Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Harmonie du monothéisme et du polythéisme"

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Harmonie du Monothéisme et du Polythéisme.
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Nous avons vu ce que le Judaïsme pense des dieux païens qu'il nomme sarim. Il nous reste J, examiner maintenant ce que les païens eux‑mêmes croyaient de leurs dieux, afin de constater si les deux notions concordent entre elles. Si paradoxale que pa. raisse au premier abord la conclusion à, laquelle nous fera aboutir cette étude, elle neu exprime pas moins une grande vérité.
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La première rêflexion qui se présente à l'esprit, c'est que les dieux du paganisme étaient, dans la pensée de leurs adorateurs, des divinitês locales et nationales, ce qui répond exactement àl'idée que l'hébraïsme se fait des sarim. Assurément on ne peut pas s'attendre à, trouver dans le polythéisme la conception d'une unité supérieure, non plus que l'organisation religieuse que cette croyance aurait produite en réglant intelligemment les rapports mutuels des différents dieux. Toute la notion encore rudimentaire que Io paganisme avait de cette unité fondamentale se bornait àl'idée d'vu dieu suprême national, dans lequel les divinités parti­entières des tribus, des villes et des familles trouvaient leur centre, de même que se réunissaient pour PhébraïsmA fous les divers dieux de ilbn~nitê dans le souverain Dieu d'Israël. Mais cette conception juive d'un monde uni sous le sceptre d'un seul Dieu, quoique gouverné dans ses différentes Parties Par des sa", des anges particuliers qui ne sont que le génie même des divers peuples, était étrangère aux païens, du moins sous cette forme synthétique, unitaire et morale. L'astrologie des anciens en avait vaguement entrevu quelque chose, lorsque par l'organe d'Hipparque elle faisait présider chaque constellation du modiaque, ainsi que la planète dont elle était réputée le siège, au gouvernement de vastes régions. Plotin, au quatrième livre de ses Ennêades, nous parle du démon qui mus a reçus, pour sa part, ou, selon une autre traduction du ebènon que nous avons reçu sa Partage. Quel que soit d'ailleurs le sens adopté, il est au fond éminemment conforme à, l'idée hébraïque, d'après laquelle,. comme nous l'avons vu, les peuples sont partagés entre les dieux, ce qui suppose une humanité unique et une puis. sauce suprême qui opère le partage.
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26S                                          DIEU
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Mais ici se présente eue question d'une extrême gravité. Nous avons dit que cette idée liaisons reproduite par Plotin ne con­tredit nullement le monothéisme, puisque pour les Juifs tante forme de polythéisme était un culte que chaque peuple rendait àun aspect particulier de bleu unique et nous avons même insinué que cette adoration partielle de l'un des aspects on attributs divins de la part (les différentes nations était dans l'ordre et dana, l'écu­nomie providentielle. S'ensuit‑il donc qu'il faille admettre la lëgi­timitê du polythéisme? A cela nous répondons qu'on ne doit pas confondre le polythéisme avec la conception du Dieu unique sort­sage de différentes façons, système qui domine dans l'antique tradition juive comme dans l'idée que les Rabbins se sont faite plus tard de la Révélation elle‑même. Un corps a des faces nom­breuses et le polygone peut être contemplé tour à tour sous chacun de ses angles particuliers. C'est pourquoi les docteurs ont dit que la Loi a soixante‑dix faces, qu'ëik, offre un aliment différent pour chacun et qu'elle compte soixante myriades de commentaires (% elest,â‑dire autant de commentaires qu'il y out d'israélites pour L recevoir au pied du Sinaï; seulement la 7~,aditïon qui représente l'opinion de pEglise, autrement dit de la collectivité religieuse, est la pont marquer les limites et harmoniser les divers points de rue individuels. Ainsi en est‑il de l'idée divins dans l'humanité: c'est une lumière qui se réfracte dans un prisme. Chaque peuple réfléchit un des rayons et Israël est au contre; de lui les rayons écument, vers lui ils convergent et c'est lui par conséquent qui on "sure l'unité.
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En quoi donc la vérité diffère‑t‑ellA de Perreurl En ce qu'elle tient compte de 11noitê qui relie tous ces rayons en un faisceau unique. Les païens ne la reconnaissaient point et c'est pour cela qu'ils étaient polythéistes, tandis que les Juifs la professaient expressément et sauvegardaient ainsi le monothéisme. Il n'est pas douteux qu'Israël n'eût reconnu comme monothéiste tout païen qni aurait admis cette unité et qu'il n'eût pas exigé de lui davant.ge. Mais il ne se contentait pas de "la pour lui‑même, car non seule. ment il enseignait que les multiples points de vue religieux exisfatit dans le monde ont un contre, une unité, mais encore il adorait cette unité elle‑même et ne pouvait adorer qu'elle seule, puisqu'il voyait en elle la plênituâ, de la Divinité. Pour lui, les dieux des
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L'IDÉE DES ~ SAUVa ‑ OU ANGES U~RWENS                                        20
