I.
On croit généralement pouvoir se dispenser de la lecture d'une préface qui apparaît le plus souvent comme un hors-dhors‑d'œuvre n'offrant aucun lien nécessaire avec l'ouvrage qu'il s'agit de présenter au public. Nous osons toutefois prier le lecteur de ne pas ouvrir le présent volume sans avoir pris connaissance de celle-cicelle‑ci. La personnalité exceptionnelle de l'auteur, le sujet qu'il a traité, la façon dont ce litre a été composé et révisé rendent quelques explications préliminaires indispensables. Ces lignes révéleront d'ailleurs tout un ensemble de circonstances qui, si nous ne nous abusons point, constituent déja déjà un éloquent commentaire de l'œuvre elle même.
Elie Benamozegh naquit en 1823 à Livourne. Sa famille était venue de Fez s'établir en Italie et l'on a dit, non sans raison peut-êtrepeut‑tre, que cette origine marocaine n'a pas été sans influer considérablement sur le dévoloppement développement intellectuel de celui qui devait être nommé plus tard le Platon du judaïsme italien. <ref> LATTES, Vita e opere di Elia Benamozegh, 1 vol. editédit. Belforte, Livorno, 1901, pag. 20. </ref> Il est certain que bien qu'il se soit assimilé d'une manière peu commune, toute la culture européenne, il garda toujours, soit dans ses procédés de travail,soit dans la tournure de son esprit, l'empreinte orientale.Il perdit son père de bonne heure et fut élevé dans les sentiments d'une grande piété par sa mère, femme d'une foi digne des âges bibliques, pour laquelle il professa toujours un culte touchant et dont il a évoqué<ref>Page VIII</ref> le souvenir attendri dans les premières pages de son livre « Morale juive et morale chrétienne ».
Il avait été tout perdit son père de bonne heure et fut élevé dans les sentiments d'abord destiné au commerce, mais quoique il eût à une grande piété par sa disposition les moyens de se créer dans cette voie une carrière avantageusemère, il lfemme d'abandonna, tout jeune encoreune foi digne des âges bibliques, pour se consacrer aux études sacrées et profanes, pour lesquelles laquelle il se sentait professa toujours un irrésistible attrait. Le rabbin Jehouda Coriat, son oncle maternel, l'initia à la science hébraïque, mais on peut dire que le jeune étudiant, mû par un désir de savoir qui s'étendait à toutes les branches de connaissances humaines, s'instruisit seul, sans maître culte touchant et à proprement parler sans méthode, sa remarquable intelligence suppléant aux défauts de cette formation personnelle. A seize ans, dont il écrivait une préface au <i> Maor Vaschemesch </i>publié par le rabbin Coriat, a évoqué<ref> Imprimerie Ottolenghi, Livourne, 1839.Page VIII</ref> donnant déjà à cette occasion des preuves le souvenir attendri dans les premières pages de son génie précoce livre « Morale juive et, quelques années plus tard, il obtenait de la façon la plus brillante des grades rabbiniques. Ce fut à Livourne même qu'il se voua au ministère sacré et qu'il dépensa pendant un demi-siècle une activité religieuse à laquelle il ne semble pas que des contemporains aient toujours suffisamment rendu hommagemorale chrétienne ».
Ce que cet homme a lu et écrit dans sa vie est véritablement incroyable. Dans un corps Il avait été tout d'abord destiné au commerce, mais quoique il eût à sa disposition les moyens de se créer dans cette voie une apparence fragile rayonnait carrière avantageuse, il l'abandonna, tout jeune encore, pour se consacrer aux études sacrées et profanes, pour lesquelles il se sentait un esprit d'une extraordinaire puissanceirrésistible attrait. Il nLe rabbin Jehouda Coriat, son oncle maternel, l'est aucune initia à la science hébraïque, mais on peut dire que le jeune étudiant, mû par un désir de savoir qui s'étendait à laquelle il soit demeuré étrangertoutes les branches de connaissances humaines, aucun domaine intellectuel où ne ls'ait poussé son infatigable curiositéinstruisit seul, sans maître et à proprement parler sans méthode, sa remarquable intelligence suppléant aux défauts de cette formation personnelle. Les œuvres des auteurs qu'A seize ans, il pouvait écrivait une préface au <i> Maor Vaschemesch </i>publié par le rabbin Coriat, <ref> Imprimerie Ottolenghi, Livourne, 1839. </ref> donnant déjà à juste titre considérer comme cette occasion des adversairespreuves de son génie précoce et, quelques années plus tard, lui étaient aussi familières que celles où il retrouvait l'expression obtenait de ses propres convictionsla façon la plus brillante des grades rabbiniques. Les matériaux, sCe fut à Livourne même qu'entassaient dans sa prodigieuse mémoire il se voua au ministère sacré et si les travaux qu'il a publiés ou ceux, plus nombreux encore peut-être, qui demeurent inédits, prêtent à dépensa pendant un demi‑siècle une critique justifiée, c'est précisément activité religieuse à celle de présenter une excessive richesselaquelle il ne semble pas que des contemporains aient toujours suffisamment rendu hommage.
Ce serait toutefois bien mal juger Elie Benamozegh que de ne voir en lui qucet homme a lu et écrit dans sa vie est véritablement incroyable. Dans un corps d'une apparence fragile rayonnait un savant; ce fut un homme de Dieu dans toute esprit d'une extraordinaire puissance. Il n'est aucune science à laquelle il soit demeuré étranger, aucun domaine intellectuel où ne l'acceptation du motait poussé son infatigable curiosité. Loin Les œuvres des auteurs qu'il songeât pouvait à garder égoïstement pour juste titre considérer comme des adversaires, lui même le trésor de science qu'étaient aussi familières que celles où il augmentait sans cesse, il brûlait du désir de le communiquer<ref>Page X</ref> aux autres et ne voyait là quretrouvait l'un moyen expression de remplir plus dignement les obligations de sa charge dont il ses propres convictions. Les matériaux, s'acquittait avec une scrupuleuse exactitude. Il avait coutume de prêcher entassaient dans le temple de Livourne le samedi qui précédait sa prodigieuse mémoire et si les fêtes principales. Certain sabbat dtravaux qu'hiveril a publiés ou ceux, la neige qui tombait en abondance avait rendu les chemins impraticables et la maison du rabbin était fort éloignée du temple. Elie Benamozeghplus nombreux encore peut‑être, qui devait monter en chaire ce jour làdemeurent inédits, ne se laissa point arrêter par la perspective du long trajet à parcourir prêtent à pied dans ces conditions difficiles. Il réunit autour de lui ses cinq enfants, tous jeunes encore, organisa une petite caravane et tout courbé sous la rafale glaciale, chancelant dans l'épaisse couche blanche qui ensevelissait toutcritique justifiée, il sc'achemina vers le centre de la ville, pour se trouver est précisément à l'heure dite où l'appelait le devoir celle de son ministèreprésenter une excessive richesse.
Sa modestie nCe serait toutefois bien mal juger Elie Benamozegh que de ne voir en lui qu'était pas moindre que son zèleun savant; ce fut un homme de Dieu dans toute l'acceptation du mot. « On mLoin qu'il songeât à garder égoïstement pour lui‑même le trésor de science qu'appelle grand rabbinil augmentait sans cesse, disait-il à ses élèves; mais cela brûlait du désir de le communiquer<ref>Page X</ref> aux autres et ne fait-voyait là qu'un moyen de remplir plus dignement les obligations de sa charge dont il pas sourire? Qus'est-ce en effet que acquittait avec une scrupuleuse exactitude. Il avait coutume de prêcher dans le peu que je sais auprès temple de Livourne le samedi qui précédait les fêtes principales. Certain sabbat d'hiver, la neige qui tombait en abondance avait rendu les chemins impraticables et la maison du rabbin était fort éloignée du temple. Elie Benamozegh, qui devait monter en chaire ce jour là, ne se laissa point arrêter par la perspective du long trajet à parcourir à pied dans ces conditions difficiles. Il réunit autour de lui ses cinq enfants, tous jeunes encore, organisa une petite caravane et tout courbé sous la rafale glaciale, chancelant dans l'épaisse couche blanche qui me reste ensevelissait tout, il s'achemina vers le centre de la ville, pour se trouver à apprendre? »l'heure dite où l'appelait le devoir de son ministère.
CSa modestie n'est souvent dans de bien petits détails était pas moindre que se révèle le mieux le vrai caractère d'un hommeson zèle. Le biographe italien d« On m'Elie Benamozegh, le Professeur Guglielmo Lattes, qui a publié, dans une langue digne du beau ciel de Toscane, une très remarquable étude, que nous avons déjà citée, sur la vie et les œuvres de l'illustre appelle grand rabbin, a relaté plusieurs traits qui présentent la physionomie de celui-ci sous un jour plus aimable que disait‑il à ses élèves; mais cela ne semble le comporter lfait‑il pas sourire? Qu'austérité de ses travaux. Il est‑ce en résulte effet que s'il n'a pas été plus populaire, si ses enseignements demeurant encore pour beaucoup d'esprits le peu séduisants, cela tient, non point à la nature même des qualités capables que je sais auprès de lui gagner les plus vives sympathies, mais bien ce qui me reste à la nature même des sujets qu'il a traités dans ses écrits et plus encore aux moyens auxquels il a eu recours pour les exposer au public.apprendre? »
On sait en effet C'est souvent dans de bien petits détails que cse révèle le mieux le vrai caractère d'est surtout comme kabbaliste quun homme. Le biographe italien d'Elie Benamozegh est connu et que ce titre, qu'il le Professeur Guglielmo Lattes, qui a toujours hautement revendiquépublié, n'a pas été sans lui nuire considérablement dans l'opinion d'hommes tout aussi dévoués que lui d'ailleurs à la cause une langue digne du judaïsme, mais ré- solument hostiles à l'école dont il se réclamait. Je ne serais même que médiocrement surpris que le discrédit communément jeté sur cette appellation<ref>Page X </ref> ne fût encore aujourd'hui, auprès beau ciel de certains lecteursToscane, une cause de prévention contre le présent ouvrage. Il importe donc de faire remarquer avant toute chose très remarquable étude, que la Kabbale dans laquelle le savant rabbin n'a cessé de voirnous avons déjà citée, selon ses propres paroles, « la théologie sur la plus légitime du judaïsme », n'est en aucune façon un amas de superstition vie et les œuvres de puérilité capables de dénaturer fâcheusement la religion que l'on veut servirillustre rabbin, mais bien a relaté plusieurs traits qui présentent la physionomie de celui‑ci sous un syst<super>ème</super> de philosophie offrant jour plus daimable que ne semble le comporter l'un point austérité de contact avec le platonisme et d'autres syst<super>ème</super>ses travaux. Il en résulte que s, encore et qu'un homme comme Benamozegh savait teindre fortement de culture moderne. Ce il n'était même a pas à été plus populaire, si ses yeux une science particulière; Il eût plutôt dit enseignements demeurant encore pour beaucoup d'elle volontiers ce que Renan a dit de esprits peu séduisants, cela tient, non point à la philosophie en général « qu'elle est le résultat nature même des qualités capables de toutes lui gagner les sciences, le sonplus vives sympathies, mais bien à la lumière, la vibration qui sort de lnature même des sujets qu'éther divin que tout porte en soi »il a traités dans ses écrits et plus encore aux moyens auxquels il a eu recours pour les exposer au public.
