Israël et L'Humanité - Participation des Gentils au culte du Temple

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V.

Participation des Gentils au culte du Temple.

Non seulement les Gentils avaient dans le Temple de Jérusalem une enceinte réservée, non seulement ils pouvaient présenter des sacrifices à l'autel, mais ils étaient même admis à exercer à l'intérieur du sanctuaire des fonctions religieuses, à rendre des services, très modestes il est vrai, mais qui ne laissent point d'avoir une importance exceptionnelle pour le sujet qui nous occupe.

Nous avons déjà dit qu'au temps de Moïse on voyait, dans le camp israélite, des Gentils employés à couper le bois et à puiser l'eau [1] et si nous nous reportons à certains textes des Prophètes, nous sommes autorisés à conclure qu'il s'agissait là du service du culte. En effet nous voyons que les Gabaonites à l'époque de Josué seront chargés d'exécuter ces travaux pour les besoins du sanctuaire[2]. Dans la nomenclature des compagnons d'Esdras figurent des Néthiniens, qui ne sont autres que des Gabaonites: « D'entre les Néthiniens que David et les chefs avaient mis au service des Lévites, deux cent vingt Néthiniens, tous désignés par leurs noms [3] », ce qui confirme notre explication.

Cette sorte de sacerdoce inférieur comprend même, du moins pendant la période du second Temple, l'office des musiciens. C'est l'opinion de Rabbi Méir qui soutient que ces derniers étaient des Gentils, esclaves des prêtres. Ce qui est certain, c'est qu'au temps de Salomon trois mille six cents prosélytes seront chargés de la musique sacrée. Cent cinquante mille autres étaient occupés à la construction du Temple; ce travail n'était nullement oppressif ni [4]même imposé. Le prosélyte, fût-il simple noachide, avait droit à la subsistance de la part des Israélites; dès lors ceux-ci pouvaient lui demander en échange un travail quelconque dont il était toujours libre de se dispenser en renonçant aux secours qu'on lui fournissait et peut-être même sans y renoncer, car la loi qui les lui confère n'impose aucune condition.

Ces données historiques jettent une vive lumière sur ce singulier passage du livre d'Isaïe où il est dit que, parmi les Gentils qui ramèneront Israël à Jérusalem, il en est qui seront attachés aux prêtres et aux Lévites [5]. Nous avons vu que le même livre parle des étrangers « qui s'attachent à l'Eternel pour le servir [6] dans les termes que le Pentateuque emploie à propos des Lévites, et qu'il leur promet, dans la maison de Dieu, une place et une renommée préférables à des fils et des filles ». Enfin on y prédit qu'ils prendront part à la construction du Temple futur, fait qui s'est d'ailleurs produit dans l'édification de tous les sanctuaires précédents et qui, en tout cas, témoigne du rôle assigné aux Gentils dans le culte de Dieu.

Assurément ces prédictions comportent aussi la reconnaissance de la mission religieuse d'Israël à laquelle les Gentils devront rendre hommage et l'on pourrait par conséquent leur reprocher d'avoir une certaine apparence politique. Mais les critiques, qui seraient tentés de ne voir dans de telles prophéties que des manifestations de l'amour-propre national, sont bien obligés d'admettre qu'on leur attribue du moins des motifs d'ordre religieux et qu'il faut voir dans cette domination israélite annoncée le triomphe du Dieu d'Israël sur les divinités de tous les autres peuples. Mais il ne s'agit pas là, comme dans le paganisme de la victoire d'un dieu particulier sur ses rivaux qui n'a sur les adorateurs de ceux-ci que le droit conféré par la conquête. Le triomphe du Dieu d'Israël est celui de la vérité parfaite sur des copies plus ou moins infidèles qui n'en possèdent qu'une parcelle et quand il appelle à Lui les fidèles du dieu vaincu, il ne fait que reprendre son bien partout où il le trouve, car ses droits sont non seulement supérieurs, mais antérieurs à ceux de la divinité qui succombe. Lorsque des païens se convertissent à Lui, ce sont des déserteurs qui rentrent sous la tente qu'ils n'auraient jamais dû quitter, des enfants prodigues [7]qui reviennent au foyer paternel, des pêcheurs qui abandonnent leurs anciens errements. Ce que nous tenons à constater surtout ici, C'est que ce retour est prévu par l'organisation même du judaïsme et qu'une participation est réservée au Gentil converti dans le culte d'Israël, sans que l'affiliation complète au mosaïsme lui soit aucunement demandée.


References

  1. Deutér, XXIX. 10 et les commentaires in lece.
  2. Josué, IX, 27
  3. Edras, VIII, 20
  4. Page 547
  5. Isaïe, LXVI, 21.
  6. Ibid. LXI, 4-6.
  7. Page 548