Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Considérations générales sur l'emploi simultané du singulier et du pluriel"

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CONSIDÊRATIONS GÉNË~S SUR'L'EMP~I SMUUTANË
  
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DU SINGULIER ET DU PLURML.
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Le nom du Dieu Très‑Haut, El ‑Mon, comme le titre de Dieu des dieux dont nous avons parlé précédemment, laisse sou&eutendre Poxistance des Elohim. Il nous faut maintenant étudier plan en détail os mot qui a motivé contre Pauwieu judaïsme une double as­misation de polythéisme. On objecte en effet que, d'une part, il a
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été appliqué aux (lieux des Gentils dont oit reconnaissait par lâ la divinité et que, d'autre part, an forme plurielle, quand on Pûm­ployait pour désigner le Dieu dIsraël, impliquait la négation de son unité.
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Nous répandrons à la premiêm objection que lorsque les êcri~ vains sacrés donnent à d~autm dieux le nom d'Elohim, ils se plu, cent au point de vue de leurs adorateurs et adoptent leur langage. Os nom est appliqué à toute chose Wrme grandeur éminents de quelque ordre que ce soit, même à des êtres inanimés; à plus forte raison a‑t‑on pu le donner aux anges avec lesquels s'identifiaient les dieux du paganisme, sans que pour cela le monothéisme se trouve compromis. Il est fixilolde citer des exempt" de cette cou. tume de désigner sous le nom de dieux des hommes supérieurs en dignité, particulièrement ceux dans lesquels on éÏait porté à voir une morte de véritable incarnation du divin. Cette manière d'em­ployer les qualificatifs se rapportant à Dieu, innocente au début, a pu devenir pur la suite l'une des causes du polythéisme. Bien des savants sent aujourdehui d~avis; (lue chez plusieurs peuples la nom der Dieu Wêtaiît qu'un adjectif de supériorité. Il est cependant plus naturel de supposer le contraire, c'est‑â.din que le caractère de divinité a été appliqué, comme nous venons de le dire, à tout ce qui paraissait éminemment supérieur. En tout cas, on comprend parfaitement qu'on ait appelé de ce nom les anges et les esprits ou général et l'on peut même considérer comme vraisemblable, ainsi que l'a prétendu Spencer, que les mots dieu et esprit, qui ont chez nous des sig4ifioations différentes, étaient synonymes àl'origine ou que plutôt il Wy avait primitivement qu'un seul mot pour désigner l'être surnaturel.
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Si nous examinons de plus Ires l'emploi de ce mot Blokim, dont la forme plurielle fournit un argument à l'accusation de po­lythidsme, nous constatons que la plupart du temps le nom seul est au pluriel, le verbe et les autres mots qui Paeoempagnent de. meurent au contraire au singulier; mais on trouve également des cas où le verbe est au pluriel comme le nom lui même. Y a4il la vraiment un indice de polythéisme chez l'écrivain sacré ou tout au moins la trace d'un polythéisme à une époque antérieure dont il resterait à déterminer la, date 1 On est bien obligé d'admettre que.presque toujours Fintention des auteurs sacrée est mauifê8È~ ment monothéiste et pu conséquent pour que nos adversaires pussent faire état contre le judaïsme de cette forme plurielle, il leur
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LES NOMS DIVINS                                                177
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faudrait prouver que le polythéisme, dont ils veulent y voir l'expires­sien, est au moins postérieur à Abraham, voire même à Moise, et qu'on tout cas il fat, à un certain moment, la forme dominante et exclusive de la religion des Hébreux. Le mot en effet ne cons­titre pas une prouve à lui seul, car nous ne faisons nous‑même aucune difficulté d'accepter Phypothèse que Mules et Abraham ont employé, pour