Il ne mOn sait en effet que c'est surtout comme kabbaliste qu'appartient à aucun Elie Benamozegh est connu et que ce titre de décider dans quelle mesure cette prétention de voir dans la Kabbale la plus haute expression théologique de la doctrine juive se trouve justifiée, mais qu'il me paraît biena toujours hautement revendiqué, après toutes les preuves qun'en a fournies Benamozegh, pas été sans lui nuire considérablement dans tous ses écrits, que cl'est se priver opinion d'un précieux secours apologétique hommes tout aussi dévoués que de rejeter purement et simplement un enseignement qui, dans lui d'ailleurs à la pensée de notre auteurcause du judaïsme, concilie de si heureuse façon les exigences de la critique et les données de la libre science avec les affirmations de la foi traditionnelle. Une timide orthodoxie peut mais ré- solument hostiles à bon droit s'effrayer l'appui inattendu qu'apporte à ses dogmes l'école kabbalistique qui se sert d'armes nouvelles forgées souvent par des adversaires et qui puise ses arguments à des sources dont elle avait elle-même coutume de il se tenir soigneusement écartéeréclamait. De leur côté, les savants indépendants ont quelque raison de s'étonner de voir Je ne serais même que médiocrement surpris que les résultats des travaux qui leur paraissaient essentiellement destructifs des croyances religieuses, peuvent être vivifiés par un mysticisme dont ils seraient mal venus à récuser la légitimité, puisque ses fondements reposent dans un domaine inaccessible à leurs investigations, et qu'en cet état la science est précisément utilisée pour la défense d'une religion qu'ils s'imaginaient pouvoir confondre avec toutes les autres dans une même condamnation. Le kabbaliste ne se laisse pas plus déconcerter par les surprises du le discrédit communément jeté sur cette appellation<ref>Page XI X </ref> savant que par les appréhensions du croyant craintif; il sne fût encore aujourd'efforce hui, auprès de rassurer celles ci en dissipant celles-là certains lecteurs, par une cause de prévention contre le présent ouvrage. Il importe donc de faire remarquer avant toute chose que la conciliation toujours plus complète quKabbale dans laquelle le savant rabbin n'il prétend opérer entre a cessé de voir, selon ses propres paroles, « la science et théologie la foi.<ref> La Kabbale comprend deux éléments: lplus légitime du judaïsme », n'est en aucune façon un purement spéculatif qui peut etre considéré comme une théologie véritable destinée à nous instruire amas de ce qui nous devons croire superstition et de Dieu aussi bien que puérilité capables de dénaturer fâcheusement la nature et religion que l'on veut servir, mais bien un système de lphilosophie offrant plus d'homme dans leur rapports un point de contact avec Dieu; lle platonisme et d'autre essentiellement pratiqueautres systèmes, qui encore et qu'un homme comme Benamozegh savait teindre fortement de culture moderne. Ce n'est était même pas autre chose que là ses yeux une science particulière; Il eût plutôt dit d'application des principes de théologie spéculative. Celle-ci nous enseigne en effet elle volontiers ce que Renan a dit de même que le grand homme, dans le domaine scientifique, artistique ou militaire gouverne la foule de ses semblables, ainsi dans le domaine religieux qui embrasse et dépasse lphilosophie en général « qu'ordre social comme l'ordre naturel, l'homme supérieur, elle est le saintrésultat de toutes les sciences, le prophèteson, peut dominer la nature extérieure elle-même plus ou moins complètement selon son degré d'élévation spirituelle et l'étendre du champs où s'exerce son action. On consultera utilement sur cette question dans lumière, la <i> Nuova Antologia</i>, année 1896, p. 763, une très remarquable étude signée <i> Un Orientalista </i> sur vibration qui sort de l'ouvrage d'Isaac Myer: <i> The philosophical writings of Salomon Ben Jeudah Ibn Gebirol,</i> Philapdelphia, 1888 (Note des éditeurs)éther divin que tout porte en soi ». </ref>
Cette position quIl ne m'adopta toute sa vie Elie Benamozegh et appartient à aucun titre de décider dans quelle mesure cette prétention de voir dans la Kabbale la plus haute expression théologique de la doctrine juive se trouve justifiée, mais il me paraît bien, après toutes les preuves qu'il en a constamment justifiée fournies Benamozegh, dans tous ses écrits, lui donnait une force singulière. Si l'on a pu dire en effet avec quelque apparence de raison que lc'homme est se priver d'un seul livre est redoutable on comprend quel précieux avantage devait lui conférer cette philosophie à laquelle il ramenait toute chose secours apologétique que de rejeter purement et simplement un enseignement qui lui permettait , dans la pensée de notre auteur, concilie de si heureuse façon les exigences de tirer profit la critique et les données de tous la libre science avec les progrès scientifiques en même temps quaffirmations de la foi traditionnelle. Une timide orthodoxie peut à bon droit s'elle lui fournissait une explication rationnelle des plus ardus probl<super>ème</super>s religieux. Grâce aux habitudes deffrayer l'esprit appui inattendu qu'il avait acquit apporte à ses dogmes l'école kabbalistique qui se sert d'armes nouvelles forgées souvent par des adversaires et qui puise ses arguments à des maîtres sources dont elle avait lui‑même coutume de la Kabbalese tenir soigneusement écartée. De leur côté, il retrouvait partout son bien propre; loin les savants indépendants ont quelque raison de fuir ls'objectionétonner de voir que les résultats des travaux qui leur paraissaient essentiellement destructifs des croyances religieuses, il peuvent être vivifiés par un mysticisme dont ils seraient mal venus à récuser la recherchait avec une évidente complaisancelégitimité, puisque ses fondements reposent dans un domaine inaccessible à leurs investigations, let qu'analysait, en cet état la retournait sous toutes ses faces science est précisément utilisée pour se donner la satisfaction profonde défense d'en montrer les côtés défectueux et dune religion qu'en faire sortir des arguments en faveur de la thèse orthodoxe. Ni le matérialisme, ni le panthéisme, ni lils s'athéisme lui-imaginaient pouvoir confondre avec toutes les autres dans une même n'étaient de nature à l'épouvanter; aucune de ces catégories tranchées dans lesquelles condamnation. Le kabbaliste ne se complaisent laisse pas plus déconcerter par les esprits superficiels, aucune de ces massives constructions de l'irréligion que certaines gens s'imaginent naïvement appelées à remplacer les anciens édifices de la foi humaine, ne lui surprises du <ref>page XIIPage XI </ref>faisaient la moindre illusion sur savant que par les vices appréhensions du croyant craintif; il s'efforce de construction qui rassurer celles ci en compromettent dissipant celles‑là , par la solidité aux yeux du penseur. Il se craignait pas dconciliation toujours plus complète qu'y pénétrer, il s'y mouvait avec sûreté prétend opérer entre la science et aisance, faisant avec soin la part de foi.<ref> La Kabbale comprend deux éléments: l'erreur un purement spéculatif qui peut être considéré comme une théologie véritable destinée à nous instruire de ce qui nous devons croire de Dieu aussi bien que de la nature et de la vérité. Pour luil'homme dans leur rapports avec Dieu; l'autre essentiellement pratique, ce qui n'est pas nier Dieu autre chose que l'application des principes de nier une certaine conception théologie spéculative. Celle‑ci nous enseigne en effet que de même que le grand homme, dans le domaine scientifique, artistique ou militaire gouverne la Divinité; ce nfoule de ses semblables, ainsi dans le domaine religieux qui embrasse et dépasse l'ordre social comme l'est pas dordre naturel, l'avantage détruire homme supérieur, le saint, le prophète, peut dominer la nature extérieure lui‑même plus ou moins complètement selon son Unité que degré d'en diversifier les attributs élévation spirituelle et il a même poussé l'étendre du champs où s'exerce son action. On consultera utilement sur cette question dans la hardiesse<i> Nuova Antologia</i>, année 1896, p. 763, jusquune très remarquable étude signée <i> Un Orientalista </i> sur l'ouvrage d' à montrer quelle secrète harmonie la Kabbale peut établir entre les diverses philosophies qui concoivent Dieu chacune à sa manière et même entre les idées polythéistes et le monothéisme absoluIsaac Myer: <i> The philosophical writings of Salomon Ben Jeudah Ibn Gebirol,</i> Philapdelphia, 1888 (Note des éditeurs).</ref>
Non seulement les doctrines juives prennent ainsi une ampleur Cette position qu'adopta toute sa vie Elie Benamozegh et qu'il a constamment justifiée dans ses écrits, lui donnait une force singulière. Si l'on a pu dire en effet avec quelque apparence de raison que l'exégèse antikabbalistique homme d'un seul livre est impuissante redoutable on comprend quel précieux avantage devait lui conférer cette philosophie à leur communiquer, mais laquelle il ramenait toute chose et qui lui permettait de tirer profit de tous les pratiques religieuses elles mêmes que progrès scientifiques en même temps qu'elle lui fournissait une explication rationnelle des plus ardus problèmes religieux. Grâce aux habitudes d'esprit qu'il avait acquit à l'on est tenté école des maîtres de la Kabbale, il retrouvait partout son bien propre; loin de considérer comme surannéesfuir l'objection, il la recherchait avec une évidente complaisance, lorsqul'on les juge dépourvues de tout contenuanalysait, la retournait sous toutes ses faces pour se justifient parfaitement au regard donner la satisfaction profonde d'en montrer les côtés défectueux et d'en faire sortir des arguments en faveur de la saine raisonthèse orthodoxe. Ni le matérialisme, non plus simplement comme un legs des ancêtres, comme un lien qui rattache ni le présent au passépanthéisme, mais parce quni l'athéisme lui‑même n'étaient de nature à l'elles ont une valeur intrinsèqueépouvanter; aucune de ces catégories tranchées dans lesquelles se complaisent les esprits superficiels, une importance universelle, ontologique même, selon aucune de ces massives constructions de l'expression irréligion que certaines gens s'imaginent naïvement appelées à remplacer les anciens édifices de notre auteur. « Notre la foihumaine, avait-il coutume ne lui <ref>Page XII</ref>faisaient la moindre illusion sur les vices de dire à construction qui en compromettent la solidité ses enfantsaux yeux du penseur. Il ne craignait pas d'y pénétrer, est claireil s'y mouvait avec sûreté et aisance, simple, rationnelle dans les principes faisant avec soin la part de l'erreur et mystérieuse dans le culte »de la vérité. Mais Pour lui, ce qui est mystérieux n'est point absurde. Le mystère est tout pas nier Dieu que de nier une certaine conception de la Divinité; ce qui dépasse ln'entendement humain dans l'état présent de nos connaissances et comme est pas d'après Benamozegh « le génie religieux avantage détruire son Unité que d'Israël fonctionne en vue du perfectionnement de tout le genre humain », comme diversifier les attributs et il a pour mission spéciale de relier même poussé la hardiesse, jusqu' à montrer quelle secrète harmonie la Kabbale peut établir entre elles les diverses parties du fini philosophies qui conçoivent Dieu chacune à sa manière et même entre les différentes phases de l'évolution universelle, idées polythéistes et le judaïsme doit nécessairement contenir « un élément surnaturel ou suprarationnel », à l'étude duquel l'intelligence peut et doit s'appliquer, tandis que la piété s'y alimente, sans risquer de l'épuiser jamaismonothéisme absolu.
