INTRODUCTION
 
Tout le monde s'accorde à dire que nous traverrsons une grande crise religieuse, mais on ne remarque pas sauf généralement que celle‑ci se présente BOUS un triple aspect. En effet, ait conflit entre la religion et la science qui est à pétât aigu et dont, par conaé­quent, on se préoccupe davantage, s'ajoutent l'antagonisme des re. ligions entre elles et le travail cV6volution qui slopêre simulta, nément au sein de chaque Billise.
 
La lutte entre les religions a commencé avec le christianisme. Avant quqI proclamât le Dieu unique et une seule foi pour toute l'humanité, chaque peuple avait ses dieux particuliers et recon. naissait Pempire légitime des divinités étraugitres sur les autres contrées; bien loin de chercher à en supplanter le culte comme faux et impi~, il croyait que le devoir de chaque nation était d'adorer les dieux qui présidaient à ses destinées. Avec le abri­etiani8me au contraire, et c'est son plus grand titre de gloire, il n'y a plus qu'une acide religion qui puisse procurer ‑le salut et tout autre culte devient sacrilège.
 
Mais si cette nécessité d'unité religieuse ut comprise de tous, l'accord ne s'est pourtant pas fait sur le choix de la véritable re, ligion. Aprês avoir triomphé de Fantique paganisme, le christia­nisme n'est pu encore parvenu à convertir à ses croyances tous les membres de la famille humaine. Nous ne parlons pas du grandes religions de l'Orient et des religions païennes qui subsistent encore dans les autres parties du monde. Bien que le nombre de leurti
 
 
4 INTRODUCTION
 
 
adhérents surpasse de beaucoup celui de toutes les Eglius chr6. tiennes réunies, il n'est pu douteux qu'elles ne soient depuis longtemps en plaine décadence et que leur influence ne sait nulle ou fort restreinte; os West pas à elles que Pavenir appartient. Les religions, qui comptent, ce saut celles qui sont issues de Ph6. braisons; nous ne dirons pas, comme on le fait d'ordinaire, lunes de la Bible, pares qu'elles sortent vraiment de V hébraïsme tout entier, Bible et Tradition, et parce que leur vitalité, leur activitê présente et leur avenir dépendent autant de ce qu'elles doivent àla Tradition que de ce qu'elles doivent à la Bible, peut‑être même davantage. Malheureusement ces filles de la même mère sont loin de slentendre, et clest ainsi quà Pantagouleme entre la civilisation moderne et la religion vient sajouter miel des religions entre elles.
 
Du moins la paix Mga~t‑elle dans chacun de ces différents cultut Nullement. Des tendances diverses travaillent incessant­ment à troubler Pharmacie intérieure des EgliBes. Partout où une autorité extérieurs Wimpose pas silence aux voix discordantes, les divergences os manifestent au grand jour; elles étalent librement lents professions de foi dont le nombre ne cesse de sa multiplier. Telle est la division des esprits en matière religieuse qu'on en est wrivé à considérer comme Panique "lotion possible Pabsence de toute croyance dogmatique, c'est‑à‑dire qu'on fait tut gage de con. moede de es qui est précisément la preuve la plus manifeste de la désunion et du morcellement spirituel.
 
Dans les Eglises mêmes où une autorité s'oppose à toute vol. Mité d'indépendance, l'unité n'est qu'apparente. Ou se tai4 on se réfugie dans l'équivoque, on se soumet, mais en réalité on ne s'entend pae. Il arrive aussi parfois que la proclamation de non. veaux dogmes pousse hors de Il Egliu des hommes qui en étaient naguère encore lu membres les plus dévoués. Et ces nouveaux dogmes eux‑mêmes, que sont‑ils, sinon des variational Variations consacrées par Pautorit6 suprême et présentées par elle comme de simples déflnitions, mais qui Won révèlent pas moins des modifl­rations profondes survenues dans l'état des croyanuls, avec cette particularité que les organes officiels qui proclamant ces dogmes, sanctionnent des innovations, au moment même où ila prétendent assurer Pimmutabilité de la foi. Ainsi la crise intérieure du Eglieu achève de compliquer les deux autres confite.
 
Mais au fond, nous l'avons dit, il s'agit dlatte unie et même crise, qui n'ut pu autre chose que la lutte entre la foi et la
 
 
=ROIWOMON 5
 
 
raison, sait que en voulant juger le monde et la société,
 
as trouve a~ prises avec les croyaum traditionnelles, soit qu'elle
 
se mette à étudier, à la lumière de la critique historique, de Fex&
 
gêse et de la science, les prétentions contradictoires des diverses
 
religions, soit colin qu'on travaillant au sein même de chaque
 
Eglise, elle y provoque le libre examen et~ incapable de se con.
 
tenter des anciennes formules, pousse les esprits à en rechercher
 
de nouvelles qui lui permettent de es réeonailier avec la foi.
 
 
IL
 
 
La mise une fois constatée, on se demande quelle en sers, l'issue. La rupture depuis longtemps commences entre le ciel et la terre, Vidéal religieux et la réalité historique, sera‑t‑elle con. sommée pour jamaiel Le combat gêoulai» entre les formes rivales que la religion hébraïque a revêtues n'a~t‑il qu'un résultat pu­rement négatif et la raison humains devra‑t‑elle prononcer leur commune déchéancel En d'autres termes nommes‑nous à la veille de voir le monothéisme juif convaincu d'impuissance sous ses trois formes, hébraïque, chrétienne et musulmane, et balayé de la fâce de la terre comme le polythéisme l'a été il y a dix‑neuf siêclest Et cette hypothèse se vëriflânt, que mettra‑t‑on. à sa placet Serace le rationalismel Oe n'est pas ici 16 lien de discuter à fond la pas. aibilitê de cette substitution. On a écrit ou V inzaffisancs du ra, tionalisme par comme religion bien des pages érudites. On a montré avec raison qu'il ne saurait jamais être la religion du grand nombre et «il cet incapable de satisfaire les besoins du coeur humain. BWs une étude plus attentive nous ferait découvrir sans peine des arguments plus sérieux encore, plus philosophiques, plus profonds.
 
On venait en effet que la Religion, adoration et culte de l'Abmln, ne peut être un simple produit de l'esprit humain; son rôle étant de contenter la raison, de lui ouvrir des horizons inconnus et de l'initier à me vie supérieure, Il faut, Po" être Pezpmeu'OR de la vérité totale, qu~eUe embrasse non seulement tout Pensemble des choses Intelligibles, mais encore os côté mystérieux de péter. nelle existence qui surpasse et surpassera toujours nos sens et nos facultés, autrement dit il faut qu'elle soit révélée. On vomit que toute religion rationaliste, nécessairement changeante comme
 
 
6 MTROMICTION
 
la raison elle‑même dont elle émanerait, est une impossibilité, eu Padoration implique la croyance inébranlable que son objet est la vérité immuable, sans quoi ce serait une adoration toute provi­soire et l'on a quelque peine à se représenter Il humanité prosternée devant mi autel qu'elle aurait la certitude de voir renversé demain.
 
Qu'on ne se méprenne pu cependant sur notre pensée; nom ne voulons pas dire que la Révélation eue fois admise, Fesprit humain se trouve pou toujours arrêté dans sa marche et qu'il nlait pai à étudier de plus eu plus, soit la nécessité de cette rêvé­lotion, soit le sens et la portée qul il lui faut attribuer, de même qu' il a à examiner aussi les titres et la valeur des diverses rêvé­lotions qui réclament son adhésion religieuse. Nous affirmons Roule­ment qWau sein d'me religion révélée, l'esprit humain croit adorer la vérité absolue, taudis qu'il est de Ilessence d'une religion ra, tionaliste de ne permettre aucune confiance, de ce genre et de nloffrir à ses fidèles que des abris momentanés. L'histoire est là, d'ailleurs pour nous prouver que tous les essais de cultes purement rationalistes ont sombré "ne l'impuissance et le ridicule et que la nécessité d'une religion révélée es fonde aussi bien su la na, turc de Ilbomme que sur celle de Dieu.
 