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nations, sans être à proprement parler des faux dieux ou de vaines idoles, du moment que chacun d'eux représentait à %es yeux un aspect ou un attribut du vrai Dieu, étaient cependant faux en ce sens qu'ils étaient incomplets; en adorer au, c'eût été pour les Israélites amoindrir l'idée qu'ils se faisaient de leu, Dieu, en qui toutes les divinités partielles atteignaient leur perfection; c'eût été commettre une absurdité, comme serait celle de vouloir ajouter une petite partie distincte au tout, qui déjà les renferme toutes sans exception, en même temps qWun sacrilège, puisque à côté de l'Almelo, de VInfini, objet spécial de leur foi, ils auraient ainsi placé le fini et le relatif. Adorer tous ces dieux séparément et distinctement, comme faisaient les paiens, c'était mêeonnaïtr, parité et tomber dans un véritable polythéisme, mais les regarder tous an contraire conjointement comme autant déléments d'nue unique et suprême Divinité, c'était la le vrai monothéisme universel, huma­nitaire, le monothéisme de la Kabbale en qui &~hmmonisent l'unité et la pluralité et qui s'adapte ainsi à, la fois au génie sémitique et au génie aryen. Ce monothéisme4à qui est celui de Pavenir, celui de l'humanité tout entière, sémites et Aryens, Israël et Gentilitê, ne peut se constituer définitivement qu'au contact de cos deux génies, en travaillant d'abord d'une manière latente àles rapprocher l'un de Ventre, font triompher enfin dans le monde comme le signe et l'effet même de ce rapprochement.
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Mais le monothéisme d'Israël, son Dieu national, local, si l'on peut s'exprimer ainsi, la part qui lui est échue en héritage, c'est P,mité elle‑même, le lien destiné à réunir tous les éléments de l'idée divine disséminés partout, unité qui contenait en germe tous ces éléments, mais dont les Israélites ne devaient prendre réellement conscience que depuis la dispersion et grise aux nouvelles condi­tions d'existence que celle‑ci devait leur apporter. Alors en effet, par faction et la réaction réciproques des Israélites et des Gentils, l'idée ïPuaité et celle de pluralité allaient se trouver en présence et an, pénétrer mutuellement; les premiers offraient la synthèse et les seconds, Paualyse; ceux‑là, le point central de la foi religieuse et ceux‑ci, son développement, qui n7eSt lêgit!MO que lorsquIt part de ce centre et y retourne comme à son terme.
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De lâ cette conséquence que la croyance du païen était parfai­tement juste des quCil reconnaissait en son dieu un aspect partiel de la Divinité dont Israël adorait la plénitude et que ce qui ont été un sacrilège pour le Jui~ à savoir l'association d'un autre dieu
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à son Dieu national, n'eu était nullement un pour lui. En effet, comme il n~était pas doué ainsi qu'Israël de l'intuition de l'imité, toute association de ce genre, a, lie, d'altérer sa foi religieuse, ne faisait que la rapprocher davantage de la conception du vrai Dieu. Puisqu'il ne possédait qu'ont, partie de la vraie notion de la Divinité, toute notion complémentaire qui venait s'y ajouter, os pouvait que perfectionner sa croyance. Les polythéistes Wavaient, dans leur système, d'autre moyen d'arriver a, monothéisme que de ne point restreindre arbitrairement leur principe de pluralité divine; leur Panthéon ne devait être logiquement formé à aucun dieu et le jour où toutes les diviraitês y eussent ère admisse, ces dieux multiples finalement se seraient pour ainsi dire fondus cri un dieu unique.
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Si Pon veut bien nous pardonner une comparaison indigne d'an pareil sujet, nous dirons qu'il en est ainsi des corps simples né­cessaires dans une combinaison chimique, lesquels restent à Fêtat de &agrégation, tant qu'ils ne sont pas tous réunis. A peine se trouvent4ls tous en contact que la combinaison s'opère; les campe­saute disparaissent et à leur place apparaît cela! qui les contient tous dans sa s"thêse~ Quel est donc le secret de la formation du corps composé? C'est un lien invisible, une sorte d'affinité élective, une unité cachés qui préexiste à la combinaison elle‑même et dont la force potentielle devient actuelle, dès que les conditions exté. rieures le permettent.
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Peut‑être comprendra‑t‑on mieux maintenant la maxime rabbi­nique aussi extraordinaire que précieuse que nous avons eu déjâ l'occasion da citer: ~ Il n'a pas été interdit aux Gentils (Noachides) d'associer (au Dieu unique un autre dieu) » ('). C'est ainsi que Naaman obtient d'l'ilisêe la permission de faire acte diadoration, àRimmon, le dieu du roi de Syrie son mettre (~) et que, dans l'his­toire des colonies transportées au pays d'Israël par le roi d'As­syrie, celui‑ci, sur les conseils qui lui furent donnés, implanta le culte du Dieu des Juifs à côté de celui des anciens dieux: ~ Va des prêtres qui avaient été emmenée captifs de Samarie vint s'établir à Béthel et leur enseignas comment ils devaient craindre PEternel (tétragramme)... Ainsi ils adorèrent PEternel; et ils servaient en
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(1) 1111V.11 Sv ririti XS ni = voir sanhédrin T111plot 64,2. R. Moc1~
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Luserks dans ~ hava, eh, 156, Aroseh oint tàmW~ 156, (1) ', lacis, ', 18‑19.
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L'IDÉF DES 1 GARES » OU ANGES GARDIENS                                  271
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même temps Irons dieux d'aptes la coutume des nations d'où on tes ~avait transportée » (').
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Mais? dir~t~On1 s'il est admissible que le gentil a~samie 10 culte d'eh dieu particulier à celui d'une autre divinité nationale on le­rate, comment expliquer que ce patte spécial puisse être associé àcelui du Dieu d'Israël qui est la plénitude de la divinité? Il ne s'agit plus alors pour le païen de se rapprocher de plus en plim de la vérité par l'addition de notions complémentaires, puisqu'il est censé converti au ])leu qui est la Vérité même. Cette tOI6­rance du judaïsme s'explique par le fait que pour lui chaque peuple est particnliêremeiit porté à envisager un aspect déterminé de la Divinité et qu'm, dehors des Sémites, et surtout d'Israël, tous sont plus ou moins rebelles à la conception unitaire. Aussi tant que le païen ne se,couvertit pas parement et simplement au judaïsme, tact qu'il reste païen on même prosélyte de la parle, sa foi eli­gliales est bien loin d'avoir la pureté de celle du monothéiste de naissons et c'est par conséquent une nécessité pour lui dosier de la liberté spirituelle qui lui est laissée et, faute de Vidée d'une perfection absWae~ de chercher à, compléter son idéal en acceptant toutes les perfections relatives qu'il est capable de concevoir.