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exprimer leurs idées monothéistes, le langage pu­lythê!8tû encore en usage à leur époque. Le génie de la langue hébraïque qui tendait à indiquer la supériorité par la marque du pluriel prêtait d'ailleurs à l'introduction de cette coutume. Un pu& sage de la Genèse on le mot Adonaï (mes seigneurs), bien que pluriel dam sa forme grammaticale, est adressé à un Seul indi. vidu, nous en offre une preuve évidente: . Mes seigneur& (AdOmd), si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point~ je te prie, loin de ton Serviteur > (1).
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Cet emploi du pluriel pour indiquer l'excellence d'une chose s'explique par l'intention de souS~entendre que la chose dont on parle en vaut plusieurs 1 elle seule. Le pluriel grammatical traduit cela en éveillant l'idée de la totalité, de l'indéfini, d'où il n'y a qu?un pas à celle de Pinfini, de la bynthêse générale, du plirome que' nous prétendons découvrir dans le mot Elohim, &eet‑â‑dire de la divinité absolue, et qui dit absolu dit unité substantielle; clest le Dieu qu'il suffit de confesser pour affirmer toute vérité han­ginsible, l'Un qui est tout et, comme l'appelle Hartmann, le Dieu de l'humfflité à venir.
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Elohim a été inter rêtê pu les anciens commentateurs comme
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le nom de Celui en qui sont réunies toutes les forces et, avant les exégêt~ du Moyen‑Age et de la Renaissance, le Midrauh sur le livre de Josué dit, à propos des mots « Dieu saint » du dernier chapitre, qui se trouvent au pluriel: « Dieux sainte, cela signifié Dieu saint dans tous les genres de sainteté . (2) et le rabbin Léto de Modêne émit de son côté: « Dieux sainte, cela veut dire que toutes les forces personnifiée@ dans les dieux adorés par les païens se trouvent en Lui » (~).
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Si le mot Elohim a déjà par lui‑même une valeur, il faut bien ajouter que l'emploi avec ce mot pluriel du verbe in singulier exprime toute une philosophie critique des religions, car es ton‑
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trute entre le pluriel et le singulier représente la convergence des notions païennes de la Divinité vers le Dieu du mosaïsme mono. théiste, soit historiquement comme point de dêp"4 soit til6olo. giquernent en tant qu'êléments, attributs, idées constitutives de ce Dieu.
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gosses a bâti sa maison », et comme il désigne ici la Sagesse di­
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vins créent le monde, il joue le même rôle que les noms de Dieu
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en d'autres occasions. Ce nom de,la Sagesse suprême est au pluriel
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La critique ‑ indépendante arrive de nos jours à des conclusions qui concordent parfaitement avec nos déductions. « Le religion, dit Hartmann, se montre à son début jndiffêmnte au théisme, au panthéisme, au monothéisme et au poiythêisme, et présente eue sorte d'équilibre de ces éléments. La conscience ne s'est pas encore rendu compte de la portée des différences que nous marquons ou opposant la transcendance et Pimmmen~, l'unité et la multiplicité; alors, selon le besoin du moment, elle envisage sa divinité comme extérieure on comme intérieure au monde, comme une on comme multiple . Cela pareil confirmé par les faits, mais ne pmt~on pas dire que Pinstinot, l'intuition du point de jonction des deux idées rem subsistait pas moine et que Pune n'était point *sacrifiés àPautrel Le même auteur continue: « L'esprit enfantin, qui pense pu images, ne pouvant se dispsnser deahthropomorphiser et d'au­thropopathiser, il n'est pas étonnant qu'il traite selon cette loi las forces naturelles diverses et qu'elles deviennent pour lui autant de dieux personnels divers. D'autre part, il est de Ilemmoe de ces fonce ïVêtre immanentes à la nature, et tous leurs conflits n'em­pêchent pu le sentiment impressionné d'une manière religieuse de percevoir distinctement la connexité et Purtité de toute la nature.
