Israël et L'Humanité - Les vœux

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IV.

Les vœux.

La question des vœux religieux touche de près à celle du culte proprement dit. Existait-il quelque chose de semblable dans la loi noachide? [1] ne semble pas que ce sujet ait été étudié dans le Talmud de Babylone et les Tosafot sont là-dessus contradictoires [2]. Mais le Talmud de Jérusalem est d'une richesse particulière sur cette matière. Les Docteurs établissent d'abord cette règle générale dont nous allons comprendre la valeur: « L'Israélite, disent-ils, est soumis en conscience au devoir de ne point manquer à son vœu, mais une semblable obligation n'existe pas pour les Gentils[3] ». Telle est la règle. Ce qui suit ne paraît être que des interprétations différentes du même principe. R. Jona allègue que l'Israélite peut être délié de son vœu par les Rabbins, ce qui n'est pas le cas du non-juif et il semblerait résulter de cette explication que tout engagement de ce genre pris par ce dernier est irrévocable, mais R. José entend cela d'une façon toute différente: « Il est vrai, dit-il, que le juif a besoin d'être délié de son vœu par les Docteurs et cela n'est pas nécessaire pour les Gentils, c'est-à-dire que ceux-ci jouissent d'une liberté que l'Israélite ne possède pas . Le Talmud palestinien poursuit: « L'opinion de R. José répond à la pratique de R. Abhu» et il cite le cas d'une femme païenne qui, si l'on songe que R. Abhu était admis à la cour impériale, devait vraisemblablement appartenir aux hautes classes de la société romaine. Cette femme s'étant présentée devant le Docteur pour être délié d'un vœu, R. Abhu dit à Abdimi, fils de Tubi: « Va et cherche-lui un motif légitime de rétractation dans quelque circonstance qu'elle ne pouvait prévoir au moment de son vœu ».

La conformité de cette doctrine avec celle de R. José consiste uniquement en ceci que, pour les deux docteurs, il y a possibilité, pour le noachide, de se soustraire à son vœu, bien que l'un prescrive l'absolution rabbinique que l'autre n'exige point. Le Talmud continue: « L'opinion de R. Jona qui déclare le vœu irrévocable est d'accord avec celle de R. Aba qui dit: Laban et Cuschan, roi de Mésopotamie, sont une seule et même personne. Pourquoi donc a-t-il été appelé Cuscahan-Rischeathaïm (deux fautes)? C'est qu'il a commis en effet deux fautes: la première en violant le serment (qu'il avait fait à Jacob), la seconde en asservissant Israël ». Par conséquent le vœu qui est, lui aussi, une sorte de serment serait également inviolable.

Quelle est la doctrine qui s'est établie à cet égard? Selon certains[4] commentateurs, il y a lieu de distinguer entre le serment que le noachide est toujours tenu de respecter et le vœu, à l'accomplissement duquel il n'est point astreint; c'est uniquement du serment que R. Jona aurait parlé, tandis que R. José n'avait en vue que les vœux.

Ces discussions rabbiniques paraîtront peut être bien subtiles, mais elles constituent du moins, ce nous semble, un exemple très remarquable de la préoccupation que témoignaient constamment les docteur, pharisiens pour tout ce qui concerne la religion des Gentils. Nous voyons que tous les détails de la loi noachide formaient, aussi bien que les diverses parties de la doctrine juive, le sujet de leurs études religieuses même dans les temps postérieurs.


References

  1. Page 681
  2. Zebahim, 116 <super> b</super>
  3. Nazir, ch. IX.
  4. Page 682