Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Théorie des attributs divins et des forces cosmiques"

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Théorie des attributs divins et des forces cosmiques.
 
Théorie des attributs divins et des forces cosmiques.
  
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Que Dieu soit l'unité suprême et que les divinités du paganisme représentent en quelque sorte des moments de son existence, c'est ce que prouve également la doctrine des <i> sarim </i>, anges ou génies préposés par le Dieu suprême au gouvernement de chaque nation. Dans les plus anciens livres bibliques, c'est ce qu'il faut entendre par les <i> Elohim </i> dont l'Eternel est le Dieu, d'où l'appellation d' <i>Elohè-ha-Elohim </i>, Dieu des dieux, que nous étudions en ce moment pour la théologie hébraïque, ils sont les éléments idéaux, attributs ou aspects partiels de l'idée de Dieu qui en est la synthèse; cette doctrine explicitement enseignée par la Kabbale est contenue implicitement dans la Bible.
 
 
Que Dieu soit l'unité suprême et que les divinités du paga. ukune représentent en quelque sorte des moments de Wu existence, c'est ce que prouve également la doctrine des 8arins, anges ou génies préposés par le Dieu suprême au gouvernement de chaque nation. Dans les plus anciens livres bibliques, c'est ce qu'il faut entendre pu les Mokim dont IlEternel est le Dieu, d'où l'appel. lation d'‑EIOUh~BloUm, Dieu des dieux, que nous étudions en ce moment Pour la théologie hébraïque, ils "nt les éléments idéaux, attributs ou aspecte partiels de l'idée de Dieu qui en est la synthêse; cette doctrine explieltement enseignée par la Kabbale est contenue implicitement dans la Bible.
 
 
 
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LE DIPU »Es BMUX                                                  165
 
 
 
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Telle est, à notre avis, la manière dont il faut entendre tous les passages bibliques dans lesquels Dieu nous est représenté comme présidant à une assemblés d'être& supérieurs appelés tantôt Parmée des cieux, zeba hmohm«im, tantôt les séraphins ou les bmê ha­êlokin&, fils de Dieu. Ce dernier nom noue montre Dieu en rap­port organique avec ces êtr~s ainsi appelles à cause de la subor­dination "ne laquelle ils se trouvent vis‑à‑vis de la Osons première. Les attributs divins sont donc représentés sous pappellation (le fils de Dieu, comme on nomma précisément tant de Siècles plus tard le Lagos qu'on prétendit incamê. Il n'était rien de plus as, taret d'ailleurs que de désigner sans le nom de Père Vôtre en substance, le sujet, et scias celui de fils, ses attributs. Dans ce système le titre d~.Elohêh~‑Mohim donné à Dieu devient tout àfait intelligible et l'on comprend aussi Vex"titude du nom poétique de « synagogue ~, beth hakkenocath, que la Kabbale donne à la dernière émanation ou é" représentant l'univers fini, Venastable dos, êtres créés appelé aussi malkouth, royaume. N'est‑ce pu ce même éon que les gnostiques désignaient "an l'épithète d~é#Ugel
 
 
 
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Serait‑il trop téméraire de voir dans ces ubaoth, ou armé", comme le Zohar nous y invite, las forces comique se mouvant harmonieusement au Commandement de PAnteur de toute chose et tout l'ensemble des lois d'attraction et de répulsion qui régiment 168 corps cêlfflt~ et terffltrOS? Le savant moderne dans son l@,bo~ ratoire a observé qu'au soin de l'atome râgnent et agissent les mêmes lois, les mêmes mouvementé, les mêmes "4tioffl qui agissent et régnant dans les espaces intersidéraux; à au yeux, la matière leest qu'~ assemblage de centres et de forces, John Tyndall s'ap. Proprio et Prend à la lettre le mot poétique dEmersu: « Iffl atomes marchent en cadence, > et un autre savant, sans songer certainement à rien de thêologique, a dit que Pidée supérieure qui gouverne 10 monde Peut être comparée à, celle d'un général en chef le jour de la bataille: elle s'infiltre jusque dans le dernier soldat qui obéit aveuglément.
 
 
 
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LE DIEU DES DIEUX                                                167
 
 
 
suprême entre l'attribut divin et la force naturelle concilie l'école naturaliste contemporaine avec l'école métaphysicienne.
 
 
 
En voyant dans les dieux du paganisme les forces divinisées de l'univers dont Dieu est punitê et le centre suprême, nous ne disons rien que ne undrme la Science moderne et, pour ce qui est de l'antiquité païenne, il suffit de rappeler que Plutarque, après Héraclite et Platon, puis à plusieurs reprises de Jupiter, de Junon, det Mari, comme des éléments dont Se compose le monde physique.
 