Aurons‑nons donc un nouveau Sinan Une Loi nouvelle nous viendra‑t‑elle, du ciell Il n'est personne qui attende de ce côt6‑lâ le salut de Phmmitê. Ceux qui croient aux révélations anciennes ne pensent pas pouvoir sans infidélité en espérer une nouvelle et ceux qui n'y veulent voir que des légendes ne muaient admettre aujourd'hui la possibilité de ce qWils aient dans le passé. D'autre part, les penseurs indépendants, tout en admettant le principe et la nécessité Wmm Révélation, "nt bien loin de considérer celle‑ci à la manière des simples comme un phénomène miraculeux dé­taché de la vie,. du développement historique de Il humanité, sans aucun lien avec l'organisation psychologique de la nature humaine. Ils comprennent que la Révélation, si elle exi8tû~ ne peut être queunique, comme cette autre révélation matérielle qui est la nw turc et qu'elle doit être, comme cûIle~i, immuable. Ils savent enflu qu'elle 'n'est possible qu'au début de l'humanité, ou une faculté toute spéciale, la spontanéité, fonctionne, à ces premiers âges, en religion comme dans toutes les branches de l'activité humains; elle ces" ensuite pour ne plus revenir, lorsque la vie spirituelle et matérielle est soin établie sur ces bases. Les seules traces de cette faculté primitive, dernières lueurs d'on flambeau qui s'éteint,
 
 
I~DUcTION 7
 
nous apparaissent plus tard, à de très mus intervalles, chez ces êtres à part qui, dans l'état adulte de l'humanité, semblent con­server les privilêg~ de son enfance, ou qui, du sommet où les place leur exceptionnel génie, voient poindre à l'extrême horizon l'aube des créations nouvelles.
 
. Si donc il Wy a pins de révélation à attendre à notre époque, s?iI ne faut plus compter ni sur le judaisme, ni sur le christia, clama on Pislamisme, si la raison toute seule est incapable de créer un culte durablê~ quel sera l'avenir religieux de l'humanité? Se pasBera,t‑elle de toute religiont Nous serions surpris qu'il se ren. contrât encore quelques esprits sérieux capables d'admettre la pas. sibilitë deune, telle solution et de la croire définitive.
 
Soit que Von ait la foi, soit que l'on ne veuille voir "na les
 
croyances religieuses qu'une décevante illusion, personne en effet
 
ne songe à nier cet instinct puissant qui pansu tout être pensant
 
à adorer quelque chou de supérieur. 0monnut donc parviendra‑ton
 
à donner satisfaction à cet instinc4 Pun des plus forts Sans e«»~
 
tredit et~ selon la direction qu'oe lui imprime, Pua des plus fê.
 
coude de notre espècel Le genre humain se ve~aîtAI condamné,
 
dans la fonction la plus sublime de sa constitution spirituelle, à
 
une Soif inapaisée et la nature nIaurmt~elle enfanté la plus parfaite
 
do Bes créatures que pour Ilmeujétir à une révoltante contradiction
 
dont aucune autre de Boa oeuvres u~offre le moindre exemplal Et
 
quel Som le sort de Phomme ainsi mutilêl que deviendront les
 
institutions sociales qui toutes ont à leur base un principe fourni
 
par la science par excellence, qu'on l'appelle la métaphysique ou
 
la religiont On a dit à très juste raison que la métaphysique n'est
 
que; de la théologie en robe courts; elle ne gardera pas long­
 
temps droit de cité, aprêa que la religion proprement dite aura
 
été définitivement congédiée. Le malheur est que le droit, la justice,
 
la beauté morale, la vertn~ la liberté, llbêwïsme~ le sacrifice ne
 
"nt pas autre chou que de la métaphysique en pratique ‑ et Von
 
ne voit pu en vérité comment de telles notions pourront encore
 
être con~é«, quand on en aura tari Punique source.
 
Assurément tout le monde n'apergoit pas immédiatement la résultat final d'un principe posé. La Société a une telle force d%iertie qu'il faut toujours plus ou moins de temps pour que les transformatiom; opérées pu les idées qu'elle accepte apparaissent enfla dans toute leur étendue, mais la logique tire toujours à la longue les conséquences des prémisses. Déjà même certains libres
 
 
8 fflTfflDUCnON
 
 
penseurs ont pris hardiment leur parti de voir la morale dhipa, rattre avec la métaphysique et céder la place à l'intérêt personnel comme unique rêgle de conduite. Ainsi s'enchaînent fatalement les négâtions~ précipitant les hommes sans religion jusqu'au bord deun abîme deoù l'oeil recule épouvanté.
 
On se demande donc von qui se tournera l'humanité, quand elle sera rejeté comme surannés tous les cultes traditionnels et que, néanmoins, le besoin de religion se fera de plus en plus Ira. pêrieusement sentir. Pour résoudre ce problème une double re>, cherche est nécessaire et nous y convions maintenant nos lecteurs.
 
 
IIL
 
 
Toutes les religions, que la libre pensée proclame aujourd'hui
 
déchues, ont‑elles fait Iowa preuves dlane manière complots, et en
 
second lieu, est‑ce bien comme religions universelles qu'elles ont
 
exercé leur action dans l'histoire? En ne qui concerne le elcristis,
 
aime et Vislamieme, cela n'est Pas douteux. Or ces deux religions
 
ayant présenté pour ainsi dire une double version d'un même or!.
 
ginal, Phêbraîsme, puisque l'une et l'autre a prétendu réaliser la
 
véritable religion d1araël, il semble que oef"i se trouve à son
 
toute et w le fait même, doublement convaimme d'impuissance.
 
Il n'en es * t rien cependant. Si le christianisme et l'islamisme ont
 
donné au monde tout ce que ils étaient susceptibles de lui apporter,
 
on n'en peut pas dire autant du judaïsme traduit par eux de la
 
faÇOIR la Plus infflmplête et la plus défectueuse. On ne somrait
 
prétendre surtout que le judaïsme ait jamais fait ses preuves sens
 
Paspect de religion universelle. Mais le judaïsme est‑il une religion
 
universellet
 
A cette question répond un fait vraiment unique dans Phistoire r0liglOuss, trop méconnu cependant et que nos modestes efforts tondront à mettre en lamiêre: c'est que la judaïsme a donné neds. sauce à, deux puissantes religions qui, dès leur apparition, n'est aspirê à rien moins qu'à convertir le genre humain tout entier. Peut‑on soutenir que cette tendance commune au christianisme et à l'iglamiOmO soit étrange" à la religion juive, mère de l'un et de Pautrel Où donc auraient‑ils puisé ce principe inconnu à vmti. quilA POlithëigt$ et contraire à son gëuiel Serait‑ee chez las phi. losophest Obacun mit que les fondateurs de cas deux religions
 
 
1WRODUCUON 9
 
n'ont point cherché auprès d'aux leurs inspiratione. Se pourratwL quUls le possédassent comme un bien propre dont ils ne seraient redevables à personnel Mais en es cas on ne voit pu comment, avec des aspirations entièrement nouvelles, ils auraient pu se donner pour les représentants authentiques, pour les légitimes héritiers du jadalame, déclarent solennellement, comme ils l'ont fait l'un et poutre, que leur rôle me bornait à réaliser ses promesses. Il est àpeine besoin d'ajouter que tout, daim la vie de Unes comme dans colis de Mahomet, S'oppose à cette hypothèse d'une conception or!. glands an détachent du fond commun. Veilleurs le génie lui‑même a besoin Wune culture appropriée et de circonstances favorables pour S'élever à de telles hauteurs et si Vid6o première de cet empire universel don âmes n'avait point existé en Israël, c'ut en vain que des hommes, si grands qu'ils fassent, Pueraient prêchée; ils n'auraient trouvé ni apôtres pour propager leurs doctrines, ni fidèles pour les embrasser. On ne peut pas dire que ce principe, mal défini au débu4 s'est peu à peu précisé comme toutes les conceptions nouvelles, après eue longue période d'évolution, car pour ne parler que du christianisme, dont Fialamisme plus tard n'a fait que suivre l'exemple, il est certain que mon ardeur de prosélytisme les poussé de suite vers les Gentils aussi bien que vers les Israélites.
 
