Israël et L'Humanité - Les traductions de la Loi

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III.

Les traductions de la Loi.

Quel que soit le contenu des inscriptions gravées sur les pierres élevées par Moïse et par Josué, il demeure certain qu'elles avaient pour but d'instruire les Gentils. Nous trouvons une nouvelle preuve de la destination universelle de la révélation mosaïque dans la haute idée qu'on s'est faite des traductions de la Loi dont la première, nous l'avons vu, était attribuée à Dieu lui-même qui, sur le Sinaï aurait traduit la Loi dans toutes les langues de la Gentilité, car, nous disent les Rabbins, c'est là ce que signifie le verset: « Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix [1]».

Lorsqu'il s'agit de la version grecque des Septante, nous trouvons, il est vrai, chez les Docteurs de la Synagogue des opinions [2]contradictoires, les uns tentant de relever le mérite de cette traduction, les autres s'efforçant au contraire de la dénigrer. Pour expliquer cette dernière attitude, M Havet fait remarquer avec beaucoup de raison que lorsque du judaïsme hellénisé fut sorti le christianisme, il était naturel que ceux qui étaient restés juifs maudissent un travail qui avait abouti à ce résultat odieux [3]. Il n'est pas moins vrai qu'on ne saurait parler plus éloquemment que ne le font les Rabbins du rôle de la langue grecque comme moyen de propagation de l'idée hébraïque dans le monde. On lit dans le Talmud: « Il n'y a pas de différence entre les livres (de la Bible) et les Tephillin (phylactères) et mezouzot , si ce n'est que les premiers peuvent être écrits en n'importe quelle langue, tandis que les phylactères et les mezouzot ne peuvent être écrits qu'en aschouri (en caractères assyriens). Rabban Siméon, fils de Gamaliel, dit: Même pour les livres (de la Bible) il n'a été permis de les écrire qu'en grec [4]».

Il n'y a donc pas lieu de s'étonner d'entendre Philon affirmer qu'avant même la traduction des Septante, il existait en Egypte d'autres traductions grecques. Cette assertion, qui n'a d'ailleurs rien d'improbable, prouve du moins que l'idée d'une ancienne traduction des Ecritures, et notamment d'une version grecque, était bien accueillie dans le judaïsme. L'avis de R. Siméon qui, d'après le texte talmudique, était seul parmi les Docteurs à vouloir restreindre à la langue grecque le privilège de traduire les Ecritures, ne saurait au surplus être considéré comme une manifestation de particularisme juif, car autoriser le grec, c'était permettre que tous les peuples prissent connaissance de ce qui se publiait dans cette langue qui était alors devenue presque universelle.

La véritable intention du docteur apparaît dans le choix du texte sur lequel, au dire de R. Jochanan, il appuie son opinion: « R. Jochanan dit: Sur quoi se base donc R. Siméon, fils de Gamaliel ? sur ce verset: «  Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem [5] » Ce qui veut dire: Que les paroles de Japhet soient entendues dans les tentes de Sem! Et c'est pour qu'on ne puisse pas objecter qu'il faut comprendre aussi les langues de Gomer et de Magog (autres fils de Japhet comme Javan), qu'il est écrit: Japhté Elohim le Japhet, c'est-à-dire : Que [6] la plus divine des langues de Japhet soit reçue sous les tentes de Sem [7]».

Ainsi le passage choisi est un texte antérieur à la promulgation de la Loi; il est prononcé par Noé, père commun de tous les hommes, et s'adresse à toute l'humanité. La plus belle langue de la Gentilité est présentée comme destinée à servir, elle aussi, d'idiome sacré sous les tentes de Sem qui ne sont autres que les synagogues. Il est évident que tout respire ici un souffle de cosmopolitisme religieux dans lequel se révèlent une fois de plus les vrais sentiments d'Israël à l'égard des Gentils.


References

  1. Exode XIX, 19. Schemot Rabba, Itro, § 27.</span> </li>
  2. Page 564
  3. Loc. cit. vol. III, p. 144.
  4. Traité Meghilla , 8 <super> b </super> 9 <super> b </super>
  5. Genèse, IX, 27
  6. Page 565
  7. <i> Meghilla</i> 9 <super> b </super>
  8. </ol>