Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - De la conscience sociale universelle"

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De la conscience sociale universelle.
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Notre point do dëpart pour Dos études ultérieures, c'est que l'homme et la nation ont pour contre d'imité l'Adam biblique. Si nous considérons la nation détachée du troue imantmon, nous voyous que le lien de son unité historique est le patriarche on chef de ligDêe, tandis que son unité idéale, son âme est dans le Sar ou génie céleste dont nous avons déjà parlé. Coluisci a lui‑même ses ratines dans un des attributs divins dont il est la réalisation an­porteurs, chacune de ces réalisations étant à son tour le Sur de celle qui vient immédiatement après elle.
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Les "tiens s'caillent entre elles historiquement en Adam, psy. chologiquement dans la Schechina, la divin dans le monde, qui est le contre de toutes les âmes, et idéalement dans le Verbe ou Logos qui est le monde intelligible. Il en résulte de graves et nombreuses conséquences. Chaque nation représentant une idée particulière a
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par la même Sa raison d'être: Son existence est légitime, son droit inviolable et il faut ajouter que son perfectionnement rentre dans Perdre cosmique et dans les desseins de la Providence. Enfin le but auquel tend la constitution des nationalités paraît être leur organisation définitive dans une unité ou harmonie finale, évolution que l'on peut constater d'ailleurs dans les différentes parties de la nature. La perfection de Vensemble croît en effet en proportion de celle des parties. . Le développement de la vie dans diverses directions, écrit M. Nogel, est nue loi naturelle dans le monde physique et dans le monde moral et plus Phamanitê se dévelop­pera en nationalités différentes susceptibles de civilisation et ani~ mêes de nobles tendances, plus facilement sera résolu le problème (le perfectionnement général de la rue humaine ('). »
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On va entendre une appréciation des conceptions d'Auguste Comte à ce sujet et l'on ne pourra manquer d~ôtro frappé de la grandeur des idées juives, en constatant que phébraisme a de~ vancê de tant de siècles le philosophe positiviste. , La reconnais. Sucre de l'humanité comme un, tout organique à l'égard duquel chaque individu Soutient des rapports définis et doit remplir cer­tains devoirs, dépasse à quelque égard même l'idée chrétienne de l'humanité considérée comme une famille de frères. Dans le chris­tianisme comme dans les religions antérieures, l'obligation mo. rale à Fêgard d'autrui est plus on moins subordonnée au salut de l'individu, tandia que pour Auguste Comte l'amour universel est le premier principe d'action fondé sur les droits du grand être qui contient ceux de chacun de ses membres individuels 0) ».
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On a fait remarquer avec raison à ce propos qu'il faut s'on tenir à la distinction de deux sortes d'organismes: log organismes intermédiaires doués de sensation collective et les organismes su­pêriemA dont chaque partie possède à la fois la conscience du moi et la conscience du tout, si bien que comme la monade de Leibnitz (mais monade ouverte et non fermée), elle est vraiment le miroir de ce petit univers qui subsiste tant par sa volonté propre que par celle de tous les autres. C'est donc en définitive dans les membres mêmes de la société qu'existe, la conscience de l'organisme social et du contrat social, conscience plus ou moins claire d'ailleurs et qui va s'exaltant dans les intelligences Supê.
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(1) Bëa.~ Soe,.ùfi"~, 1875, p. 671.
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(~) lors, pkiIIIIpht"~, ..., 1885, p. 337.
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L'MÊE DU NATIONALIà DANS LE JUDAÏSME                                389
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rieures (il. Nous ferons simplement observer qu'il paraît instruis. sible que la conscience que chaque membre de la société acquiert de l'organisme social épuise toute la conscience de cet organisme, car nous aurions alors entend (le consciences complètes de même organisme social qu'il y a d'individus. Comment le chose Serait­elle possible, puisque l'individu nest qu'une infime partie de cet organismel Nous objectera‑t‑on qu'il n'y a aucune prouve de l'exis­tence d'une conscience sociale universelle? A cela nous repue. trous que la prouve est dans les stricts que nous apercevons. S'il n'existait pas une 'Ditë idëale directrice de tout l'organisme social, on ne verrait point, selon le mot de M. Mamiani « cette conspi­ration ininterrompue de tous ses membres vers l'organisation de la vie universelle, qui est le grand miracle de la physiologie .