Si le jndaisme Wavait été qu~un culte purement national comme ceux des peuples polythéistes, qui du moins, nous l'avons dit, n'excluaient point les dieux rivaux, il n'aurait pu donner naissance à deux religions aux aspirations vraiment universelles. Mais il est bien plus absurde encore de supposer qu'avec sa foi au Dieu unique il pouvait se désintéresser du sort de Pbmmitê, mi bien que J6sus et Mahomet auraient été obligés de chercher ailleurs que chu lui V idée d'une seule religion pour tous les hommes. Car si l'on peut admettre qWun dieu local devienne à la longue, en triomphant de us concurrents, le Dieu universel dans la pensée de su adore­leurs, il est absurde d'imaginer un Dieu unique qui se serait at­taché exclusivement une meule nation en rejetant irrévocablement roue les autre 8 peuples.
 
Mais alors, nous dira,t‑on, qu'est‑te que cette substitution de la Gentilitê à Israël proclamée par le christianisme au moment où il se, sépare définitivement du jadvIsme 1 N'est‑ce pas la foi chr6­tienne et universelle qui prend la place de la foi juive et natio­nalet Non, cut la rupture de Pasaoriation de deux idées qui
 
 
10 n~DUCWION
 
 
n,avaient jamais cessé de coexister chez les juifs, ù,est le sacrifice de la seconde à la première, c'est la déchéance prononcée contre luaël, le peuple pillitre, au profit des Gentils qui deviennent dé­surnais, par leur croyance en Jésus, le seul véritable peuple de Dieu.
 
On nous objectera peut‑être: que signifient donc ces deux ten­dauces qui divisèrent les premiers chrétiens, alors que les ma voulaient conserver intégralement la judaïsme et que 188 autres proclamaient la complète abolition de l'ancien culte 1 Elles" son­goivent fort bien, si Von admet lhypothèse que l'idée d'une re­ligion universelle faisait à ce mornentlà, pour la première fois son apparition dans le monde sur los raines, du nationalisme religieux; au contraire, ces luttu semblent inexplicables dans le cas où les deux notions auraient coexisté auparavant, Mais si Pou prête un peu d'attention au grand fait que nous allons signaler, il ut facile de as détremper.
 
Nous recherchions tout à l'hem si la judaïsme est une religion universelle et nous répondions affirmativement. Ce n'est pu ainsi sa réalité que la question devait être posée. Nous devions nous demander plutôt: le judaï~ a‑t‑il une religion univergelle ? C'est dans cette manière de formuler le problème que 80 trouve PexPli­ration du plu grand phénomène religieux de PantiquitiS, la clef des disputes aux premiers siècles de Père chrétienne, la solution de la crise que traversent actuellement les différent" Bglim et, pour tout dire, la dernière espérance religieuse de Phumainité. Et clest pa~ que nous Poutendious ainsi que nous avoue répondu sous hésitation que le judaïsme est me religion universelle, car autrement les faits nous auraient immédiatement infligé un ula­tant démenti. A Pexception du dogme et de toute la partie me­mie, il n'y a rien en effet dans la législation mosaïque qui un­vienne à un culte universel. Tout y porte Vempreinte du partieu­luisme la plus exclusif et il suffit d'imaginer le judaïsme embrausi pu tout le monde et fonctionnant dans la plénitude de sa vie et de us organes pour se convaincre qu'il n'est point, somme culte, destiné à te" les peuples. tant les impossibilités pratiques et les anomalies apparaîtraient alors nombreuses et choquantes. Et c'est es qui a toujours trompé et us qui trompe encore tant d'esprits de bonne foi sur la véritable nature de Il hébraïsme et même sur la conception juive de la Divinité, au point qWils ne "vont voir dans la religion dIsraël qu'au culte purement national. Mais il
 
 
INTRODUMON il
 
leur est facile de revenir de leur erreur en recherchent avec nous, comme nous les y invitons, si le judaïsme nea pas les éléments d'une religion universelle. Ils reconnaîtront alors qu'il pmmêde en effet, qu'il contient dans son sein, de même que la fleur cache le fruit, la religion réservée au genre humain tout entier, et dont la législation mosaïque, en apparence si incompatible avec cette haute destinée, neest que Pêcoerce ou l'enveloppe extérieure.
 
C'est pour la conservation et l'établissement de cette religion que le judaïsme a vécu, qu'il a lutté et souffert, c'est avec elle et par elle qu'il est appelé à, triompher. Etudier de près ce grand ph6nombne, découvrir les rapports qui unissent en Israël le culte national et le culte universel, montrer Faction et la réaction de Pun sur l'autre, tel est en grande partie la sujet même de eût ouvrage.
 
 
IV.
 
 
Nous devons faire remarquer loi tout d'abord que la consti­tution îPune religion universelle, but final du judaïsme, exigeait de lui un sureroit de rigueur dans ses dispositions p"ticulsHates. C'est à Phamanitê future qalit songeait; il fallait donc nâcessair~ ment qWil sisolât davantage du milieu actuel. Comme il n'outre. voyait que dans un très lointain avenir la réalisation de ses aspi­rations, Il devait prémunir d'autant mieux ses fiflêleS centre les périls, les faiblesses et les surprises deau long et pénible voyage4 afin que, la moment venu, il fussent en état de @'"quitter di­gnement de leur mission. 11 S'était formé un Idéal que tout tondait à compromettre autour de lui; il convenait donc qu'il se tint an­goûtent à l'écart de oc qui pouvait le détourner lui‑même du but désiré. Dans sa carrière séculaire, il dut arriver à Israël ce qui advient à m esprits supérieure qui ne peuvent travailler au bien général une soulever certains mécontentements, ni entretenir en eux la fiamme sacrée de l'amour pour tous les hommes sans fuir un peu l'affligeant spectacle de leurs bassesses.
 
Et c'est ainsi que le peuple le plus cosmopolite, le seul qui se soit élevé dans Pautiquité à la conception sublime du Dieu unique et d'une seule humundté et qu~ à toute époque et dans tous les lieux, se soit donné la tâche de reconstituer la famille humaine, a été considéré comme le plus égoïste, non seulement pu les anciens
 
 
12
 
qui Wont jamais rien compris à ses principes et à Bas institution% mais encore par la plupart de ceux qui étudiant aujourd'hui son histoire. Tel est, nous le répétons, le sert des vrais mis de Il bu­mendié. Leur éloignement de la foule Bat traité de misanthropie et l'on prend pour de l'orgueil le respect qu'ils ont de la dignité humaine et pour de la haine leur dégoût de tout as qui est vil. Mais les apparences ne ancraient tromper l'observateur impartial qui n'a pu de peine à reconnaltre précisément dans ces prétendus défauts les marques d'me pende et noble passion.
 
En outre, si l'on examine de près cette législation massique qui semble élever entre Israël et le goeure humain une inû~ehi& sable baniêre, on découvre bientôt la raison de ces lois pardon­fiers& d'autant plu uvûres et plus étroites que le but à atteindre était plus sublime et plus éloigné aussi. Le culte spécial d'Israël était la sauvegarde, la moyen de réalisation de le vraie religion nul­verselle on nuchisme, pour employer le mot des rabbin&, et nous trouvons la l'explication de tout as qui autrement demeure in­compréhensible dans les doctrines, les lois et V histoire du peuple juif. C'est aussi ce qui nous permet de comprendre l'avénement du christianisme, ce grand fait de P histoire, qui sans cela "rait un effet sans cause on. pont parler plus exactement, an effet contraire à sa cause, puisque de la religion en apparence la moins cosmopolite, la moins humanitaire, seraient issus le culte et la doctrine les plus universels que le monde ait jamais vus. Et pour rendre Pênigme plus insoluble encore, as serait en invoquant les croyances d'Israël, en se réclamant de ses proplôtes, en se donnant pour le continuateur de Bas traditiousl que le christianisme aurait revendiqué l'empire des âmes et qu'il aurait lutté et remporté tant de victoires.
 
