Israël et L'Humanité - Le Psaume cx

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§ 3.

LE PSAUME CX.

Il existe un psaume qui, à notre avis, peut servir de commentaire à la vocation d'Abraham. C'est le CX<super> e</super> psaume qui commence par ces mots: « Parole de l'Eternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite ». On sait le sens que lui ont donné les exégètes chrétiens. D'autres ont voulu y voir la glorification de la royauté de David. Et cependant il y a un verset qui ne peut se prêter à aucune de ces interprétations. C'est celui-ci: « L'Eternel l'a juré et il ne s'en repentira point. Tu es prêtre pour toujours selon la parole de Melchisédek » .

Ce dernier nom n'est-il pas une révélation? Il ne peut-être question de rapprocher David de Malchisédek et l'idée de sacerdoce exprimée dans ce texte ne lui est pas davantage applicable. Le psalmiste n'a pu d'ailleurs se décerner à lui-même le titre de Seigneur, tandis que ce nom est très naturel dans la bouche de David parlant d'Abraham. Quant au Melchisédek dont il est question, ce ne peut être que ce roi de Salem qui, il faut bien le remarquer, n'a eu de rapport avec l'hébraïsme que par Abraham seulement et la qualité de prêtre, cohen , évoquée par le psaume est bien celle par laquelle l'Ecriture caractérise le roi pontife et qui a passé de plein droit à Abraham, car le sacerdoce qui était légitimement représenté par les Gentils avant l'élection d'Israël, se trouve transmis au premier patriarche juif, dès que Dieu le constitue le père d'un peuple appelé à remplir dans l'humanité les fonctions sacerdotales. Or, si l'idée que la Bible nous donne d'Abraham est celle d'un prêtre, ne s'ensuit-il pas qu'à cette qualité se trouvent rattachés le rôle et la mission d'instruire et de convertir les Gentils?

Il n'y a qu'un seul mot qui paraît, à première vue, en contradiction avec le sens que nous croyons devoir donner à ce psaume. C'est celui de Sion: « L'Eternel étendra de Sion le sceptre de la puissance ». Comment, dira-t-on, peut-il être question de Sion au temps de Melchisédek, puisque Sion n'existait pas encore, au moins sous cette dénomination ? Il suffit cependant d'examiner un autre passage des Psaumes dans le parallélisme hébraïque, pour voir que le mont de Sion est pris comme synonyme de Salem: «  Son [1] tabernacle est à Salem et sa demeure en Sion [2] ». La vérité est que de même qu'on a donné à la Jérusalem d'Israël l'ancien nom de Salem, de même aussi l'écrivain sacré n'a pas craint d'appeler la Jérusalem païenne du nom plus moderne de Sion. Ce dernier nom paraît d'ailleurs remonter à une haute antiquité, puisqu'il est question dans un passage des Rois de « la ville de David qui est Sion [3] ».

Rien ne s'oppose donc à ce que ce psaume soit appliqué à Abraham et la parole du chantre sacré: «  Tu es prêtre pour toujours !» est un éloquent commentaire de la promesse de Dieu au patriarche que toutes les familles de la terre seraient bénies par lui.


References

  1. Page 440
  2. Psaume LXXVI, 3
  3. I Rois VIII, 1.