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Enfin, la conscience de Vo,ganisme social que chaque membre possède n'est point celle de la société elle‑même en général, ce qu'il est absurde do supposer, le même être ne pouvant se sentir partie et tant à la fois; c'est simplement la conscience de lui op­partoidr, d'être membre du tout. Ce qui distingue les hommes su­périeurs, ce West pas seulement une plus grande force, une plus grande intensité de ce sentiment individuel, mais encore une êtendue plus considérable de conscience, car ils forment des parties plus compriflimisives du corps social, en embrassant pour ainsi dire un plus grand nombre de lems Semblables. De degré en degré l'imagination arrive ainsi à concevoir un être, quel qWil soit d'ail­leurs, en qui l'humanité a pris conscience d'elle‑même dans sa tu­talité. De même que chaque nation particulière a son S", qui est sou génie on esprit et qui réalise son unité, de même le monde des nations, l'humanité dans son ensemble a une âme, Due vie qui lui est propre et qui fait d'elle un organisme vivant. Celui‑ci se développe d'après ses lois spâciales qui sont les lois de l'histoire. C'est ainsi que des intelligences supérieures comme Schelling, Krause, Ilorbert Spencer envisagent l'humanité. ~ Tous les peuples, dit‑M. Main!"!, concourent d'une fa~or, plus ou moins consciente, malgré leurs rivalités et leurs lattes, à la constitution de l'unité organique des nations, doctrine nouvelle qui forme la vraie et inê­braffiable base de la philosophie de l'histoire (2).
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Rod, V. ro,,,LÊ,, Vi, yth6ilq., ~ 1,                                        p. 387.
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Hartmann dit quelque part que si la logique minuscule est absolument nécessaire pour le développement historique, il est Prouvé également Pu cela même qu'elle est également indispen­sable pour le développement individuel, puisque l'individu orga­nique est, composé d'individus d'un ordre inférieur, précisément de la même manière que le peuple on PICtat sont composés d1indi­vides d'un ordre bien plus élevé et puisque l" premiers exigent une raison directrice aussi bien que ces derniers. On a objecté àcela qu'il y a une grande différence outre l'idée illorganisme et celle d'humanité, la première supposant la fatalité et l'autre la li­berté, et que pour cette raison il y a, dans l'organisme, dévolop. portent harmonieux et simultané de toutes les parties, ce qui lie semble pas se vérifier dans l'humanité. « Si l'en admet par ans logis, écrit M. Carreau, que les nations sont les organes d'un vaste corps qui est l'humanité, il faudra concevoir que certains de ces organes sont à peine il la premiers phase de leur croissance, que d'autres se sont arrêtés dans leur évolution, quo d'autres encore rétrogradent; que ceux‑ci sont dans l'adolescence, ceux‑lâ dans l'âge mûr, quelques‑uns enfin tout près de la vieillesse (~) ~.
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Il ne faut pas oublier toutefois que les différences signalées dans le développement des organes ne sont que l'effet de la n* ture libre de ce même développement de l'humanité. La liberté peut troubler momentanément l~ëvolutioji harmonieuse et syuchro~ nique des parties, mais elle ne peut en aucune facial compromettre le résultat final assuré d'avance par Lit tendance au progrès, innée chez l'humour. Or, ce résultat final, cette humanité idéale, produite par feu développements plus on moins irréguliers qui finiront pré. cédés, consacrera l'unité, entre les nations et l'histoire de tous les peuples y devra entrer comme élément, chacun d'eux ayant joué un rôle spécial dans lévolution du genre humain. Il faut ajouter aussi que si certaines nations vieillissent, taudis que d'autres de. montent jeunes et d'autres encore à l'état d'enfance, ce sont moins 168 peuples eux‑mêmes, simples organes et instruments de trans­mission, qu'il importe de considérer, que les principes qu'ils re. présentent et qui durent plus qu'eux; car il arrive souvent qu'après
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(q ~~w, di. D,xi~ M,ild., 1875, p. 575.
