Israël et L'Humanité - Caractère ethnique et local du mosaïsme

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III.

Caractère ethnique et local du Mosaïsme.

Le caractère ethnique et local du mosaïsme est évident. Il contient des lois qui dépendent du climat, de la situatipar la parole queon géographique de la Palestine. Le printemps, par exemple, qui déterminé la fixation de la Pâque est bien celui de cette contrée. Il n'en pouvait être autrement, car il ne devait pas rester loisible à chacun de se régler, pour la célébration de la fête, sur les conditions particulières du lieu de sa résidence, ce qui serait contraire à la loi suprême posée par Moïse, l'uniformité dans le culte: « Il y aura une seule loi pour vous et pour l'étranger en séjour parmi vous [1]». Dira-t-on que bien que l'époque de la Pâque fût réglée par le printemps palestinien, on ne saurait appeler locale cette institution, du moment qu'elle est obligatoire partout où l'on se trouve? Mais cela prouve davantage encore que le culte mosaïque, [2]en quelque endroit qu'on l'observe, dépend d'un lieu particulier, exclusivement.

Nous n'entrerons pas dans le détail des nombreux préceptes qui sont tous uniquement attachés au sol de la Palestine. Il n'y a qu'à ouvrir le Talmud et les écrits rabbiniques postérieurs pour en trouver le minutieux commentaire. Mais les déclarations plus ou moins formelles de Moïse lui-même constituent une preuve concluante que nous ne saurions passer sous silence. Les dieux des Gentils, les fausses divinités, sont appelés par le législateur hébreu « des dieux étrangers au pays » et il n'y a qu'à consulter Ibn Ezra et Nahmanide pour se convaincre du sens donné à ces paroles. Que signifie la promesse tant de fois répétée que Dieu fixerait sa demeure dans la Terre Sainte, au milieu d'Israël, qu'est-ce que la sainteté attribuée au sol de la Palestine et ce culte que peu professait pour lui et que la mort même ne parvenait pas à détruire, puisqu'on aspirait à y être enseveli, sinon la conviction que la religion d'Israël était faite pour Israël et pour Jérusalem et que Jérusalem et Israël étaient faits pour cette religion? Les Docteurs ont même déclaré dans le Midrach que l'accomplissement des différents préceptes de la Thora n'est, dans l'exil, qu'une commémoration de l'état passé, une représentation de l'avenir, un moyen de ne point désapprendre l'obéissance aux commandements divins et de se trouver, au jour fixé par Dieu, en état de reprendre les anciennes pratiques. Et après ces exagérations d'une doctrine vraie en elle-même, comme nous l'avons indiqué également à propos de l'idée d'un Dieu local et national, qui oserait soutenir que l'idéal religieux rêvé pour les Gentils ait pu être en Israël la soumission des non-juifs à cette même Loi, à une loi qui, de l'aveu de ses observateurs, perd, nous ne dirons pas ses droits, mais du moins sa pleine efficacité en dehors des frontières de la Palestine?

Mais voici un fait non moins remarquable. On ne prétendra pas, après tout ce que nous avons dit ci-dessus, que l'avènement du mosaïsme ait aucunement entraîné le rejet du reste de la race humaine et que la Providence divine, ne continue point comme auparavant à s'étendre à tous les peuples de la terre. S'il en est ainsi et si, d'autre part, il n'y a pas d'autre voie de salut ouverte aux Gentils que la loi mosaïque, que devrions-nous voir dans le Judaïsme? Certainement une tendance au prosélytisme beaucoup plus marquée que précédemment; nous ne parlons pas seulement de ce prosélytisme pacifique qui prêche bien plus par la parole que[3]par les soirs et plus encore par l'exemple que par la parole, mais d'un prosélytisme ardent et conquérant qui ne se lasse pas de proclamer que l'éternelle damnation attend tous ceux qui ne se convertissent point à la seule religion véritable. Mais au lieu de cela nous voyons un phénomène tout contraire. Israël observe, à l'égard de la Gentilité, une réserve incompatible avec la conviction qu'il est seul en possession des moyens de salut. Son respect pour les autres croyances est tel qu'il semble confiner à l'indifférence et que des juges superficiels n'ont pas manqué d'en conclure que le judaïsme n'a point connu de prosélytisme, qu'il ne possède aucun de ces instincts qui poussent une religion à se répandre au dehors, à conquérir des adeptes, à grossir en un mot les rangs de ses fidèles. Et de fait les Rabbins ont prononcé à propos des prosélytes et du prosélytisme en général des paroles si peu encourageantes que c'est merveille si la chose et le nom lui-même sont restés en honneur en Israël.

Ce caractère ethnique, local, du mosaïsme et cette absence à peu près complète de prosélytisme organisé suffisent à prouver que la religion d'Israël n'est point destinée à devenir la religion universelle. Lorsque nous la voyons cependant proclamer certains principes généraux comme obligatoires pour toute créature humaine comme une Loi à laquelle ou ne peut impunément se soustraire et dont l'exécution est exigée par la Justice divine, peut-on douter que si elle n'aspire point à convertir à ses rites toute l'humanité, elle se reconnaisse du moins en possession d'une religion bien autrement universelle que ne pourrait l'être jamais celle de Moïse, religion dont les grandes lignes apparaissent déjà dans ses Ecri- tures? Peut-on nier que ce soit là précisément l'autre aspect de la Loi, celui qui regarde tous les hommes et tous les temps?

Il nous faut étudier à présent plus attentivement comme particulièrement instructive cette attitude des Juifs à l'égard des Gentils.


References

  1. Nombres, XV, 16
  2. Page 462
  3. Page 463