Israël et L'Humanité - Astrolâtrie et angélologie
Astrolâtrie et Angétologie.
1 Nous avons vu précédemment que les dieux du paganisme n'étaient, au point de vue juif, que des aspects partiels, des attributs particuliers de la I)ivinitê et qu'ils formaient ainsi autant d'éléments constitutifs de l'Unitê ou synthèse suprême adorée par Israël. Il ne paraît pas douteux que ces divinités païennes s'ideutiffaient peur les Juifs avec les anges, qui sont fréquemment nommés, dans la Bible les Plohim, le même mot servant à désigner également les dieux des Gentils. Il est peu vraisemblable de soutenir que si les anges portent souvent ce nom d'Elohim, dieux, c'est qWils étaient au, yeux des Hébreux de véritables divinités; Pêquivoulus résultant d'appellations telles que celle‑ci ftmble plutôt avoir occasdimoné leur diviiiis&tion postérieure.
Quoi qu?il en soit, les critiques modernes reconnaissent euxmêmes cette identité des anges et des dieux. M. Bovet nous dit à propos des traces de monothéisme existant chez les païens: « Il est vrai qu'au‑dessous de ce dieu, lis en reconnaissaient d'autres, mais ces dieux inférieurs Wentraient pas en comparaison avec leur père et leur maître. Ils n'étaient que des ministres ou plutôt des manifestations de ce qu'un appelait d'un nom unique, la divinité. Bu un mot, c'étaient (les anges. Ce n'est pas moi qui parle; c'est un père de PEglise, Augustin, qui nous dit en propres termes: les dieux que nous, nous appelons des anges d'un nom moins
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haut, osas quog nos familiari', "ffelog dicimus Si telle a été
chez les puions la manière de comprendre leurs dieux, à plus forte
,aise, dut‑il en être ainsi pour les Juifs chez qui le sens unitaire
beaucoup plus développe et plus fort facilitait naturellement Fas8i
milation. 1
Mais les anges et les aim de la Bible sont‑ils une seule et même chose? Si ce dernier mot ne dësWn~sit que les principautés célestes et, non pas les anges indistinctement, nous ne lirions pas dans les Paumons: ~ J'avais dit: Vous ôtes des Blobi~j~, vous êtes tous les fils d'Elion, cependant vous mourrez comme les hommes, vous tomberez comme n'importe lequel des sarên (2). Le rôle de gardien, manifestement attribué au, anges dans les Eéritures, top. proche incontestablement leur fonction de celle des sarka préposés prêmsèment par Die, >1 la garde de chaque nation. « Il est écrit, dit le Zohar: Quiconque maudira ses dieu, portera la peine de son pêché (~). C'est que, bien qu'il s'agisse des dieux étrangers, clest Dieu qui Aes a chargés du gouvernement du monde ~ (~).
La façon uniforme dont les écrivains sacrés confondent los
dieux, les anges et les à‑oit nous convaincre que ces noms
di ri i i 1
trent en effet l'Fternel exerçant sa justice tantôt sur l'nu, tantôt
sur fautes des en même temps que sur le peuple auquel ils
il président. Les dieux de 111,,gypte par exemple sont châtiés aussi
bien que la nation pOrSêCUtFiCe. Dans la Prophétie d'Isaïe 168 rois
de la terre et formée des cieux sont visités par Dieu simultané
ment et Daniel, de son codé, nous dit que les peuples luttent,
triomphent ou succombent sur la terre, tandis que les puissances
angéliques en font autant dans le ciel.
Çm1eô~ô don, exactement que les sarim daluns les conceptions bibliquesî Le nom même d'Blohim que portent les anges dans le Pentateuque laisse supposer qu'ils ont un rôle divin à remplir chez le peuple confié à leur garde et n'est‑ce pas pour cette raison qu'ils sont même appelés parfois du nom incommunicable d'Avaya qu'ils reluésentent en vertu du mandat dont ils sont investis? Ce n'est pas tour, Noms trouvons dans le Pentateuque un texte extrê. mement importautt: ~ Veille sur ton âme, de peur que, levant Les
~i ., p. 313.