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la décodeurs des nationalités qui 18S avaient reÇMeS et gardées tout (l'abord, ces idées passent ensuite en d'autresmains plu ce­fables de conserver le dépôt. Dans Phistoire de l'humanité, il en est donc des peuples comme des molécules dans les corps orga­aidés qui, après avoir rempli leur tache pendant un certain temps, cèdent la place à d'autreg qui viennent poursuivre leur, oeuvre.
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L'unité de genre humain n'est point encore achevée, mais elle est en train de se réaliser et les anomalies qu'on Peut encore si­gosier présentement sont justement les imperfections de grand corps social. Pour PhébrWisme, la nation avec sa mission, sa vie propre, est Panneau intermédiaire qui rattache l'homme, l'individu, à l'humanité future constituée colin dans son unité définitive. Cette humanité West (loue pas pour lui la multitude inorganique des in~ dividus, mais l'unité organique des nations. On sait que dans le christianisme au contraire, c'est l'autre conception qui prévaut.
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Nous trouvons dans Cicéron cette idée capitale d'une société qui s'étend au‑delis de l'humanité, idée qui répond à pharmacie de pleureras avec l'univers d'après Phêbraïsne, et aussi colle des rap. ports avec l'Intelligence universelle, e1es~â.dirü avec Dieu: ~ La raison, dit‑il, source du devoir et du droit est commune à tous les hommes; c'est le fondement naturel d'un société 'universelle, dans laquelle l'échange mutuel des services et des bienfaits est nécessaire à la conservation et au perfectionnement de chacun; organisme admirable dans lequel la viw passe d'un membre à, l'antre pour le bien commun, dans lequel chacun se sent vivre et opérer en tous et tous en chacun; ville immense gouvernée et non­Serrée pu une Boule législation, celle de la raison, ville non eir­conscrite par les frontières iPune nation, ni par les bornes de l'bu­marritê' mais étendue à tous les êtres rationnels dont fait partie Dieu lui‑même, car entre lui et l'homme, il y a cette ressemblance et cette différence que l'un fait partie de l'Intelligence et l'autre est l'Intelligence universelle, que Pion a en soi une étincelle du divin taudis que l'autre en est le principe et le répond dans le monde (t) s.
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Que l'unitê orgimiqu de l'humanité soit constituée par les na­tions ou par les individus, cette conscience sociale universelle est pour phébraâam, un fait qu'on ne saurait mettre en doute. Elle vit et agit sous la diversité des races et des idées qu'elles reprê‑
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(~) V. pUil ... phi. des ~oles italiennes. Ana. X, fêw. 1879, P. 299,
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sentent; elle réalise l'unité de, l'humanité future comme le Logos, l'Adam divin, réalise Panitê des idêes. Le livre de la Genèse, en nous représentant tous comme membres d'une même famille p,imi­tive, et les Prophètes, en annon"nt l'unité boule du genre humain, nous ont laissé entrevoir Vexistemm de cette conscience univer­selle que la théosophie hébraïque a proclamée ensuite, puisque d'après elle le corps d'Adam contenait dans ses différentes parties tous les individus et tous les peuples qui se sont diversifiés selon la nature de chaque membre, en a, ~
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mutenant cependant, malgré tout, leur unité idéale qui répond à, l'unité matérielle du corps du premier homme. On sait que le Zohar compare Israël au coeur de l'humanité, taudis que les autres nations en représentent les divers membres. Sénèque a dit aussi: Omno Iwo quod videg unum e8t, wambra sumus copori8 magni. Mais pour la Kabbale, ce West pu seulement le corps d'Adam, c'est son âme qui renfermait toute l'humanité à venir. Quant à, l'unité organique des idées, on en saisit toute l'économie si l'on se souvient que les Sarim qui los personniftnt sont, pour l'hébraïsme, à la fois les ministres de ta cour cêteste ‑ d'où découle cette idée que les peuples descendent historiquement d'un même ancêtre ‑ les diffêrentûs parties de la Schechina, du divin dans le monde, ce qui unit toutes les nations comme les diverses parties du corps d'Adam et enfin, les éléments du Logos, en sorte que l'humanité tout entière se fond pour ainsi dire idéalement en une conscience unique.
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La Kabbale a flgarê tout cela dans un illaft ou arbre généan­gique, représentation graphique des sephirot à chacune desquelles est rattaché un des grands peuples de l'histoire, J'Egyptê, BabY­loue, les Perses, los Modes, la Grêce, la Rom païenne, pum~ chrê­tienne, et Illslam ('). C'rat comme un tableau en abrégé de tente la philosophie de l'histoire.
  