Cette théologie ésothériqueNon seulement les doctrines juives prennent ainsi une ampleur et une force que l'exégèse anti kabbalistique est impuissante à leur communiquer, qui mais les pratiques religieuses elles mêmes que l'on est pour le savant rabbintenté de considérer comme surannées, lorsqu'on les juge dépourvues de tout contenu, la véritable tradition dogmatique se justifient parfaitement au regard de la religion israélitesaine raison, non plus simplement comme un legs des ancêtres, comme un lien qui rattache le Talmud en est la tradition pratiqueprésent au passé, mais parce qu'elles ont une valeur intrinsèque, donne ainsi un sens profond à tous les préceptesune importance universelle, à toutes les prières liturgiques: « Réduire les prescriptions rituellesontologique même, à selon l'état expression de simples observances nationalesnotre auteur. « Notre foi, écrivait il avait‑il coutume de dire à Luzzatto ses enfants, <ref>page XIII</ref> C'est claire, simple, rationnelle dans les dépouiller des trois quarts de leur valeur; cprincipes et mystérieuse dans le culte ». Mais ce qui est mystérieux n'est abaisser Dieu au rang point absurde. Le mystère est tout ce qui dépasse l'entendement humain dans l'état présent de nos connaissances et comme d'un Licurge ou après Benamozegh « le génie religieux d'un Romulus; c'est lier aux circonstances extérieuresIsraël fonctionne en vue du perfectionnement de tout le genre humain », qui ncomme il a pour mission spéciale de relier entre elles les diverses parties du fini et les différentes phases de l'ont rien de stableévolution universelle, le sort de la religion qui est éternelle <ref> Lettere a judaïsme doit nécessairement contenir « un élément surnaturel ou supra rationnel », S. D. Luzzatto - Livornoà l'étude duquel l'intelligence peut et doit s'appliquer, 1890tandis que la piété s'y alimente, p. 78.</ref>»sans risquer de l'épuiser jamais.
On voit donc que Cette théologie ésotérique, qui est pour le savant rabbin, la Kabbale philosophique d'Elie Benamozegh lui permettait véritable tradition dogmatique de porter avec assurance ses recherches dans la religion israélite, comme le Talmud en est la tradition pratique, donne ainsi un sens profond à tous les domaines et quepréceptes, grâce à elletoutes les prières liturgiques: « Réduire les prescriptions rituelles, la foi se révélait chez lui comme le courage de à l'esprit sétat de simples observances nationales, écrivait il à Luzzatto, <ref>Page XIII</ref> C'élançant résolument en avant avec lest les dépouiller des trois quarts de leur valeur; c'absolue certitude de trouver la Vérité. Aussi nul nest abaisser Dieu au rang d'a-t-il pu prononcer avec plus un Licurge ou d'autorité que lui la parole un Romulus; c'est lier aux circonstances extérieures, qui n'ont rien de stable, le sort de réconciliation entre la religion et la science: « Embrassezqui est éternelle <ref> Lettere a S. D. Luzzatto -vous dans une fraternelle étreinteLivorno, car vous êtes l'une et l'autre filles du ciel 1890, p. 78. </ref> ».
Mais si cette position présentait On voit donc que la Kabbale philosophique d'Elie Benamozegh lui permettait de grande avantagesporter avec assurance ses recherches dans tous les domaines et que, grâce à elle nétait pas sans offrir aussi de sérieux inconvénients. La science et , la philosophie constituent en somme foi se révélait chez lui comme le privilège dcourage de l'un petit nombre desprit s'esprits. Plus rares encore sont ceux qui réussissent à les unir délançant résolument en avant avec l'une façon si harmonieuse qu'elles peuvent se pénétrer et se vivifier mutuellementabsolue certitude de trouver la Vérité. LAussi nul n'illustre rabbin, chez qui elles s'accompagnaient encore a‑t‑il pu prononcer avec plus d'autorité que lui la parole de réconciliation entre la religion et la science: « Embrassez‑vous dans une mysticité transcendante non moins exceptionnellefraternelle étreinte, se condamnait donc à ncar vous êtes l'être point compris une et même à voir parfois suspecter la pureté de sa foi. On sait que son commentaire hébreu sur le Pentateuque <i> Em lammicra </i>fut réprouvé comme hétérodoxe par les rabbins palestiniens <ref> Voir <i> Zori Gilead </i>de notre auteur, apologie victorieuse de son<i> Em lammicrà </i> aux grands rabbins de Jerusalem qui a paru dans le journal <i>Lebanon </i>après les invitations réiterées de plusieurs missionnaires de Palestine – Voir aussi la préface en francais de notre auteur au livre <i> « Zichron Jeruscialaim l'autre filles du ciel » </i> du rabbin Elie Hazan - Livourne, 1874.</ref>
Mais si cette position présentait de grands avantages, elle n'était pas sans offrir aussi de sérieux inconvénients. La discipline intellectuelle science et religieuse qu'il devait à la Kabbale et à laquelle il soumettait tout philosophie constituent en somme le savoir humain aussi bien que la science juive, est privilège d'un petit nombre d'ailleurs de nature si spéciale que, malgré ses vastes connaissances il ne pouvait songer esprits. Plus rares encore sont ceux qui réussissent à avoir, en dehors du cercle de ses disciple, les unir d'une action étendue. Il eût été nécessaire pour cela façon si harmonieuse qu'en puisant à cette source elles peuvent se pénétrer et en utilisant ses données essentiellesse vivifier mutuellement. L'illustre rabbin, chez qui elles s'accompagnaient encore d'une mysticité transcendante non moins exceptionnelle, il parvînt se condamnait donc à communiquer n'être point compris et même à voir parfois suspecter la pureté de sa pensée une forme entièrement appropriée à la culture moderne; il foi. On sait que son commentaire hébreu sur le Pentateuque <refi>page XIVEm lammicra </i>fut réprouvé comme hétérodoxe par les rabbins palestiniens <ref> eût fallu traduire en langage intelligible pour les hommes du XXVoir <superi>èmeZori Gilead </superi>de notre auteur, apologie victorieuse de son<i> siècle ce qu'il était accoutumé à exprimer Em lammicrà </i> aux grands rabbins de Jérusalem qui a paru dans le style talmudique et zoharistiquejournal <i>Lebanon </i>après les invitations réitérées de plusieurs missionnaires de Palestine – Voir aussi la préface en français de notre auteur au livre <i> « Zichron Jeruscialaim » </i> du rabbin Elie Hazan - Livourne, 1874.</ref>
Dans lLa discipline intellectuelle et religieuse qu'enseignement il devait à la Kabbale et dans à laquelle il soumettait tout le savoir humain aussi bien que la conversation toujours attrayante et instructivescience juive, ses élèves ne se lassaient est d'admirer la clarté avec laquelle ailleurs de nature si spéciale que, malgré ses vastes connaissances il savait traduire et présenter les plus obscures conceptions ne pouvait songer à avoir, en dehors du cercle de la Kabbale dans le langage précis des écoles philosophiques de la Grèce ses disciple, une action étendue. Il eût été nécessaire pour cela qu'en puisant à cette source et de l'Allemagneen utilisant ses données essentielles, en réussissant il parvînt à insinuer surtout la conviction que la Kabbale - communiquer à part sa haute antiquité et son authenticité hébraïque qu'pensée une forme entièrement appropriée à la culture moderne; il admettait désormais entièrement - soit tout au moins, un grand syst<ref>Page XIV</ref> eût fallu traduire en langage intelligible pour les hommes du XX<super>ème</super> philosophique qui mérite toute la considération des savants siècle ce qu'il était accoutumé à exprimer dans le style talmudique et zoharistique.
Si telle avait été Dans l'enseignement et dans la conversation toujours sa voie, qui sait siattrayante et instructive, ses élèves ne se lassaient d'admirer la clarté avec sa prodigieuse érudition laquelle il savait traduire et l'ardeur présenter les plus obscures conceptions de son zèle, il n'eût pas été capable la Kabbale dans le langage précis des écoles philosophiques de révolutionner le monde religieux la Grèce et dde l'exercer Allemagne, en tout cas sur le judaïsme une influence plus décisive peutréussissant à insinuer surtout la conviction que la Kabbale -être que Maïmonide lui à part sa haute antiquité et son authenticité hébraïque qu'il admettait désormais entièrement -même?soit tout au moins, un grand système philosophique qui mérite toute la considération des savants.
Mais les moyens qu'il employait quelquefois ne le prédisposaient point à ce rôleSi telle avait été toujours sa voie, qui sait si, malgré avec sa prodigieuse érudition et l'aisance remarquable avec laquelle ardeur de son zèle, il s'exprimait dans les langues modernes. Il n'est eût pas juquété capable de révolutionner le monde religieux et d' à la phraséologie même dont il se servait qui ne fût un obstacle à la diffusion des idées qu'il voulait défendre.exercer en tout cas sur le judaïsme une influence plus décisive peut‑être que Maïmonide lui‑même?
Je risque assurément de surprendre la majeure partie de mes lecteurs en disent par exemple Mais les moyens qu'il fut un apôtre du noachisme; en fait, la plupart d'entre eux employait quelquefois ne soupçonneront pas au premier abord le prédisposaient point à ce qurôle, malgré l'aisance remarquable avec laquelle il mettait sous ce nom-là et pourtant ls'idée qui sexprimait dans les langues modernes. Il n'y cache est dpas jusqu''une importance considérable et elle constitue, à mon avis, la véritable originalité de lphraséologie même dont il se servait qui ne fût un obstacle à la diffusion des idées qu'œuvre religieuse de ce puissant penseuril voulait défendre.
