Israël et L'Humanité - Conclusion

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CONCLUSION


Aucune religion n'a été plus méconnue, plus calomniés que le judaïsme et Paccusation de n9être qu'un culte entubé du plus étroit particularisme national est celle que lui ont adressée le plue couvent us ennemis et ses détracteurs. La révélation mosaïque, nous répé. tai"ne est indigne d'un Dieu souverainement bon. La privilège religieux gxclasif concédé à un seul peuple au préjudice de tout;ês les autres races de la terre constitue la plus flagrante des injustices; il est inadmissible en effet qu'un Créateur sage et impartial agisse comme un puis capricieux et inhumain et que, pour enrichir son fils de prédilection, il dépouille Bos autres enfants. De telles idées sont incompatibles avec la perfection absolue qui règne dans les cieux et par conséquent le mosaïsme porte en lui la marque infail­lible de Perreur.

Certes, la conclusion suait exacte, si le reproche as trouvait le moins du monde fondé. La conception d'un Dieu créateur de tous les peuples qui, après avoir donné à tom les hommes indi& tinctement la même intelligence, la même coeur, les mêmes besoins, s'attacherait ensuite exclusivement à une unie nation, ma prendre le moindre souci d'instruira, de guider et délever les autres, "a semblable croyance, dis‑je, est bien faite pour révolter nu senti­monte de justice et es serait blasphémer assurément que d'attribuer une pareille pensée à, la Sagesse éternelle. Aussi, loin de condamner ceux qui Be font de cette objection une arme contre le judaïsme, nous n!hêsitous pas à déclarer qu'on mpouaBmt de toute Vénergie de leur âme une religion ainsi comprise, ils rendent au vrai Dieu le plus bel hommage qu'il Boit possible defmagmer.

Mais nous ne croyons pas nous abuser, en disant que le présent ouvrage, après toutes les preuves que nous avons accumulées, ne


716 CoN~Us1oX

laisse rien subsister de cette accusation imméritée. Dans les deux

premières parties nous aveu établi que les croyances de Phébraïsme

sur le Dieu d'Israël et les divinités du paganisme, puis sur l'homme

et Porganisation de la soelété, humaine, offrent tous les éléments

essentiels d'ans religion aux tendances nettement universelles.

L'idée que le judaïsme s'est faite de la Loi et de la Révélation

divine tant chez les Gentils que chez les IE[ébreux, telle que nous

l'avons exposée dans notre troisième partie, a pleinement confirmé

notre démonstration.

Ose doctrines ont nécessairement dû influer puissamment sur la conscience que les Israélites ‑ont prime du caractère particulier et des destinées de leur religion. Il convient de rappeler qu'au point de vue spéculatif aussi bien que pratique, il Wexistait dans le monde ancien aucun peuple qui ne professât des principes dians& trâlement opposés aux leurs, aucune rue qui ne chomhât à s~isoIer dans son égoïsme national, et par conséquent ce reproche qwon adressait dès es tempB‑lâ aux Juifs de en séparer du autres nations pouvait être, avec beaucoup pl" de raison, retourné contre les accusatours eux‑mêmes. En réalité, le judaîsme fat le "ni à avoir, dans toutes les directions de la pensée comme dans toutes les manif~tations de la vie religlimae, Fintuition de Faniversalisme et à se mettre ainsi en communion avec le genre humain tout entier. Qu'importe s'il fuyait le eontwt dei autres peuples, alors souvent si dégradéal IU ne s'éloignait deeux que pour mieux se rapprocher de Phumanitê elle‑même, telle que ses conception& sa. blimes la lui faisaient entrevoir dam lavenir.

Sans doute, toute la multitude au Israël ne parvenait pu às'élever également à la compréhension de ces vérités qui, de nos jours encore, demeurent inaccessibles à un si grand nombre dyne. prits. Il y a dans la connaissance de toute religion une gradation naturelle correspondant au développement intellectuel et spirituel des fidèles et cela devait être particulièrement vrai pour le judaïsme dont la doctrine dépassait infiniment le niveau des inteffigences. Il est certain que des hommes tels que Samuel, David on IsMe ont dû se faire de la mission d'Israël une bien plus haute idée que la vulgaire. Mais &eet évidemment par lu notions auxquelles s'élèvent les esprits d'élite que l'on doit juger la valeur d'une religion. Il suffit pour l'éternel honneur du judaïsme que cet idéal incomparablement supérieur à tout ce qui Pento"t ait été cons­tamment entretenu dans son sein et que la voix de ses Prophètes


CONCLUSION

et de ses Docteurs n'ait cessé de le Proclamer, malgré toutes les ci~ut~ces cwitrairu.