 
==References==
 
==References==

Revision as of 12:15, 12 November 2009

De la conscience sociale universelle.


§ 1.


Notre point do dëpart pour Dos études ultérieures, c'est que l'homme et la nation ont pour contre d'imité l'Adam biblique. Si nous considérons la nation détachée du troue imantmon, nous voyous que le lien de son unité historique est le patriarche on chef de ligDêe, tandis que son unité idéale, son âme est dans le Sar ou génie céleste dont nous avons déjà parlé. Coluisci a lui‑même ses ratines dans un des attributs divins dont il est la réalisation an­porteurs, chacune de ces réalisations étant à son tour le Sur de celle qui vient immédiatement après elle.

Les "tiens s'caillent entre elles historiquement en Adam, psy. chologiquement dans la Schechina, la divin dans le monde, qui est le contre de toutes les âmes, et idéalement dans le Verbe ou Logos qui est le monde intelligible. Il en résulte de graves et nombreuses conséquences. Chaque nation représentant une idée particulière a


388 L'HO~

par la même Sa raison d'être: Son existence est légitime, son droit inviolable et il faut ajouter que son perfectionnement rentre dans Perdre cosmique et dans les desseins de la Providence. Enfin le but auquel tend la constitution des nationalités paraît être leur organisation définitive dans une unité ou harmonie finale, évolution que l'on peut constater d'ailleurs dans les différentes parties de la nature. La perfection de Vensemble croît en effet en proportion de celle des parties. . Le développement de la vie dans diverses directions, écrit M. Nogel, est nue loi naturelle dans le monde physique et dans le monde moral et plus Phamanitê se dévelop­pera en nationalités différentes susceptibles de civilisation et ani~ mêes de nobles tendances, plus facilement sera résolu le problème (le perfectionnement général de la rue humaine ('). »

On va entendre une appréciation des conceptions d'Auguste Comte à ce sujet et l'on ne pourra manquer d~ôtro frappé de la grandeur des idées juives, en constatant que phébraisme a de~ vancê de tant de siècles le philosophe positiviste. , La reconnais. Sucre de l'humanité comme un, tout organique à l'égard duquel chaque individu Soutient des rapports définis et doit remplir cer­tains devoirs, dépasse à quelque égard même l'idée chrétienne de l'humanité considérée comme une famille de frères. Dans le chris­tianisme comme dans les religions antérieures, l'obligation mo. rale à Fêgard d'autrui est plus on moins subordonnée au salut de l'individu, tandia que pour Auguste Comte l'amour universel est le premier principe d'action fondé sur les droits du grand être qui contient ceux de chacun de ses membres individuels 0) ».

On a fait remarquer avec raison à ce propos qu'il faut s'on tenir à la distinction de deux sortes d'organismes: log organismes intermédiaires doués de sensation collective et les organismes su­pêriemA dont chaque partie possède à la fois la conscience du moi et la conscience du tout, si bien que comme la monade de Leibnitz (mais monade ouverte et non fermée), elle est vraiment le miroir de ce petit univers qui subsiste tant par sa volonté propre que par celle de tous les autres. C'est donc en définitive dans les membres mêmes de la société qu'existe, la conscience de l'organisme social et du contrat social, conscience plus ou moins claire d'ailleurs et qui va s'exaltant dans les intelligences Supê.


(1) Bëa.~ Soe,.ùfi"~, 1875, p. 671.

(~) lors, pkiIIIIpht"~, ..., 1885, p. 337.


L'MÊE DU NATIONALIà DANS LE JUDAÏSME 389

rieures (il. Nous ferons simplement observer qu'il paraît instruis. sible que la conscience que chaque membre de la société acquiert de l'organisme social épuise toute la conscience de cet organisme, car nous aurions alors entend (le consciences complètes de même organisme social qu'il y a d'individus. Comment le chose Serait­elle possible, puisque l'individu nest qu'une infime partie de cet organismel Nous objectera‑t‑on qu'il n'y a aucune prouve de l'exis­tence d'une conscience sociale universelle? A cela nous repue. trous que la prouve est dans les stricts que nous apercevons. S'il n'existait pas une 'Ditë idëale directrice de tout l'organisme social, on ne verrait point, selon le mot de M. Mamiani « cette conspi­ration ininterrompue de tous ses membres vers l'organisation de la vie universelle, qui est le grand miracle de la physiologie .