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comme dieu en ce sens qu~elle est une manifestation du divin nul­
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]Unité et multiplicité ou, pour mieux dire, unité dans la moi­Lip]ictê~ voilà le mot de Pênigme dans tous les au où nous trou­vons a n contraste autre le nom et > verbe dont il est le sujet eu les mots qui le qualifient. Et voilà aussi ce qu'il y a de fondé dans les prétentions de Poi6gêse chrétienne de trouver dans Cas exemples des preuves de la Trinité. Seulement en réalité ce West pas d'une trinité, qu'il Wagit, c'est iPane infinitë d'attributs dont Dieu est le centre, la force synthétique, et cela nous ramène à la théosophie hêliralque dont le christianisme n'a fait que détacher une triade, taudis que la Kabbale reconnaît un nombre infini de 8epkiroth ou attributs divins. Nous nous retrouvons alors en pré­sence de Ces gênêalogie8 à la majestueuse évolution desquelles Paul Croyait pouvoir imposer des bornes et quqI rejetait Comme inutiles et vaines de même que les disputes relatives à la Loi (e).
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Cette façon d'exprimer la complexité de l'idée était tout à fait dans Posprit de l'antiquité. Il suffit de se rappeler la variété, la bizarrerie, les Complications et parfois même les monstruosités des symboles religieux en divers lieux, les travestissements d'hommes, en awmauxe les figures hybrides, les divinités hermaphrodites, jenmo et vieilles à la fois Comme Janus, Hercule habillé en femme e Vénus avec mi visage iPhomme. Lépigraphie comme Ficonographie nous fournit des exemples analogues. En effet, Parmi les inscriptions polythéistes de lArabie, il en est une ou le nom de la déesse. Athtar est précédé d'un verbe au genre masculin.
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Nous pourrions parler des autres noms divins comme Adonai, Schaddaï, qui, de même que le mot Elohim, sont au pluriel, mais nous nous contenterons dé rappeler que le plus saint et le plus auguste des noms de Dieu, le têtra
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,gramme; que Pou oppose assez volontiers à Elohim comme indiquant, contrairement à ce dernier nom, Pépoque du monothéisme, présente une anomalie semblable,
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(L) seugi,. ci,              êdh. Al~., ëp. 142, 143.
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non pas, Il est vrai, dans le nombre, mais dans le, temps. Ce mot échappe en effet à toute loi grammaticale, à toute rêgle lexicolo. gique et, par la fusion des trois temps du verbe en un vocable unique, devient une exception linguistique que Son étrangeté rend en quelque sorte sacrée. Il y a là an fait capable de nous éclairer et de nous mesurer en même temps sur la valeur du mot'Etohim et sur son irrégularité grammaticale, car il témoigne de l'esprit qui présidait à la formation des noms divins.
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Voici d'ailleurs le mot Elohim employé pu les écrivains sacrés dans un sono rigoureusement monothéiste, quoique le pluriel s'y trouve à côtê du singulier, bien plisse avec Fintention formelle de condamner la polythéisme; nous traduisons littéralement: « L'Eternel, (c'est) lui (qui est) les Elohim > ('), et encore: c Toi seul Tu es Elohim , (2). Est‑il possible que les écrivains qui se sont servis du mot Blohim dans un esprit de foi monothéiste aussi irrêpro. chablet aient jannais pu lui donner, quelles que soient d'ailleurs les irrégularités de langage,, une signification rappelant même de loin l'idée polythéiste?
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==References==
 
