Israël et L'Humanité - Idolâtrie des Israélite

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II.

Idolâtrie des Israélites.

Un autre argument des adversaires de l'inspiration biblique contre le monothéisme mosaïque consiste à dire que les Israélites ont, à maintes reprises, fait acte d'idolâtrie, et ils trouvent pour [1]l'établir des textes en si grand nombre qu'en vérité ils n'ont que l'embarras du choix.

Mais la Bible ne déclare-t-elle pas expressément que ce furent des divinités étrangères qu'adorait ainsi Israël, par opposition à Celui qui était le seul vrai Dieu des Hébreux, ce qui fait supposer que le monothéisme israélite existait déjà? Sans doute les Ecritures elles-mêmes , le livre de Josué par exemple, attestent que les ancêtres d'Israël ont été idolâtres. Mais il y a une grande différence entre les déclarations des écrivains sacrés et les conjectures des critiques modernes, attendu que l'idée monothéiste, quoique déjà très claire depuis l'époque d'Abraham, a toujours été, d'après la Bible, se précisant et se généralisant davantage en Israël, contrairement à ce qui se passait chez les autres peuples où la croyance au vrai Dieu, qui s'était conservée longtemps encore, devenait de plus en plus rare, de plus en plus obscure.

En outre, les prophètes du VIII e siècle qui, au dire des mêmes critiques, auraient été les créateurs et non pas simplement les apôtres du mosaïsme, nous présentent incontestablement cette religion comme fort ancienne et en demandent la restauration dans sa pureté première. Auraient-ils pu tenir de tels discours à une génération non seulement polythéiste en général, mais qui, nous dit-on, n'aurait pas eu le moindre souvenir d'un culte semblable à celui que lui prêchaient les prophètes ?

Il faut remarquer que nulle part dans le Pentateuque il n'est question de Baal, d'Aschéra, ni d'Astarté comme nous devrions nous y attendre, si nous avions là un document postérieur à Isaïe. M. Kuenen, qui assigne au Deutéronome un siècle de moins qu'aux écrits de ce prophète, est bien obligé d'en convenir: « Elle (Astarté) n'est citée nulle part dans le Pentateuque. La déesse était pourtant connue dès une haute antiquité sur les côtes de la Syrie et à l'est du Jourdain où se trouve la ville d'Asteroth Karnaïm (Astarté aux deux cornes) ».

Ajoutons que c'est le comble de l'ignorance ou de la légèreté que d'écrire comme le fait ensuite le même auteur: « Qu'est-ce que les bénédictions de la lune que récitant encore les israélites du 7 au 16 de chaque néoménie, le soir, quand se lève l'astre nocturne, sinon un reste de ce vieux culte naturaliste? Ils disent par trois fois: Que ce soit pour nous un bon signe et un heureux présage pour nous et pour tout Israël!, En adressant cette prière à la lune nouvelle, Israël s'élance au devant d'elle et ajoute, les yeux toujours [2]fixés sur le croissant céleste: « De même que je m'élance vers toi et ne puis t'atteindre, qu'ainsi mes ennemis ne puissent m'atteindre pour me faire du mal ! » Si les bénédictions qui ne s'adressent pas à la lune, mais à Dieu au sujet de la lune [3]étaient un reste persistant d'idolâtrie comme l'imagine cet auteur, il en faudrait dire autant du soleil [4]et des étoiles, de la mer, et des montagnes, des éclairs et du tonnerre, des fleurs et des fruits, des monstres et de toute belle créature, puisque pour tout cela il est prescrit à l'israélite de dire à Dieu une bénédiction spéciale [5]. Mais la vérité est précisément le contraire de ce qu'affirme M. Kuenen; il est interdit de regarder l'astre nocturne en prononçant la bénédiction que l'on adresse à Dieu, à son sujet, comme de ployer les genoux pendant cette prière, afin d'éviter la plus lointaine apparence d'idolâtrie.

On se tromperait grandement d'ailleurs en cherchant une preuve de polythéisme dans les emprunts réels qu'Israël a faits, à différentes époques, au paganisme et même dans les actes formels d'idolâtrie qui peuvent à juste titre lui être reprochés; nous allons voir en effet, en poursuivant notre étude, que si les rites étrangers au mosaïsme que les Juifs ont parfois adoptés étaient répréhensibles, leur culte n'en demeurait par moins au fond monothéiste.

Il nous faut auparavant aborder une objection faite au monothéisme mosaïque et qui est en apparence bien plus sérieuse que les précédentes. Nous voulons parler du rite étrange d'Azazel dans lequel les adversaires de l'inspiration biblique voient une divinité formellement opposée à Avaya. Nous aurons la satisfaction de constater que cette accusation aboutit, en dernière analyse, a démontrer la légitimité et la nécessite de la théologie kabbalistique. Ceux qui persisteraient en effet à repousser les explications de la Kabbale devraient nous fournir une autre solution de la difficulté, [6]ce qui est tout simplement impossible, ou se résigner à ne voir dans le mosaïsme qu'une forme encore imparfaite de monothéisme où persistaient, plus ou moins confusément, les anciennes tendances dualistes et polythéistes.


References

  1. Page 206
  2. Page 207
  3. Cette beracha (bénédiction) est la suivante: « Béni sois-Tu, Eternel, notre Dieu, Roi du monde, qui par ta parole as créé les cieux et d'un souffle de ta bouche, tout ce qui les peuples… Béni sois-Tu , Eternel, qui renouvelles les mois. » Après quoi on ajoute: « Béni soit Celui qui t'a formée! Béni soit Celui qui t'a faite! Béni soit ton Auteur! Béni soit ton Créateur!» ( Note des éditeurs )
  4. La bénédiction du soleil, birkath hahamma , est prescrite tous les 28 ans; on trouvera les autres dans les rituels de prière.
  5. Il en est une que l'israélite doit dire, lorsqu'il rencontre un non-juif, savant illustre ( ou critique judicieux): Béni sois-Tu Eternel, notre Dieu, Roi du monde, qui donnes une part de Ta science aux créatures humaines, שנתן מחכמתו לבשר ודם ( Note des éditeurs).
  6. Page 208