On ignore trop Je risque assurément de surprendre la majeure partie de mes lecteurs en général disent par exemple qu' Elie Benamozegh ne il fut pas seulement un savant kabbalisteapôtre du noachisme; en fait, mais la plupart d'entre eux ne soupçonneront pas au premier abord ce qu'il s'était formé surtout, grâce à ses connaissances philosophiques et religieuses aussi bien que scientifiques et grâce aussi, ou ne saurait le contester, à cette théosophie hébraïque qui éveille tant de préventions, un syst<super>ème</super> très compliqué, très profond mettait sous ce nom‑là et cependant parfaitement coordonné, qui lui permettait d'expliquer admirablement le judaïsme dans toutes ses parties, même les plus obscures et les plus déconcertantes d'ordinaire pour ses apologistes. Il était fort éloigné d'ailleurs de présenter ce syst<super>ème</super> comme le produit de ses conceptions<ref>page XV</ref> personnelles; ce n'était pas autre chose pour lui que pourtant l'édifice religieux résultant du majestueux ensemble des enseignements bibliques et traditionnels. Le judaïsme n'est plus une religion particulière dont il idée qui s'agit de défendre la position vis à vis du cultes concurrents en démontrant les erreurs de ces derniers. C'y cache est la Religion même; toutes les autres, commes autant de manifestations sppéciales répondant aux besoins des différentes races, se groupent autour d'une importance considérable et elle dans une relation plus ou moins étroiteconstitue, à mon avis, selon qu'elles s'écartent ou se rapprochent davantage des vérités fondamentales dont elle a la garde et toute véritable originalité de l'humanité se trouve ainsi religieusement organisée dans une unité très réelle, bien qu'elle implique, par la nature même des choses, des diversités nombreuses et nécessairesœuvre religieuse de ce puissant penseur.
Toute cette construction idéale sOn ignore trop en général qu'explique par la notion des deux lois ou plutôt du double aspect de la Loi unique et étemelle qui est à la fois sacerdotale et laïqueElie Benamozegh ne fut pas seulement un savant kabbaliste, selon mais qu'elle il s'adresse spécialement était formé surtout, grâce à Israël ses connaissances philosophiques et religieuses aussi bien que scientifiques et grâce aussi, ou ne saurait le contester, à lcette théosophie hébraïque qui éveille tant de préventions, un système très compliqué, très profond et cependant parfaitement coordonné, qui lui permettait d'expliquer admirablement le judaïsme dans toutes ses parties, même les plus obscures et les plus déconcertantes d'humanité tout entièreordinaire pour ses apologistes. La forme quIl était fort éloigné d'elle revêt dans ailleurs de présenter ce système comme le culte juif proprement dit se justifie par la mission particulière dproduit de ses conceptions<ref>Page XV</ref> personnelles; ce n'était pas autre chose pour lui que l'Israël dans le monde, mais elle édifice religieux résultant du majestueux ensemble des enseignements bibliques et traditionnels. Le judaïsme n'est nullement obligatoire pour tous plus une religion particulière dont il s'agit de défendre la position vis à vis des cultes concurrents en démontrant les hommes, qui demeurent libres au contraire derreurs de ces derniers. C'exprimer diversement leurs sentiments religieux selon est la Religion même; toutes les autres, comme autant de manifestations spéciales répondant aux besoins variés des époques et des différentes races, pourvu se groupent autour d'elle dans une relation plus ou moins étroite, selon qu'ils obéissent à elles s'écartent ou se rapprochent davantage des vérités fondamentales dont elle a la Loi morale garde et rationnelle qui seule leur est prescrite. De là ce respect que le judaïsme toujours professé pour les autres cultes et cette affirmation répétée de ses Docteurs que pour être juste et agréable à Dieutoute l'humanité se trouve ainsi religieusement organisée dans une unité très réelle, bien qu'elle implique, pour appartenir à par la véritable religionnature même des choses, il n'est aucunement besoin de pratiquer les rites israélitesdes diversités nombreuses et nécessaires.
On voit ainsi combien fausse est Toute cette opinion de certains critiques que le monothéisme sémitique engendrait forcément l'intolérance. Si lconstruction idéale s'on consent à aller au fond des choses, cela ne paraît guère exact même pour l'Islam, mais en ce qui concerne le judaïsme rien n'est plus formellement démenti par les faits. L'attitude d'Israël est même beaucoup plus qu'une simple tolérance, comme on en peut heureusement trouver d'autres exemples imposés explique par la force notion des circonstances deux lois ou plutôt que par les convictions elles-mêmes; c'est la mise en pratique de cette idée que le judaïsme est le foyer, le centre du double aspect de la religion universelle Loi unique et que les <ref>page XVII</ref>autres cultes se trouvent rattachés éternelle qui est à lui la fois sacerdotale et par conséquent légitimes dans la mesure où ils sont fidèles à ses principes. L'étude des religions comparées apparaît aujourd'hui comme une nouvelle branche de la science; ce n'est laïque, selon qu'au XIX <super>ème</super> siècle que la critique elle s'est mise adresse spécialement à Israël ou à fouiller avec impartialité et discernement les mythologies anciennes et qu'elle a fini par y découvrir autre chose qu'un tissu de fables incohérentes et grossières, indignes de retenir un instant l'attentionhumanité tout entière. Or lLa forme qu'antique judaïsme avait tracé depuis de longs siècles les linéaments de cette science elle revêt dans sa théologie, et ne peut-on pas dire que la Kabbale, qui nous apprend à voir sous le nom de toute divinité païenne une étincelle de vérité, avait déjà donné en substance le résultat des travaux de nos savants modernes?<ref> Quand en 1902 et 1903 Fréderic Delitzsch, tint à Berlin à culte juif proprement dit se justifie par la Singakademie, en pré-sence de l'empereur et de l'impératrice mission particulière d'Allemagne, ses deux célèbres conférences sous Israël dans le titre de Babel und Bibelmonde, dans lesquels il pensait démontrer que la loi et la civilisation hébraï- que mais elle n'étaient qu'une copie tardive de la civilisation et de la loi assyro-babyloniennes, il se trouva assurement des critiques de valeur, allemands et étrangers, tels que J. Barth, Fr. Hommel, Alfred Jeremias, D. R. Kittel, M. Knieschke et beaucoup d'autres est nullement obligatoire pour prouver la faiblesse des conclusions de Delitzsch. Il n'en est pas moins vrai qu'une foule de genstous les hommes, croyants ou incrédules, savants ou ignorants, s'émurent comme s'il s'agissait qui demeurent libres au contraire d'une découverte capable de ruiner exprimer diversement leurs sentiments religieux selon les bases de la religion ou de jeter du moins l'inquiétude dans les consciences. Mais au contraire ceux qui connaissaient besoins variés des époques et avaient déjà accepté les doctrines d'Elie Benamozeghdes races, n'éprouvèrent aucune surprise, préparés pourvu qu'ils étaient précisément obéissent à certaines objectionsla Loi morale et rationnelle qui seule leur est prescrite. Ils découvrirent même dans De là ce respect que le judaïsme toujours professé pour les conclusions autres cultes et cette affirmation répétée de Delitzsch de nouveaux ses Docteurs que pour être juste et puissants arguments agréable à Dieu, pour confirmer leur foi dans l'esprit qui anime toute appartenir à la tradition hébraïque.Voirvéritable religion, Dr S. Colombo –<i>Nozze Cav-Franco </i>– Tip. Belforte, Livorno, 1904il n'est aucunement besoin de pratiquer les rites israélites.</ref>
Est-On voit ainsi combien fausse est cette opinion de certains critiques que le monothéisme sémitique engendrait forcément l'intolérance. Si l'on consent à aller au fond des choses, cela ne paraît guère exact même pour l'Islam, mais en ce à dire qui concerne le judaïsme rien n'est plus formellement démenti par les faits. L'attitude d'Israël est même beaucoup plus qu'il nune simple tolérance, comme on en peut heureusement trouver d'y a pas autres exemples imposés par la force des erreurs circonstances plutôt que par les convictions elles‑mêmes; c'est la mise en pratique de cette idée que le judaïsme est le foyer, le centre de la religion universelle et que les <ref>Page XVII</ref>autres cultes se trouvent rattachés à corriger ? Non, certeslui et par conséquent légitimes dans la mesure où ils sont fidèles à ses principes. L'étude des religions comparées apparaît aujourd'hui comme une nouvelle branche de la science; en fractionnant ce n'est qu'au XIX <super>ème</super> siècle que la critique s'est mise à fouiller avec impartialité et discernement les mythologies anciennes et qu'elle a fini par y découvrir autre chose qu'un tissu de fables incohérentes et grossières, indignes de retenir un instant l'infini attention. Or l'idée antique judaïsme avait tracé depuis de longs siècles les linéaments de Dieucette science dans sa théologie, et ne peut‑on pas dire que la Kabbale, qui nous apprend à voir sous le paganisme nom de toute divinité païenne une étincelle de vérité, avait complètement perdudéjà donné en substance le résultat des travaux de nos savants modernes?<ref> Quand en 1902 et 1903 Fréderic Delitzsch, du moins sous sa forme populairetint à Berlin à la Singakademie, la notion en présence de l'empereur et de l'Unité divine impératrice d'Allemagne, ses deux célèbres conférences sous le titre de Babel und Bibel, dans lesquels il pensait démontrer que la loi et avec elle la base fondamentale civilisation hébraïque n'étaient qu'une copie tardive de la fraternité humaine civilisation et du véritable progrèsde la loi assyro‑babyloniennes, il se trouva assurément des critiques de valeur, allemands et étrangers, tels que J. Barth, Fr. De mêmeHommel, Alfred Jeremias, en rompant avec IsraëlD. R. Kittel, les grandes religions issues M. Knieschke et beaucoup d'autres pour prouver la faiblesse des conclusions de lui ont toutes ou plus ou Delitzsch. Il n'en est pas moins dévié des enseignements vrai qu'une foule de la Religion universelle dont il a le dépôt; pour se réformergens, croyants ou incrédules, elles doivent donc remonter à leurs originessavants ou ignorants, car cs'émurent comme s'il s'agissait d'est dans le judaïsme que <ref>page XVIII</ref>se trouve une découverte capable de ruiner les bases de la clé des rénovations religion ou de jeter du moins l'avenirinquiétude dans les consciences. Mais tout infidèles au contraire ceux qui connaissaient et avaient déjà accepté les doctrines d'Elie Benamozegh, n'éprouvèrent aucune surprise, préparés qu'elles apparaissent, elles sont cependant ils étaient précisément à certaines objections. Ils découvrirent même dans les filles conclusions de l'Eglise-mère Delitzsch de nouveaux et ce que puissants arguments pour confirmer leur foi dans l'ignoranceesprit qui anime toute la tradition hébraïque. Voir, Dr S. Colombo –<i>Nozze CavFranco </i>– Tip. Belforte, les préjugésLivorno, les passions ont séparé doit être réuni un jour1904.</ref>
Aussi, plein de confiance dans les destinées religieuses dEst‑ce à dire qu'Israël, Elie Benamozegh travailla avec ardeur à préparer la réconciliation du christianisme et du judaïsme, but suprême qui donna un ressort particulier à son activité et qui pour tous les croyants et les penseurs restera son meilleur titre de gloire. Il voyait dans le christianisme et lil n'islamisme non y a pas des religions quelconqueserreurs à corriger ? Non, dignes de respect, comme toute aspiration de certes; en fractionnant à l'âme humaine vers infini l'Infiniidée de Dieu, le paganisme avait complètement perdu, du moins sous sa forme populaire, mais un acheminement providentiel vers la constitution notion de cette religion universelle que les prophètes d'Israël ont annoncée à l'humanité. Si vives étaient en particulier ses sympathies pour Unité divine et avec elle la base fondamentale de la religion chrétienne, qu'il a été jusqu' à dire fraternité humaine et répéter que si le christianisme consent à se réformer sur l'idéal hébraïque, il sera toujours la vraie religion des peuples gentilsdu véritable progrès. De telles expressionsmême, peuvent surprendre chez un rabbin et elles prêteraient même à une fâcheuse confusion si l'on prenait ce mot de <i>christianisme </i> comme impliquant nécessairement l'adorationen rompant avec Israël, les grandes religions issues de Jésus lui ont toutes ou du moins une croyance se rattachant dans une plus ou moins large mesure aux dévié des enseignements vrais ou supposés de ce personnage. Mais la Religion universelle dont il a le dépôt; pour que nul ne songe à se prévaloir de ces déclarations que l'amour de la paix inspirait réformer, elles doivent donc remonter à notre auteur leurs origines, il suffit de faire observer car c'est dans le judaïsme que le ferme de <iref> christianisme Page XVIII</iref> était pour lui synonyme se trouve la clé des rénovations de <i>messianisme </i>l'avenir. Mais tout infidèles qu'elles apparaissent, elles sont cependant les deux mots ayant exactement le même sens avec cette seule différence que le premier trahit toute filles de l'influence héllénique subie par les disciples de Jésus Eglise‑mère et ce que l'importance exagérée progressivement attribuée au rôle de ce dernierignorance, les préjugés, tandis que le second nous ramène à la pure pensée hébraïqueles passions ont séparé doit être réuni un jour.