 
 
Nous ne voudrions pu en tout cas qu'il pût subsister dans l'esprit de nos lecteurs la moindre équivoque sur notre pensée. Loin de concéder aux divinités païennes aucune existence réelle distincte, fib voit‑on pas au contraire que nous les fondons dans Punité suprême qui les,absorbe en les subordonnant, tout au moins comme les parties sont subordonnées au tout et les divers éléments à Vêtre qunIs constituentl Mais afin~ fflenlever tout doute à cet égard, nous montrerons à quel degré Épandus West élevée, dans le judaïsme, la spéculation théologique et l'on jugera ainsi si le monothéisme mosaïque creuse vraiment un ablme entre un Dieu Solitaire et l'ensemble des choses créés, ou si au contraire, dans la conception hébraïque, une échelle ininterrompue relie tous les degrés de la création, depuis les plus sublimes manifestations de l'être jusqu'aux plus fugitives formes d'existence. Nous avouons que si l'on peut dire en un certain "ne que Paccuatiou portée contre le monothéisme des kabbalistes dâtre entaché de polythéisme se trouve justifiés, c'est uniquement puce que la Kabbale "nie, tenant 'compte du besoin d'expliquer la pluralité, harmonise, par le moyen de la doctrine êmanatiste, les doux "Peste du génie re­ligieux, sémitique et aryen.
 
 
 
On sait que le premier article de toi comprend selon Maïmo. nide la commandement de c n'adorer aucun être en dehors de Dieu . A. cela l'autour des Ikkarim, Joseph Albo, objecte qu'il ne faut pu mettre c e commandement au nombre des articles de foi, eu « bien que, ce soit un des préceptes de la loi, Bolon.qeil est écrit: Tu n'auras pu d'autre Dieu devant moi, cependant os n'est pas lâ un principe dont toute la loi dépende, puce que celui qui croirait que Dieu, béni soit‑il, existe, que sa Loi est véritable, et qui se bornerait à introduire entre Dieu et lui un médiateur, transgresserait par ]à sans aucun doute le commandement:'Tu n'auras pu d'autre Dieu devant moi, mais ce précepte ainsi violé; ,la Loi n'on subsiste pas moins tout entière, en sorte qu'il n'y a
 
 
 
 
 
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pas Hou de le compter au nombre des articles fondamentaux de la foi ». Le rabbin Isserles, dans son Y%orat «4 répond que '"Ymonide a raison contre Albo, est, dit‑il « à mon humble avis, toute la Loi est en péril par la fait d'introduire un médiateur entre Dieu et nous; il y a la un prétexte à nier Dieu en disant que le médiateur moi nous suffit, comme cela West vu d'ailleurs à ]Ior!~ gins du polythéisme D.
 
 
 
Cette controverse nous pareil fort intéressante. Si Joseph Albo a pu, tout en demeurant fidèle à l'esprit de l'hébraïsme, contester la doctrine de Maimonide, alors que celui‑ci condamnait Vadoration proprement dite de médiateurs entre le monde et Dieu, que peut‑on trouver de répréhensible à se que nous reconnaissions avec la Kab. bale, sans toutefois on tenir aucun compte dans le culte, l'existence d'attributs divins, même Personnifiés en un certain sens, on de conscientes reliées à une coeisoience suprême qui les comprend toutes? Notons que la plus rigide orthodoxie ‑ nous l'avons vu avec Popinion de R. Isserles ‑ ne réprouve cela que par mesure de profanes, afin que l'on ne soit pu exposé à perdre de vue le Dieu unique et véritable. La Kabbale nous prescrit, d'ailleurs de n'envisager jamais dans nos adorations que la Oaw suprême seu­lement, tout au plus revêtue de cet attribut particulier auquel nous nous adressons, eest‑â‑dire Dieu tout entier sous chacun de ou aspects. Olesd précisément le point de vue que les ~ ianistes re‑
 
 
 
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Il y a là une conception analogue à celle de ces vastes monarchies où les princes vassaux ont à leur tête un souverain qui, <ref> Page 164 </ref>de nom et de fait, est vraiment le roi des rois et, non pas simplement le premier parmi des égaux, car c'est lui seul qui possède
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toute force et toute autorité et c'est de lui que ses subordonnés détiennent la puissance relative qu'ils exercent. Au point de vue théologique comme au point de vue scientifique, nous reconnaissons dans l'ordre universel une hiérarchie de causes et effets, de lois
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générales et secondaires qui s'engendrent et se complètent. C'est ce qu'a fort bien exprimé un pensant éminent entièrement étranger à notre foi: « L'échelle, hiérarchique des dieux n'est que la personnification de l'ordre hiérarchique des principes, des lois et des
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forces <ref> MARSELLI, <i> Nuova Antologia, Giugno 1881.</i> </ref> ».
  
