable que ce soit la nue simple lacune, si l'on tient compte de la tendance de l'époque biblique à décorer de noms pompeux tout es qui attirait l'attention ou commandait le respect.

Le fait est d'autant plus remarquable que nous voyons plusieurs reprises les saints personnages auxquels les anges appa­missent s'enquérir de leur nom, comme Moïse s'enquiert de celui de Dieu, et la réponse qui suit a toujours quelque chose £l'évasif et de mystérieux laissant entrevoir l'existence d'au nom qu'on veut cacher. ~ Pourquoi, dit l'ange à Jacob, demandes‑tu mon nom? Et il le bénit la (') >. Manoach, à sa question: « Quel est ton nom, afin que nous te rendions gloire, quand ta parole s'accomplira 1 . obtient de Vange une réponse semblable; . Pourquoi veux‑tu savoir moil corail (~) >. Et l'écrivain sacré ajoute ici une courte obser­vation qui nous parait significative: vehom pêlki, dit le texte . or


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ce nom était mystérieux >. Il nous semble bien que la réponse faite par Dieu à, Moise dans l'Exode est analogue ~~ celle‑ci. A côte du sens éminemment métaphysique que présente la phrase célèbre: ~ Je sais celui qui est, et c'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celai qui est.mleuvoie vers vous (~) >, ny aurait‑il pas lit un de ces jeux de mots qui se rencontrent fr& quomment dans la Bible, les paroles: Ehié "eh" ékiâ, signifiant tout uniment: qui que je sois , c'est‑âdire: ~ Ne te donne pas tant de peine pour connaître mon nom; quel qu'il soit, ce qui t'importe, c'est de remplir ma mission ~.

On lit, il est vrai, dans le Talmud, que les Israélites rappor­lèvent de l'exil les noms des anges; cela cependant ne nous paraît pas signifier que les anges n'avaient pas de noms auparavant, mais bien plutôtque ces noms n'étaient écrite nulle part et qu'ils se trouvaient seulement confiée à un enseignemenat oral et simret que les Israélites emportèrent avec eux à, leur retour. t'ange étant innommable, il y a donc là un point cortalu de ressemblance avec Dieu même dont le nom auguste né se prononçait pas. Les cri. tiques modernes, M. 11avot par exemple, qui nient d'ailleurs l'exis­tence do toute angélologie, chez les anciens Hébreux, reconnaissent que dans le Pentateuque et nomne* dans le livre des Juges, les messagers célestes ne sont pas des êtres distinets de Die, lui‑même et qui le servent, ai nsi qu'on les a représentés depuis, mais de pures apparences par lesquelles Il se manifeste et qui se confon­dent avec Lui, à peu près comme si on appelait Péclair le messager de la foudre (~).

Mais oit les critiques se trompent, à notre avis, c'est lorsqu'ils croient découvrir une différence dans là manière de concevoir les anges dans le Pentateuque et les Juges d'unepart, et de l'autre dans les livres de Samuel et des Rois, les anges devenant dans ces derniers ouvrages des personnes on individualités distinctes. La vérité est que ce double caractère se retrouve partout, puisque les anges, ainsi que nous Pavons expliquê, sont des consciences retraçant chouans nu des éléments de la Conscience divine.


111, 14.


HI,.,, L~ J t, m~ p. 162.


1 L'IDÉE DES ~ S&MM ~ OU ANGES GARDIENS 267

References