Aussi, plein de confiance dans les destinées religieuses d'Israël, Elie Benamozegh travailla avec ardeur à préparer la réconciliation du christianisme et du judaïsme, but suprême qui donna un ressort particulier à son activité et qui pour tous les croyants et les penseurs restera son meilleur titre de gloire. Il voyait dans le christianisme et l'islamisme non pas des religions quelconques, dignes de respect, comme toute aspiration de l'âme humaine vers l'Infini, mais un acheminement providentiel vers la constitution de cette religion universelle que les prophètes d'Israël ont annoncée à l'humanité. Si vives étaient en particulier ses sympathies pour la religion chrétienne, qu'il a été jusqu' à dire et répéter que si le christianisme consent à se réformer sur l'idéal hébraïque, il sera toujours la vraie religion des peuples gentils. De telles expressions, peuvent surprendre chez un rabbin et elles prêteraient même à une fâcheuse confusion si l'on prenait ce mot de <i>christianisme </i> comme impliquant nécessairement l'adoration, de Jésus ou du moins une croyance se rattachant dans une plus ou moins large mesure aux enseignements vrais ou supposés de ce personnage. Mais pour que nul ne songe à se prévaloir de ces déclarations que l'amour de la paix inspirait à notre auteur, il suffit de faire observer que le ferme de <i> christianisme </i> était pour lui synonyme de <i>messianisme </i>, les deux mots ayant exactement le même sens avec cette seule différence que le premier trahit toute l'influence hellénique subie par les disciples de Jésus et l'importance exagérée progressivement attribuée au rôle de ce dernier, tandis que le second nous ramène à la pure pensée hébraïque. Dans les derniers jours de sa vie l'illustre rabbin vivait retiré dans une maisonnette solitaire entourée de verdure, dans un quartier de Livourne. Chaque matin, à l'aube, alors que, ceint des <i>tefillin </i>et enveloppé de son ample <i>taled, </i> il disait ses prières, le son des cloches d'une église voisine lui arrivait avec une mélodieuse douceur qui donnait à toute la nature une voix religieuse, et il semblait qu'en entendant cet<ref>page Page XVII</ref> appel des cloches catholiques, le grand penseur priait avec une plus intense ferveur.
Par cette voix argentine, qui faisait résonner dans ma mémoire les vers harmonieux du poète Dante Aligilieri
A mattinar lo sposo perch è l'ami </i><ref> Paradiso, X, 139 </ref>
Il se voyait en communion spirituelle non seulement avec tous ses frères israélites de tous les pays, priants à la même heure, mais encore avec tout tous les croyants répandus sur la surface de la terre qui, en choisissant pour la prière les premières heures du jour, se montrent, sans le savoir, les disciples fidèles des anciens maîtres d'Israël .<ref> Il est dans la tradition israélite de considérer la prière en commun comme plus agréable à Dieu. Aussi quelle emotion émotion et quelle joie notre pieux maître ne devait-il devait‑il pas éprouver quand il sentait que sa pensée s'élevait ainsi vers Dieu en union avec toutes les âmes croyantes! Il n'ignorait pas non plus et il répétait souvent à ses disciples que les prières chrétiennes s'inspiraient inspirent fréquemment des pensées et des sentiments de nos vieux Psaumes, bien mieux , qu'elles ne sont la plupart du temps qu'une traduction de ces psaumes eux-mêmeseux‑mêmes. Il voyait ainsi s'accomplir la parole des prophètes annoncant annonçant la conversion conversation des nations au vrai Dieu. Les anciens prophètes et les auteurs inspirés de la Bible devenus les maîtres religieux des peuples modernes, quelle consolation pour le grand et vénéré rabbin et quelle gloire pour Israël!</ref>
Je crois sentir quelque chose de ce qui se passait alors dans son âme: cette voix lui rappelait peut être peut‑être tout le plan de Dieu sur l'humanité et la mission spéciale d'Israël et le lien profond, indispensableindissoluble, qui rattache à Sion tous les peuples de la terre. La constitution du véritable messianisme est commencée; bien des causes humaines en ont entravé la marche et compromis la réalisation, mais son achèvement néammoins néanmoins est certain. Le Messie va venir, que dis-jedis‑je? Le Messie vient! Vérité, justice, paix, fraternité voilà ce que devait proclamer aux oreilles du pieux Rabbin chaque tintement de la cloche chrétienne; les jours arrivent, comme l'a prédit le prophète, où la terre sera remplie de la connaissance de Dieu, comme le fond de la mer par les flots qui le couvrent...<ref>page Page XVIII</ref>
Peut-être commence-tPeut‑être commence‑t'- on ‑on à entrevoir ce qu' Elie Benamozegh entendait par ce nom de <i> noachisme </i> qui fait l'effet d'une très vieille chose dont on a désappris l'usage.Ce n'est ni plus ni moins que le vrai catholicisme dont l'Eglise romaine a donné au monde une si choquante contretrefaçoncontrefaçon; c'est la religion universelle débarrassée des erreurs des cultes locaux et nationaux et reliée de la façon la plus intime à cette foi d'Israël dont la Bible et la tradition sont unanimes à annoncer le triomphe final; c'est l'organisation religieuse de la famille humaine par la combinaison harmonieuse des deux éléments laïque et sacerdotal, qui ont chacun leur rôle et leur raison d'être. Sans que l'accomplissement des préceptes mosaïques propres à l'Israélite de naissance lui soit aucunement imposé, le non-juif non‑juif se voit conférer par l'adoration du Dieu unique et véritable le droit d'être considéré comme appartenant à la vraie religion, comme participant réellement au culte dont la famille d'Aaron, au nom de tous, célébrait autrefois les rites extérieurs et dont le judaïsme actuel reste l'expression légitime et nécessaire. Ainsi s'expliquent les maximes des Docteurs de la Synagogue: « Quiconque abjure l'idolâtrie est un véritable juif. Quiconque rejette le polythéisme confesse toute la Loi ». Ainsi ne réalise la parole du prophète à l'adresse des étrangers qui s'attachent à l'Eternel pour le servir et pour l'aimer: « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples ».
Benamozegh, n'eut pas de plus chère ambition que de grouper autour de la Synagogue, dans une étroite union avec l' Israël religieux, des chrétiens de naissance convertis à cette grande idée qui était l'âme de son âme . Il me souvient d'un après midi d'été – c'était sur la fin de sa vie ; nous avions eu ensemble sur ces graves questions un long entretien. Il parlait lentement, les yeux comme rivés sur quelque but invisible; il m'exposait quelle est, vis-à-vis vis‑à‑vis d' Israël, la situation des non-juifs non‑juifs et comment ils sont appelés à constituer, avec une liberté plus grande au point de vue culturel, la seconde face d'une même religion divine. Soudain ses regards se fixèrent sur moi et il me dit: « Oui, et c'est par vous que je voudrais commencer ».