Mais non, tout est infiniment pl" simple. Ce qui a enfanté la prédication chrétienne, c'est cette foi en la religion universelle que les juifs croyaient contenue au germe dans leur antique doctrine et dont il@ devaient un jour établir le règne. C'est elle qui a donné aux disciples de JfMus la conviction d'être les organes d'une mission providentielle et le courage d'en poursuivre jusquau bout du monde l'accomplissement. Sur ce point‑lâ l'accord entre israélites et l4u6­tiens fat inaltérable. Au plus fort des disputes sur la notion de Dieu et du Messie, su la question de Pabolition on de Pimmuta, bilitê de la Loil alors que les querelles éclataient et s'envenimaient jusqulâ produire cette mission qui date depuis du siimles, jamais
 
 
I~DUCT[0N 13
 
 
il Wy eut entre eux des divergences d'idées sur les aspirations universelles qui leur étaient communes, sur la devoir d'évangéliser les nations et de Iffl amener au culte du vrai Dieu. Sans cette croyance fondamentale et familière aux uns comme aux autres, tout est mystère et contradiction dans PbiBtoire des premiers siècles du christianisme; aveu elle au contraire, tout devient in­telligible et logique dans la succession dei événements.
 
Qui doue d'aflleurB l'a jamais mise en dontel La science, bien loin de le fairee cherche imiquoment dans la judaïsme les auftécé­dents de la religion chrétienne. On p«d~ durant 1" ~ diverses p6­riodes de son développement, admettre tel emprunt fait à des sources étrangêres~ folle influence nouvelle dans la formation de ses dogmes, amis quant aux conditions mêmes de sa naissance, on ne saurait, de Paven des critiques, les trouver ailleurs que dans l'hébraïsme. Les diverses orthodoxies chrétiennes sont pareillement unanimes sur ce point. Pour elles, comme pour la science indé­pendants, le christianisme est la légitime héritier de la religion d'Isral: c'est son idéal qu'il s'est eforc6 deatteindre, ce sont ses promesses de vocation des Gentils qWil a voulu réaliser, c'est son Messie, son messianisme qu'il a prétendu apporter aux nations. Voilà un fait sur lequel tout le monde est daccord.
 
Après avoir ainsi précisé notre pensée, abordons maintenant l'examen des questions que nous nous posions tout à l'houe; voyons si le judaïsme, comme les religions issuea de lui, a fait ses preuves et s'il les a faites comme étant ou possédant la religion univer­mile. Ce n'est point du mosaïsme, en tant que loi sacerdotale propre à Israël, que nous avons à nous oecuper ici. Certes, nul ne contestera que cette religion‑lâ a bien fait me preuves At dans quelles conditions vraiment extraordinairesl Son étonnante vitalité, sa sève inépuisable, sa force de résistance, d'abord contre les Juifs ûnx~mêmes, peuple rebelle Wil en fat, et qu7ello est parvenue pourtant à plier à son joug au point deon faire nu peuple de martyrs, puis contre le monde entier ligué au couis des siècles pou portemines, tout nous donne lien de croire qu'une telle re­figlou avait une raison iVôtre et un grand but à atteindre, autre­ment il serait insensé de parler encore d'me philosophie de Vhia­foire. Mais c'est cette religion universelle, dont Phébraisme gardait le dêp6t sacré, que nous devons étudier ici plus particulièrement pour rechercher si vraiment elle a déjà donné au monde tout ce que, d'après ses principes, on était en droit d'en attendre.
 
 
14
 
 
L'insuffisance et la disparition progressive des divers polir. théismes anciens et modernes ne prouvent rien contre la valeur qu'on peut encore attribuer pour Pavenir à la religion hébraïque, car entre elle et les divers cultes païens il uey a aucun point de contact; Popposition est au contraire absolue et jamais un culte de cette nature ne s'cet présenté comme le successeur légitime du judaïsme. Cette chute du polythéisme apparait même comme Peu­complissement des promesses des Prophêtes, comme une pr6p& ration du rigne messianique qu' ils ont annoncé.
 
Mais en face des deux grandes religions auxquelles il a donné naissance, la situation de Phébraleme est bien différente. Elles ont Prétendu toutes deux réaliser Il idéal des voyante dIsraël et comme ni Pune ni Pantre ne se trouve aujourd'hui d'accord ni avec la science, ni avec la conscience moderne, on pourrait croire que Panêt de condamnation qui las frappe implique aussi Fincapuitë définitive du judaïsme lui‑même, en sorte que c'en aurait fait des religions bibliques sous tom lems aspects. Non seulement ces deux formes du messianisme juif auraient épuisé l'idéal hébraïque, mais comme on suppose généralement qu'elles constituaient sur lui un remarquable progrês, leur insuffisance une foie démontrée entrai. curait à plus forte raison l'irrémédiable déchéance de la religion mère: puisqulelle, leur était inférieurs. Nous espérons établir par cet ouvrage, si Dieu nom vient en aide, ce queil faut penser de cette condamnation. Nous venons si Phébraisme n'a plus rien àapprendre à l'humanité qui a tout appris de lui, mais dès main. tenant quelques mnald6rations générales nous Paraissent n6u~ sains,
 
Et d'abord, de qui tient‑on es prétendu idéal hébraïque qulon prétend aujourd'hui convaincu deimpuissancet A put quelques très rues et récentes exceptions, on ne sait de l'hébraïsme que ce que le christianisme et l'islamisme en ont fait connaître; oe "nt ces deux religions qui l'ont présenté au monde et c'est d'aprila l'image qu'elles en ont donnée qu'on l'a jugé tantôt admirable, tantôt digne de mépris. On peut maire que Pimage a été exacts on douter de sa fidélité. Toujours est‑il que le judaïsme n'est entré àaucun moment en contact immédiat avec l'humanité; sauf eue
 
 
MRODUCTION 15
 
 
période, deailleurs très remarquable, de prosélytisme actif (lune le siècle qui précéda Papparition du christianisme, il n'out jamais Iloccasion de se révéler directement au monde et d'entreprendre lui‑même, sans intermédiaire plus on moins fidèle, la réalisation de Bon véritable idéal.
 
De fait, Vexactitude de Vimage que le christianisme et Fiels,
 
misme ont donnée da messianisme, d'Israël West rien moins que
 
prouvée; elle West même nullement probable. Il faudrait rewn.
 
naître avant tout une origine divine à Vous et Ventre de ces
 
religions pour admettre que Phébraïsme ait pu parvenir sa" ait&
 
ration aux fidèles des dom Eglises. Sans au éclatant miracle cela
 
ut an effet de toute impossibilité. Qu'on se représente la Syna,
 
gogne, juive à la naissance du christianismee avec m Baitures,
 
ses traditions, eau nombreuses et savantes écoles et us docteurs
 
qui remontant, pu une chaîne ininterrompue, juaqu'any prophète$
 
de la Oaptivité babylonienne et même, seil faut 160 an croire,
 
jusqu7au Sinaï.. Depuis de longs siècles, ils ne font qu'étudier naît
 
et jour, propager et appliquer la doctrine de la Thora. Un homme
 
surgit tout à coup; il s'appelle Jésus. EBt‑oe un Diouf oBt~e un
 
hommel S'il est Dieu, tout est dit; ou il en saura évidemment
 
davantage que tous les docteur& de tous les âges sur la nature
 
de la vraie religion. Mais si Jésus était Dieu, sommes‑nous sûrs
 
pour cela que l'idée qWon s'est faite dam son Eglise du messis,
 
nierne prêché par lui Boit celle queil an avait lui‑mêmet Pour le
 
mire, Il faudrait que IPinfaillibiât6 du fondateur du christianisme
 
eût été accordée à ses emmesours Immédiats et aux successeurs de
 
ses nosjours, car ces Juifs ignorante, étrangers
 
eux: foyers de la doctrine hébraïque, tels qulon nous dépeint las
 
apôtres et les hommes de la première génération chrétienne, ne
 
pouvaient, sus eue suastance céleste toute particuliers, conserver
 
Vidéal de Israël et l'interpréter e=ctemen4 sans s'en écarter jamais.
 
Il est logique d'admettre, comme le fait précisément PE911se catho­
 
lique romaine, la plus conséquente de factice les Eglises chr6­
 
tiennes, qu'une institution divine doit demeurer préservée de toute
 
erreur, que Dieu ne se borne pu à parlare mais qWil doit assurer
 
la conservation Invariable de sa parole. Mais qu'on y prenne garde.
 
Si ce principe est vrai, il faut eommenoer par le reconnaître
 
pour le judaïsme lui‑même; il faut croire que la voix du Sinaï
 
ne pouvait manquer Ae retentir deâge, en âge et (lue Dieu a
 
garanti à la religion israélite cette infaillibilité, Butte assistance
 
 
surnaturelle que PEgIW romaine juge nécessaire de s'attribuer aujourd'hui.
 