~ Nais voici une autre doctrine rabbinique qui témoigne haute. ment de la tolérance et de la largeur d'esprit des docteurs de la Synagogue: c'est la maxime d'après laquelle les Noachidos~ c'est­"Ire tous les hommes excepté les seuls JuM, ne sont point ré. putés péchere s'ils associent un être quelconque au Pieu suprême, pourvu quIls reconnaissent à c8lui~ci ce caractère unique ('). On demeure stupéfait en lismit de telles paroles; il y a là, pour parier encore le langage des rabbins c on miracle dans un àutri3,mi.
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Telle est, à notre avis, la manière dont il faut entendre tous les passages bibliques dans lesquels Dieu nous est représenté comme présidant à une assemblée d'êtres supérieurs appelés tantôt l'armée des cieux, <i>zeba haschamaïm</i>, tantôt les séraphins ou les <i>benè haélohim </i>, fils de Dieu. Ce dernier nom nous montre Dieu en rapport organique avec ces êtres ainsi appelés à cause de la subordination dans laquelle ils se trouvent vis-à-vis de la Cause première. Les attributs divins sont donc représentés sous l'appellation de fils de Dieu, comme on nomma précisément tant de siècles plus tard le Logos qu'on prétendit incarné. Il n'était rien de plus naturel d'ailleurs que de désigner sous le nom de Père l'être en substance, le sujet, et sous celui de fils, ses attributs. Dans ce système le titre d'<i> Elohè-ha-Elohim </i> donné à Dieu devient tout à fait intelligible et l'on comprend aussi l'exactitude du nom poétique de « synagogue », <i> beth hakkeneceth </i>, que la Kabbale donne à la dernière émanation ou <i> éon </i> représentant l'univers fini, l'ensemble des êtres créés appelé aussi <i>malkouth</i> , royaume. N'est-ce pas ce même éon que les gnostiques désignaient sous l'épithète d'<i> église </i> ?
  
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La hiérarchie divine représentée dans la Bible sous la forme politique d'un roi accompagné de ses vassaux, puis sous la forme religieuse d'une synagogue où Dieu est le ministre qui officie, l'est aussi sous celle d'une armée avec un général en chef. Jacob dit: « C'est ici le camp de Dieu! <ref> Genèse , XXXII, 2. </ref> » et dans le cantique de Moïse, Dieu est comparé à un vaillant guerrier. Ailleurs l'ange qui apparaît à Josué dit: « Je suis le chef de l'armée de l'Eternel! <ref> Josué, V, 14. </ref> <ref> Page 165 </ref>L'image atteint son plein développement quand elle nous présente une assemblée organisée où l'Eternel préside ayant à sa droite et à sa gauche toute la multitude des <i>zebaoth</i> ou armées célestes.
  
(1) C'ut Os que les nbbID8 «Primat Par Mt aphodme.qui asra plauurs foi, eu d'a, Mt ,mg, linvri ~.V mriti US mâ lici (l~im d.. twh Hah% cLvi) « on ne fit Pl, «, Gutus, ta mom"ati,, a, us pu M"esr d,antres dii,itu à ralutio, du Dis, Unique . XI, oets, tecnuise
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Serait-il trop téméraire de voir dans ces <i> zebaoth</i>, ou armées, comme le Zohar nous y invite, les forces cosmique se mouvant harmonieusement au commandement de l'Auteur de toute chose et tout l'ensemble des lois d'attraction et de répulsion qui régissent les corps célestes et terrestres? Le savant moderne dans son laboratoire a observé qu'au sein de l'atome règnent et agissent les mêmes lois, les mêmes mouvements, les mêmes  relations qui agissent et règnent dans les espaces intersidéraux; à ses yeux, la matière n'est qu'assemblage de centres et de forces. John Tyndall s'approprie et prend à la lettre le mot poétique d'Emerson: « Les atomes marchent en cadence, » et un autre savant, sans songer certainement à rien de théologique, a dit que l'idée supérieure qui gouverne le monde peut être comparée à celle d'un général en chef le jour de la bataille: elle s'infiltre jusque dans le dernier soldat qui obéit aveuglément.
  