"si donc, tondis que tous lu peuples de Parutiquité slareor. daiteLt pour ne reconnaître que des divinités locales dont Vempire ne s1êtendait pu au‑delà, de loue frontières, taudis que tom fractionnaient à l'infini la conception de Dieu, la judaïsme seul a cru à lunité en haut comme en bu et avec cette seule magique parole, il, a fait descendre du ciel sur la terre les plus précieuses vérités. Si Dion est un, s'il est le souverain Maître de l'univers comme Pa confessé Abraham, s?il ieut pas un lieu de ténébres on de lumière, de Souffrance ou de joie, où Il ne soit présent, comme l'a chanté David, si à Lui Seul appartiennent la louange et Pado. ration comme Pont répété à Penvi Moins et les Prophètes, comment sa Frovidenu ne "r&it~lle pas universollot cette ferme croyance du Juif que son Dieu était le Seul Dieu véritable ne lui permettait pas d'admettre que lu autres peuples fassent étrangers à sa pu, ternelle, sollicitude.

Mais Pour 18 judaÎEm0~ l'mité neut Point Seulement en Dise, elle est encore dans le monde et dans tout le genre humain. L'image de la Divinité sur la tom, le coopérateur de l'Esprit créateur, ne n'est pu la Sêmite, ce n'est pan Illsra6lite, c'est l'homme. Aussi, longtemps avant la vocation d'Abraham, aux origines mêmes du monde, la Bible nous montre Dieu s%térossant aux destinées de la race humaine créée pu Lui et quand arrive Noé, l'homme juste, comme l'appelle l~Euitme, il est honoré de révélations spéciales, de nouvelles lois lui Sont données et Dieu conclut avec lui et toute sa desemadauccune alliance solennelle (').Dans Phistoiremême d'Abraham, un personnage remarquable, presque énigmatique, fait une brève apparitimie mais quelle lumière elle projettel Des nom­bres profondeurs du monde païen, du sein de la corruption et de Verreur qui déjà prédominaient partout, voici, avec Molchieêdek, la trace indiscutable dans la Gentîlitê d'une institution antique et vénérable, d'un culte, d'un Sacerdoce monothéiste, supérieur même à celui du patriarche hébreu, puisque Abraham regoit la bénédiction de ce pontife dl‑M Blion, maître du ciel et de la terre, c'est‑à,dire du Dieu le plus universel qui se puisse concevoir. (~) Non seulement les Livrez sacrés ont conservé le "avenir de cette mê‑


(1) Q~, ix, 8‑17.

V) Gouê~ xiv, 18‑W.


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morable rencontre, mais quand ils relatant la vocation d'Abraham et réfection deIuâël qui en est la conséquence, ils reconnaissent expressément qu'elles n'ont en lien qu'au bénéfice du genre humain tout entier: e Toutes les familles de la terre seront b6mop eu toil , (.)

Ainsi, Israël n'est qu'on moyen, aussi grand, aussi noble que l'on voudra, mais un moyen Seulement et non pas une fa en lui. même. La fin réside dans l'union dIsraël et de l'humanité qui résume tout le Pl" providentiel.

Le Juif dont l'esprit était ouvert aux influences que sa religion emtrçait continuellement sur lui avait donc la conviction intime qu'il obéissait à ICI Dise, créateur et porc de tous les hommes, et que la foi d'Israël était le contre, le foyer vers lequel convergeaient, comme autant de rayons détachés, les croyances des autres peuples. Il était persuadé que dans es grand corps de l'humanité dont il faisait partie intégrante, il avait un rôle tout spécial à rewplir.~ L'action que les autres races étaient appelées à exercer dans leurs domaines respectifs s'opérait la plupart du temps à lotir insu. Qu'est‑ce que le monde hellénique a entrava de on propre missiont L'Israélite au contraire, pour être à la hauteur de sa tâche, devait avoir pleinement conscience de la sienne. Il se reconnaissait en pos, Session d'une Loi qui, dans sa conception la plus élevée, s1identifle avec la loi même des mondes, ce qui constitue bien la plus haute ferme d'universalisme que l'on puisse'rêver. Mais cette Loi quand elle s'applique à la créature intelligente, n'en est pas moins essen. tiellement humaine, soit parce qu'elle est censée naître avec le premier homme, soit parce qu'elle est destinée il faire l'éducation du genre humain tout entier, soit enfin parce qu'elle se manifeste constamment dans le cours de l'histoire par la révélation r6guliêre et ininterrompue qui en est faite à la raison, à la conscience, au mur de rhumanité.