8i au contraire Jésus nétait glivun homme, comme le pensent non seulement toutes les autres religions et tous les rationalistes, mais encore les Eglius chrétiennes, si nombreuses de nos jours, pour lesquelles la divinité du héros des Evangiles a crus d'être au, dogme, est‑il raisonnable de supposer qu'en jugeant le chris­tianisme on juge du même coup Phêbreisme et que celui‑ci a été si parfaitement compris et si Mêleugent représenté au cours des siècles par la religion chrétienne que la chute de oeIIo~«i entraîne inévitablement la déchéance de celle qui lui a donné naissancel Quoil sans aucun miracle. sans intervention directs de Dieue nu jeune homme médiocrement Instruit peut‑il sgarroger le droit de parler au nom d'une trê8 ancienne nation eni pleine possession glu ses monuments scripturaires et de ses traditionst Bien plus, peut‑il contredire ses enseignements les plus formule et malgré les solennelles protestations de tout an peuple prétendre être "a sur pargolet Et Ior8qu~iI s'agit de connaltre la vraie nature du judaïsme, le bon "ne permet‑il d'admettre que lés successeurs du jeune novateur, pour la plupart d'origine peionne, soient pr& fériis aux représentants authentiques de l'antique roligiont Et si le mond finit pu trouver, à tort on à raison, que les progrès de l'intelligence humaine ont dépassé sur certains points Fidéal chrétien, est‑il juste d'englober celui d'Israël dans le même arrêt de condamnationt VêquitiS la plue élémentaire comme la simple logique, le respect pour la vérité et Vinterêt même de notre avenir religieux s'opposant formellement à am, telle confusion.
 
Quel est donc cet hébraïsme gleon a cru posséder et connaître à fond pendant des siècles, en sorte qu'on ieen murait plus rien apprendre de nouveaul Ce West qu'un hébraïsme de seconde main, découronné, arraché à la &ourse même de sa vie et exposé de la façon la plus inexpérimentée et sang le moindre ménagement àVaction profondément modiffante et dêlêtêre de préjugés, de duc. trines et de civilisations qui n'avaient rien de commun avec, lui. N'est‑il pu plus que douteux que dans de telles conditions Pessal[ de réalisation du messianisme juif ait pu seffectuer d'nos maniêre clomplûte et satisfaisangtel En vérité, une religion ne vaut que par ce quelle proclame elle‑même et non pu ce que d'autres prêchent en son nom. Il ne suffit pas de dire: Voilât le messianisme annoncé Pm les prophètes dIsraël; il faut examiner Wil a été bien compris,
 
 
ffl~DUOTION 17
 
bien interprété et surtout enseigné et appliqué av" une urupu­
 
lemsa exactitude. Vienne le jour où l'humanité commence à alaper­
 
cavoir que ce prétendu messianisme ne répond plus & Pidêe qWelle
 
se forme d'une institution divine, que doit‑elle fairet Peut‑elle
 
uns injustice rejeter, les yeux fermés, le véritable hébraïsme, "as
 
prétexte qWOR lui a présenté jadis comme le réalisant une religion
 
qui se trouve aujourd'hui en contradiction avec us croyances les
 
plu fondamentales et ses plus chères aspirationst Non certes;
 
son devoir comme son intérêt, &est de remonter aux sources et
 
de prendre directement connaissance des textes et des traditions
 
israélites qui concernant le règne messianique, la religion un1ver~
 
mile promise aux nations; c'est d'étudier jaequ'ê quel point Fidêat
 
de rhumanitê, d'après le judaïsme, le christianione véritable, a été
 
atteint par ceux qui se sent arrogé "a titres, ses droits et sa
 
mission.
 
Si cet examen impartial démontre que la religion chrétienne a pleinement réalisé le mesahmisme d1Israël~ ce sera le ose de condamner celui‑ci et de rejet" la Bible comme nus sauras défi­nitivement épuisée. Mais si l'ou découvre au contraire, entre Phê­braï8me et les essais d'universalisation qui On Ont été fuite, uns différance telle que Pou puisse continuer à croire à la valeur propre de la Révélation mosaïque et de son idéal messianique, s'il est même possible de rester chrétien, dans la plus large acception du mot, sans abdiquer pour cela la qualité d'homme raisonnable et de citoyen, quel bonheur inespéré! quelle perspective pour l'avenir religieux de l'humanité! et pu conséquent quel coupable aveugle. ment que dé négliger cette chance de salut et de condamner le judaïsme sacs l'avoir jamais écouté!
 
 
VI.
 
 
C'est pour faire entendre dans la crise présente la voix d'Israël, que ce livre a été écrit Pour atteindre notre bat, une double dé­monstration seimpose à nous, car nous no" adressons à la fois aux rationalistes et aux moBsiaidates on chrétiens des diverses Eglius. Aux premiers, trop enclins à, dénier au judaïsme tout caractère d'aniversidisme, nous avoue à Prouver que cette religion est tout autre chose qu'un culte particulariste ou national comme ceux dont Pautiquitê no" offre tant dexemples, qu'elle constitue au
 
 
 
18 INTRODUMION
 
 
contraire une exception frappante et que cette dérogation aux lois de l'histoire est à elle seule une preuve en faveur de la ré. vélatiOn, c'est‑à‑dire de Porigine supérieure de la religion d'Israël Otp Pm OOW1éq«nt~ de M Valeur et de un rôle spécial dans les destinées de Pliumanitê, A~ seconds, nous aurons à «p~ cette loi noaeltide, ou universelle que le judaïsme a précieusement cou. servée et qui a été le point de départ et la fume impulsive de la Prédication chrétienne dans lu monde; nous leur montrerons quelle cet la véritable conception juive de Phomme, des peuples et de l~humaitê organisée au un tout harmonique. Les une et les autres ne peuvent que gagner à cette étude; ils reconnattront, noue en avoue le ferme espoir, que lhébraïsme, auquel l'humanité jadis a déjà fait appel, lui offre aujourd'hui encore une sucre de salut.
 
On ne saurait contester que lorsqu'une forme religieuse a fait son temps, O~«t encore à elle cependant qu'il faut recourir, pour chercher à établir, sur quelque terrain inexploré et à poids de quelque germe préexistant, la forme qui doit lui succéder. Les re. ligions dites naturelles on parement rationnelles Wont pu de prise profonde sur l'âme humaine. Il y a me loi de continuité à la, queue on ne peut su soustraire et les innovations ne nainsant viables qu'autant qu'elles ont été longuement préparées au sein du précédentes institutions. Par conséquent, la religion de Favenir doit avoir sa base dans quelque religion positive et traditionnelle, investie du mystérieux prestige de l'antiquité. Or, de toutes lu religions anciennes, le judaïsme est la seule qui déclare posséder un idéal religieux pour l'humanité tout entière et, pu un privi. lêge exceptionnel, il a déjà donné naissance aux deux grandes re. lWions qui es partagent actuellement la monde civil!" et qui croient avoir pour elles l'avenir. La transformation à opérer sera donc d'autant plus facile et plus naturelle qu'il s'agit en réalité de l'idéal que le christianisme et l'islamisme ont cherché à faire prévaloir. Seulement leur oeuvre n'est qu'une, copie qui doit être mise en face de t'original; partout où elle se trouvera inadêle, partout OÙ 8118 aura péché soit par excâs, suit par défaut, partout enfin où il sera établi que des idées êtrangbres ont réussi à s'lu. traduire, la notification s'imposers, d'unemême. Il ne s'agit ni de démolition, ni de révolution religion", ni de reconstruction à, non. venu; il ne doit y avoir ni déchirement, ni solution de continuité; le christianisme sors, toujours ce qu'il prétend âtre: le messianisme, seulement, dans toutes nus parties défectueuse, il se sera réformé.
 
 
EsTRODUCTION 19
 
Tous oeux que préoccupe l'avenir de l'humanité rêvent pour elle une religion qui respecte pleinement et les besoins (je la foi et les principes essentiels de la raison moderne, mais ils compren. nent aussi la nécessité de rattacher cette religion au passé et de maintenir les anciennes croyancae dans tout ce qu'elles ont de compatible avec ces mêmes principes. « Il est naturel, di ]Iart~ Mann, que ces «efforts se rattachent aux religions traditionnelles, soit pores que ce serait une entreprise hasardés et inexécutable de tout recommencer, soit pores que l'idée de la mti"ité h4W rique West imposée à la consedence moderne comme celle deum bien inappréciable, impossible à remplacer et tel que, pour le conserver, somme concession admissible ne doit paraître excessive » (1).
 