eu à Il dOnisssr dl wli jef à la ras dl Fideâtb, fâmelhe. Le, misass, ubbisss comme.tfflt 11,11 il ~It 10 du Pallia, urrs: 1".~ PMI "on pm&nwmz
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Cette idée à notre avis, se développe d'une façon tout opposée à celle qu'enseignait Hegel. Elle ne part pas du néant pour s'élever à la pleine conscience; c'est au contraire de la pleine conscience divine qu'elle se détache pour se répandre en degrés variés jusque dans les plus infimes atomes. La conception métaphysique que nous exprimons en disant que le divin dans le monde, la <i> Schechina </i>, le Dieu immanent est le point central de toutes choses, est traduite en langage scientifique par les savants modernes, quand ils se demandent si tous les cercles, toutes les ellipses que tracent les myriades de systèmes solaires n'ont pas un commun foyer d'attraction autour duquel gravitent avec notre propre système toutes les autres étoiles et leurs innombrables mondes.
  
« Plus, qu'ils essuient il,'. idole. à 1,                         'ajesté » (Nae des êdi~).
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On nous objectera, peut-être que s'il en est ainsi, il ne s'agit plus de voir dans les <i> Elohim </i> la personnification des attributs divins, mais bien une sorte de divinisation des forces cosmiques. L'objection s'évanouit si l'on réfléchit que, selon les doctrines des Kabbalistes, parmi les quatre plans successifs dont le dernier est l'univers visible, les forces physiques au degré inférieur (<i>asia</i>) correspondent aux attributs divins dans le plan supérieur (<i>yetsira</i>), les uns et les autres étant entre eux dans le même rapport que la vie ou force physique avec l'âme ou la pensée. Cette identité <ref> Page 166 </ref>suprême entre l'attribut divin et la force naturelle concilie l'école naturaliste contemporaine avec l'école métaphysicienne.
  
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En voyant dans les dieux du paganisme les forces divinisées de l'univers dont Dieu est l'unité et le centre suprême, nous ne disons rien que ne confirme la science moderne et, pour ce qui est de l'antiquité païenne, il suffit de rappeler que Plutarque, après Héraclite et Platon, puis à plusieurs reprises de Jupiter, de Junon, de Mars, comme des éléments dont se compose le monde physique.
  
LE luar Dleil Dieux                                    16q
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Nous ne voudrions pas en tout cas qu'il pût subsister dans l'esprit de nos lecteurs la moindre équivoque sur notre pensée. Loin de concéder aux divinités païennes aucune existence réelle distincte, ne voit-on pas au contraire que nous les fondons dans l'unité suprême qui les absorbe en les subordonnant, tout au moins comme les parties sont subordonnées au tout et les divers éléments à l'être qu'ils constituent? Mais afin d'enlever tout doute à cet égard, nous montrerons à quel degré d'audace  s'est élevée, dans le judaïsme, la spéculation théologique et l'on jugera ainsi si le monothéisme mosaïque creuse vraiment un abîme entre un Dieu solitaire et l'ensemble des choses créés, ou si au contraire, dans la conception hébraïque, une échelle ininterrompue relie tous les degrés de la création, depuis les plus sublimes manifestations de l'être jusqu'aux plus fugitives formes d'existence. Nous avouons que si l'on peut dire en un certain sens que l'accusation portée contre le monothéisme des kabbalistes d'être entaché de polythéisme se trouve justifiée, c'est uniquement parce que la Kabbale seule, tenant compte du besoin d'expliquer la pluralité, harmonise, par le moyen de la doctrine émanatiste, les deux aspects du génie religieux, sémitique et aryen.
  
racle » ('), à savoir la reconnaissance d'uns EglisO légitime On de­hors dIsraël, d'une religion de Phumanité indépendants du mosaïsme et, (loue cette vaste Eglise, la possibilité, d'un "Mo si large qu'il permet d'associer au Dieu suprême des divinités secondaires.
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On sait que le premier article de foi comprend selon Maïmonide le commandement de « n'adorer aucun être en dehors de Dieu ». A cela l'auteur des <i> Ikkarim </i>, Joseph Albo, objecte qu'il ne faut pas mettre ce commandement au nombre des articles de foi, car « bien que ce soit un des préceptes de la loi, selon qu'il est écrit: Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi, cependant ce n'est pas là un principe dont toute la loi dépende, parce que celui qui croirait que Dieu, béni soit-il, existe, que sa Loi est véritable, et qui se bornerait à introduire entre Dieu et lui un médiateur, transgresserait par là sans aucun doute le commandement: Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi, mais ce précepte ainsi violé, la Loi n'en subsiste pas moins tout entière, en sorte qu'il n'y a <ref> Page 167 </ref> pas lieu de le compter au nombre des articles fondamentaux de la foi ». Le rabbin Isserles, dans son <i> Thorat aola </i>, répond que  Maïmonide a raison contre Albo, car, dit-il « à mon humble avis, toute la Loi est en péril par le fait d'introduire un médiateur entre Dieu et nous; il y a là un prétexte à nier Dieu en disant que le médiateur seul nous suffit, comme cela s'est vu d'ailleurs à l'origine du polythéisme ».
  
