Israël et L'Humanité - Multiplicité des noms divine

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Multiplicité des noms divins.


§ 1.


Clin question qui se rattache à notre présente étude et sur laquelle en a également voulu fonder l'accusation de polythéisme, c'est, outre le pluriel grammatical, la multiplicité des noms divins dans IlEcriture. Pourquoi, par exemple~ ces trois noms: ‑El, Elokim et Avayà? demande au hérétique à ma rabbin. Suait‑oe donc qu'il


Lus NOXS DIVENS


y eût plusieurs dieuxl Le rabbiii,interrogê répond en alléguant 17exe~ple des empereurs romains qui étaient appelés telle à tour (,'ésar, on Auguste, ou encore du nom greeBasileus, sacs que la ,,localité des dési,nubms impliefoit la pluralité, des personnes,

Ajoutons que non seulement cette variété (le noms ne prouye ,ion centre le monothéisme, nets encore qu'elle (tonne une expli­culot, dit pluriel grammatical de quelques‑uns d'outre eux, d'abord puce que ce pluriel peut signifier simplement celui qui porte plu­mous diving, et ensuite pores qu'il peut cira motivé, comme la diversité, de noms elle même, par le grand nombre d'attributs de 1, Divinité qWil s'agit d'exprimer, ainsi que la réponse du rabbin le laisse entrevoir. La Schemoth Balder 'explique plus clairement encore a cet égard: ~ Rabbi Abba bar Mammal dit: Dêsires‑tu connaître mon nom? dit 1, Seigneur; c'est selon mes oeuvres que je sais appelé. Je me nomme tour ‑à tour El Seliad(l"i,~ Sebowth, Eloki4n, Avya~ (à~,a,,d je juge le monde, je Sqis appelé Etokilo, quand je livre bataille, Seb"th; quand je laisse en suspens le châtiaient du péché, Et Schadddi; quand je manireste ma miséri­corde envers mes créatures, mon noie est Av«ya ~ (,)‑

La multiplicité (les noms divins nopourrrait, être invoquée contre l'antiquité du monothéisme mossique qtCen supposant que ces di­vers noms, après avoir appartami autrefois à auront de dieux dif­férents, sont venus pou à peu se confondre dans là conception d'un Dieu unique; quelque opinion que l'on professe en effet sur la valeur antérieure de ces noms dans le, l)olytb~,isme, on ne pourrait raisonnablement soutenir qu'ils aient fini par s'appliquer tous in~ distinctement à an morne dieu particulier. Or cettelidêe de fusion de tous les dietiv en un sent n'est pas autre chose que l'application de autre théorie sur les rapports qui ont existé entre le poly­théisme et le monothéisme. ‑

Mais est‑il nécessaire de voir dans chacun de ces noms un sujet disthoct? Le système de la, polynymie divine ne se retrouve~t‑il pas dans l'antiquité poisons comme dans le judaïsmel Nous croyons pouvoir l'attribuer à la complexité des notions acquisse et nous avoue déjà a, l'occasion de dire qu'à mesure que les conceptions religieuses se développent, le nom primitif de la Divinité parois. saut insuffisand, on lui ajoute instinctivement d'autres désignations. Ce li,ocêdé, rudimentaire peut être considéré comme la première


194 DIEU

étape de Phumanité dans la voie des spéculations théologiques auxquelles aboutissent plus tard les peuples cultivés. Moise dit expressément que le nom de Dieu à une certaine époque n'est Peint 10 même qu'à une époque antérieure et tout le contexte porte Leroire que c'est à cause de la signmeatioei diverse de ces vo. cables successifs. Lorsq,lon voit un même écrivain, comme Liais par exemple, employer alternativement les mans d'BI, Elokin, Awaya, El Schaditai, Yak, il faut bien souvenir, quelle que soit l'origine de ces mots, qu'une fois appliqués au Dieu unique, ils ont fini par remplir exactement 1, rôle que nous indiquons,