6‑7.
(5) Lévitique, xxiv, 15.
(~) Z.hr, 3, 106.
L'IDÉE DES « S~Ea ~ OU ANGES GxRDTENS 24;1
yeux vers le ciel, et voyant le soleil, la lune et les étoiles, tu ne sois entraînè à te prosterner devant Aux et à adorer ce,, que l'EtorUO4 toit flic,, à distribués à tous les peuples qui Sont sous toits las aie,, , ('). Il oat'ici question des astres et nul], mention n'est faite des anges loi nous occupent présentement. Mais de même qu'il est hors de doute que Mates et les Israélites ont cru à J'existence (les esprits angéliques, il stable impossible de nier que ceux‑ci se trouvent sous‑entendus dans ce passage. Moise qui prêvoft les aberrations holâtriques auxquelles l'astrologie pouvait donner naissance, n'aurait‑il pas, à plus forte raison, prémuni soit peuple contre le culte des anges ou la dêmonoRtrie, si tout cela c'était compris dans les recommandations que nous venons de aiterl Toute obscurité cesse dès l'instant que l'on‑admet que, sous les corps célestes dont il parie, se cachent pour le législateur Inqaren les anges on esprits prêposés chacun à la garde d'ait peuple de la terre, autrement dit ces attributs a,, forces suprêmes du Dieu unique et universel qui, (tous chaque partie comme dans tout l'ensemble, est t'âme de la création. Et il en déroule cette conséquence que dans la pensée de Moise, l'Eternet est pour le cosmos tout entier ce que chaque ange est pour l'astre qu'il gouverne et anime.
Cette manière de concevoir la vie (les astres est si peu absurde que nous la retrouvons chez Aristote et mette étiez les philosophes modernes. ~ Les corps célestes, dit Hurtmann, sont en réalité des organismes. Lorsqu'ils meurent, l'individualité disparaît en eux comme chez les animaux et 10, plantes ~ (~). (Dethe avait déjà dit, dissimulant sous cite nuage g,,~,iense une idée théologique plus profonde: ~ Je tic serais nallemow; éDmU~ si, dans la suite des siècles, je rencontrais Wieland montais d'on autre monde, étoile de première grandeur; éelairant tout ce qui l'entente d'un jour aimable. Do telles mime prennent part aux jouissances tics dieux en s'associant à la félicite qu'ils goûtant comme forces créatrices. A elles est conflêe l'oeuvre perpétuellement nouvelle de toute crêalion ~. La même idée, que l'on petit signaler égaiement chez So. crate et chez Pythagore a été ranotraie At présentée sous nos forme rationnelle par au pousser moderne qui toirit: ~ Je suis quelquefois haute de Pidêe que chaque globe possède une vert, spéciale (le création, qu'il a sa puissance et son génie, lesquels échaent à sa
Dout6ronomt, iv, 19.
Phfl ... ploc dit .1. u, p~ 183.
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surface en une série d'existences et d'êtres divers. Chaque monde recélerait ainsi une sorte de divinité ~ (~).
Ces théories sur la vie des astres, sa, l'âme de la terre, sans avoir la valeur des démonstrations rigoureusement scientifiques, sont cependant tout autre chose qu'un produit exclusif de l'imagination. Il faut y voir les rayons convergents des différentes sciences, physique, chimie, biologie, astronomie, qui ont amené les esprits à concevoir, comme couronnement du majestueux êdiflce des connaissances humaines, cette suprême analogie dans laquelle go révèle la loi de Punité de plan pour toutes les parties de l'univers matériel et du monde spirituel. Or Moïse a eu la sublime intuition des concluions de la science lorsque, entrevoyant des forces divines sous les astres du frmament,,il a affîrmê le principe essentiel de Ilangêlolog,,"e en même temps qu'il prémunissait son peuple contre les dangers de Ilastrolâtrie: « De pour que, levant tes yeux vers le ciel, et voyant le soleil, la lune et les étoiles, tu ne sois entraîné, à te prosterner devant eux et à adorer ceux que PELernel, ton Di6u~ a distribues à tons les peuples qui sont sons les cieux ».