Si étrange que cette doctrine puisse paraître au premier abord, elle s'explique admirablement bien si nous avons donné la véri. table interprétation dei Etokiln, en voyant en eux la divinisation faite pu les païens des forces cosmiques correspondant oui divers attributs divins. Comment (Une ce eu les non‑juifs pourraient‑ill; pêcher, soit en.u"ciant le Dieu dIsraël à ses divers attributs personnifiés dans les divinités du paganisme, soit en réunissant ces différents attributs les ans aux autres? Il est clair sol eon­traire que, notre théorie admise, le paien approche d'autant plus de la vérité qu'il parvient à s'élever à, une synthime plus complûte, en sorte que son idée de Dieu devient par là de plus en plus par. faite. Ainsi le nom de Dieu des dieux chez les Juifs, Eloeh~ EloMm, se trouve, au point de vue théologique, comme au point (le vue scientifique, pleinement justifié et, loin de pouvoir être allégué contre l'antiquité du monothéisme mosaïque, il montre au contraire à quelle hauteur àlest élevée dalla le judaïsme primitif la conception de la Divinité.
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Cette controverse nous paraît fort intéressante. Si Joseph Albo a pu, tout en demeurant fidèle à l'esprit de l'hébraïsme, contester la doctrine de Maïmonide, alors que celui-ci condamnait l'adoration proprement dite de médiateurs entre le monde et Dieu, que peut-on trouver de répréhensible à ce que nous reconnaissions avec la Kabbale, sans toutefois en tenir aucun compte dans le culte, l'existence d'attributs divins, même personnifiés en un certain sens, ou de consciences reliées à une conscience suprême qui les comprend toutes? Notons que la plus rigide orthodoxie - nous l'avons vu avec l'opinion de R. Isserles - ne réprouve cela que par mesure de prudence, afin que l'on ne soit pas exposé à perdre de vue le Dieu unique et véritable. La Kabbale nous prescrit d'ailleurs de n'envisager jamais dans nos adorations que la Cause suprême seulement, tout au plus revêtue de cet attribut particulier auquel nous nous adressons, c'est-à-dire Dieu tout entier sous chacun de ses aspects. C'est précisément le point de vue que les indianistes trouvent dans tous les passages des Védas où chaque divinité spéciale figure tour à tour avec le caractère de Dieu suprême.
  
   
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Mais voici une autre doctrine rabbinique qui témoigne hautement de la tolérance et de la largeur d'esprit des docteurs de la Synagogue: c'est la maxime d'après laquelle les Noachides, c'est-à-dire tous les hommes excepté les seuls juifs, ne sont point réputés pécher, s'ils associent un être quelconque au Dieu suprême, pourvu qu'ils reconnaissent à celui-ci ce caractère unique <ref> C'est ce que les rabbins expriment par cet aphorisme qui sera plusieurs fois cité dans cet ouvrage בני נח לא נזהרו על השותף  (Isserles dans <i> Orah Haïm</i>, CLVI) « on ne fait pas aux Gentils la recommandation de ne pas associer d'autres divinités à l'adoration du Dieu Unique ». Mais cette tolérance n'enlève rien à la douleur du vrai juif à la vue de l'idolâtrie formelle. Les mêmes rabbins commentent ainsi le verset 10 du psaume LXIX: במשתפהון טעותהון לאיקרך  not clear «parce qu'ils associent leurs idoles à la glorieuse majesté » (<i> Note des éditeurs </i>) </ref> On demeure stupéfait en lisant de telles paroles; il y a là, pour parler encore le langage des rabbins « un miracle dans un autre miracle <ref> נס בתוך נס , Shabbat, 97.</ref> <ref> Page 168 </ref>  à savoir la reconnaissance d'une Eglise légitime en dehors d'Israël, d'une religion de l'humanité indépendante du mosaïsme et, dans cette vaste Eglise, la possibilité d'un <i> credo </i> si large qu'il permet d'associer au Dieu suprême des divinités secondaires.
  