Le mosaïsme apparait alors lui‑même comme un épisode de cette Révélation. Il en marque néanmoins l'étape la plus impor. tante, parce que dans le statut particulier qu'il apportait à Israël pour Paecomplissement de Sa mission, il consumait et formulait la loi mmchide, vraie loi catholique ou religion universelle.


(1) lbll, mi, 3; xviii, 14.


CONCLUSION


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Mais comment IlIsraëlite, parrvenait‑il à concilier Ilexistonne simultanée de deux lois, l'une propre aux Gentils, l'autre réservée Im~ Juifs, autrement dit de deux religions divines, de deux Eglises également légitimest

Il ne sagissait point lâ d'une simple différence de cultes na­tionaux. Le judaïsme est si peu une religion ethnique qu?Israël Seul, eest~à‑dire une infime partie de la descendance Sémitique Y était soumis et que, d'autre part, le païen, à quelque race qu'il appartînt, pouvait librement entrer dans Son soin et, dès Finstant lieil Pavait embrassé, se trouvait maujéti à toutes ses obligations comme le Juif de naissance. Il est si peu un culte local que, sauf quelques préceptes relatifs à la terre, il accompagne l'israélite dans quelque région qu'il se transporte. Et cependant, loin de se croire appelé à convertir les non‑juifs à ses pratiques, il Se bornait à leur prêcher cette religion universelle dont l'établissement sur la terre était Somme sa raison d'être et "a bat. Le phénomène était unique; il présentait un problème qui réclamait une Solution.

Nous sommes Incontestablement mieux placés que les anciens Hébre= pour nous former à ce sujet nu jugement exact, ou nous pouvons puiser à une double source. À côté du croyarmes qui ont permis à Israël de prendre conscience des rapports qui Punissaient à rhumanitê, nouuavons l'expression toujours plus nette de cette conscience elle‑même, telle qu'elle slest prêcisêe au cours des siècles. En d'autres termes, nous pouvons étudier non seulement les duc­trines; proprement dites, mais encore l'interprétation que Wout cessé deen donner les organes les plus autorisés de la Synagogue. Et c'est ce que nous avons essayé de faire dans ce livre. Le lecteur qui en aura suivi attentivement les développements reconnaltra, que la clef de la question se trouve dans l'exorde du discours que Dieu met dans la bouche de Moïse à l'adresse de Pharaon: < Israël est mon fils premier‑né (‑) » .

Ce titre de prumierné que VBternel donne à son peuple, loin Ipexclore les autres enfants du Père céleste, les suppose au con­traire formellement, Voilâ donc le fond de la pensée israélite. L'humanité est eongue comme rue grande famille dont Dieu est


el) ~,a,. IV, 22.


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le Père suprême et Israël, Io premier‑né parmi les peuples frères, était comme due Pantique, société orientale le prêtre de cette famille, le dépositaire et l'administrateur des choses sacrées, le médiateur entre le aie] et la terre. E se trouvait investi des fonc­tions sacerdotales pont le service de tous.

. A la lumière de cet enseignement, on comprend que le jadaisme soit double dans Puaité, de sa doctrine, ce qui constitue, nous leavons dit, un fait absolument unique dans l'histoire. Il a deux lois, de" règles de discipline, deux formes do religion en un mot: la loi laïque résumée Mus les sept préceptes des fils de N06 et la loi mosaïque on sacerdotale dont la Thora est le code; la première destinée à tout le genre humain, la seconde réservée à Israël seu­lement; Fous ne contenant que les principes essentiels de religion et de morale qui S'accordent avec la raison et la conscience Oui­versolles, l'autre répondant par ses dogmese ses rites, ses préceptes hiératiques, aux besoins mystiques de Phamanité, double aspect nécessaire deune, même Loi éternelle.

Telle est la signification de Félection nue Dieu a faite d'Israël. Il a été, choisi pour remplir l'ofilce éminent de docteur, de pré­dicateur, de prêtre dos nationE4 que lui valurent sans doute les insignes mérites de ses patriarches, mais certainement aussi sa prédisposition naturelle à accueillir la vérité religieuse, son génie foncièrement monothéiste, comme le proelame aujourd'hui d'ans voix unanime la critique indépendante, et surtout ce caractère forme, tomes, indomptable qui était nécessaire pour résister au monde puise, pour la vaincre et le convertir.