==References==
 
<references />
 
<references />

Revision as of 11:40, 12 November 2009

CONSIDÊRATIONS GÉNË~S SUR'L'EMP~I SMUUTANË


DU SINGULIER ET DU PLURML.


Le nom du Dieu Très‑Haut, El ‑Mon, comme le titre de Dieu des dieux dont nous avons parlé précédemment, laisse sou&eutendre Poxistance des Elohim. Il nous faut maintenant étudier plan en détail os mot qui a motivé contre Pauwieu judaïsme une double as­misation de polythéisme. On objecte en effet que, d'une part, il a


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été appliqué aux (lieux des Gentils dont oit reconnaissait par lâ la divinité et que, d'autre part, an forme plurielle, quand on Pûm­ployait pour désigner le Dieu dIsraël, impliquait la négation de son unité.

Nous répandrons à la premiêm objection que lorsque les êcri~ vains sacrés donnent à d~autm dieux le nom d'Elohim, ils se plu, cent au point de vue de leurs adorateurs et adoptent leur langage. Os nom est appliqué à toute chose Wrme grandeur éminents de quelque ordre que ce soit, même à des êtres inanimés; à plus forte raison a‑t‑on pu le donner aux anges avec lesquels s'identifiaient les dieux du paganisme, sans que pour cela le monothéisme se trouve compromis. Il est fixilolde citer des exempt" de cette cou. tume de désigner sous le nom de dieux des hommes supérieurs en dignité, particulièrement ceux dans lesquels on éÏait porté à voir une morte de véritable incarnation du divin. Cette manière d'em­ployer les qualificatifs se rapportant à Dieu, innocente au début, a pu devenir pur la suite l'une des causes du polythéisme. Bien des savants sent aujourdehui d~avis; (lue chez plusieurs peuples la nom der Dieu Wêtaiît qu'un adjectif de supériorité. Il est cependant plus naturel de supposer le contraire, c'est‑â.din que le caractère de divinité a été appliqué, comme nous venons de le dire, à tout ce qui paraissait éminemment supérieur. En tout cas, on comprend parfaitement qu'on ait appelé de ce nom les anges et les esprits ou général et l'on peut même considérer comme vraisemblable, ainsi que l'a prétendu Spencer, que les mots dieu et esprit, qui ont chez nous des sig4ifioations différentes, étaient synonymes àl'origine ou que plutôt il Wy avait primitivement qu'un seul mot pour désigner l'être surnaturel.

Si nous examinons de plus Ires l'emploi de ce mot Blokim, dont la forme plurielle fournit un argument à l'accusation de po­lythidsme, nous constatons que la plupart du temps le nom seul est au pluriel, le verbe et les autres mots qui Paeoempagnent de. meurent au contraire au singulier; mais on trouve également des cas où le verbe est au pluriel comme le nom lui même. Y a4il la vraiment un indice de polythéisme chez l'écrivain sacré ou tout au moins la trace d'un polythéisme à une époque antérieure dont il resterait à déterminer la, date 1 On est bien obligé d'admettre que.presque toujours Fintention des auteurs sacrée est mauifê8È~ ment monothéiste et pu conséquent pour que nos adversaires pussent faire état contre le judaïsme de cette forme plurielle, il leur


LES NOMS DIVINS 177

faudrait prouver que le polythéisme, dont ils veulent y voir l'expires­sien, est au moins postérieur à Abraham, voire même à Moise, et qu'on tout cas il fat, à un certain moment, la forme dominante et exclusive de la religion des Hébreux. Le mot en effet ne cons­titre pas une prouve à lui seul, car nous ne faisons nous‑même aucune difficulté d'accepter Phypothèse que Mules et Abraham ont employé, pour

exprimer leurs idées monothéistes, le langage pu­lythê!8tû encore en usage à leur époque. Le génie de la langue hébraïque qui tendait à indiquer la supériorité par la marque du pluriel prêtait d'ailleurs à l'introduction de cette coutume. Un pu& sage de la Genèse on le mot Adonaï (mes seigneurs), bien que pluriel dam sa forme grammaticale, est adressé à un Seul indi. vidu, nous en offre une preuve évidente: . Mes seigneur& (AdOmd), si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point~ je te prie, loin de ton Serviteur > (1).

Cet emploi du pluriel pour indiquer l'excellence d'une chose s'explique par l'intention de souS~entendre que la chose dont on parle en vaut plusieurs 1 elle seule. Le pluriel grammatical traduit cela en éveillant l'idée de la totalité, de l'indéfini, d'où il n'y a qu?un pas à celle de Pinfini, de la bynthêse générale, du plirome que' nous prétendons découvrir dans le mot Elohim, &eet‑â‑dire de la divinité absolue, et qui dit absolu dit unité substantielle; clest le Dieu qu'il suffit de confesser pour affirmer toute vérité han­ginsible, l'Un qui est tout et, comme l'appelle Hartmann, le Dieu de l'humfflité à venir.