Max Muller fait de la polynymis l'an des caractères de la re­ligion des Sémites: ~ Il se trouve, dit‑il, que Formica culte des races sémitiques est clairement distingué par nu grand nombre de noms de la Divinité; c'est le cas pour les religions polythéistes des Babyloniens, des Phéniciens, des Carthaginois, comme pour les croyances monothéistes des Juifs, des Chrétiens et des Musul­mans ~ ('). Lw polynymie est si bien dans le génie sémitique qu'elle s'étend aussi aux hommes. Chacun a présent à la mémoire le fa­meux verset d'Isaïe, où l'exégèse chrétienne prêLend retrouver au­tant de noms caractéristiques de l'homme‑Dieu, tandis que d'autres, appliquant le dernier qualificatif seulement au Messie et les quatre premiers à Dieu qui lui impose ce titre, traduisent ainsi ce pas­sage: < L'Admirable, le Conseiller, le Dieu Puissant, le Père éternel l'appellera du nom de prince de la paix x (% verset où nous voyons, quant à nous, une série de désignations se, rappor­tant au même sujet, non pas toutes au propre Gomme exprimant ses qualités effectives, mais au fignré comme représentant celles de son Auteur qui doivent sa manifester par lui. De là les noms qui ne semblent convenir qWâ Dieu seul et que l'on donne non seulement à des hommes, comme dans ce cas, mais encore à des objets de la nature a, de l'art humain, à des pierres, des autels, des statues, quand tout cela, est destiné à représenter quelque grande idée, à perpétuer quelque important souvenir; source fé­coude de croyances thêandriques ou fétichistes, comme la simple multiplicité des noms divins l'a été pour les croyances polythéistes.

' Les mots par lesquels no, langues désignent les objets xilindi. quent que leur qualité la plus saillante, car la substance intime


(1) Introduetion à la science dos Religions, p, 81,

     Islc,


1

LES NOCÈS DIVINS 195


des choses échappe nécessairement à nos sens comme à notre esprit. Aussi lorsqu'il s'agit de l'Eire invisible dont l'existence se révèle metquessent par des actes multiples et variés, est‑il éton­nant que les hommes loi aient appliqué nu grand nombre de noms ~ Aristote résume 0, deux mots notre système de la polynymie di­vine en disant que . Dieu qui est an a plusieurs noms selon les effets qu'il produit > ('), car les noms dont il parle sont ceux qui ont été donnés aux divers dieux da pagccXismo, en sorte qu'il y a vu ce que nous y voyous nouS‑même~ autant d'aspects différents du Dieu unique.

On sait que Jouent était appelée ]a déesse aux mille noms (My~ rionyme) et les savants indianistes reconnaissent quo toutes les formes des divinités admise sous de multiples vocables par les peuples d'Orient cachent au fond un seul et même dieu. Les mêmes causes ont donc uniformément, produit partout les mômes effets et la polynymie, loin de fournir un argument contre le monothéisme, prouve au contraire que celui‑ci fat antérieur an polythêismec qui N'introduisit précisément, lorsque l'an commerna à voir des dieux distincts sens les noms variés qui désignaient les attributs divers du ])le,, unique. Ce passage ne se lit point soudainement; la nation d'unité persista plus ou mains longtemps, même après la persan­trification clos attributs. A la longue cependant, ces personnifica­tions théologiques devinrent pratiquement tics personnes divines et les qualifications primitives d'un même Dieu, autant de dégi­grattions de dieux dilêrents. Co transformisme‑lâ n'est pas une simple hypothèse comme celui des espèces animales dont les étapes intermédiaires d'évolution ne peuvent être démontrées; nous con­naissons ou contraire les états transitoires par lesquels on passa de la conception d'un seul Dieu appelé de plusieurs noms à, celle du divinités variées désignées chacune sous un torme spécial. Max Maller en signale un q,Oil appelle ëntéi~im et déliait ainsi: « une religion qui, tout en reconnaissant diverses divinités, représente chacune d1elles comme indépendante do toutes les autres, comme l'unique divinité présente à l'esprit de l'adorateur au moment de l'adoration et de la prière. Ce caractère, ajoute‑t‑il, est saillant clans la religion du poète védique. Quoique plusieurs dieux soient invoques dates des hymnes divers, quelquefois dans un même hymne, nonobstant il n'y a pas de règle de priorité établie entre eux.


L~ttv, ~ccr 1. M..U, r,20.


196 DiErT


Selon *les aspects variés de la nature At les désirs changeants (la coeur humain, tantôt c'est [cidre, le dieu (la ciel d'czar, tantôt Agni, le dieu de feu, tantôt Varotina, l'ancien diu (lu firmomRuL~ q,lon prie Arrau (lieu suprême, sans ombre de rivalité, ci d, sa­bordination d'aucune espêce ~.

LA fait est d'une haute important", mais t'explication donnée paraît bien peu plausible; en effet, cette illusion qui se renouvelle clans PAsprit (le l'adorateur chaque fois qu'au nouveau (lieu est invoqué, bien que dans le même hymne d'autres divinités soient simultanément adorées de 1, môme maniëre, Ast infiniment moins vraisemblable que fichée de prendre tant a ta,, chaque appellation ou personnification divine pou, la Divinité lent mitiëre.