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Ce qui est absolument nécessaire pour la constitution du me­nothoisme de l'humanité, c'est que les Gentils vivent Su com­munion religieuse avec Israël, cm si celui‑ci est le centre de Poché et si chaque peuple a une tendance naturelle à ne voir qu'un seul côté de la vêrité~ qu'un rayon du cercle, il est clair que pour vivre dans la vérité religieuse et ne point contrecarrer les lois de soli développement ultérieur, il faut être oriente vers le centre d'où partent tous les rayons et auquel tous retournent. Velu comment la connaissance et la pratique de la vraie religion ne vont point sans les rapports pacifiques et la communion spirituelle entre les nations et comment porc messianique sera à la fois une listage. mess religieuse et une palingênèse sociale, l'unité se trouvant réa­Usée sur la terre comme gage et condition de Ponts dans le ciel.
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Il se produit dans le domaine religieux quelque chose d'ana­logue à ce qui se passe dans l'ordre économique. Chaque pays, chaque race Wu que des ressources limitées; un peuple ne peut vivre, prospérer et se développer qu'autant qu'il emprunte aux autres 00 qui lui manque; c'est seulement par Pêchange, par la
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(5 il Roi., xvu, 28,38.
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mise en commun des produits que le bien‑être peut s'établir et l'abondance régner partout. Qui ne voit que pour cela la paix et l'union sont i mlisponsablesl Mais nous croyons aussi ÏU'il faut qu'il existe un peuplé qui soit comme l'intermédiaire entre les di­VerSeS nations et qUi~ sans être lui‑même producteur, soit cependant commerçant et en quelque sorte international, les marchandises de toutes centrées Rffluaut chez lui pont être ensuite dispersées par lui aux quatre coins du monde. Or c'est bien ainsi que le peuple juif apparait dans l'histoire et tel est également son rôle dans perdre moral, intellectuel et religieux. Le cosmopolitisme coin­merciait que l'on reproche à Israël et l'internationalisme dans le mauvais sens (tu mot dont, par ses deux chefs Marx et Lassalle, pou et l'autre Juifs de naissance, il est l1inspimte~ et dont on lui fait un crime, ne sont qu'une double application, l'une incom­plein et matérielle, l'autre ciel comprise on monstrueuse, si l'on veut, de sa véritable mission universelle ; la premiers est simple‑‑­ment l'image d'un cosmopolitisme plus élevé et plus fécond, celui des idées, et la accoudé, le socialisme international n~est que la contrefaçon grossière de l'alliance internationale qu'il est appelé àréaliser.
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Pour ce qui est de la religion, de même que pénils de Dieu se concilie avec les différents points de vue propres à chaque race Ri résulte même de ces diverses conceptions, de même aussi rumité religieuse da genre humain doit résulter, non pas de la condamnation absolue des religions ethniques, mais de,*Ilassimilation de tout ce qu'il y a de bon dans chacone d'elles avec le monothéisme sorti. tique. Celui‑ci est la base sur laquelle viennent Wagréger te" les éléments de vérité épars chez les
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Gentils, pour former enfin la re. ligion universelle à la constitution de laquelle l'humanité tout en. tiers aura coopéré.
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S'il est vrai de prétendre que chaque imité apporte son con­tingent à, la formation de la religion de Pavenir, il ne l'est pas moins d'affirmer qu'il existe déjà un germe, un contre d'imité sans lequel il y aurait une simple juxtaposition d'éléments et non point une organisation et un,dêvèloppement véritables. L'unité faste quo Port veut atteindre suppose une unité initiale et évolutive, car il n'y,a pas de fin sans principe. Israël, nous ne craignons pas de le répéter, est avec sa foi monothéiste ce centre religieux réces. saire. Il est également éloigné de la tolérance païenne qui accueillait indistinctement tous les dieux, sans avoir l'idée d'organiser, de
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L'MÊE DEA « SAMM ~ OU ANGES GARDIENS                                a73
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hi&archiser cette multitude de divinités, et de l'intolérance du un,
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tholicisme romain qui prétend monopoliser la vérité dans une Eglise
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hors de laquelle il n'y aurait pas (le Salut.
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      De la position centrale que le judaïsme occupe il est possible
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de juger impartialement ce qu'il y a de vrai dans les idées des
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philosophes Bayle, Voltaire, Rousseau, quand Ils proclament que
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toutes les religions particulières où l'on adore Dieu convenablement
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sont des institutions salutaires. Ce n'est pas, comme ils le (Usent,
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parce que le culte essentiel est le calte intérieur, celui du coeUI,
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oar'pour être de bonne foi toute croyance West point juste 1 , ni
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toute adoration légitime parc . a que Sincère, et Rousseau lui‑même
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demande qu'on adore Dieu couvenable~t, mais c'est parce que
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chaque peuple est appelé par son génie particulier à rendre hom.