Mais comme les diverse& tentatives de conciliation entre la raison, la civilisation et la foi paraissent pâles auprès du rayon de lumière qui brille à Phorizon, dûs que Pon es tourne du côté de l'idéal hébraïque! Les combinaisons artificielleme les synthèses compliquées qu'on imagine, loin de pouvoir satisfaire les besoins de Phumanitê, apparaissent plutôt comme un indice d'extrême épui­sement religieux; tout est arbitraire, dômusu, hétérogène, uns prestige ni autûritê~ même sur la conscience de oeux qui inventent cas systèmes. Avec la doctrine hébraïque au contraire, qui forme an tout parfaitement homogène et qui présente avec les deux plus grandes religions existantes toute l'affinité désirable, puisqu'elle en cet la mère incontestée, c'est la religion la plu ancienne qui va devenir la plus nouvelle; c'est de la source Woà a JaRli déjà tant d'eue. fécondante qu'on nouveau jet bienfaisant va sortir.
 
Et dailleurs en face du christianisme et de PiWamisme, du premier surtout aveu eu dur" de dix‑neuf siècles, sa chatue inin. terrompue dapôtres, de pères, de doeteurs, avec sa majestueuse hiérarchie, son origine prétendus divine et Bon infaillibilité, il faut bien convenir que toute religion ai raisonnable, si philosophique, si morale soit‑elle, fera toujours pauvre figure tant que Bas fonde. ment& ne reposeront que sur la Boule raison. Pour rivaliser avec ces cultes puissants, il faut autre chose que des créations indivi­duelles plu on moins ingénieuses. A du religions si anciennes, il en faut pouvoir opposer une autre dlune durée plus respectable encore. En face de leur longue et vénérable tradition et des preuves d'origine surnaturelle qu'elles allèguent, il s'agit de produire me
 
 
(1) ~ "iig" & tlm,,W, trad. franq. 6dit. Alom, p. 9.
 
 
20 IMPRODUCTION
 
 
autre tradition plus antique et plus auguets et des titres plus authentiquement divins. Enfin, pour remplacer une autorité qui se déclare infailible et qui ne se constitue que l'an un de Père chré. tienne on de Phêgire en infligeant, par une einguliêre contra diction, an démenti au principe même dont elle se réclwne~ on doit chercher une autre infaillibilité bien plus sérieuse qui,. com­manade avec Phistoire, de ]'homme sur la ter", ne taira qu'avec lui. Or, nous le demandons encore à tous c,eux qu?intêressent les besoins religieux de Phumanité, ûxist~&il en dehors dajudaï.anie, non dans sa puits ethnique, mais dans su qu'il a d'universel, une autre religion qui soit en état de répondre à ces conditions, sans lesquelles on ne saurait rien constituer de "lido et de durable?
 
 
Vil.
 
 
Et maintenant nous nous tournois vers les fils des de" grande messianismes, chrétien et cammisans. gil~t aux chrétiens sa par­ticulier que nous voudrions adresser me franche etnspeetnouse PaVOI6 et Dieu mit si c'est avec la crainte dans le coeur que nos âvances ne soient prises pour de Phypocrisie. Nonl nul homme impartial et raisonnable us peut s'empêcher de reconnaître et d'apprécier comme Il convient la haute valeur de sus deux grandes religions et plus spécialement du christianisme. Il neest Pm de juif digne de ce nom qui ne se réjouisse de la grande transfor­mation opérée par elles dans un monde que Bouillaient autrefois tact deerreurs et de mishres morale&. On ne saurait entendre 1" noms les plus augustes et les plus chus du judaïsme, les échos de 068 livres sacrés, le souvenir de Bos grands êvênements, ses hYmnes et ses prophéties sur la bouche de tant de millions dan. close Payons do toute race réunis pour adorer le Dieu d'Israël dans les églises et, dans les mosquées, sans sa sentir. pénétré donc légitime fierté, de reconnaissance et d'amour envers le Dieu qui a opéré de ai grande miracles. Quant à nous, il ne nous est jamais arrivé d'entendre sur les 1êvres &uu prêtre las pesantes de David uns éprouver de tels sentiments. Jamais la lecture de certains passages (lu Evangiles ne nous a laissé froid~ la simplicité, la grandeur, la tendresse Mais que respirent ces pages nous boula. versaient jusqu?au fond de l'âme; des larmes involontaires coulaient de nus yeux et nous eussions été facilement gagné par le charme
 
 
MRODuanoN 21
 
de ce Ilwe, si une grâce partienlièm ne nous avait figit triompher
 
de la grâce elle‑même et si nom n'avions été familiarisé depuis
 
longtemps avec ces émotions par les écrits de nos dooteurB, Pm
 
FlIaggada surtout dont IlEvaugilû s'est qu'un feuillet détaché et
 
qui, avec lui et sans lui, a conquis et conquerra le monde comme
 
va dit Renan.
 
Nous nous abandonnions alors d'autant Plu librement à mg douce@ impressions que nous avions conscience de rentrer dans un domaine qui nous appwtient~ de jouir ainsi de notre propre bien et dêtre d'autant plus juif que nous rendions mieux justice au christianisme. Bt nous disions alors: qu'importe, que lm pas­sions humaines se soient conjurées ici comme partout pour accomplir leur couvro néfaste! qu'importe qWentre, juifs et chrétiens la haine et les pré~E4 les faiblesses et les crimes aient crensê un abîme de s6paratimil les deux religions elles‑mêmes sont et resteront soeurs. Les croyance$ et les aspirations de l'âme ne connaissent pas nos aveugles répulsions et . si elle$ saut au fond unies et solidaires, nulle puissance au monde ne les pourrait séparer dêd­nitivement; bien au contraire, elle@ &auront, au moment voulu, rapprocher lei intelligences elles‑mêmes, aÜlk que, dans la Batiffl contemplation de la vérité historique et dogmatique, elles recon. agissent leur parenté originelle et, par une alliance raisonnable, se remettent à travailler en commun à, Paecomplissemeut de leurs grandes destinées.
 
Pourquoi cet bspoir ne se réaliserait‑il pointl Pourquoi le judaïsme et le christianisme waniraient‑ils Pas leurs efforts en vue de l'avenir religieux de l'humanité? Pourquoi le christianisme éprouverait,il une difficulté à Wentendre avec cette religion dent il est issu, dont il reconnaît la vérité fondamentale et qui possède, à un plus haut degré que lui, toutes lu qualités dont,il est si fier: Vantiquité, la continuité historique, l'autorité et la vitalité? Qu'il dédaigne de sabaissa à des transactions avec Pesprit du 'siècle, qu'il se fasse un point d'honneur de ne pas céder aux sera­mations de la "gesse humaine, cela an comprend. Mais qu'y aurait‑il d'humiliant pour lui à condescendre à de franches expli­cations avec le judaïsme dans le but de redressa des encore dogmatiques et de dissiper de funestes mlegtendust L'Eglim catholique nlwt‑elle pas fait maintés fois à d'obscurs hérésiarques Phonneur de discuter avec eux dans ses concilest Et si de ces délibérations avec la religion‑mârs pouvait sortir un christianisme
 
 
22 TN~o»1TMoN
 
qui conserverait wu caractère d'autorité divine, que dis‑jol au christianisme d%utant plus orthodoxe qWil se serait "trempé due une orthodoxie plus ancienne que lui, mais qui satisferait, comme nous le croyons fermement, mieux que les Eglius chrétiennes actuelles, les besoins des esprits et qui serait mieux en état de Parer aux périls de l'avenir, quel heureux présage n'en pourraiton Pu concevoir pour Phumauitê! quelle solution aussi simple qalad­mirable du grand problème roligieuxi
 
Si nom parlons particulièrement du christianisme, c'est qu'il représente une partie considérable de l'humanité. Professé par les Ratio" les plus civilisées, il est une des plus savantes "Il. gion& Il a été la premier à vouloir incarner parmi les gentils Pid6al des prophètes et il tend encore à es répandre de plus en plus. C'est donc à lui qWappartient l'honneur du principal essai de religion universelle, comme c'est à lui aussi qu'incombe la responsabilité de l'échec.
 
 
viii.
 