Ces paroles, il me les répéta plus d'une fois dans les lettres qu'il<ref>page Page XIX</ref> me fit l'honneur de m'adresser et j'avoue à ma honte que je ne les compris point tout dabordd'abord. Dans la persuasion où j'étais qu'il est de l'essence d'une religion d'exiger une croyance absolue en ses dogmes et une entière soumission à ses pratiques, de s'attribuer le monopole de la vérité et d'anathématiser comme fausses toutes les autres confessions, je ne parvenais pas à concevoir que le judaïsme pût observer une attitude sensiblement différente et, malgré toute l'admiration que déjà je professais pour ses doctrines, je ne le voyais pas encore sous son véritable jour; je continuais à le rapetisser en le jugeant avec une mentalité chrétienne ou catholique, c'est-à-dire est‑à‑dire comme une Eglise aux cadres bien définis en dehors desquels il ne saurait exister, pour l'âme parvenue ou degré de foi où je me trouvais, ni paix intérieure, ni activité féconde. Il fallut, pour que je saisisse mieux le plan divin, tel que me l'expliquait le maître vénéré, bien des réfléxions réflexions et bien des études encore. Il fallut surtout que j'entreprisse la révision de son manuscrit « Israël et Humanité », travail auquel m'appela la confiance de son fils, M. Emmanuel Benamozegh, de qui je tiens les détails intimes insérés dans la présente préface et qui, avec une piété toute filiale et une persévérance qu'aucune difficulté n'a pu rebuter, s'est employé depuis quatre ans à mener à bonne fin la publication de cet ouvrage <ref> Voici la liste des ouvrages d'Elie Benamozegh, telle qu'il l'a donnée lui-même lui‑même dans sa <i>Bibliothèque de l'Hébraïsme </i> (Belforte, 1897) recueil périodique qui devait publier ses différentes œuvres inédites:<br>
<i>Spinoza et la Kabbale </i>– brochure détachée de l'Univers Israélite.<br>
<i>La tradition Mosaïque </i>– dans l'Univers Israélite.<br>
<i>Morale juive et Morale chrétienne</i> –édit. Kauffman, Paris 1867 – ouvrage couronné par l'Alliance Israélite.<br>
<i>Le crime de la guerre dénoncé à l'humanité</i> – ouvrage qui a obtenu médaille et mention honorable dans le concours de la ligue de la Paix, sur le rapport de Jules Simon, d'Ed. Laboulaye et de M. le sénateur Fréderic Passy.<br>
<i>Introduction à Israël et l'Humanité</i>.<br>
<i>Storia degli Esseni</i>, editédit. Le Monnier, Firenze, 1865.<br>
<i>Cinque conferenze sulla Pentecoste </i>, Livorno, tip. Benamozegh, 1886.<br>
<i>Teologia dogmatica</i>, Dio – ed. Vigo, Livorno, 1877.<br>
<i>Lettere a S.D. Luzzatto,</i> Livorno, 1890.<br>
Dans la Rivista Bolognese années 1868-70 1868‑70 de M. Panzacchi, divers articles:<br>
<i>Fréderic II de Sicile </i> et les études hébraïques.<br>
<i>Plotin et Samuel </i>(du Talmud).<br>
<i>De la période mitoyenne entre la Bible et les Rabbins.</i> <br>
<i>Dans la Rivista </i>Bolognese de M. de Gubernatis:<br>
La création selon l'Hebraïsme Hébraïsme (théosophique).<br>
<i>Le Fonti del diritto ebraico e il testamento Samama – 1 vol. Livourne, Zecchini, 1882</i><br>
<i>Contro replica</i> sull'argomento stesso Vigo, 1883.<br>
<i>Critica criticabile</i> – Apologia contro la Rev. Europ.<br>
<i>La verita sulla querele Tubiana 1861.</i><br>
La verita sulle due tipografie Tubiana e Benamozegh.<br>
<i>Le Pentateuque ou </i> Em Lammicra – texte et notes en hébreu, 5 vol.<br>
<i>Emat mafghia – </i>Réponse à l'ouvrage antikabbalistique de Leon de Modene, en hébreu, 1855.<br>
<i>Taam lechad </i>– Réfutation des Dialogues sur la Kabbale du Prof. Luzzatto, en hébreu. <br>
<i>Jaané beasch </i> – sur la crémation, en hébreu, réimprimé par le fils de l'auteur , Livourne 1906.<br>
Introduction générale à tous les monuments de la Tradition, en hébreu, publié en partie dans le Lebanon<br>
<i>Zori Ghilead </i> – Apologie de l'<i>Em Lammicra </i> en réponse aux grands rabbins de Jérusalem.<br>
Ne sont pas compris dans cette liste divers écrits de moindre importance, parmi lesquels l'Eloge de Victor Emmanuel II, que M. Emm. Benamozegh compte réunir en un volume.</ref> Je dois maintenant au lecteur quelques explications à ce sujet.<ref>Page XXII</ref>
Je dois maintenant au lecteur quelques explications à ce sujet.<ref>page XXII</ref>Le livre qui voit aujourd'hui le jour a occupé Elie Benamozegh pendant de nombreuses années. Il y a condensé toute sa pensée religieuse, tout ce vaste syst<super>ème</super> système dont je viens d'essayer de dégager les idées principales et d'esquisser les grandes lignes. On comprend donc l'intérêt qui s'attachait à cette publication.
Il s'en fallait de beaucoup cependant que le manuscrit fût en état d'être livré à l'impression. Tel qu'il existait à la mort de l'illustre rabbin, il ressemblait plutôt à un volumineux canevas dont l'auteur se réservait de faire ultérieurement la rédaction définitive. Il ne comprenait<ref>page Page XXIII</ref> pas moins de dix-neuf dix‑neuf cents grandes pages d'une écriture compacte, sans alinéa, coupure, ni division d'aucune sorte, les feuillets étant écrits au <i>recto</i> et au <i>verso, </i> ce qui indique bien qu'il n'entrait nullement dans la pensée de l'auteur de le donner au public sous cette forme. L'aspect de ce manuscrit faisait tout naturellement songer à quelque traité du Talmud, les matières y étant emmêlées, les disgressions digressions nombreuses, les répétitions, les détours fréquents. En outre, ce travail qui paraissait ainsi préparé en vue d'un enseignement oral, demeurait inachevé. Après avoir étudié l'universalisme israélite dans le domaine spéculatif, c'est à dire l'idée que le judaïsme s'est faite de Dieu et des dieux , de l'homme et de l'humanité, et dans le domaine pratique, autrement dit dans la conception juive de la Loi, de la Révélation, du mosaïsme et de la religion universelle, Elie Benamozegh se proposait de rechercher dans une troisi<super>ème</super> troisième partie les traces de cet universalisme dans l'idée que le judaïsme s'est faite de lui-même lui‑même et de ses rapports avec le reste du genre humain, et de montrer comment dans sa vie intellectuelle, morale et civile, il a pris conscience de son caractère universel, comment enfin ce caractère s'est manifesté dans les croyances relatives à sa vocation, dans son histoire, dans l'accomplissement de sa mission et dans sa conception de l'état futur et définitif de l'humanité qu'il prépare et qui est le messianisme ou royaume de Dieu.
Malheureusement cette dernière partie qui s'annonçait comme la plus importante n'a pas été rédigée par l'auteur; les notes informes qu'il avait commencé à recueillir n'ont pas permis de la reconstituer. Sans doute tous les éléments qui devaient y figurer se trouvent déjà disséminés dans le reste de l'ouvrage, mais il eût été intéressant de les voir réunis, condensés en un corps de doctrine qui aurait donné de la sorte à cette magistrale étude son complet achèvement. Malgré cette lacune considérable, on devait à la mémoire d'Elie Benamozegh, de ne point laisser perdre le fruit de tant de travaux, de tant de recherches, et de faire paraître, même sous ces proportions réduites, cette œuvre si impatiemment attendue par ses disciples et dont il avait lui-même lui‑même si vivement désiré la publication.
Mais comment l'ouvrage du savant rabbin allait-il allait‑il voir le jour ?<ref>page Page XXII</ref>
On pouvait le publier tel quel, en se bornant à lui faire subir, page après page, les corrections indispensables au point de rue du langage et en y introduisant les divisions nécessaires, ou bien le refondre entièrement et en exposer sous une forme plus littéraire, plus moderne, les idées essentielles en supprimant certains développements accessoires. Aucun de ces procédés ne pouvaient donner satisfaction aux disciples et aux amis de l'auteur, parce qu'ils ne respectaient ni l'un ni l'autre suffisamment la pensée de ce dernier. C'était la trahir en effet que d'éditer sans modifications une œuvre dont la forme restait si imparfaite et qui présentait en grand nombre des répétitions, des longueurs, des interventions et des obscurités résultant inévitablement du manque de rédaction soignée. Et d'autre part, ce n'était pas lui être plus fidèle que de publier un livre nouveau, ne ressemblent plus en somme à l'original que part les données fondamentales.
Dans ces conditions, je ne vis pas d'autre parti à prendre que d'employer une méthode de révision incontestablement plus difficile, mais qui au fond combinait les deux autres de la seule manière acceptable. Il s'agissait de corriger le style de l'ouvrage et de rédiger celui-ci celui‑ci aussi complètement que possible en suivant exactement l'ordre du manuscrit primitif et en faisant ce que vraisemblablement l'auteur eût fait lui-mêmelui‑même, s'il lui avait été donné de mettre la dernière main à l' œuvre commencée. Les intercalations, les digressions devaient être les unes supprimées, les autres ramenées à leur place naturelle. Certains passages, qui semblaient destinés à figurer plus tard comme notes additionnelles, ne pouvaient qu'être retranchés complètement comme allongeant d'une façon inutile le travail. Je ne me suis cru toutefois autorisé à faire des coupures que lorsqu'elles m'ont paru absolument nécessaires pour la bonne marche de l'exposition.
Je me suis efforcé de rendre la lecture de ces pages aussi facile que le comportait la nature des sujets traités, en leur communiquant, dans la mesure du possible, cette forme française que l'auteur souhaitait tant leur pouvoir donner et en pratiquant de nombreuses divisions et subdivisions propres à guider et à reposer l'esprit dans cette laborieuse étude. Comme les titres des chapitres et des paragraphes ont été ainsi<ref>page Page XXIV</ref> ajoutés dans un but d'ordre et de clarté, il ne faut pas trop s'étonner si le contenu de ces différentes parties ne correspond pas toujours rigoureusement d'un bout à l'autre aux brèves indications données. Lorsqu'il m'a paru tout à fait indispensable, sous peine de compromettre gravement la forme et avec elle la valeur même de l'ouvrage, de completer compléter ce qui demeurait inachevé et de relier entre eux des passages qui autrement eussent fait l'effet de morceaux détachés, comme l'auteur n'eût certainement pas manqué de le faire en reprenant la rédaction de son manuscrit, je me suis appliqué à répondre à cette nécessité littéraire au moyen de phrases courtes résumant exactement les développements qui précèdent ou introduisant ceux qui devaient suivre. Mais dans tous ces détails, comme dans l'ensemble de l' œuvre j'ai toujours reproduit avec une fidélité scrupuleuse la pensée de l'original. Ma préoccupation d'entière exactitude a été telle que j' ai laissé subsister bien des choses qu'il eût été préférable peut être d'abréger ou de supprimer, mais qui, en raison de la place qui leur avait été donnée par l'auteur, ne m'ont pas semblé devoir être éliminées entièrement.
J'ai maintenu la division en trois parties principales qui était dans le plan primitif, mais celles-cicelles‑ci, vu l'état incomplet du manuscrit, reproduisent seulement la matière des deux premières dont le savant rabbin avait terminé la compilation et qui se trouve actuellement ré- partie ré‑partie sous ces trois titres généraux: Dieu. – L'Homme. – La Loi. Enfin, pour remplacer dans une certaine mesure la troisi<super>ème</super> troisième partie, qui faisait malheureusement défaut, et donner tout au moins une forme achevée, j'ai ajouté une conclusion pour laquelle il m'a fallu utiliser, soit les notes informes dont je parlais plus haut, soit les cinq conférences d'Elie Benamozegh sur la Pentecôte qui figurent dans la collection de ses œuvres imprimées, soit enfin les lettres personnelles qu'il me fit le grand honneur de m'adresser, en sorte que ces dernières pages rendent non moins fidèlement que le reste du volume la pensée de l'auteur.
