Israël et L'Humanité - Du droit international d'après l'hébraïsme

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III.

Du droit international d'après l'hébraïsme.

La notion de nationalité n'est point pour l'hébraïsme une simple conception philosophique ou théologique, c'est un sentiment dont la vivacité n'a, croyons-nous, nul besoin d'être démontrée. Il est au contraire si manifeste et si ardent que les religions rivales et [1]la critique indépendante tour à tour l'ont accusé bien des fois d'être excessif et exclusif. Ce que l'on n'a pas suffisamment remarqué toutefois, c'est que ce sentiment ne se sépare jamais chez les Juifs de celui de l'humanité. Cette idée d'un savant anthropologiste que le développement de l'humanité en nationalités distinctes hâtera le perfectionnement général de la race humaine est authentiquement juive.

D'ailleurs, le seul fait pour le judaïsme d'avoir été sinon une nationalité en lui-même, du moins le fondateur, l'organisateur, la raison d'être d'une nation, prouve déjà la valeur que ce sentiment devait avoir à ses yeux. Ses croyances les plus chères reconnaissent solennellement le droit sacré des peuples. Ne proclame-t-il pas que la Providence divine s'exerce indistinctement sur toutes les fractions de l'humanité, que Dieu est le juge universel des nations aussi bien que des individus et qu'elles ne périssent que par leur faute, qu'une même justice régit Israël et tous les autres peuples, que tout attentat contre l'indépendance nationale est un crime que le souverain Juge punit, parce que s'il est le rédempteur d'Israël, Il se glorifie aussi d'être le sauveur de toute nation opprimée et que s'Il défend son peuple contre les attaques de ses ennemis, Il lui prescrit aussi de respecter les frontières des autres Etats? Il y a incontestablement dans toutes ces doctrines le fondement et la consécration du droit international.

Si l'existence du sentiment patriotique chez les Juifs est si évidente qu'il serait superflu de s'étendre plus longuement sur ce sujet, il convient cependant de l'analyser et d'en rechercher les éléments constitutifs. On a peine à croire que l'on puisse trouver dans l'un des plus anciens documents du livre de la Genèse la notion fondamentale de nationalité avec ses conditions de réalisation et que tout cela s'accorde parfaitement avec ce que l'ethnologie et la sociologie nous enseignent aujourd'hui; il en est pourtant ainsi. Après avoir énuméré les descendants de Noé le texte sacré ajoute, avec une manifeste insistance pour Japhet: « C'est par eux qu'ont été peuplées les îles des nations, selon leurs terres, selon la langue de chacun, selon leurs familles, selon leurs nations » [2] et pour les enfants de Cham et de Sem: « Ce sont là les fils de Cham, ce sont là les fils de Sem selon leurs familles, selon leurs langues, selon leurs pays, selon leurs nations » [3]Ce [4] n'est point là une formule insignifiante. Nous trouvons dans ce passage l'exposé des trois éléments qui constituent nécessairement une nation: la race, la langue, la patrie, les deux premiers étant fondés sur la nature physique ou morale de l'homme, tandis que le troisième est le résultat de l'œuvre humaine et le couronnement des deux autres. Ce dernier appareil plus nettement encore dans ce passage du cantique de Moïse: « Quand le Très-Haut donna aux nations leur héritage, quand il divisa les enfants des hommes, il fixa les frontières des peuples [5] ». Raschi le commente en disant: « Lorsque Dieu partagea la terre entre les peuples, il donna à chaque nation séparément des frontières distinctes, afin qu'elle ne pût plus se confondre avec les autres ».

Il nous semble que ce texte laisse entendre assez clairement que la séparation et la dispersion des peuples a eu lieu précisément en vue de la constitution des nationalités. Lors donc que Dieu dit aux premiers hommes: « Remplissez la terre et subjuguez-la, croissez, multipliez et remplissez la terre », la distinction des nations était déjà comprise dans le dessein primitif du Créateur et devait nécessairement résulter de l'accomplissement de ce devoir imposé à l'homme et de la réalisation des promesses divines, puisque les différences de climats, les diverses conditions physiques ne pouvaient manquer de produire des variétés du type humain. Notre globe, allait en effet servir à l'humanité comme les corps servent aux âmes, celles-ci déterminant par leur diversité les particularités de caractères, la physiologie des tempéraments et leurs rapports avec le monde. Paul, dans son discours aux Athéniens, se fait l'écho des doctrines de l'hébraïsme, lorsqu'il dit: « Dieu a voulu que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la duré des temps et les bornes de leurs demeures [6] ».


References

  1. Page 392
  2. Genèse, X, 5
  3. Ibid., X. 20, 31.
  4. Page 393
  5. Deutéronome, XXXII, 8.
  6. Actes, XVII, 26