 
Mais, nous obJmt6ra‑t~m, le christianisme est si loin de vouloir chercher force et lumière dans Pantique, religion hébraïque, qu'il ne reconnalt même plus à celle‑ci le droit d'exister. N'a‑t‑il pas érigé en principe, dès les premiers siècles, l'abolition de la Loil N'~t‑il pu wmmoneê par prononcer avant tout la condamnation et la déchéance d'Iaraëll Os n'est malheureusement que trop vrai. Aussi estimons‑nous que c'est lâ précisément le premier point àéclaircir.
 
Reportons‑nous par la pensée am premiers jours du ehri8tia­nisme pour en refaire brièvement Phistoire. Pour des muses qu'il serait trop long d'exposer, il Wy ont à cette époque, sur la question de la loi, que deux tendances en présence. La plus ancienne est celle qui voulait rendre la loi mosaïque obligatoire pour les gentils au même titre que pour les juifs de naissance. L'autre, de date postérieure, et qui a finalement prévalu, en proclamait l'abolition indistinctement pour lm ans et pour les autres. L'idée dominante, dam Fane comme dans Pautre de ces tendances opposées, était que le judaïsme devait donner au monde la religion universelle, soit que la loi particulière des juifs dût s'appliquer à tous, soit que l'on eût à tirer de ce statut aboli dans son ensemble là nouvelle
 
 
T~urolnow 23
 
loi commune sny juifs et aux gentils. On %%ccordait des deux c6tês à reconnâ1tre qu'il ne devait exister aucune opposition entre l'ancien et le nouveau culte et qu'en somme hébraïsme et messia. nisme étaient une "nie et même religion. Il y ont bien entre ces deux tendances extrêmes un moyen terme proposé par Paul comme expédient transitoire et qui consistait à, tolêrtr provisoirement les rites juifs désormais dénuée de toute valeur et de toute efficacité, mais il était ai inconséquent et sa durée fat si remis qu'il ne mérite pas flue nous nous y arrêtions davantage.
 
Des deux solutions indiquées plus haut, c'est donc VaIsolition de la loi pour tout le monde qui @1fflt,impoBée~ malgré les proton­tations légitimes qu'elle soulevait. Pour apprécier convenablement es fait capital, Il faut Vêtudier en lui‑même et dans sas consé­quences.
 
Dommdo~nous tout d'abord si entre le judaïsme et 16 abris­tiantamE4 entre le culte ethnique des israélites et le culte des gentils, entre la loi mosaïque et la loi noachide ou universelle, il Wy avait pu d'union possible sans l'une ou Vautre de ces deux solutions. La pensée hébraïque n'avait‑elle pas conqu deautres rapports nos­maux entre le mosaïsme et le measianismet Le premier devaitAI devenir universel aux temps messianiques, on bien devait‑il faire place à la loi dite noschide, 9appliquant à tous les hommes en dehors d'Israëlq A laquelle les juifs eux‑mêmes sa seraient désor­mais trouvés wumisl Ni lewt ni Vautre des systèmes mis en avant par les deux grandes écoles de Jacques et de Paul ne répondait à Vidéal hébraïque. Les païens ne devaient pas être tenus à Pobur. vation de la loi mosaïque comme Jacques l'aurait voulu, et Paul était dans la vrai en le combattant. Les juifs ne devaient pu non plus abandonner leur religion comme le demandait Paul, et Jacques avait parfaitement raison de ne les en point dispenser. Oes esprits, qui ne brillaient pas précisément par lem connaissance des due. trines juives, avaient donc à la fois tort et raison respectivement. Il tour manquait à tous deux d'avoir approfondi davantage la vêri. table conception hébraïque du rêgne messianique.
 
Quelle était donc cotte conceptiont Le présent ouvrage Fêta, blira, nom l'espérons, d~une maniêre complète. Pour PhébraUme, le monde est comme une grande famille où le père vit en contact immédiat avec ses enfants qui sont les différentes nations de la terre. Parmi ces enfants, il y a un premier‑né qui, conformément aux anciennes institutions, était le prêtre de La famille, chargé de
 
 
24 ' ffl~0DUM0N
 
 
faire exécuter les ordres du père et de le remplacer en son absence. C'était lui qui administrait les choses sacrée@, qui officiait, oeî6ei~ gnait, bénissait, et en reconnaissance de ces services, il recevait une double part dans l'héritage paternel et la comméeration on imposition des mains, sorte d'investiture religieuse que le père accordait parfois, à la place du premier‑né, à celui (rentre "a fils qu'il enjugeait plus digne. Telle est la conception juive du monde. Au ciel un seul Dieu, père commun de tous les hommes, et sur la terre une famille de peuples parmi lesquels Israël est le premier‑né, chargé d'enseigner et d'administrer la vraie religion de l'humanité dont il est le prêtre. Cette religion est la loi de Noê: clest celle que le genre humain embrassera aux jours du Mesoie et qu'Israël a la mission de conserver et de faire prévaloir à son heure, Mais comme peuple‑prêtre, comme nation consacrée à la vie parement religieuse, Israël a des devoirs spéciaux, des obligations partira­libres qui "nt comme une morte de loi monastique, de règle claus­trale, de constitution ecclésiastique qui lui reste personnelle en raison de ses hautes fonctions.
 
Quelle était donc la ligne toute tracée qu'auraient dû suivre les premiers chrêtienst C'était de s'on tenir strictement à la conception juive: la loi de Moïse pour les juifs, la loi nosehide pour les gentils. Au lieu de cela, qu?estril arrivêt Soit par suite de l'ignorance des apôtres que l'on saccords à reconnaître comme dénuée de toute culture, soit par l'effet de la surexcitation des passions, soit enon que cette loi no"hide, qui Wavait jamais encore requ d'application générale, fût à peu près inconnue, on ne prêcha que les deux soin. tions extrêmes, elest‑A~diro &un côté, la suppression pure et simple de la loi mosaïque et de l'autre, la soumission de tous à. cette même loi. On ne distingue que bien rarement, comme par exemple dans deux passages du livre des Actes (xv, 19,20 et xxi, 25), une faible tracs du véritable système hébraïque à travers toutes les discussions et les divisions religieuses de cette époque.
 
Ce n'est pu ici le lien d'examiner au point de vuathêologique la question de l'abolition générale du mosaïsme qui a prévalu dans les idées chrétiennes, ni Wétudier les conséquences fâcheuses qui résultèrent pour le christianisme lui‑même de la suppression d'une loi où la pulls cérémonielle dont on pensait s'affranchir unique. ment, était tout à fait inséparable de la partie morale et doctrinale. Les sectes qu4.par leurs excès, ne tardèrent pu à scandaliser PEgIùw~ les erreurs grossières dans lesquelles tomba la foi populaire,
 
 
~DUMGN 25
 
les discordes qui dêchirbrent et ensanglantèrent le monde chrétien sur la question de la foi et des oeuvres, sur ilefficaweité de la grâce et (le la rédemption, Bar le libre arbitre et le serf arbitre, les ohm. ritéi que présentent aujourd'hui encore les dogmes du christia, nisme, sent lâ pour attester que el cet permis aux hommes d'être illogiques, les lois de l'histoire out au contraire une logique intrinséque et qu'avec les observances ritaêliques, la morale et la doctrine même de la Bible devaient fatalement tomber du même coup.
 
Il ôtait inévitable aussi quOIsraël disparût du nombre des na. tiens et son sacerdoce avec lui.
 
Or, si le judaïsme avait pris au sérieux la condamnation pro­noneêe, Phiimanitê trouverait aujourdhui tarie la source doù le christianisme Bat sorti; L'arbre qui a produit tant de fraits et dont la sêve en promettait tant d'autres encore aurait été déraciné et il serait impossible de vérifier maintenant la provenance et. la qualité des rejetons que Von prétend lui attribuer. Le monde serait actuellement obligé de choisir, uns autre alternative possible, entre la catholicisme romain, la forme la plus logique du christianisme, et la libre pensée.
 
