Israël et L'Humanité - La fraternité des peuples

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V.

La fraternité des peuples.

Une autre conséquence importante découle de cette conception d'une famille des nations dont Dieu est le père commun et parmi lesquelles Israël est le premier-né « c'est que tous les peuples sont frères. Si cette idée a triomphé dans le judaïsme, il faut reconnaître que c'est en dépit de mille influences hostiles, ce qui prouve la puissance de la doctrine qui est parvenue, à s'établir malgré tant d'obstacles.

Nous voyons que Moïse envoie à Edom des messagers chargés de lui dire: « Ainsi parle ton frère Israël [1]». Et ailleurs il fait aux Hébreux cette recommandation: « N'abhorre point l'Edomite car il est ton frère [2]». On objectera peut-être qu'il y a là un souvenir des liens du sang qui rattachaient Jacob à Esaü dont Edom est le descendant. Mais Ezéchiel appelle Sodome la sœur d'Israël. Serait-ce simplement parce qu'ayant toutes deux péché, elles méritent d'être confondues dans une même réprobation? Que dira-t-on alors d'Amos qui nomme tous les peuples païens des frères et reproche à ceux qui commettent contre les autres des injustices d'oublier le lien fraternel qui les unit? Il y a même un psaume, tout rempli vraisemblablement des plaintes d'Israël en butte à la haine et aux persécutions des autres nations, dans lequel nous trouvons ces mémorables paroles: « Je publierai ton nom parmi mes frères, je te célébrerai au milieu de l'assemblée [3]». De quels frères s'agit-il ici? Ce sont évidemment les autres peuples et la preuve, c'est que nous lisons quelques versets plus loin: « Toutes les extrémités de la terre penseront à l'Eternel et se convertiront à Lui; toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face. Car à l'Eternel appartient le règne et la domination sur les nations ». Et le même psaume se termine par la promesse que l'apostolat d'Israël auquel il vient d'être fait allusion sera couronné de succès: « On parlera du Seigneur à la génération future; quand [4]elle viendra, elle annoncera sa justice; elle proclamera son œuvre au peuple nouveau-né ».

Faisons enfin observer que ce titre de frères donné par Israël aux peuples étrangers est sanctionné par la législation mosaïque, comme on peut le voir par ce passage du Lévitique: « Si ton frère devient pauvre et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays afin qu'il vive avec toi [5]»

On a objecté que la fraternité des peuples est toute factice et qui n'est pas exact de comparer la société humaine à la société familiale, puisque les rapports d'autorité et d'obéissance, qui dans celle-ci sont essentiels, manquent totalement à celle-là, le principe fondamental de la suprême unité sociale étant l'égalité absolue entre toutes les nations. Nous ne croyons pas toutefois que la subordination nécessaire à la famille fasse complètement défaut à la société; elle prend seulement une autre forme et devient le respect du droit naturel, du droit international sans lequel toute relation entre les peuples serait impossible. On ne contestera pas d'ailleurs que dans la société familiale l'autorité réside dans le père en vertu de cette dignité naturelle et non point en raison des qualités qui caractérisent d'autre part la personnalité humaine. C'est Dieu que les enfants vénèrent dans la personne de leur père et c'est Dieu aussi, père de tous les hommes, qui, dans la société des nations, commande aux peuples ce respect des droits de chacun et règle les rapports qui doivent exister entre eux; tout attentat contre ces droits sacrés est un péché contre le ciel, de même que la reconnaissance qu'en font les nations est une soumission implicite à l'ordre providentiel.[6]


References

  1. Nombres, XX, 14
  2. Deutéronome, XXIII, 17
  3. Psaume XXII, 23
  4. Page 401
  5. Lévitique, XXV, 35.
  6. Page 402