Privilège augaste, oui, mais combien redoutable 1 Que de larmes, que de Sang, que de douleurs, de lattes et d'opprobres n'at‑il pas cuités à ceux qui en ont été invostist Et cependaint si profond et si puissant est le sentiment de justice qui anime les Docteurs de la Synagogue que, d%prês eux, cette couronne d'épine@ ne fat posée sur la tête d1araël qu'après quo Dieu eut offert sa Loi àtous les autres peuples de la terre. Et par un sublime anaebro­nisme, ils transportent dans les temps mosalques la situation du monde à l'époque de la domination de Rome et ils supposent que ce fat d'abord à celle‑ci que Dieu propose les prérogatives de la grande mission religieuse. c Xaccepterais, dit Mots, mais qu'est‑il écrit dans Ta Loi f » < Tu ne tueras pas >. c Elle ne saurait doue me convenir, répondit le grand conquériautp car c'est de mon épée que je vis ». Dieu se tourna alors vers lemakil et la même question


CONCLUMON 721

fut posée par l'Arabe: q Que dit la loi qui niest offertel » VEternel lui cita le septième commandement du Décalogue. c Je Wai que faire de Ta Loi, dit Iamaël2 car je ne conçois pu Vexistence "ne la satisfaction de mes passions ». Et c'ut ainsi qu'après avoir frappé à toutes les portes, Dieu ayant re~u. partout une réponse négative, Wadrezea à Israël à qui incomba la glorieuse, mais pénible tâche de conserver "na le monde la dépôt de la vérité. (1)

Et Phistoire a ûonfirmé le sens profond de Pall6gorit rabbi­nique. La vocation dIsraël est revêtue du sceau divin. Clest un fait que ce petit peuple obscur, méprisé, détesté par les GmtiIE4 qui ne possédait ni la science des Grecs, ni la puissance des Illo. mains, ni même le prestige d'une haute antiquité, puisque en face des vieilles nations iPOrient, il ne seattribue qu'une origine rois, tivement récente, voit aujourd'hui sa religion, ses Beritoires, "a traditions, cas lieux salais devenue Vobjet de la vénération uni. vêrmlle. Bien plus, wu nom même ut disputé par du peuples de races bien différentes, qui professaient jadis du cultee très divers et qui tous, comme par miracle, se sont traîneformée, dans eue cet­tains mesure, sur le modèle quIl avait tracé, obuan prétendant être le véritable Israël. Sémites et Aryens, Orientaux et Occidon­taux, barbares et civilisés, catholiques romains, protestante, mabo. autant, tous se "nt efforcés de reproduire, chacun à sa manière, la type biblique et sa" l'extrême variété des formes, on peut distinguer l'unité substantielle qui prédomine chez tous: la ton. viction ÈPêtre les héritiers légitimes du peuple élu.

Dira‑t‑on que &est à Jésus on à Mahomet qu'est due cette situation qui constitue à nos yeux un premier triomphe des idées hébralquesl Cela ne répond ni à la réalité historique, ni aux pria. cipes qui régissent Pévolution de Pluanimité. Car en ce qui cou­cerne notamment le premier de ces initiateurs, sql cet. un point acquis à la critique moderne, c'est précisément quUl ne s'est nul­lement posé en fondateur et qu'il n'a pas eu la moindre idée du mouvement religieux qui allait sopérer an son nom. Mais si consi. dérable qat Fou suppose le rida de Fun et de Foutre, nous d~ auraient ai ù'ont la personne du prophète ou son enseignement qui mérite davantage &Attiree notre attention. A mesure que lhu­manité se développe et devient plus apte à comprendre l'économie de la Révélation divine, on se rend mieux compte que Pineaurnation


() M~hl1t,, 1tre.


Bw~«WU: 1~4 d ~~9 ‑ 47


722 1 roxcLusioN

soudaine de la vérité sur la turc est "a hypothèse commode peut‑être, mais qui ne correspond à aucune réalité psychologique, que Dieu ne procède pu d'une f&Çon arbitraire et capricieuse, mais qu'au contraire tout s'encbalne logiquement, mens quIl y ait jamais de solution de continuité entre les anneaux. Ce qui nous parait un commencement n'ûst en définitivô qu'un résultat par rapport àoe qui Ils, précédé. Ces hommes dont on fait des révélateurs pro­clament "a alliance, nouvelle, à la plue de Fancienne, déclarée périmée, ont reçu eux‑mêmes une impulsion première de leu milieu. C'cet dans une tradition religieuse antérieure dont ils se "nt faits les échus plus on moins Mêles qu~iI faut ehercher la mous débat­calmante de leu activité et de leurs succès. Sus ou, arbre prodi­gieusement sain et fêeond les fruits que l'on admire n'auraient jamais été cueillis.