(1) Di lito Mi ShMbât, 97.
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Si étrange que cette doctrine puisse paraître au premier abord, elle s'explique admirablement bien si nous avons donné la véritable interprétation des <i>Elohim</i>, en voyant en eux la divinisation faite par les païens des forces cosmiques correspondant aux divers attributs divins. Comment dans ce cas les non-juifs pourraient-ils pêcher, soit en associant le Dieu d'Israël à ses divers attributs personnifiés dans les divinités du paganisme, soit en réunissant ces différents attributs les uns aux autres? Il est clair au contraire que, notre théorie admise, le païen approche d'autant plus de la vérité qu'il parvient à s'élever à une synthèse plus complète, en sorte que son idée de Dieu devient par là de plus en plus parfaite. Ainsi le nom de Dieu des dieux chez les Juifs, <i>Elohè-ha-Elohim </i>, se trouve, au point de vue théologique, comme au point de vue scientifique, pleinement justifié et, loin de pouvoir être allégué contre l'antiquité du monothéisme mosaïque, il montre au contraire à quelle hauteur s'est élevée dans le judaïsme primitif la conception de la Divinité. <ref> Page 169 </ref>
  
 
==References==
 
==References==

Latest revision as of 07:34, 13 June 2010

IV.

Théorie des attributs divins et des forces cosmiques.

Que Dieu soit l'unité suprême et que les divinités du paganisme représentent en quelque sorte des moments de son existence, c'est ce que prouve également la doctrine des sarim , anges ou génies préposés par le Dieu suprême au gouvernement de chaque nation. Dans les plus anciens livres bibliques, c'est là ce qu'il faut entendre par les Elohim dont l'Eternel est le Dieu, d'où l'appellation d' Elohè-ha-Elohim , Dieu des dieux, que nous étudions en ce moment pour la théologie hébraïque, ils sont les éléments idéaux, attributs ou aspects partiels de l'idée de Dieu qui en est la synthèse; cette doctrine explicitement enseignée par la Kabbale est contenue implicitement dans la Bible.

Il y a là une conception analogue à celle de ces vastes monarchies où les princes vassaux ont à leur tête un souverain qui, [1]de nom et de fait, est vraiment le roi des rois et, non pas simplement le premier parmi des égaux, car c'est lui seul qui possède toute force et toute autorité et c'est de lui que ses subordonnés détiennent la puissance relative qu'ils exercent. Au point de vue théologique comme au point de vue scientifique, nous reconnaissons dans l'ordre universel une hiérarchie de causes et effets, de lois générales et secondaires qui s'engendrent et se complètent. C'est ce qu'a fort bien exprimé un pensant éminent entièrement étranger à notre foi: « L'échelle, hiérarchique des dieux n'est que la personnification de l'ordre hiérarchique des principes, des lois et des forces [2] ».

Telle est, à notre avis, la manière dont il faut entendre tous les passages bibliques dans lesquels Dieu nous est représenté comme présidant à une assemblée d'êtres supérieurs appelés tantôt l'armée des cieux, zeba haschamaïm, tantôt les séraphins ou les benè haélohim , fils de Dieu. Ce dernier nom nous montre Dieu en rapport organique avec ces êtres ainsi appelés à cause de la subordination dans laquelle ils se trouvent vis-à-vis de la Cause première. Les attributs divins sont donc représentés sous l'appellation de fils de Dieu, comme on nomma précisément tant de siècles plus tard le Logos qu'on prétendit incarné. Il n'était rien de plus naturel d'ailleurs que de désigner sous le nom de Père l'être en substance, le sujet, et sous celui de fils, ses attributs. Dans ce système le titre d' Elohè-ha-Elohim donné à Dieu devient tout à fait intelligible et l'on comprend aussi l'exactitude du nom poétique de « synagogue », beth hakkeneceth , que la Kabbale donne à la dernière émanation ou éon représentant l'univers fini, l'ensemble des êtres créés appelé aussi malkouth , royaume. N'est-ce pas ce même éon que les gnostiques désignaient sous l'épithète d' église  ?

La hiérarchie divine représentée dans la Bible sous la forme politique d'un roi accompagné de ses vassaux, puis sous la forme religieuse d'une synagogue où Dieu est le ministre qui officie, l'est aussi sous celle d'une armée avec un général en chef. Jacob dit: « C'est ici le camp de Dieu! [3] » et dans le cantique de Moïse, Dieu est comparé à un vaillant guerrier. Ailleurs l'ange qui apparaît à Josué dit: « Je suis le chef de l'armée de l'Eternel! [4] [5]L'image atteint son plein développement quand elle nous présente une assemblée organisée où l'Eternel préside ayant à sa droite et à sa gauche toute la multitude des zebaoth ou armées célestes.