La somme de travail que l'ouvrage actuel représente serait peut-être peut‑être jugée considérable, si l'on pouvait s'en faire une juste idée; cependant <ref>page Page XXIV</ref> elle est à mes yeux peu de chose en comparaison de celle que le sujet lui-même lui‑même me paraît mériter. Je n'ai pas eu d'autre prétention que de rendre possible la publication et la lecture du précieux manuscrit d'Elie Benamozegh que l'on ne pouvait songer à imprimer dans l'état où il se trouvait à la mort de ce dernier. Je ne me flatte certainement pas d'avoir fait disparaître toutes les obscurités. Indépendamment de celles qui peut-être peut‑être sont à mes scrupules de rédacteur ou a mon isuffisance insuffisance personnelle, il en est d'autres qui tiennent aux causes que j'ai indiquées en parlant du caractère et des méthodes de l'auteur. Le rappel constant aux principes kabbalistiques déroutera sans doute certains lecteurs peu préparés et en offusquer d'autres qui sont portés à juger ces idées d'une manière défavorable. Il vaut toutefois la peine de faire taire les impatiences et les préjugés, quand il s'agit d'un sujet qui intéresse au plus haut degré tous les hommes religieux, tous les penseurs, d'un probl<super>ème</super> problème auquel un savant de la valeur d'Elie Benamozegh s'est appliqué à donner une solution singulièrement belle et profonde .<ref> Pour répondre aux exigences actuelles de la science qui n'affirme rien qu'elle ne puisse exactement prouver d'après les monuments littéraires, historiques et artistiques de l'époque ou du peuple qu'il s'agit d'étudier, notre grande préoccupation, avant de publier cet ouvrage, était d'y ajouter toutes les citations nécessaires, notamment celles des sources hébraiques ou hébraïques où notre auteur a puisé la plupart de ses arguments les plus importants. Il avait songé lui-même lui‑même à compléter ainsi son œuvre, car il possédait si parfaitment parfaitement les matières dont il parlait qu'il n'avait nul besoin d'avoir habituellement sous les yeux les textes originaux auxquels il s'en référait. Certain de ne rien citer du Talmud, de la Kabbale et des autres écrits rabbiniques qui ne fut rigoureusement exact, il n'a donc pas toujours indiqué dans son manuscrit la provenance de ses citations. Nous aurions désiré suppléer entièrement à cette lacune, mais la difficulté et la longueur des recherches dans un domaine si vaste, la nécessité pressante de ne pas retarder plus longtemps la publication de l'ouvrage annoncé et attendu depuis tant d'années, le désir de voir enfin se réaliser le vœu le plus cher de notre maître, tout cela nous a contraints à renoncer au travail de documentation que nous aurions voulu entreprendre. Mais de même que le grand docteur de la Mischna, R. Eliezer, n'affirmait rien qu'il n'eut entendu de la bouche de ses maîtres, de même le lecteur peut etre être assuré qu'Elie Benamozegh n'avancait avançait rien non plus qu'il ne fut en état de prouver par les grands monuments de notre tradition religieuse et pas les diverses productions philosophiques et littéraires des peuples anciens et modernes. Pour les lecteurs qui ont un besoin inné de croire et de raisonner, d'être des hommes de lumière et de progrès, sans cesser pour cela d'être des juifs religieux "Israël et l'Humanité" constitue déja déjà un document de premier ordre. Cette œuvre établit clairement en effet ce que pensait, sur ces graves sujets, un de nos plus illustres savants, élevé aux pieds des maîtres de la précédente génération, qui, dans son amour pour la Thora, est parvenu à s'assimiler toute la philosophie des siècles passés et toute la culture moderne et qui, pour tout dire, sut garder la foi des anciens âges tout en raisonnant selon les nécessités de la science actuelle </ref>.
A tous ceux qui ne se contenteront pas d'examiner superficiellement ce livre, mais qui consentiront a à lui consacrer une étude attentive, j'ose promettre un dédommagement pour leur fatiguesfatigue. Une grande idée se dégagera de cette masse de matériaux, de ces discussions et de<ref>page Page XXV</ref> ces textes; après les hésitations, les tâtonnements d'une route longue et difficile, une lumière brillera.
Je dois exprimer ici ma reconnaissance à M. le grand rabbin Samuel Colombo de Livourne, disciple de l'illustre Benamozegh et héritier de sa science et de sa piété dans le ministère sacré, lequel a bien voulu relire mon travail et m'aider plusieurs fois de ses conseils.
Soient remerciés également au nom des amis et admirateurs d''Elie Benamozegh et en particulier au nom de son fils M. Emmanuel BcnamozeghBenamozegh, tous ceux qui ont contribué aux frais de publication du présent ouvrage: M. le Baron Edmond de Rothschild, de Paris; M. Raffaello Ottolenghi, d'Acqui; M. Raffaello Rosselli, de Livourne; M. Salvatore Disegni de Livourne; M. M. Angiolo et Ugo Levi, de Venise; M. Giuseppe Archivolti, de Livourne; M. Cesare Tedesco, de Livourne; M. Emmanuel Pardo Roques, de Pise; M. Eugène Mirtil, de Paris; La communauté israélite de Livourne et celles de Gènes, de Vercelli et de Venise.<ref>Page XXVI</ref> III. On trouvera bien inusité assurément le fait de donner une introduction à une préface, et pourtant il était écrit au livre des destinées qu'il en serait cette fois ainsi, celui qui devait rédiger entièrement ces pages préliminaires ayant été appelé, avant de pouvoir achever le travail qu'il projetait, à recevoir le baiser suprême de son Créateur. Parmi tous les hommes éminents, qui au siècle dernier, ont joué un rôle important dans le domaine religieux, il en est un dont l'exemple me paraît particulièrement instructif, non seulement parce qu'il fut vraiment grand par la noblesse du caractère, par le rayonnement d'une âme éprise du plus pur idéal et par le don d'une incomparable éloquence mise au service de la plus sainte des causes, mais parce qu'aucun autre penseur peut‑être, au cours d'une longue évolution spirituelle, ne s'est rapproché davantage des immortels principes qui sont l'essence même de la foi d'Israël. Cette individualité religieuse qui peut sembler à certains égards indécise, flottante, a admirablement représenté au contraire les combats et les aspirations de l'élite actuelle de l'humanité. En elle s'est incarnée l'âme de toute une époque; toute me génération de chrétiens vit, palpite là avec ses incertitudes et ses doutes et se débat entre les définitions d'une dogmatique désormais inacceptable et les besoins nouveaux de la conscience religieuse. J'ai nommé M. Hyacinthe Loyson, qui, malgré les multiples changements dont il a donné pendant un demi siècle le spectacle, est néanmoins toujours demeuré si bien le même qu'il est resté pour tous, et jusqu'à la fin, le père Hyacinthe. Trois phases principales partagent l'existence de ce grand chrétien qui fut vraiment, lui aussi, un homme de Dieu dans toute la force du terme. Durant la première, il dépensa, comme prêtre et comme moine, son activité au service de l'Eglise romaine, qui était celle de sa naissance, et il n'a cessé de répéter qu'il devait à ces vingt années de sacerdoce quelques‑unes de ses joies les plus pures et les plus profondes. Puis, quand il vit que la religion qu'il voulait servir était compromise par des préoccupations d'ambition temporelle et par une autorité despotique, n'ayant en réalité rien de commun avec la foi, quand il sentit<ref>Page XXVII</ref> que ses tendances libérales devaient être fatalement étouffées par le système de compression intellectuelle et morale que Rome déjà renforçait de plus en plus et que, selon ses propres paroles, « la cause de l'anarchie sociale, morale et religieuse, qui mine les races latines en général, est, dans la manière dont le catholicisme est depuis longtemps compris et pratiqué », il chercha à donner à celui‑ci une forme plus souple, plus acceptable et plus conforme ‑ il le croyait du moins alors ‑ à l'idéal évangélique; ce fut l'époque des tentatives de réforme à Genève et à Paris et la période la plus agitée de sa vie. Enfin, il comprit peu à peu que cette réforme sur les bases conciliaires était incomplète, qu'il y a à corriger d'autres erreurs non moins graves que celle de l'infaillibilité pontificale et qu'ainsi le malaise dont souffre la chrétienté ne date pas de la proclamation de ce dogme, accident tout à fait normal, ce me semble, dans l'histoire du christianisme, puisqu'il est l'application logique d'un principe poussé à ses dernières conséquences. Les barrières dogmatiques tombant peu à peu à ses yeux, son horizon religieux s'élargit. De toutes les incarnations imaginées par les hommes pour rapprocher d'eux l'infini, il sépara résolument, et sans jamais revenir en arrière, le Dieu vivant et éternel qui est « en toutes les belles choses et toutes les belles âmes, parce qu'Il est Celui qui est ». Sa notion de la vraie religion se modifia entièrement; il entrevit alors la véritable Eglise catholique, invisible encore, mais très réelle cependant, qui, fidèle à sa définition même, ne connaît aucune frontière ecclésiastique. Et sa foi au Dieu unique aboutissant, comme on l'a fort bien dit, à un impérieux besoin de fraternité religieuse, on put le voir prier en Orient dans les mosquées musulmanes, communier dans l'église copte du Caire, prêcher dans les temples protestants, fréquenter la Synagogue avec une grande édification et entretenir les relations les plus affectueuses avec des représentants de toutes les confessions, aussi bien qu'avec des prêtres de l'Eglise romaine qui lui sont demeurés fidèles jusqu'à la fin. Le Père Hyacinthe, dans ces différentes périodes de sa vie, n'a créé aucune autre œuvre qui représente aujourd'hui sa pensée. Il apparaît ainsi<ref>Page XXVII</ref> à quelques‑uns comme un homme qui n'a trouvé nulle part la place qui lui convenait. Mais dans l'état présent du monde religieux, il n'en pouvait être autrement. En localisant son action, il eût diminué la portée de son exemple; toute Eglise ayant nécessairement un côté étroit, particulier, son âme de prophète n'eût pu y respirer complètement à l'aise. Il était appelé à servir l'idée même d'une Eglise universelle et non point une secte déterminée. L'homme voué au culte d'un tel idéal se trouve par le fait même condamné à un certain isolement et en ce sens on peut soutenir avec raison que la largeur d'esprit n'est pas immédiatement créatrice. Mais s'il n'a rien fondé, il a fait quelque chose de plus utile encore. Il a prouvé l'insuffisance et l'impossibilité de la réforme tenté au début de sa rupture avec Rome; il a surtout montré dans quel sens doit se transformer le christianisme pour devenir enfin le messianisme dont les disciples de Jésus avaient la prétention d'inaugurer le règne. A ce point de vue là sa vie est l'illustration singulièrement éloquente de la doctrine qu'Elie Benamozegh a constamment prêchée en apôtre convaincu. Si jamais deux croyants semblent avoir été destinés à se rencontrer, c'est bien assurément le Père Hyacinthe et l'illustre rabbin livournais. Celui‑ci en effet ne s'est‑il pas efforcé dans ses