Or derrière le christianisme et l'islamisme, avec leurs grandeurs, mais aussi leurs imperfactionse derrière Jésus et Mahome4 eest le judaïsme que nous retrouvons avec sa Loi sainte, mon plan d~or­ganisation de IeIL=~it,6, mon espérances de rénovation et de fra, ternité universelle. Comme la fume du monde aurait changé, si au lieu de seattacher presque exclusivement à la personne pourtant mi problématique de Jésus, reconstruisant ainsi nue mythologie nouvelle sur les ruines des anciennes, le christianisme avait mieux saisi et mieux adapté les vérités de Phébraïsme dont le Nuaréon, bien loin de scager à fonder une Eglise rivale, avait sans douta désiré, en bon juif, la propagation! si au lien de routine le lien naturel qui devait punir à Iemële il avait travaillé, de concert avec celui‑ci, à la constitution do la grande famille humaine dont les différents peuples saut les membres également chers au Père qui est amr cieux 1 Que de sang épargné 1 Que de pages afiligeantes rayées du livre de Phistoire! Et comme le judaïsme a raison, en présence dos semanlates, des abus de la force, des guerres iniques qui désolent notre terre, de maintenir sa protestation contre les prétentions injustifiées dos religions issues de lui: Non, non, vous n'êtes point encore le messianisme que je prêche et que j'attends 1 Non, non, vous ne réalisez pas l'idéal de mes Prophêteal


Après de longs siècles de préjugés, d'antipathie et de purgé­cotions violentes, non seulement da côté des paTem~ mais OncOM et surtout de la put des peuples et des religions qui pourtant se


CONCLUMON 723

réclament de la Bible, voici cependant qulutte, nouvelle ère a com­rosacé pour la judaisme. Vantende honorable de la Gentilit6 su­musée par les voyante d~Iaraë1 se retrouve déjà chu les penseurs, chez les philosophes, et les multitudea s'y préparent à leur tour en alouvrant aux sentiments d'une plus grande tolérance. Ainsi le soleil levant illumine d'abord la cime des montagnes et ses rayons éclairent ensuite progressivement le fond dm vallées.

c je me prends à penser, écrit M. dHaussonville, à llextraor­dinaire existence de ce petit peuple jetif qui n'a jamais possédé qu'on coin sur la surface du globe, qui n'a jamais constitué qu?une peuplade dans la foule des humains et qui cependant a joué un si grand rôle dans l'histoire morale du monde, rôle qui ne paraît même pas près de finir. Il a vu passer en des mains étrangères le sol qui l'avait engendré; il a été dispersé comme la poussière aux quatre vents du ciel; il a traversé des siècles de persécutions inoules, mais il est cependant demeuré un peuple à put, perçu qu'il a au conserver ce qui fait la force des nations: Punité de sa foi, Porgueil de son passé, la confiance dam son avenir (1) ».

Et an autre écrivain, M. Chavanes, confirme également la conclu­sien à laquelle nom a amenêBnotn travail: c L'histoiredes Elébreme dit‑il, est remplie de révolutions si profondes que toutes las routier­tares sont permises, quand on Patte du peuple à la foie la plus persistant et le moins immuable qui ait jamais existé. Il n7est pas certain que lejudaîsme ait perdu toute sa force d~mrpânsion, qu'il ait épuisé toute os, sève en poussant les dom grands râmeum du christianisme et de leialamisme qui ont couvert VOccident et FOrient et qui, sens des formes différentes, ont fait triompher es pensée dans le monde méditerranéen tout entier ( ~) ».

Mais les changements de dispositions de Phumanitê à Pégard des Juifs ne se limitent pu à M actes de bonne foi et de simple justice. lis prennent même un caractère plus véritablement rell­gieux, sinon dans l'intention formelle qui les inspire, du moins dans la merveilleuse correspondance qWils offrant avec Vaccomplis­semant des antiques prophéties hébralques. Si Israël ces pas été juaqueà présent ramené en Palestine, c~est là du moins me idée qui se fait jour, sou une, forme on sous une autre, et uns accorder à ces projets plus de valeur pratique qu'ils n'en comportent, il


(‑) R,~» M. Deux M,.d.,, N .... br, 1882, p. 287.