Serait-il trop téméraire de voir dans ces zebaoth, ou armées, comme le Zohar nous y invite, les forces cosmique se mouvant harmonieusement au commandement de l'Auteur de toute chose et tout l'ensemble des lois d'attraction et de répulsion qui régissent les corps célestes et terrestres? Le savant moderne dans son laboratoire a observé qu'au sein de l'atome règnent et agissent les mêmes lois, les mêmes mouvements, les mêmes relations qui agissent et règnent dans les espaces intersidéraux; à ses yeux, la matière n'est qu'assemblage de centres et de forces. John Tyndall s'approprie et prend à la lettre le mot poétique d'Emerson: « Les atomes marchent en cadence, » et un autre savant, sans songer certainement à rien de théologique, a dit que l'idée supérieure qui gouverne le monde peut être comparée à celle d'un général en chef le jour de la bataille: elle s'infiltre jusque dans le dernier soldat qui obéit aveuglément.

Cette idée à notre avis, se développe d'une façon tout opposée à celle qu'enseignait Hegel. Elle ne part pas du néant pour s'élever à la pleine conscience; c'est au contraire de la pleine conscience divine qu'elle se détache pour se répandre en degrés variés jusque dans les plus infimes atomes. La conception métaphysique que nous exprimons en disant que le divin dans le monde, la Schechina , le Dieu immanent est le point central de toutes choses, est traduite en langage scientifique par les savants modernes, quand ils se demandent si tous les cercles, toutes les ellipses que tracent les myriades de systèmes solaires n'ont pas un commun foyer d'attraction autour duquel gravitent avec notre propre système toutes les autres étoiles et leurs innombrables mondes.

On nous objectera, peut-être que s'il en est ainsi, il ne s'agit plus de voir dans les Elohim la personnification des attributs divins, mais bien une sorte de divinisation des forces cosmiques. L'objection s'évanouit si l'on réfléchit que, selon les doctrines des Kabbalistes, parmi les quatre plans successifs dont le dernier est l'univers visible, les forces physiques au degré inférieur (asia) correspondent aux attributs divins dans le plan supérieur (yetsira), les uns et les autres étant entre eux dans le même rapport que la vie ou force physique avec l'âme ou la pensée. Cette identité [6]suprême entre l'attribut divin et la force naturelle concilie l'école naturaliste contemporaine avec l'école métaphysicienne.

En voyant dans les dieux du paganisme les forces divinisées de l'univers dont Dieu est l'unité et le centre suprême, nous ne disons rien que ne confirme la science moderne et, pour ce qui est de l'antiquité païenne, il suffit de rappeler que Plutarque, après Héraclite et Platon, puis à plusieurs reprises de Jupiter, de Junon, de Mars, comme des éléments dont se compose le monde physique.

Nous ne voudrions pas en tout cas qu'il pût subsister dans l'esprit de nos lecteurs la moindre équivoque sur notre pensée. Loin de concéder aux divinités païennes aucune existence réelle distincte, ne voit-on pas au contraire que nous les fondons dans l'unité suprême qui les absorbe en les subordonnant, tout au moins comme les parties sont subordonnées au tout et les divers éléments à l'être qu'ils constituent? Mais afin d'enlever tout doute à cet égard, nous montrerons à quel degré d'audace s'est élevée, dans le judaïsme, la spéculation théologique et l'on jugera ainsi si le monothéisme mosaïque creuse vraiment un abîme entre un Dieu solitaire et l'ensemble des choses créés, ou si au contraire, dans la conception hébraïque, une échelle ininterrompue relie tous les degrés de la création, depuis les plus sublimes manifestations de l'être jusqu'aux plus fugitives formes d'existence. Nous avouons que si l'on peut dire en un certain sens que l'accusation portée contre le monothéisme des kabbalistes d'être entaché de polythéisme se trouve justifiée, c'est uniquement parce que la Kabbale seule, tenant compte du besoin d'expliquer la pluralité, harmonise, par le moyen de la doctrine émanatiste, les deux aspects du génie religieux, sémitique et aryen.

On sait que le premier article de foi comprend selon Maïmonide le commandement de « n'adorer aucun être en dehors de Dieu ». A cela l'auteur des Ikkarim , Joseph Albo, objecte qu'il ne faut pas mettre ce commandement au nombre des articles de foi, car « bien que ce soit un des préceptes de la loi, selon qu'il est écrit: Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi, cependant ce n'est pas là un principe dont toute la loi dépende, parce que celui qui croirait que Dieu, béni soit-il, existe, que sa Loi est véritable, et qui se bornerait à introduire entre Dieu et lui un médiateur, transgresserait par là sans aucun doute le commandement: Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi, mais ce précepte ainsi violé, la Loi n'en subsiste pas moins tout entière, en sorte qu'il n'y a [7] pas lieu de le compter au nombre des articles fondamentaux de la foi ». Le rabbin Isserles, dans son Thorat aola , répond que Maïmonide a raison contre Albo, car, dit-il « à mon humble avis, toute la Loi est en péril par le fait d'introduire un médiateur entre Dieu et nous; il y a là un prétexte à nier Dieu en disant que le médiateur seul nous suffit, comme cela s'est vu d'ailleurs à l'origine du polythéisme ».