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mage d'une manière spéciale à un certain aspect de la vérité.
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Le polythéisme, compris de cette façon‑là, change évidemment (le nature. De nos jours, un philosophe spiritualiste, Renouvier, An a donné uneformule acceptable, quand il place dans les régions supérieures de la nature et da monde spirituel diverses séries d'êtres qui, par l'intelligence et la puissance sont tellement au‑dessus de l'homme que eolui‑ci, en les appelant des dieux, ne fait qWobêir à au sentiment religieux spontané aussi ancien quo le monde, sans nuire pour cela à l'unité de Dieu, puisque Dieu reste au sommet de l'échelle des êtres surhumains comme le premier et le plus grand (le tous. Mais pour Ph~braïsme, Dieu n'est pas seulement le premier, Il est le soemnaire, la synthèse de toutes ces divinités; Il est la Vérité même, c'est‑à‑dire l'intelligence complète des choses résultant de tous les points de vue rêSnis.
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    Nous trouvons dans Cuethe Pidée de ces divers aspects sans
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lesquels on peut considérer le monde et aussi celle de distribution,
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d'appropriation (le ces aspects aux dilféronts esprits qui les son.
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tomplont: « Avec les besoins multiples de mon être, 6crit‑il dans
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une lettre A Jambi, je ne puis me contenter d'une seule façon de
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ponsoi. Comme artiste et comme poète, je suis polythéiste; Pan­
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théiste au contraire en tant que naturaliste. Ma personnalité d'homme
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moral exige‑t‑elle un dieu? je sais aussi où le trouver. Les choses du
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ciel et de la terre forment un règne si vaste que pour l'embrasser
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ce n'est pas trop do tous les organes de ta" les êtres réunis ».
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Goethe, dans ce portrait qu'il trace de lui‑même, nous apparaît
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comme la révélation d'un de ces hommes que nous avons appelés
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8ynthétiq~, parce qu'ils résument en eux‑mêmes la nature et les
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tendances d'on nombre plus ou moins grand de leurs semblables. Longtemps avant 10 PhilOsOPhA allemand, les Rabbins avaient dit, dans leur langage bongo, que Dieu apprit à Mules à voir duos chaque question ilnarante‑nouf côtés pour le sens affirmatif et quoi­~nte‑nelif pour ]A sens contraire, se réservant pour Lai seul la connaissance du cinquantième qui fait pencher la balance et dê~ termine la nature secrète des choses. On comprend aussi, et l'il­lustre pensent l'a (lit également à sa manière, que plus le sujet est vaste, plus le nombre de points de vas sera considérable. Mais uns outre fondamentale se trouve à la moine des choses, sans quoi l'harmonie ultérieure serait impossible et l'an peut affirmer «ell, est à la base même du théisme et du panthéisme, ces dons aspects (le la vérité entre lesquels l'esprit de Goethe flottait comme tant d'autres. Le polythéisme, qui pour lui ôtait un système général parmi d'autres systèmes, nous apparalt au contraire comme une col­lection d'aspects des attributs divins et non seulement il se conoeille ainsi avec le théisme pur et simple, mais il en est un des élôments.
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      Ce double principe (le la valeur relative des diverses concep­
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tiens de lUnivers et de la vérité rêstiltant uniquement de leur
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synthèse nous semble être au fond de la théorie des monades
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leibnitzionnes. La vie des monades consiste à réfléchir en elles­
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mêmes et à se reprêsenter le monde chacune illuire manière par­
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timiliêre. Da degré de cette représentation, ci est‑â‑dire de sa
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conscience plus ou moins profonde, dépend la perfection des mo­
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nades. Celles‑ci sont donc autant de mondes, de microcosmes,
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d'univers concentres ou de petits dieux. Telle est la pensée de Leib­
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nitz qui, par un développement naturel, se rencontre ainsi avec
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Pidée biblique des suriné comprise dans le sucs que nous lui avons
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attribuée. La vie des monades consiste par consêquent dans une
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continuelle et in6paisable, évolution de leur propre nature et Dieu
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est pour Leibuitz la Menado suprême, infini le, très parfaite, créa­
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telles et ordonnatrice de l'univers.
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On peut se demander si quelque vaste intelligence comme'celle, de Leibnitz on do Goethe, après avoir en l'intuition de l'unité fondamAntah, qui relie ces systèmes en apparence contradictoires, le panthéisme, le polythéismA, le monothéisme, ne trouvera pas un jour la formule qui exprimera cette secrète unité et l'harmonie qui en rêsifftera finalement dans l'évolution religieuse de l'humanité. Nous savons d'avance que cette formule ne fera que traduire en langage philosophique ce que la théologie hébraïque n'a cessé d'affirmer.
  
