Israël et L'Humanité - Disposition du Temple

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III.

Disposition du Temple.

L'examen le plus superficiel de la distribution des parties du Temple suffit pour nous faire apercevoir trois divisions principales avec, dans les deux dernières, des subdivisions particulières qui n'altèrent d'ailleurs en rien la disposition de l'ensemble de l'édifice.

La partie extérieure était appelée ar abbaït et les Gentils y étaient admis. Et qu'on le remarque bien, ils y avaient accès sans distinction de croyances, c'est-à-dire sans que l'on vérifiât aucunement auparavant s'ils adhéraient à cette religion noachide qui était considérée pour eux comme la condition de salut, peut-être parce que leur seule présence dans ce lieu saint paraissait un gage suffisant de leur foi religieuse. Il existe même quelques psaumes qui ne sont guère explicables que par cette destination de la sainte montagne aux visites religieuses des Gentils et qui en tout cas avec cette interprétation présentent un sens parfaitement clair. « Qui pourra monter à la montagne de l'Eternel? qui s'élèvera jusqu'à son lieu saint? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur; celui qui ne livre pas son âme au mensonge et qui ne jure pas pour tromper [1] ».

Que signifie cette énumération des qualités uniquement morales requises de l'homme qui aspire à l'honneur de pénétrer dans le Temple de Dieu? Il est impossible qu'il s'agisse des conditions légales, ni des vertus morales imposées pour cela aux Israélites [2]eux-mêmes. On comprend, il est vrai, jusqu'à un certain point ces dernières, de telles paroles seraient comme l'écho ou le prélude des invectives prophétiques contre ceux qui, les mains souillées de toute espèce de crimes, se présentent au temple pour adorer Dieu. Mais l'absence de toute allusion aux rites spéciaux et aux croyances du judaïsme et même à la foi monothéiste, ainsi que de la contrepartie si essentielle et si commune chez les Prophètes, c'est-à-dire du blâme contre ceux qui, sans respecter d'abord la morale, ont la prétention de s'approcher des autels, tout nous persuade que ce n'est pas là le sens probable. Il est plus vraisemblable de supposer que, dans ce passage, le psalmiste a en vue les Gentils dont la religion se résume précisément dans les préceptes moraux qu'il énumère. Dans le psaume XV qui contient une mention plus détaillée encore de ces qualités morales indispensables, les paroles: « Il honore ceux qui craignent l'Eternel » ne sont pas l'indice le moins éloquent de la justesse de notre explication, puisque nous savons que cette désignation est le titre en quelque sorte officiel donné par le judaïsme à cette catégorie de croyants de la Gentilité.

Après l'enceinte ouverte aux Gentils, se trouvait le parvis, la cour d'Israël et à cette seconde partie succédait l'emplacement réservé à la famille d'Aaron. Le Gentil ne pouvait point pénétrer dans l'enceinte d'Israël, pas plus que le simple Israélite ne pouvait entrer dans la cour sacerdotale ou le Prêtre lui-même, dans le Saint des saints qui ne s'ouvrait qu'une fois par an pour le souverain pontife seulement. Ainsi il y avait en réalité trois temples ayant chacun sa destination distincte et formant tous ensemble un sanctuaire unique, symbole de la communauté de croyance, unité organique dont les différentes parties coexistent sans con- fusion et sans séparation possible.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur la distribution des diverses parties du Temple qui est déjà par elle-même suffisamment significative. Le seul fait de réserver dans le sanctuaire de Jérusalem une place spéciale aux Gentils, sans leur demander nullement de se rattacher entièrement au mosaïsme, est, croyons-nous, un phénomène unique dans l'histoire religieuse; Il prouve à lui seul les liens étroits qui unissent la religion de l'humanité à celle d'Israël. La prière de Salomon dans la cérémonie de la dédicace est justement célèbre et contient des paroles qui méritent d'être citées. Après avoir supplié Dieu d'exaucer les prières de son peuple [3] dans le temple qu'il inaugure, le roi d'Israël ajoute: « Quand l'étranger qui n'est pas de ton Peuple d'Israël viendra de pays lointains, à cause de Ton nom, quand sachant que Ton nom est grand, ta main puissante, ton bras étendu, il viendra prier dans cette maison, écoute-le du haut des cieux, du lieu de ta demeure, et accorde à cet étranger tout ce qu'il te demandera, afin que tous les peuples de la terre connaissent Ton nom pour Te craindre, comme Ton peuple d'Israël, et sachent que ton nom est invoqué sur cette maison que j'ai bâtie [4]» Et un autre verset de cette même prière, tel que nous le lisons dans le texte des Chroniques, peut se traduire ainsi: « Toute prière, toute supplication qui s'élèvera de toute l'humanité ou de tout ton peuple d'Israël, chacun reconnaissant son infirmité et sa misère, et étendant les mains vers cette maison, exauce-la Toi-même du haut des cieux, du lieu de Ta demeure [5] qui manque dans le premier, en sorte que adam les hommes , et Israël, forment deux sujets distincts.</ref>

Non Seulement le caractère universel du Temple israélite est clairement indiqué dans cette prière solennelle de son fondateur, non seulement celui-ci prie Dieu d'exaucer les prières des étrangers et accentue le rôle de médiateur qu'Israël remplit entre Dieu et l'humanité, mais ce qui est peut-être plus remarquable encore, c'est le but pour lequel Salomon demande que l'étranger soit exaucé: «C'est afin que tous les peuples de la terre connaissent Ton nom pour Te craindre comme Ton peuple d'Israël », tant il est vrai que le judaïsme avait des visées universelles et aspirait à convertir au vrai Dieu, par l'excellence de son culte, tous les peuples païens.

Il faut observer en outre quelles sont les deux conditions proclamées essentielles pour que la prière des Gentils soit écoutée de Dieu. Leur adoration doit d'abord être conforme à celle des Israélites, car il est dit: Qu'ils connaissent Ton nom pour Te craindre comme Ton peuple d'Israël ». Ils ont à reconnaître ensuite la mission sacerdotale des Juifs, car le texte ajoute; « Qu'ils sachent que Ton nom est invoqué sur cette maison que j'ai bâtie!» La première de ces conditions suppose l'existence d'une loi Pour les Gentils, non pas, il est vrai, absolument identique à celle d'Israël, car dans ce cas il n'y aurait pas lieu de les distinguer [6] l'une de l'autre, mais reliée toutefois d'une certaine manière au mosaïsme, ce qui répond précisément au caractère de la loi noachide. Quant à la seconde condition, c'est exactement celle que Maïmonide [7], d'après le Talmud, impose au culte noachide pour être déclaré légitime, c'est-à-dire qu'il soit observé non seulement comme une philosophie morale quelconque, voire même comme une religion naturelle, mais comme la révélation primitive donnée à tout le genre humain et dont la garde a été confiée à Israël.


References

  1. Ps. XXIV, 3.4.
  2. Page 537
  3. Page 538
  4. I Rois, VIII, 41-43.
  5. II Chron. VII, 29. Ce texte comparé à celui des Rois offre cette particularité que les mots toute l'humanité לכל האדם et « tout ton peuple » se trouvent reliés par la conjonction et, ou, </span> </li>
  6. Page 539
  7. V. Melachim, VIII, 11.
  8. </ol>