(1) Ibid. J,i, 1882, p. 900.


724 CONCLUSION


nom est permis toutefois de donner sa véritable signification àcette modification de Popinion publique relativement à la possi. bilité de cette restauration.

En outre, il ne saurait échapper à aucun observateur attentif que Févolution respective des diverses religions auxquelles Ilh6. braisme a donné naieunce s'effectue actuellement dans le sens juif et justifie pleinement l'attitude séculaire dIsraël à l'égard des anciens dogmes chrétiens. Oela est partieuliûrement sensible dans le protestantisme qui, pour la christianisme, constitue la forme la pl" capable de fafflâter les manifestations de l'opinion générale et qui, pu suite, rêvêle le mieux l'état réel des croyances.

Il n'Mt pu jusqu'au désir de réunion interconfessionnelle, qui va grandimant et fait toujours une place au peuple de la Bible, qui n'apparaisse comme un symptôme significatif et "afortmt. Le caractère Sacerdotal d'Israël est toujours mieux reconnu. Il n'y a qu'une voix aujourd'hui dans la critique indépendante pour oen« céder à la rue sémitique et spécialement aux Juifs toutes les aptitudes essentiellement religieuses, notamment deux phêuomênes qui leur sont presque excluifie, du moine au degré de dévelop. pement qu'ils ont atteint chez eux, c'est‑à‑dire l'inspiration pro. phétique et la profession du plus pur monothéisme qui a constam­ment dirigé leur vie intérieure et extérieure et orienté leur mission dans le monde.

Ainsi, Israëlet l'humanité ne sont point dei termes qui s'excluent l'un l'autre. Les idées de droit général et de privilàge national, de justice et de prédestination, de providence égale pour tous et d'élection d%n peuple à part, ne Sont nullement en opposition irréductible comme Peau et le feu. Entre la vocation israélite et ‑Parité humaine, entre la patrie palestinienne et la fraternité des nations, il n'y a aucun antagonisme véritable. La régie Sacerdotale des juifs et la religion universelle, la loi du Sinaï et la révélation commune à tous les hommes, loin dâtre àm; antinomies, se con. cilient admirablement dans une SynthMe supérieure.

Voilà comment le judaïsme démontre Pimalté, la fausseté des accusations dont l'ont chargé si longtemps Ilignorance et les préjugés. Au lien de S'isoler orgueilleusement dans l'humanité, il se révèle au contraire comme un chef‑d'oeuvre, comme une mer. veille de cosmopoliiieme.

Et par conséquent si la logique compte pour quelque chose dans le monde, Bi l'évolution historique comporte des leç~ni~ il


CONOLUSION 725

faut conclure qWune religion qui donne de tels fruits, qui prêche de telles doctrines et garde un tel idéal, une religion dont les institutions et les aspirations sont si différentes de tout ce qui Pentowre$ quL4 sans subir les influences contradictoires des divers milieux, embrasse tous les temps, ne cède ni aux antipathies, ni à Famour‑propre, ni aux passions d'aucune sorte, mais parle au contraire "ne défaillance le langage de la raison, de la justice, de la vérité, une telle religion est le plus grand des miracles, que di&je? le miracle par excellence, celui qui rend possibles et explique tous les autres.

Courage doué, peuple de Dieu, maintien$ fermement ta foi en la Vérité dont tu as le dépôt. Contre ta poitrine invulnérable les Rêches, les traits empoisonnés sont venus s'émousser au cours des âges. Au milieu du déchaînement des pas%iona et des armure, tu as toujours puisé dans ton pur idéal des raisons de lutter et des motifs d'espérer encore; tu as triomphé pacifiquement des attaques, des ambùches, des persécutions. Continue à réfuter les sophismes eu leur opposant l'enseignement de ta simple et lumineuse Loi. 8i les savants d'aujourd'hui s'obstinaient à te condamner, fais appel de leur jugement aux sages de demain. Le passé Va donné raison, Pavenir justifiera de même tes immortelles espérances et les pré. dictions de tes Prophètes et l'humanité qui tâtonne encore, cher. chant anxieusement la religion divine et humaine, capable de cou. ciller la science et la foi, te sera reconnaissante un jour de la lui avoir conservés fidèlement à travers toutes les vicissitudes et tous les dangers.

References

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