 
==References==
 
==References==

Revision as of 11:56, 12 November 2009

Harmonie du Monothéisme et du Polythéisme.


Nous avons vu ce que le Judaïsme pense des dieux païens qu'il nomme sarim. Il nous reste J, examiner maintenant ce que les païens eux‑mêmes croyaient de leurs dieux, afin de constater si les deux notions concordent entre elles. Si paradoxale que pa. raisse au premier abord la conclusion à, laquelle nous fera aboutir cette étude, elle neu exprime pas moins une grande vérité.

La première rêflexion qui se présente à l'esprit, c'est que les dieux du paganisme étaient, dans la pensée de leurs adorateurs, des divinitês locales et nationales, ce qui répond exactement àl'idée que l'hébraïsme se fait des sarim. Assurément on ne peut pas s'attendre à, trouver dans le polythéisme la conception d'une unité supérieure, non plus que l'organisation religieuse que cette croyance aurait produite en réglant intelligemment les rapports mutuels des différents dieux. Toute la notion encore rudimentaire que Io paganisme avait de cette unité fondamentale se bornait àl'idée d'vu dieu suprême national, dans lequel les divinités parti­entières des tribus, des villes et des familles trouvaient leur centre, de même que se réunissaient pour PhébraïsmA fous les divers dieux de ilbn~nitê dans le souverain Dieu d'Israël. Mais cette conception juive d'un monde uni sous le sceptre d'un seul Dieu, quoique gouverné dans ses différentes Parties Par des sa", des anges particuliers qui ne sont que le génie même des divers peuples, était étrangère aux païens, du moins sous cette forme synthétique, unitaire et morale. L'astrologie des anciens en avait vaguement entrevu quelque chose, lorsque par l'organe d'Hipparque elle faisait présider chaque constellation du modiaque, ainsi que la planète dont elle était réputée le siège, au gouvernement de vastes régions. Plotin, au quatrième livre de ses Ennêades, nous parle du démon qui mus a reçus, pour sa part, ou, selon une autre traduction du ebènon que nous avons reçu sa Partage. Quel que soit d'ailleurs le sens adopté, il est au fond éminemment conforme à, l'idée hébraïque, d'après laquelle,. comme nous l'avons vu, les peuples sont partagés entre les dieux, ce qui suppose une humanité unique et une puis. sauce suprême qui opère le partage.


26S DIEU


Mais ici se présente eue question d'une extrême gravité. Nous avons dit que cette idée liaisons reproduite par Plotin ne con­tredit nullement le monothéisme, puisque pour les Juifs tante forme de polythéisme était un culte que chaque peuple rendait àun aspect particulier de bleu unique et nous avons même insinué que cette adoration partielle de l'un des aspects on attributs divins de la part (les différentes nations était dans l'ordre et dana, l'écu­nomie providentielle. S'ensuit‑il donc qu'il faille admettre la lëgi­timitê du polythéisme? A cela nous répondons qu'on ne doit pas confondre le polythéisme avec la conception du Dieu unique sort­sage de différentes façons, système qui domine dans l'antique tradition juive comme dans l'idée que les Rabbins se sont faite plus tard de la Révélation elle‑même. Un corps a des faces nom­breuses et le polygone peut être contemplé tour à tour sous chacun de ses angles particuliers. C'est pourquoi les docteurs ont dit que la Loi a soixante‑dix faces, qu'ëik, offre un aliment différent pour chacun et qu'elle compte soixante myriades de commentaires (% elest,â‑dire autant de commentaires qu'il y out d'israélites pour L recevoir au pied du Sinaï; seulement la 7~,aditïon qui représente l'opinion de pEglise, autrement dit de la collectivité religieuse, est la pont marquer les limites et harmoniser les divers points de rue individuels. Ainsi en est‑il de l'idée divins dans l'humanité: c'est une lumière qui se réfracte dans un prisme. Chaque peuple réfléchit un des rayons et Israël est au contre; de lui les rayons écument, vers lui ils convergent et c'est lui par conséquent qui on "sure l'unité.

En quoi donc la vérité diffère‑t‑ellA de Perreurl En ce qu'elle tient compte de 11noitê qui relie tous ces rayons en un faisceau unique. Les païens ne la reconnaissaient point et c'est pour cela qu'ils étaient polythéistes, tandis que les Juifs la professaient expressément et sauvegardaient ainsi le monothéisme. Il n'est pas douteux qu'Israël n'eût reconnu comme monothéiste tout païen qni aurait admis cette unité et qu'il n'eût pas exigé de lui davant.ge. Mais il ne se contentait pas de "la pour lui‑même, car non seule. ment il enseignait que les multiples points de vue religieux exisfatit dans le monde ont un contre, une unité, mais encore il adorait cette unité elle‑même et ne pouvait adorer qu'elle seule, puisqu'il voyait en elle la plênituâ, de la Divinité. Pour lui, les dieux des