Elohim a été inter rêtê pu les anciens commentateurs comme

Ip

le nom de Celui en qui sont réunies toutes les forces et, avant les exégêt~ du Moyen‑Age et de la Renaissance, le Midrauh sur le livre de Josué dit, à propos des mots « Dieu saint » du dernier chapitre, qui se trouvent au pluriel: « Dieux sainte, cela signifié Dieu saint dans tous les genres de sainteté . (2) et le rabbin Léto de Modêne émit de son côté: « Dieux sainte, cela veut dire que toutes les forces personnifiée@ dans les dieux adorés par les païens se trouvent en Lui » (~).

Si le mot Elohim a déjà par lui‑même une valeur, il faut bien ajouter que l'emploi avec ce mot pluriel du verbe in singulier exprime toute une philosophie critique des religions, car es ton‑


'j'O ~ZZ 111, JIIkIt Il ,Mt 19 do h,ple,

Mghm 2, 6.


178 DIEU

trute entre le pluriel et le singulier représente la convergence des notions païennes de la Divinité vers le Dieu du mosaïsme mono. théiste, soit historiquement comme point de dêp"4 soit til6olo. giquernent en tant qu'êléments, attributs, idées constitutives de ce Dieu.

    Parmi leu exemples de pluriel pris pour le singulier, nous eu

citerons un qui a me importantes toute putieuliêre, eux il confirme

d'une façon aussi évidente que possible notre explication. Il nous

est fourni par le livre des Proverbes: < La sagesse a bâti as, maison,

elle a taillé su sept colonnes » ('). Dans le texte hébraïque le mot

Sagesse ‑est au pluriel et le verbe qui suit au singulier: « Les sa,

gosses a bâti sa maison », et comme il désigne ici la Sagesse di­

vins créent le monde, il joue le même rôle que les noms de Dieu

en d'autres occasions. Ce nom de,la Sagesse suprême est au pluriel

parcs que, comme la disent don commun accord Ica commentateurs,

elle est la Science souveraine embrassant dans une synthêse pa~

faite toutes les sciences p artieuliûres. 1

La critique ‑ indépendante arrive de nos jours à des conclusions qui concordent parfaitement avec nos déductions. « Le religion, dit Hartmann, se montre à son début jndiffêmnte au théisme, au panthéisme, au monothéisme et au poiythêisme, et présente eue sorte d'équilibre de ces éléments. La conscience ne s'est pas encore rendu compte de la portée des différences que nous marquons ou opposant la transcendance et Pimmmen~, l'unité et la multiplicité; alors, selon le besoin du moment, elle envisage sa divinité comme extérieure on comme intérieure au monde, comme une on comme multiple . Cela pareil confirmé par les faits, mais ne pmt~on pas dire que Pinstinot, l'intuition du point de jonction des deux idées rem subsistait pas moine et que Pune n'était point *sacrifiés àPautrel Le même auteur continue: « L'esprit enfantin, qui pense pu images, ne pouvant se dispsnser deahthropomorphiser et d'au­thropopathiser, il n'est pas étonnant qu'il traite selon cette loi las forces naturelles diverses et qu'elles deviennent pour lui autant de dieux personnels divers. D'autre part, il est de Ilemmoe de ces fonce ïVêtre immanentes à la nature, et tous leurs conflits n'em­pêchent pu le sentiment impressionné d'une manière religieuse de percevoir distinctement la connexité et Purtité de toute la nature.

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(~) Pro,erboe, ix, 1. 0, po.=,i voir d~ M »Pt "I ... es 1, p~ibi,

divido, leu »,pt a, Mye.‑Ag,.