Enfin, la conscience de Vo,ganisme social que chaque membre possède n'est point celle de la société elle‑même en général, ce qu'il est absurde do supposer, le même être ne pouvant se sentir partie et tant à la fois; c'est simplement la conscience de lui op­partoidr, d'être membre du tout. Ce qui distingue les hommes su­périeurs, ce West pas seulement une plus grande force, une plus grande intensité de ce sentiment individuel, mais encore une êtendue plus considérable de conscience, car ils forment des parties plus compriflimisives du corps social, en embrassant pour ainsi dire un plus grand nombre de lems Semblables. De degré en degré l'imagination arrive ainsi à concevoir un être, quel qWil soit d'ail­leurs, en qui l'humanité a pris conscience d'elle‑même dans sa tu­talité. De même que chaque nation particulière a son S", qui est sou génie on esprit et qui réalise son unité, de même le monde des nations, l'humanité dans son ensemble a une âme, Due vie qui lui est propre et qui fait d'elle un organisme vivant. Celui‑ci se développe d'après ses lois spâciales qui sont les lois de l'histoire. C'est ainsi que des intelligences supérieures comme Schelling, Krause, Ilorbert Spencer envisagent l'humanité. ~ Tous les peuples, dit‑M. Main!"!, concourent d'une fa~or, plus ou moins consciente, malgré leurs rivalités et leurs lattes, à la constitution de l'unité organique des nations, doctrine nouvelle qui forme la vraie et inê­braffiable base de la philosophie de l'histoire (2).


Rod, V. ro,,,LÊ,, Vi, yth6ilq., ~ 1, p. 387.

Conèiaioni di un ,ietiifisI,si~ toma rix libro,v.


390


L'HO


§ 2.


Hartmann dit quelque part que si la logique minuscule est absolument nécessaire pour le développement historique, il est Prouvé également Pu cela même qu'elle est également indispen­sable pour le développement individuel, puisque l'individu orga­nique est, composé d'individus d'un ordre inférieur, précisément de la même manière que le peuple on PICtat sont composés d1indi­vides d'un ordre bien plus élevé et puisque l" premiers exigent une raison directrice aussi bien que ces derniers. On a objecté àcela qu'il y a une grande différence outre l'idée illorganisme et celle d'humanité, la première supposant la fatalité et l'autre la li­berté, et que pour cette raison il y a, dans l'organisme, dévolop. portent harmonieux et simultané de toutes les parties, ce qui lie semble pas se vérifier dans l'humanité. « Si l'en admet par ans logis, écrit M. Carreau, que les nations sont les organes d'un vaste corps qui est l'humanité, il faudra concevoir que certains de ces organes sont à peine il la premiers phase de leur croissance, que d'autres se sont arrêtés dans leur évolution, quo d'autres encore rétrogradent; que ceux‑ci sont dans l'adolescence, ceux‑lâ dans l'âge mûr, quelques‑uns enfin tout près de la vieillesse (~) ~.

Il ne faut pas oublier toutefois que les différences signalées dans le développement des organes ne sont que l'effet de la n* ture libre de ce même développement de l'humanité. La liberté peut troubler momentanément l~ëvolutioji harmonieuse et syuchro~ nique des parties, mais elle ne peut en aucune facial compromettre le résultat final assuré d'avance par Lit tendance au progrès, innée chez l'humour. Or, ce résultat final, cette humanité idéale, produite par feu développements plus on moins irréguliers qui finiront pré. cédés, consacrera l'unité, entre les nations et l'histoire de tous les peuples y devra entrer comme élément, chacun d'eux ayant joué un rôle spécial dans lévolution du genre humain. Il faut ajouter aussi que si certaines nations vieillissent, taudis que d'autres de. montent jeunes et d'autres encore à l'état d'enfance, ce sont moins 168 peuples eux‑mêmes, simples organes et instruments de trans­mission, qu'il importe de considérer, que les principes qu'ils re. présentent et qui durent plus qu'eux; car il arrive souvent qu'après


(q ~~w, di. D,xi~ M,ild., 1875, p. 575.


L'IMÉE DE NATIONALITÊ DANS LÊ SUD1ÏSME 391

la décodeurs des nationalités qui 18S avaient reÇMeS et gardées tout (l'abord, ces idées passent ensuite en d'autresmains plu ce­fables de conserver le dépôt. Dans Phistoire de l'humanité, il en est donc des peuples comme des molécules dans les corps orga­aidés qui, après avoir rempli leur tache pendant un certain temps, cèdent la place à d'autreg qui viennent poursuivre leur, oeuvre.