L'IDÉE DES ~ SAUVa ‑ OU ANGES U~RWENS 20

nations, sans être à proprement parler des faux dieux ou de vaines idoles, du moment que chacun d'eux représentait à %es yeux un aspect ou un attribut du vrai Dieu, étaient cependant faux en ce sens qu'ils étaient incomplets; en adorer au, c'eût été pour les Israélites amoindrir l'idée qu'ils se faisaient de leu, Dieu, en qui toutes les divinités partielles atteignaient leur perfection; c'eût été commettre une absurdité, comme serait celle de vouloir ajouter une petite partie distincte au tout, qui déjà les renferme toutes sans exception, en même temps qWun sacrilège, puisque à côté de l'Almelo, de VInfini, objet spécial de leur foi, ils auraient ainsi placé le fini et le relatif. Adorer tous ces dieux séparément et distinctement, comme faisaient les paiens, c'était mêeonnaïtr, parité et tomber dans un véritable polythéisme, mais les regarder tous an contraire conjointement comme autant déléments d'nue unique et suprême Divinité, c'était la le vrai monothéisme universel, huma­nitaire, le monothéisme de la Kabbale en qui &~hmmonisent l'unité et la pluralité et qui s'adapte ainsi à, la fois au génie sémitique et au génie aryen. Ce monothéisme4à qui est celui de Pavenir, celui de l'humanité tout entière, sémites et Aryens, Israël et Gentilitê, ne peut se constituer définitivement qu'au contact de cos deux génies, en travaillant d'abord d'une manière latente àles rapprocher l'un de Ventre, font triompher enfin dans le monde comme le signe et l'effet même de ce rapprochement.

Mais le monothéisme d'Israël, son Dieu national, local, si l'on peut s'exprimer ainsi, la part qui lui est échue en héritage, c'est P,mité elle‑même, le lien destiné à réunir tous les éléments de l'idée divine disséminés partout, unité qui contenait en germe tous ces éléments, mais dont les Israélites ne devaient prendre réellement conscience que depuis la dispersion et grise aux nouvelles condi­tions d'existence que celle‑ci devait leur apporter. Alors en effet, par faction et la réaction réciproques des Israélites et des Gentils, l'idée ïPuaité et celle de pluralité allaient se trouver en présence et an, pénétrer mutuellement; les premiers offraient la synthèse et les seconds, Paualyse; ceux‑là, le point central de la foi religieuse et ceux‑ci, son développement, qui n7eSt lêgit!MO que lorsquIt part de ce centre et y retourne comme à son terme.

De lâ cette conséquence que la croyance du païen était parfai­tement juste des quCil reconnaissait en son dieu un aspect partiel de la Divinité dont Israël adorait la plénitude et que ce qui ont été un sacrilège pour le Jui~ à savoir l'association d'un autre dieu


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à son Dieu national, n'eu était nullement un pour lui. En effet, comme il n~était pas doué ainsi qu'Israël de l'intuition de l'imité, toute association de ce genre, a, lie, d'altérer sa foi religieuse, ne faisait que la rapprocher davantage de la conception du vrai Dieu. Puisqu'il ne possédait qu'ont, partie de la vraie notion de la Divinité, toute notion complémentaire qui venait s'y ajouter, os pouvait que perfectionner sa croyance. Les polythéistes Wavaient, dans leur système, d'autre moyen d'arriver a, monothéisme que de ne point restreindre arbitrairement leur principe de pluralité divine; leur Panthéon ne devait être logiquement formé à aucun dieu et le jour où toutes les diviraitês y eussent ère admisse, ces dieux multiples finalement se seraient pour ainsi dire fondus cri un dieu unique.

Si Pon veut bien nous pardonner une comparaison indigne d'an pareil sujet, nous dirons qu'il en est ainsi des corps simples né­cessaires dans une combinaison chimique, lesquels restent à Fêtat de &agrégation, tant qu'ils ne sont pas tous réunis. A peine se trouvent4ls tous en contact que la combinaison s'opère; les campe­saute disparaissent et à leur place apparaît cela! qui les contient tous dans sa s"thêse~ Quel est donc le secret de la formation du corps composé? C'est un lien invisible, une sorte d'affinité élective, une unité cachés qui préexiste à la combinaison elle‑même et dont la force potentielle devient actuelle, dès que les conditions exté. rieures le permettent.

Peut‑être comprendra‑t‑on mieux maintenant la maxime rabbi­nique aussi extraordinaire que précieuse que nous avons eu déjâ l'occasion da citer: ~ Il n'a pas été interdit aux Gentils (Noachides) d'associer (au Dieu unique un autre dieu) » ('). C'est ainsi que Naaman obtient d'l'ilisêe la permission de faire acte diadoration, àRimmon, le dieu du roi de Syrie son mettre (~) et que, dans l'his­toire des colonies transportées au pays d'Israël par le roi d'As­syrie, celui‑ci, sur les conseils qui lui furent donnés, implanta le culte du Dieu des Juifs à côté de celui des anciens dieux: ~ Va des prêtres qui avaient été emmenée captifs de Samarie vint s'établir à Béthel et leur enseignas comment ils devaient craindre PEternel (tétragramme)... Ainsi ils adorèrent PEternel; et ils servaient en


(1) 1111V.11 Sv ririti XS ni = voir sanhédrin T111plot 64,2. R. Moc1~

Luserks dans ~ hava, eh, 156, Aroseh oint tàmW~ 156, (1) ', lacis, ', 18‑19.


L'IDÉF DES 1 GARES » OU ANGES GARDIENS 271

même temps Irons dieux d'aptes la coutume des nations d'où on tes ~avait transportée » (').