longs et persévérants travaux, de dégager des mouvements bibliques et traditionnels la formule du vrai catholicisme dont celui‑là, de son côté, a poursuivi sans relâche, durant toute son existence, une réalisation de plus en plus conforme au plan divin qui se révélait àlui? Ils ne se sont pourtant jamais vus ici‑bas, mais ils n'en ont pas moins communié l'un et l'autre dans la foi à un même idéal. L'ancien orateur de Notre‑Dame, admirateur du prophète et héritier de leur souffle puissant, devait être logiquement amené à considérer comme, parfaitement normale, et même évangélique en un sens, cette évolution religieuse dont le savant fils d'Israël avait tracé les lignes. Tout le poussait dans cette voie; sa passion de l'unité divine, fondement de l'unité humaine, y trouvait la meilleure réponse à ses aspirations. Ou a prétendu que sa croyance au Dieu unique, vivant et personnel et à l'âme immortelle appelée à se perfectionner dans les<ref>Page XXVIII</ref> mystérieuses dispensations de l'au‑delà, croyance qui résume toute sa théologie, ne représente que le déisme de Jules Simon et de Victor Cousin sans aucune originalité. C'était bien mal le connaître. Une foi qui vivifie et sanctifie toutes les pensées et tous les actes d'un homme et que proclame chaque battement de son cœur, est tout autre chose qu'une conception théorique, si belle et si respectable soit‑elle. Un Dieu auquel l'âme, consent les sacrifices que le Père Hyacinthe n'a pas hésité à accomplir et qui, avec le sentiment de son unité, de sa sainteté et de son amour, inspire d'une manière si profonde le désir d'une réconciliation universelle, n'est pas simplement le Dieu de la philosophie. En réalité, la religion du grand orateur était celle que prêchait Elie Benamozegh, celle qui fait des livres sacrés d'Israël un monument absolument à part dans la littérature de tous les peuples, religion dont il aimait à rechercher encore un épanouissement dans les Evangiles. Sa piété personnelle était du reste essentiellement juive; la lecture de la Bible et en particulier des Psaumes, en formait l'élément quotidien et je tiens de lui‑même que jadis ses supérieurs ecclésiastiques lui reprochaient avec surprise « de citer plus fréquemment dans ses sermons l'Ancien Testament que le Nouveau ». Cette affinité de sa grands âme avec la foi d'Israël s'affirmait déjà en 1878 dans une déclaration tombée de sa bouche, publiée à l'époque par les journaux et de laquelle il résulte qu'à ce moment là déjà, il ne restait à ses yeux d'autre abri religieux pour l'humanité, après l'abandon du christianisme de la Trinité et de l'Incarnation, que le judaïsme, non pas tout entier sans doute, mais du moins la religion universelle qu'il renferme <ref> Ce sont là les propres paroles de Benamozegh comme préambule à la citation qu'il a faite de ce passage </ref>. « Si je voulais être théiste dans un sens positif et vivant, je ne le serais pas avec les philosophes spiritualistes, encore moins avec les déistes chrétiens; je le serais avec les juifs et les musulmans, deux religions sorties, non pas du cerveau abstrait d'un penseur, mais des flancs robustes du patriarche sémite, l'une avec Israël, l'autre avec Ismaël, ou plutôt, parce que la première et au‑dessus<ref>Page XXIX</ref> de la seconde, Comme la femme libre est au‑dessus de l'esclave, j'irais m'asseoir à l'ombre de la Synagogue, français de nation, juif de religion, je m'attacherais au théisme de la révélation et du miracle, j'adorerais avec Israël ce Dieu de Moïse plus grand que le Dieu de Platon, qui s'est nommé lui‑même: <i> « Je sais celui qui est ».</i> (Revue Politique 6 Juillet, 1878, pag. 12) Je les avais trouvées, ces lignes significatives, reproduites en note par Elie Benamozegh dans une brochure publiée par lui comme introduction au présent ouvrage. Après la mort du savant rabbin livournais survenue en février 1900, je mis sous les yeux de M Hyacinthe Loyson que je connaissais déjà, mais d'une façon beaucoup moins intime, la citation dont il s'agit et plus tard l'étude que je publiai moi même sur la solution de la crise chrétienne d'après les conceptions du maître qui avait eu une influence si décisive sur mon évolution religieuse <ref> Elie Benamozegh et la solution de la crise chrétienne, par Loetmol – Univers Israélite, Août 1902. </ref>. Le Père Hyacinthe en fut extrêmement frappé. Au retour d'un voyage à Rome, il s'arrêta tout spécialement à Livourne pour interroger le fils et les disciples du grand penseur religieux qui venait de lui être révélé. Rapproché ainsi de moi par les circonstances, il ne cessa pas de témoigner une affection croissante et un intérêt toujours plus grand à celui qui n'était rien, mais qui représentait à ses yeux, une idée importante: la réforme du christianisme par le retour aux principes du judaïsme. Vaguement entrevue par lui jusqu'alors, cette nécessité ne tarda pas à s'imposer à son esprit. Aussi me demandait‑il avec une sollicitude constante de le tenir au courant du travail entrepris en vue de la publication du présent ouvrage que l'auteur appelait son suprême effort. Lorsque l'offre lui en fut faite, il accepta avec empressement d'en composer la préface et, dans sa pensée, ce n'était point là une simple marque de sympathie pour ceux qui avaient sollicité cette faveur; en associant son nom à celui d'Elie Benamozegh, il entendait marquer que l'idéal proposé par ce dernier avait rencontré l'assentiment de son âme.<ref>Page XXX</ref> Je vois déjà encore avec quelle attention soutenue il écoutait la lecture des pages du volume en préparation et le résumé de nos causeries que je rédigeais pour cette préface qu'il allait lui donner. Avec quel accent de conviction profonde il me dit un jour: « Mais c'est beaucoup plus qu'un livre! C'est une grande chose et qui suffirait à occuper toute une vie ». Hélas! la mort se lui laissa pas le temps de mettre la dernière main au travail commencé. Les pages, en forme de canevas, que l'on va lire, ne purent recevoir les développements qu'il comptait leur donner; elles restèrent jusqu'au dernier moment sur sa table de travail, à portée de sa main, et les lettres qu'il m'écrivait encore peu de jours avant son départ de ce monde <ref> M. Hyacinthe Loyson est mort le 9 février 1912 et sa dernière missive à ce sujet est du 25 Janvier. </ref> attestent qu'elles occupaient constamment sa pensée. Au cours de l'un de nos derniers entretiens à ce sujet, qui avaient lieu dans sa tranquille chambre de la maison familiale, rue du Bac, si paisible avec sa vue des grands arbres du jardin des Missions, si bien préservée des bruits du grand Paris grondant alentour, qu'on eût dit encore une cellule monacale, il me dit comme mû par un secret pressentiment: « Si je viens à mourir, publiez cela. Ces lignes résument bien nos causeries et reproduisent fidèlement les idées que je voulais exposer ». Ce furent ses propres paroles. En remplissant aujourd'hui les intentions de mon vénéré ami, j'ai conscience d'accomplir quelque chose de plus qu'un acte de piété filiale. Qu'on veuille bien en effet se représenter les sentiments qu'aurait éprouvés Elie Benamozegh s'il avait pu prévoir dans quelles conditions son grand ouvrage serait publié et comment la Préface en allait être rédigée. Ce concours que des chrétiens de naissance devaient apporter à son œuvre, réalisant ainsi son plus ardent désir, n'eût‑il pas comblé de joie son âme? N'eût‑il pas vu là le « commencement » de cette grande chose qu'il appelait de tous ses vœux? Lui qui ne demandait à ses efforts en faveur des idées qui lui étaient chères d'autre récompense que le triomphe de ces idées elles‑ mêmes, il n'eût jamais espéré, même<ref>Page XXXI</ref> aux heures du labeur le plus enthousiaste, un meilleur dédommagement à ses peines que le résultat obtenu par son ouvrage avant d'avoir été livré au public.
M‑Elie Benamozegh, Hyacinthe Loyson! Le Dieu de vérité qu'ils ont aimé ici‑bas et pour la gloire duquel ils ont vécu, les a accueillis l'un et l'autre dans ses demeures éternelles, et devant le monde qui pense, qui cherche, qui soupire après une rénovation religieuse, voici que leurs deux noms se trouvent associés désormais. Pour moi, je considère le fait d'avoir pu être un trait d'union entre eux comme un privilège et une bénédiction dont je remercie avec une humilité profonde le Baron Edmond Maître souverain de nos destinées. Le lecteur établira de lui‑même les rapprochements qui s'imposent entre ces deux vies dépensées au service de Rothschildcauses diverses en en apparence, de Paris; Mmais qui en réalité se fondent en une même Cause supérieure et éternelle. Raffaello OttolenghiLe Dr Berliner, à la fin d'Acqui; M. Raffaello Rosselliune étude consacrée au savant rabbin livournais <ref> Jüdische Presse, de Livourne; Maoût 1900. Salvatore Disegni – Indépendamment de Livourne; M. M. Angiolo cet article et Ugo Levide celui de l'Univers Israélite cité plus haut, on peut encore consulter sur la vie et les œuvres d'Elie Benamozegh:Un article de Venise; MFlaminio Servi – dans le « Vessillo Israelitico ». Giuseppe Archivolti, <br>Angiolo de Livourne; Gubernatis – dans le Dizionario biografico <br>Francesco Pera – dans ses «Biografe Livornesi ». <br>M. Cesare Tedesco, de Livourne; Mle Sénateur Guido Mazzoni dans la revue italienne « <i> L'Ottocento </i> ». Emmanuel Pardo Roques, <br>« Il pensiero religioso di Elia Benamozegh » ‑ conférences de Pise; M. Eugène Mirtil, de Paris; La communauté israélite le rabbin Samuele <br>Colombo de Livourne .</ref> <br>s'exprime ainsi: « Dans le domaine des connaissances humaines et celles surtout dans celui de Gènesla science juive proprement dite, Elie Benamozegh s'est proposé de Vercelli grandes choses et de Veniseil en a réalisé quelques‑unes.Pour tout ce qu'il lui a été impossible d'atteindre, pour tout ce que nous considérons comme inachevé dans son œuvre, attendons, selon le Talmud, la venue du véritable Elie, מונח עד שיבא אליהו !» Ces paroles ne pourraient‑elles en grande partie s'appliquer exactement aussi au Père Hyacinthe?<ref>page XXVIPage XXXV</ref>
Attendons, mais certes; puisque aussi bien la perfection est devant nous et non pas dans les brumes du passé, puisque le plan divin est à peine ébauché et que nous ne faisons qu'entrevoir encore l'aurore des temps messianiques. Mais que cette attente ne soit point passive et stérile. Recueillons pieusement les leçons qui se dégagent de ces pages dans lesquelles deux grands croyants réunis comme autrefois Melchisédek et Abraham, nous ont livré le fruit de leurs méditations religieuses. Ce n'est pas seulement leurs voix que nous y entendons encore; c'est l'Eglise des Gentils adorateurs du vrai Dieu, c'est toute l'antique Israël, avec sa qualité de prêtre de l'humanité, qui, fraternellement rapprochés, nous lèguent ensemble, au milieu de nos incertitudes, un encouragement dans le présent, un enseignement pour l'avenir.
WORK IN PROGRESSAIMÉ PALLIERE (Loetmol)
AIMÉ PALLIERE (Loetinol)
==References==

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