Cette controverse nous paraît fort intéressante. Si Joseph Albo a pu, tout en demeurant fidèle à l'esprit de l'hébraïsme, contester la doctrine de Maïmonide, alors que celui-ci condamnait l'adoration proprement dite de médiateurs entre le monde et Dieu, que peut-on trouver de répréhensible à ce que nous reconnaissions avec la Kabbale, sans toutefois en tenir aucun compte dans le culte, l'existence d'attributs divins, même personnifiés en un certain sens, ou de consciences reliées à une conscience suprême qui les comprend toutes? Notons que la plus rigide orthodoxie - nous l'avons vu avec l'opinion de R. Isserles - ne réprouve cela que par mesure de prudence, afin que l'on ne soit pas exposé à perdre de vue le Dieu unique et véritable. La Kabbale nous prescrit d'ailleurs de n'envisager jamais dans nos adorations que la Cause suprême seulement, tout au plus revêtue de cet attribut particulier auquel nous nous adressons, c'est-à-dire Dieu tout entier sous chacun de ses aspects. C'est précisément le point de vue que les indianistes trouvent dans tous les passages des Védas où chaque divinité spéciale figure tour à tour avec le caractère de Dieu suprême.

Mais voici une autre doctrine rabbinique qui témoigne hautement de la tolérance et de la largeur d'esprit des docteurs de la Synagogue: c'est la maxime d'après laquelle les Noachides, c'est-à-dire tous les hommes excepté les seuls juifs, ne sont point réputés pécher, s'ils associent un être quelconque au Dieu suprême, pourvu qu'ils reconnaissent à celui-ci ce caractère unique [8] On demeure stupéfait en lisant de telles paroles; il y a là, pour parler encore le langage des rabbins « un miracle dans un autre miracle [9] [10] à savoir la reconnaissance d'une Eglise légitime en dehors d'Israël, d'une religion de l'humanité indépendante du mosaïsme et, dans cette vaste Eglise, la possibilité d'un credo si large qu'il permet d'associer au Dieu suprême des divinités secondaires.

Si étrange que cette doctrine puisse paraître au premier abord, elle s'explique admirablement bien si nous avons donné la véritable interprétation des Elohim, en voyant en eux la divinisation faite par les païens des forces cosmiques correspondant aux divers attributs divins. Comment dans ce cas les non-juifs pourraient-ils pêcher, soit en associant le Dieu d'Israël à ses divers attributs personnifiés dans les divinités du paganisme, soit en réunissant ces différents attributs les uns aux autres? Il est clair au contraire que, notre théorie admise, le païen approche d'autant plus de la vérité qu'il parvient à s'élever à une synthèse plus complète, en sorte que son idée de Dieu devient par là de plus en plus parfaite. Ainsi le nom de Dieu des dieux chez les Juifs, Elohè-ha-Elohim , se trouve, au point de vue théologique, comme au point de vue scientifique, pleinement justifié et, loin de pouvoir être allégué contre l'antiquité du monothéisme mosaïque, il montre au contraire à quelle hauteur s'est élevée dans le judaïsme primitif la conception de la Divinité. [11]

References

  1. Page 164
  2. MARSELLI, Nuova Antologia, Giugno 1881.
  3. Genèse , XXXII, 2.
  4. Josué, V, 14.
  5. Page 165
  6. Page 166
  7. Page 167
  8. C'est ce que les rabbins expriment par cet aphorisme qui sera plusieurs fois cité dans cet ouvrage בני נח לא נזהרו על השותף (Isserles dans Orah Haïm, CLVI) « on ne fait pas aux Gentils la recommandation de ne pas associer d'autres divinités à l'adoration du Dieu Unique ». Mais cette tolérance n'enlève rien à la douleur du vrai juif à la vue de l'idolâtrie formelle. Les mêmes rabbins commentent ainsi le verset 10 du psaume LXIX: במשתפהון טעותהון לאיקרך not clear «parce qu'ils associent leurs idoles à la glorieuse majesté » ( Note des éditeurs )
  9. נס בתוך נס , Shabbat, 97.
  10. Page 168
  11. Page 169