L'unité de genre humain n'est point encore achevée, mais elle est en train de se réaliser et les anomalies qu'on Peut encore si­gosier présentement sont justement les imperfections de grand corps social. Pour PhébrWisme, la nation avec sa mission, sa vie propre, est Panneau intermédiaire qui rattache l'homme, l'individu, à l'humanité future constituée colin dans son unité définitive. Cette humanité West (loue pas pour lui la multitude inorganique des in~ dividus, mais l'unité organique des nations. On sait que dans le christianisme au contraire, c'est l'autre conception qui prévaut.

Nous trouvons dans Cicéron cette idée capitale d'une société qui s'étend au‑delis de l'humanité, idée qui répond à pharmacie de pleureras avec l'univers d'après Phêbraïsne, et aussi colle des rap. ports avec l'Intelligence universelle, e1es~â.dirü avec Dieu: ~ La raison, dit‑il, source du devoir et du droit est commune à tous les hommes; c'est le fondement naturel d'un société 'universelle, dans laquelle l'échange mutuel des services et des bienfaits est nécessaire à la conservation et au perfectionnement de chacun; organisme admirable dans lequel la viw passe d'un membre à, l'antre pour le bien commun, dans lequel chacun se sent vivre et opérer en tous et tous en chacun; ville immense gouvernée et non­Serrée pu une Boule législation, celle de la raison, ville non eir­conscrite par les frontières iPune nation, ni par les bornes de l'bu­marritê' mais étendue à tous les êtres rationnels dont fait partie Dieu lui‑même, car entre lui et l'homme, il y a cette ressemblance et cette différence que l'un fait partie de l'Intelligence et l'autre est l'Intelligence universelle, que Pion a en soi une étincelle du divin taudis que l'autre en est le principe et le répond dans le monde (t) s.

Que l'unitê orgimiqu de l'humanité soit constituée par les na­tions ou par les individus, cette conscience sociale universelle est pour phébraâam, un fait qu'on ne saurait mettre en doute. Elle vit et agit sous la diversité des races et des idées qu'elles reprê‑


(~) V. pUil ... phi. des ~oles italiennes. Ana. X, fêw. 1879, P. 299,


302 L1Ho~


sentent; elle réalise l'unité de, l'humanité future comme le Logos, l'Adam divin, réalise Panitê des idêes. Le livre de la Genèse, en nous représentant tous comme membres d'une même famille p,imi­tive, et les Prophètes, en annon"nt l'unité boule du genre humain, nous ont laissé entrevoir Vexistemm de cette conscience univer­selle que la théosophie hébraïque a proclamée ensuite, puisque d'après elle le corps d'Adam contenait dans ses différentes parties tous les individus et tous les peuples qui se sont diversifiés selon la nature de chaque membre, en a, ~

mutenant cependant, malgré tout, leur unité idéale qui répond à, l'unité matérielle du corps du premier homme. On sait que le Zohar compare Israël au coeur de l'humanité, taudis que les autres nations en représentent les divers membres. Sénèque a dit aussi: Omno Iwo quod videg unum e8t, wambra sumus copori8 magni. Mais pour la Kabbale, ce West pu seulement le corps d'Adam, c'est son âme qui renfermait toute l'humanité à venir. Quant à, l'unité organique des idées, on en saisit toute l'économie si l'on se souvient que les Sarim qui los personniftnt sont, pour l'hébraïsme, à la fois les ministres de ta cour cêteste ‑ d'où découle cette idée que les peuples descendent historiquement d'un même ancêtre ‑ les diffêrentûs parties de la Schechina, du divin dans le monde, ce qui unit toutes les nations comme les diverses parties du corps d'Adam et enfin, les éléments du Logos, en sorte que l'humanité tout entière se fond pour ainsi dire idéalement en une conscience unique.

La Kabbale a flgarê tout cela dans un illaft ou arbre généan­gique, représentation graphique des sephirot à chacune desquelles est rattaché un des grands peuples de l'histoire, J'Egyptê, BabY­loue, les Perses, los Modes, la Grêce, la Rom païenne, pum~ chrê­tienne, et Illslam ('). C'rat comme un tableau en abrégé de tente la philosophie de l'histoire.

References