Mais? dir~t~On1 s'il est admissible que le gentil a~samie 10 culte d'eh dieu particulier à celui d'une autre divinité nationale on le­rate, comment expliquer que ce patte spécial puisse être associé àcelui du Dieu d'Israël qui est la plénitude de la divinité? Il ne s'agit plus alors pour le païen de se rapprocher de plus en plim de la vérité par l'addition de notions complémentaires, puisqu'il est censé converti au ])leu qui est la Vérité même. Cette tOI6­rance du judaïsme s'explique par le fait que pour lui chaque peuple est particnliêremeiit porté à envisager un aspect déterminé de la Divinité et qu'm, dehors des Sémites, et surtout d'Israël, tous sont plus ou moins rebelles à la conception unitaire. Aussi tant que le païen ne se,couvertit pas parement et simplement au judaïsme, tact qu'il reste païen on même prosélyte de la parle, sa foi eli­gliales est bien loin d'avoir la pureté de celle du monothéiste de naissons et c'est par conséquent une nécessité pour lui dosier de la liberté spirituelle qui lui est laissée et, faute de Vidée d'une perfection absWae~ de chercher à, compléter son idéal en acceptant toutes les perfections relatives qu'il est capable de concevoir.

Ce qui est absolument nécessaire pour la constitution du me­nothoisme de l'humanité, c'est que les Gentils vivent Su com­munion religieuse avec Israël, cm si celui‑ci est le centre de Poché et si chaque peuple a une tendance naturelle à ne voir qu'un seul côté de la vêrité~ qu'un rayon du cercle, il est clair que pour vivre dans la vérité religieuse et ne point contrecarrer les lois de soli développement ultérieur, il faut être oriente vers le centre d'où partent tous les rayons et auquel tous retournent. Velu comment la connaissance et la pratique de la vraie religion ne vont point sans les rapports pacifiques et la communion spirituelle entre les nations et comment porc messianique sera à la fois une listage. mess religieuse et une palingênèse sociale, l'unité se trouvant réa­Usée sur la terre comme gage et condition de Ponts dans le ciel.

Il se produit dans le domaine religieux quelque chose d'ana­logue à ce qui se passe dans l'ordre économique. Chaque pays, chaque race Wu que des ressources limitées; un peuple ne peut vivre, prospérer et se développer qu'autant qu'il emprunte aux autres 00 qui lui manque; c'est seulement par Pêchange, par la


(5 il Roi., xvu, 28,38.


mise en commun des produits que le bien‑être peut s'établir et l'abondance régner partout. Qui ne voit que pour cela la paix et l'union sont i mlisponsablesl Mais nous croyons aussi ÏU'il faut qu'il existe un peuplé qui soit comme l'intermédiaire entre les di­VerSeS nations et qUi~ sans être lui‑même producteur, soit cependant commerçant et en quelque sorte international, les marchandises de toutes centrées Rffluaut chez lui pont être ensuite dispersées par lui aux quatre coins du monde. Or c'est bien ainsi que le peuple juif apparait dans l'histoire et tel est également son rôle dans perdre moral, intellectuel et religieux. Le cosmopolitisme coin­merciait que l'on reproche à Israël et l'internationalisme dans le mauvais sens (tu mot dont, par ses deux chefs Marx et Lassalle, pou et l'autre Juifs de naissance, il est l1inspimte~ et dont on lui fait un crime, ne sont qu'une double application, l'une incom­plein et matérielle, l'autre ciel comprise on monstrueuse, si l'on veut, de sa véritable mission universelle ; la premiers est simple‑‑­ment l'image d'un cosmopolitisme plus élevé et plus fécond, celui des idées, et la accoudé, le socialisme international n~est que la contrefaçon grossière de l'alliance internationale qu'il est appelé àréaliser.

Pour ce qui est de la religion, de même que pénils de Dieu se concilie avec les différents points de vue propres à chaque race Ri résulte même de ces diverses conceptions, de même aussi rumité religieuse da genre humain doit résulter, non pas de la condamnation absolue des religions ethniques, mais de,*Ilassimilation de tout ce qu'il y a de bon dans chacone d'elles avec le monothéisme sorti. tique. Celui‑ci est la base sur laquelle viennent Wagréger te" les éléments de vérité épars chez les

Gentils, pour former enfin la re. ligion universelle à la constitution de laquelle l'humanité tout en. tiers aura coopéré.

S'il est vrai de prétendre que chaque imité apporte son con­tingent à, la formation de la religion de Pavenir, il ne l'est pas moins d'affirmer qu'il existe déjà un germe, un contre d'imité sans lequel il y aurait une simple juxtaposition d'éléments et non point une organisation et un,dêvèloppement véritables. L'unité faste quo Port veut atteindre suppose une unité initiale et évolutive, car il n'y,a pas de fin sans principe. Israël, nous ne craignons pas de le répéter, est avec sa foi monothéiste ce centre religieux réces. saire. Il est également éloigné de la tolérance païenne qui accueillait indistinctement tous les dieux, sans avoir l'idée d'organiser, de


L'MÊE DEA « SAMM ~ OU ANGES GARDIENS a73

hi&archiser cette multitude de divinités, et de l'intolérance du un,

tholicisme romain qui prétend monopoliser la vérité dans une Eglise

hors de laquelle il n'y aurait pas (le Salut.