LES NOMS DIVINS 179


Chacune des prinmPales f~rces naturelles lui parait identique aux

autres en ceci qu'il la considêre comme une révélation du surnaturel

et, du divin; c'est pour cela qu'en toute occasion la religion primi­

tive emploie uns scrupule la figure appeléopars pro toto, C'est‑à‑dire

que chaque force naturelle est devenue un objet du Culte et adorée

comme dieu en ce sens qu~elle est une manifestation du divin nul­

versel > ('). 1

]Unité et multiplicité ou, pour mieux dire, unité dans la moi­Lip]ictê~ voilà le mot de Pênigme dans tous les au où nous trou­vons a n contraste autre le nom et > verbe dont il est le sujet eu les mots qui le qualifient. Et voilà aussi ce qu'il y a de fondé dans les prétentions de Poi6gêse chrétienne de trouver dans Cas exemples des preuves de la Trinité. Seulement en réalité ce West pas d'une trinité, qu'il Wagit, c'est iPane infinitë d'attributs dont Dieu est le centre, la force synthétique, et cela nous ramène à la théosophie hêliralque dont le christianisme n'a fait que détacher une triade, taudis que la Kabbale reconnaît un nombre infini de 8epkiroth ou attributs divins. Nous nous retrouvons alors en pré­sence de Ces gênêalogie8 à la majestueuse évolution desquelles Paul Croyait pouvoir imposer des bornes et quqI rejetait Comme inutiles et vaines de même que les disputes relatives à la Loi (e).

Cette façon d'exprimer la complexité de l'idée était tout à fait dans Posprit de l'antiquité. Il suffit de se rappeler la variété, la bizarrerie, les Complications et parfois même les monstruosités des symboles religieux en divers lieux, les travestissements d'hommes, en awmauxe les figures hybrides, les divinités hermaphrodites, jenmo et vieilles à la fois Comme Janus, Hercule habillé en femme e Vénus avec mi visage iPhomme. Lépigraphie comme Ficonographie nous fournit des exemples analogues. En effet, Parmi les inscriptions polythéistes de lArabie, il en est une ou le nom de la déesse. Athtar est précédé d'un verbe au genre masculin.

Nous pourrions parler des autres noms divins comme Adonai, Schaddaï, qui, de même que le mot Elohim, sont au pluriel, mais nous nous contenterons dé rappeler que le plus saint et le plus auguste des noms de Dieu, le têtra

,gramme; que Pou oppose assez volontiers à Elohim comme indiquant, contrairement à ce dernier nom, Pépoque du monothéisme, présente une anomalie semblable,


(L) seugi,. ci, êdh. Al~., ëp. 142, 143.

P) Epftre à Ti", ,,, 9.


180 DOEU

non pas, Il est vrai, dans le nombre, mais dans le, temps. Ce mot échappe en effet à toute loi grammaticale, à toute rêgle lexicolo. gique et, par la fusion des trois temps du verbe en un vocable unique, devient une exception linguistique que Son étrangeté rend en quelque sorte sacrée. Il y a là an fait capable de nous éclairer et de nous mesurer en même temps sur la valeur du mot'Etohim et sur son irrégularité grammaticale, car il témoigne de l'esprit qui présidait à la formation des noms divins.

Voici d'ailleurs le mot Elohim employé pu les écrivains sacrés dans un sono rigoureusement monothéiste, quoique le pluriel s'y trouve à côtê du singulier, bien plisse avec Fintention formelle de condamner la polythéisme; nous traduisons littéralement: « L'Eternel, (c'est) lui (qui est) les Elohim > ('), et encore: c Toi seul Tu es Elohim , (2). Est‑il possible que les écrivains qui se sont servis du mot Blohim dans un esprit de foi monothéiste aussi irrêpro. chablet aient jannais pu lui donner, quelles que soient d'ailleurs les irrégularités de langage,, une signification rappelant même de loin l'idée polythéiste?


References