Ce sont là, en effet des paroles très significatives et soit que l'on veuille reconnaître dans cette idês de distribution providen. tielle des astres, des anges ou des dieux, il est remarquable qu'au lieu de dire que les peuples leur sont donnés en partage, selon une expression très fréquente da langage biblique, le texte affirme au contraire qu'ils sont eux‑mêmes distribués aux divers peuples; ainsi le dieu on l'ange est la possession de chaque nation plutôt quo la nation Elle‑même la possession, de l'ange ou du dieu. Il Wy a rien là qui doive surprendre si l'on veut bien se souvenir que, d'après la conception hébraïque, la notion complète du vrai Dieu se trouve distribués, nous l'avons dit, d'une manière fragmentaire, à l'adoration des différents peuples et que, par conséquent, ce sont des conceptions variées et incomple‑te8 de la Divinitéque roprê&sm~ lent les dieux des Gentils.
Le sens de ce passage du Deutéronome nous paraît indirectement confirmé par ces paroles de Moïse a" Israélites qui suivent immêdistemeut: « Mais quant a vous, PEternel vous a pris et vous a fait sortir de la fournaise de fer, de PEgypte, afin que vous fussiez un peuple qui lui appartînt en propre, comme vous l'ôtés aujourd'hui (') ». Qu'est‑ce à, direl Faut‑il voir là, une justification
CAH~tw.i~,, a o,~ p. IP3.
20.
L'Ibft DES ~ SARIM ‑ OU ~GES GARDEENS 213
dos critiques rationalistes qui font d'Avaya le dieu exclusivement national des Hébreux? Ceux qui le supposeraient un instant rie pourraient garder longtemps cette illusion; en effet, de même que les autres nations ont une divinité tutélaire spéciale, les Israélites ont pour Dieu unique Avaya qui, en les délivrant de la servitude d'Egypte, se les est attachés d'une manière toute particulière, mais elest Avaya lui‑même, il ne faut pas l'oublier, qui distribue aux autres peuples leurs divinités nationales, Au sorte que son souverain empire se trouve affirmê sang contestation possible au moment même où l'on, croyait pouvoir le nier.
Un autre texte qui appartient également au Deutéronome mérite d'être cité à l'appui de cette théorie des anges on dieux nutionaux. NOUS le trouvons au chapitre il, renouvellement de l'alliance en ces termes: « Les g6nêrDtians à venir, vos enfants qui naîtront après vous et l'étranger qui viendra d'ans terre lointaine, à la vrai des plates et des maladies dont PEternel aura frappé ce pays, toutes les nations diront: Pourquoi Pliternel a‑t‑il ainsi traité ce parsi pourquoi cette ardente, cette grande colèrel Et l'on répondra: C'est parce qu'ils ont abandonné Valliance contractés avec eux par l'Eformel, le Dieu de leurs pères; c'est parce qu'ils sont allés servir d'Satres dieux et as prosterner devant eux, des dieux qu'ils ne connaissaient point et que J'Eternel ne leur avait point donnés en partage » (il. Quoi donul l'étranger, le paire est censé parler tri comme le ferait l'israélite lui‑même. Il reconnaît ainsi qu'il existe un Dieu Suprême, PELornel; adoré par Israël et que les divinités subalternes que lui‑même adore gouvernent par l'ordre de ne Dieu les autres nations.
Ce passage ne laisse subsister aucun dont, sur le sens du pré. cèdent où il était question des astres, car le même mot est uniployé dans l'un et dans l'autre pont désigner la distribution (') faite par Dieu aux Gentils des 8«im, anges gardiens, où nous croyons pouvoir distinguer les diverses nations de la Divinité.
(i) 1),resftercune, xx~, 22,25.
0) Ae. dur. IV, vers. rd, en lit: MMX 19msX 'l n nwx mirvizy, et a. haP~ xxÊt . . ... 25: Mri~ >~m X~1 Mri, M «grèt M1î11~lt c", q.È
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