Ce phénomène ne se présente pas seulement citez les Aryens; An le ,)j,statë également the, les Sémites. Les divinités sémi­tiques, nous dit‑on, ressemblent aux dieux de l'enfance de la race aryenne, a ces divinités presque sans consistance des Vedas, mi encore aux abstractions (les Romains, Fides, Ilirtu,. Ce manque d'individualité dans les Mous: primitifs sémitiques ou aryen, at­teste à l'origine une unité, ci éaractêrû commun dont ils se de­tachent ensuite insensiblement Si la religion Primitive était le polythéisme, Pindiviclualité (los (lieux serait plus accentuée, à me­sure que l'nu remonterait IA o,r, des ages; l'absence elloriginalité marquée prouve a, contraire que le point de départ de l'évolution n'a pu être que la notion d'mi DiAu unique réunissant toutes les perfections personnifiées plus tard. L'attribut a pu devenir por­sonne divine sans autre changement que celui de l'acception cla mot, et encore ces diverses acceptions n'étaient point nouvelles, Alles constituaient autant de significations légitimes du même mot. Le grec proopon et le latrupersona désignaient à la fois l'individu et 1, visage, Paspect qu'on lui reconnaissait.

blênotêisme est donc une preuve expérimental, prise clans l'histoire des religions. Une autre nous est fournie Pm la théo. sophie hébraïque dans laquelle il faut voir, ainsi que nous l'avons dit, cette forme mixte qui, sans sacrifier la plus petit, parcelle (le la pure doctrine monothéiste, se prête cependant davantage que le moswisme euraite, aux tendances pl,ralistes des Aryens et de la Gentilité en général. Comme le danger cl, tombe, dans le lady. théisme y (levait être plus grand, le monothéisme y devait réagi, avoo d'autant plus de vigueur contre cet émotêisme qui est le premier degré de passage aux idées polythéistes. La Kabbale état.


LES 14(ffl DIVUNS 197


blissait, une distinction marquée entre les divers attributs (living, sans toutefois aller jusqu'à, en faire amant de personnes divines et l'adoration était o,ienfêë, da côté de l'attribut vers lequel la nature de "Il culte a, les besoins (le son âme poussaient plus particulièrement l'adorateur. Or le péril était incontestablement qu'on s'adrAssaut à tel ou tel attribut divin, on y vit Dieu tout entier et que l'on DéKligeât les %ailes, ce qui marque précisément l'étape ênèteiala avec, ses conséquences inévitables. Pour olivier à,.et inconvénient dont ou s'est fait maintes fois un argument contre la Kabbale, il for prescrit que la prière, le, culte, Padoration ne doivent avoir pour objectif que la Congo des anges, la suprême Unité, Au loi demandant aile si gri,'ic, nous parvienne par tel ai, tel de ses attributs.

Quoi qu'on fosse, la multiplicité des noms divins dans les Ecri­turcs n'aboutira jamais a la démonstration da polytbéisme israê­lits. La fusion de tous les aspects et attributs de Dieu de la Ilible était complète dans le culte et l'on voit que la Kabbale, que l'ou accuse inconsidérément de favoriser les abus de llênotêlsnie, a


Noms avons du, comment l'attribut divin s'incarne dans an nom. Voyous encore le même phénomène, non plus flans le pas­sage do monothéisme au polythéisme, mais au Rein (tu polythéisme hù~wême.

Ma,,obe rapport, que c'était col dogme sacré dans les mystères religieux des Anciens qu'Apollou,ëtait le nom désignant le soleil, pendant IA temps qu'il parcourait Phêmisphêre supérieur. Ailleurs il surprend dans Virgile Pillée d'un dieu en voie de formation: Le poète, dit‑il, ait se servant de rexpressiola quo nomme lasoi ‑par quelle divinite offensée ‑ alors «il no parle que de la déesse ,banni, dite Myrionynie, montre que les attributs différents d'une même divinité pourrait idre pris pour "tant de dieux distinots. Illimouf a fait observer fort justement que lorsqu'un simple mot S'est une fois transforme en ),ma propre ('), il ne reste plus qu'un


     (1) Ai.si d...                     S~h.ddi êtait                     ou cipidif, et 1'..

di..it Et le,fis fo. , dit 8madi to't urt; ac ë.c a dit d'abord

             El'hi. zd.th, ce d'viier in't fbant f..~ti'. dl.dj,~tif, plus Z~Is,iJ, is,ol,

‑ar toms. 1,, ne, qW,, Aly,.Zlbllth, Z~bI,tU ~ât à part

ju.t.p..é.


'Dieu


pas a faire pour lui donner "" corps et le fwrsowtifier~ Nous le répétons: Nomiffl nuwù,a~ c'est ainsi que se font les dieux.