     De la position centrale que le judaïsme occupe il est possible

de juger impartialement ce qu'il y a de vrai dans les idées des

philosophes Bayle, Voltaire, Rousseau, quand Ils proclament que

toutes les religions particulières où l'on adore Dieu convenablement

sont des institutions salutaires. Ce n'est pas, comme ils le (Usent,

parce que le culte essentiel est le calte intérieur, celui du coeUI,

oar'pour être de bonne foi toute croyance West point juste 1 , ni

toute adoration légitime parc . a que Sincère, et Rousseau lui‑même

demande qu'on adore Dieu couvenable~t, mais c'est parce que

chaque peuple est appelé par son génie particulier à rendre hom.

mage d'une manière spéciale à un certain aspect de la vérité.

Le polythéisme, compris de cette façon‑là, change évidemment (le nature. De nos jours, un philosophe spiritualiste, Renouvier, An a donné uneformule acceptable, quand il place dans les régions supérieures de la nature et da monde spirituel diverses séries d'êtres qui, par l'intelligence et la puissance sont tellement au‑dessus de l'homme que eolui‑ci, en les appelant des dieux, ne fait qWobêir à au sentiment religieux spontané aussi ancien quo le monde, sans nuire pour cela à l'unité de Dieu, puisque Dieu reste au sommet de l'échelle des êtres surhumains comme le premier et le plus grand (le tous. Mais pour Ph~braïsme, Dieu n'est pas seulement le premier, Il est le soemnaire, la synthèse de toutes ces divinités; Il est la Vérité même, c'est‑à‑dire l'intelligence complète des choses résultant de tous les points de vue rêSnis.

    Nous trouvons dans Cuethe Pidée de ces divers aspects sans

lesquels on peut considérer le monde et aussi celle de distribution,

d'appropriation (le ces aspects aux dilféronts esprits qui les son.

tomplont: « Avec les besoins multiples de mon être, 6crit‑il dans

une lettre A Jambi, je ne puis me contenter d'une seule façon de

ponsoi. Comme artiste et comme poète, je suis polythéiste; Pan­

théiste au contraire en tant que naturaliste. Ma personnalité d'homme

moral exige‑t‑elle un dieu? je sais aussi où le trouver. Les choses du

ciel et de la terre forment un règne si vaste que pour l'embrasser

ce n'est pas trop do tous les organes de ta" les êtres réunis ».

Goethe, dans ce portrait qu'il trace de lui‑même, nous apparaît

comme la révélation d'un de ces hommes que nous avons appelés

8ynthétiq~, parce qu'ils résument en eux‑mêmes la nature et les

                    I~a1 a B ... Ùë~ ‑ il.


274

tendances d'on nombre plus ou moins grand de leurs semblables. Longtemps avant 10 PhilOsOPhA allemand, les Rabbins avaient dit, dans leur langage bongo, que Dieu apprit à Mules à voir duos chaque question ilnarante‑nouf côtés pour le sens affirmatif et quoi­~nte‑nelif pour ]A sens contraire, se réservant pour Lai seul la connaissance du cinquantième qui fait pencher la balance et dê~ termine la nature secrète des choses. On comprend aussi, et l'il­lustre pensent l'a (lit également à sa manière, que plus le sujet est vaste, plus le nombre de points de vas sera considérable. Mais uns outre fondamentale se trouve à la moine des choses, sans quoi l'harmonie ultérieure serait impossible et l'an peut affirmer «ell, est à la base même du théisme et du panthéisme, ces dons aspects (le la vérité entre lesquels l'esprit de Goethe flottait comme tant d'autres. Le polythéisme, qui pour lui ôtait un système général parmi d'autres systèmes, nous apparalt au contraire comme une col­lection d'aspects des attributs divins et non seulement il se conoeille ainsi avec le théisme pur et simple, mais il en est un des élôments.

     Ce double principe (le la valeur relative des diverses concep­

tiens de lUnivers et de la vérité rêstiltant uniquement de leur

synthèse nous semble être au fond de la théorie des monades

leibnitzionnes. La vie des monades consiste à réfléchir en elles­

mêmes et à se reprêsenter le monde chacune illuire manière par­

timiliêre. Da degré de cette représentation, ci est‑â‑dire de sa

conscience plus ou moins profonde, dépend la perfection des mo­

nades. Celles‑ci sont donc autant de mondes, de microcosmes,

d'univers concentres ou de petits dieux. Telle est la pensée de Leib­

nitz qui, par un développement naturel, se rencontre ainsi avec

Pidée biblique des suriné comprise dans le sucs que nous lui avons

attribuée. La vie des monades consiste par consêquent dans une

continuelle et in6paisable, évolution de leur propre nature et Dieu

est pour Leibuitz la Menado suprême, infini le, très parfaite, créa­

telles et ordonnatrice de l'univers.

On peut se demander si quelque vaste intelligence comme'celle, de Leibnitz on do Goethe, après avoir en l'intuition de l'unité fondamAntah, qui relie ces systèmes en apparence contradictoires, le panthéisme, le polythéismA, le monothéisme, ne trouvera pas un jour la formule qui exprimera cette secrète unité et l'harmonie qui en rêsifftera finalement dans l'évolution religieuse de l'humanité. Nous savons d'avance que cette formule ne fera que traduire en langage philosophique ce que la théologie hébraïque n'a cessé d'affirmer.

References