Oui, c'est ainsi que se font les dieux, e,'est,â‑dire les figures de l'Eire divin créées par l'imagination des hommes, mais il serait souverainement absurde de prétendre que c'est ainsi que se &il Dieu, comme si l'Eire pouvait résulte, des q'alificatifs par lesquels on le désigne et comme si ceux‑el ne répondaient pas nécessaire­ment à une réalité objective qu'attestent les Afrorts incessante (le l'esprit humain pour la représenter.

Llëcote symboliste allemande voit dans les dieux du paganisme les ~ttributs personnifiés d'on être qui embrasse à la fois le flot et l'infini, d'un die, panthêistique. Il est vrai qu'on a substitué plus récemment ai, point de vu, métaphysique de cette école Fin. torprftation naturaliste, mais )lors avons déjà fait remarquer que, les deux systèmes, loin de m'exclure, se concilient dans la doctrine kabbatistique qui voit les attributs dÉsins se répercuter en quelque sorte dans la nature et y tienne,, naissance à, une hiériarchie lie forces d'ordre inférieur, calqués sur la hiérarchie divine dont lie est le reflet. Ainsi la méthode métaphysique et la méthode nain­,altiste peuvent être vraies folle et l'autre, sauf à distingue, dans les divers polythéismes les dieux idéaux ou transcendants et les (lieux cosmiques, naturels on immanents. On n'attrait même aucune peine à montrer q,lun même dieu a été souvent double ou trild,, selon qu'il était conçu dé, l'aile on (le l'autre manière, qu'ainsi il y a eu plusieurs Zoos, plusieurs Apollons, plusieurs Hercules, plusieurs Dionysius.

Signalons soin, ores attire façon d'isoler les attributs divins qui a dû par conséquent abouti, aux mêmes résultats. Nous vou­lons parler des qualifications que l'on applique à Dieu en Pappe, tant par exempts le Dieu de telle on telle personne ait le Dfim de telle ou telle chose, selon le caractère spécial que, l'on veut ce­présenter. Ce procédé très monothéiste et très philosophique a fort bien pu enfanter, par une étrange mais naturelle méprise, la croyance à l'incarnation, d'autant pins que, la Kabbale tienne le nom de Messie à l'une des émanations divines. Il est incontestable que dans la Bible cette façon do nommer Dien a pour but de mettre plus particulièrement cri relief celui des attributs qui apparaît da. vantage dans la chose dont on parle, dans l'histoire ou la physio. nomie du personnage dont il s'agit. Ainsi l'expression de Ilion du ciel et de la, terre désigne l'Autour et le conservateur de la ma.


LES NOMS DIVINS 199


lors; de môme, celle de Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ce­présente ])te, dans l'histoire, 1, Providence sociale. Ces mots de la bênêdiction aux douze tribus: ~ Que la grâce de Papparitio, du bîeixuon vienne sur la tête de Joseph » (') sont dits Pa, allusion àla rêvêlatiol, classique, (IA même que pêtrithête de « Dieu qui trône sur les ehêubins > rappelle l'élection d'Israël et l'êtablissement du vrai culte dans son temple,

Il y i même une autre farine, d'autant plus significative qu'elle est intermàdiztire, dans laquelle l'attribut divin est implicite et sa personnification explicite. Quand Jacob appelle son Dieu , le Dieu d'Abraham et Il, terreur d'Isaac ~, il y 1 une intention manifeste do désigner cet aspect gpêei&l de Dieu qui inspirait la crainte, d'Isaac, son Pêre~

Enfin le, culte, tel surtout que 10 comprend la Kabbale, liens montre comment, se font les (lieux. Sans droits il n'y s, rien (le plus Moignê de l'esprit de cette thêdogie que la pluralitë divine. (In l'a môme accusêe d'et, û unitaire à l'excès. Cela D'empêche pas qu'on in! reproche ëgaltment de multiplier par les Sephiroth les objots d'adoration. Ce sont la deux accusations qui se dêuuisent réciproquement. En réalité, la Kabbale nous fournit orne expli­cation très intelligible do, passage du monothéisme au polythéisme par sa thêo,le de la personnification des attributs divins ou êtes­»atio1m~ Et si l'on nous objecte qu'une pareille th6orie, dans 11U­tumeurs, facilite même ce passage, nous rependrons sans paradoxe que c'est la le fait de la vérité complote, prêchmment pores qu'êtant tomplûte, elle sliitend jusqti?aitx confins extrêmes de porteur. La VêTitô el, effet ne finit que lâ où Plureur commence, de même que perreulr ne prend fil que la On commence la vérité.

References

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