Nous nous occuperons plus tard des objections des rationalistes qui nous disent que si le christianisme a fait son temps, le judaïsme, qui lui a donné naissance et sur lequel il rêaH ait un progrès, est
 
la
 
â.bien plus forte raison une forme p6riméù et que d'ailleurs, comme religion sémitique, il est incompatible avec le génie et les leu. dunes@ des peuples aryens. Olut aux chrétiens que nous nous adressons présentement et noue les conjurons d'examiner. sérieuse. ment si le judaïsme n'a pas en raison de ne point, souscrira àIlarrêt.de condamnation porté rentre lui. Une flagrante contradiction se révêle, en effet dans les discussions des premiers elêcles sur la rejection d'Israël. D'un côté, on affirme que le christianisme est fondé sur le judaïsme; toutes les voix de l'Oglim s'mordent pour dire que ce sont les promesses des prophêtes qui se "ut réalisées dans le christianisme et par son moyen. Or qu'est‑ce que les pros phéties aijnongaientlQill6raël, gardien du messianisme, serait, lors de Bon avênement, considéré par les Gentils convertis comme priâtre de l'humanité et que Bon individualitAcomme peuple de Dieu serait d'autant plus assurée que la vérité, de as, mission serait gênéra, lement reconnue.
 
D'un autre okê, on. prétend que si les païens sont entrés dans
 
 
26 MMODUOffON
 
Pliglise, c'est que les péehéB des juifs ont obligé Dieu à les rejeter et à transférer us prédilections à un nouvel Israël recruté parmi les Gentils. Quelle idée mesquins du mossianismel Comme si le règne de Dieu q0l devait Inaugurer pouvait consister dans la substitution d~wn Israël à un autre Israël, dlum peuple privilégié à un autre peuple privilégié 1 comme si au contraire les proenfflses messianiques n'étaient pas att"hê" indissolublement à la recon­naissance du saeerdoce israêlitel
 
Sans doute les circonstances expliquent dans une certaine me. aura cette orreur. Israël refusant d'adhérer aux idées nouvelles et de jouer ma rôle dans la religion universelle que l'on organisait, la physionomie du messianisme hébraïque privé de l'un de ses deux facteurs as trouva complètement altérée et au lien d'une hu. manité convertie à la voix du peuple élu, On imagina nu nouveau peuple de Dieu substitué à l'ancien. Mais le refus qu'appocait Israël aux avances chrétiennes ammât au moins dû faim entrevoir que la religion nouvelle ne remplissait peut‑être pu les conditions du véritable messianisme. Tous les juifs; cou exception pouvaient. ils doue es tromper à l'exception de douze pêcheurs dont on vente la complète ignorancel S'il en était ainsi, les fondements de toute révélation et par conséquent aussi du christimisme et du catho­licime gléeroulemalont Irrémédiablement, car à quoi bon une révé. lation, ai Dieu neen gâraatissaft~ par la suflê, la conservation chez ceux qWil en a uns fois constitues dépositaires et, s~iI n'exerçait pas dans Pordre moral cette Providence qui, malgré la présence iles forces destrnûtri~8, tend sans cessé au maintien de l'harmonie dans l'ordre de la naturel En effet, la croyance à une assistance spéciale de Dieu pour la préservation de la vérité religieuse obea; le peuple à qui il l'a coufiéee se, confond, il ne faut pas I1oubIier~ avec la foi à la Providence en général et au progrès humain en ,particulier.
 
 
IX.
 
 
si maintenant nous considérons lphêbra;isme comme institution, demandouwnous encore eni a eu raison de s'obstiner à vivre de as, vie propre, bien qu'on 18 Proclamât irrêvû~blOmOnt dêchu. Le seul fait d'avoir si longtemps subsisté ne lui donne‑t‑il pas misent Les religions comme les notions ne vivent que si leur existence a eue raison d'être et la vie du judaïsme durant ces dix‑neuf
 
 
TWRODUMON 27
 
siècles n'a été ni moins puissante, ni moins active, ni moins fê~ coude qu'auparavant. Comment expliquer nu tel phénomène, si cette religion Wavait plus de mission à remplirl Comment admettre dans l'univers, où il n'y a rien d'inutile, une suparifluité si êton­cantal Accepterons‑nonsi l'explication queen donne parfois Portho. doxie chrétienne, celle d9un châtiment infligé aux juifs pour leur endureissementl Mais ce serait offenser la Providence et s'exposer à nu démenti que la eivi[!mtion~ grâce à Di«u~ ne chargerait de noua infliger. Prolonger l'existence uniquement en vue de prolonger la souffrance, voilà qui est indigne de Dieu comme de Phomme.
 
Souscrirons‑nong à Pantre hypothèse un peu plus humaine, d'après laquelle les juifs auraient été providentiellement conservés comme témoins de la vérité du christianismet La prouve serait bien insuffisants, car Pexisteum dIsraël Wompêche pas une cri­tique andmiense de mettre en doute les grande événements de Phi%toire juive qui servant de fondement à la religion chrétienne et Pou peut » demander desilleurs si la disparition définitive des israélites rebelles Woumit pas mieux établi les prétendues vérités chrétiennes que leur persévérante opposition au cour@ des siècl«. La miraculeuse conservation d'Israël, semblable à un arbre vigon. reux que n'ont pu abattre les orages et dont les vente ont dimê. miné sur toute la surface de la terre les fécondantes semences, demeure donc un insoluble problème, aussi longtemps que l'on s'obstine à déclarer sa religion épuisée et &ans avenir. Mats si las religions qui ont voulu ta supplanter "nt loin de répondre aux aspirations des temps modernes, est‑on certain que le judaïsme ne renferme rien de plus satisfaisutl Ne voit‑on pas qu'il serait contraire à toutes les lois de Phistoire que cette religion, si radi. calement différente du paganisme, ait passé tout entière et dans toute sa pureté dans le culte chrétien, qui a remplacé le polythéisme au min du monde gréco‑romain, et que des païens de naissance aient pu. non mulemeut glamimil« complètement. tout Pidéal hé­braïque, mais encore le surima"rt Ce serait également contraire à la loi que Dieu, d'après la conception chrétienne, West imposée dans ses communicatione, au genre humain et selon laquelle il se plie à la capacité des esprits et suit une voie progressive dans le développement de la révélation, loi qui, au début même de l'Egliu chrétienne, Wa cessé de régler la conduite des apôtres, soit dam; la position quMs prirent vis‑à‑vis du judaïsme, soit dans l'enseignement tics mystères chrétiens aux païens convertis.
 
 
28
 
Pu la nature même des choses, si l'on tient compte de la gra, dation inévitable dans toute évolution historique, te christianisme, dans les conditions où il s'est établi devait rester plus ou moins inférieur au judaïsme et West à celui~ei, comme à la reàgion‑mê", que les chrétiens devraient avoir recours pour résoudre leurs doutes et tiarwher leurs difficultés doctrinales. Il y aura en effet toujours pliu; de ressemblance entre le jndaïsme et le christianisme pri­mitife> qu'il n'en peut exister entre ~Ini~oi et la religion chrétienne telle que les siêeloo et les mille infinences étrangères l'ont défini­tivement constituée. En un mot, il faut transporter sur la terrain dogmatique la même méthode d'investigation que l'on s'accords àrecoumître si utile et si raisonnable sur le terrain historique et critique et qui consiste à interpréter le christianisme par le judaïsme.
 
En comparant le christianisme actuel et Phêbraismo tel que
 
lffljniâ l'ont conservé, nous avons à démontrer, au triple point
 
de vue du dogme, de la morale et de la loi sociale, qu'il est aven­
 
tageux, dans l'intérêt de l'humanité, que le judaïsme ait survécu
 
à l'arrêt de condamnation dont on a voulu le frapper. Et pour ne
 
parler présentement que du dogme, est‑il besoin d'étayer de preuves
 
nombreuses Il«"Ilence de la doctrine hébraïque, puisque le chris.
 
tianisme, loin de nier * les vérités qu'elle renferme, nous dêchve
 
en avoir légitimement hâritél
 
On prétend parfuisA1 est vraie que les mystères chrétiens ont réalisé un progrès dans la vraie connaissance de Dieu. Mais quels que soient les rapports que Pon imagine entre ces mystêres et les enseignements de lemoien hébraïsme, on ne va pas jusqu'à leur attribuer sur ceux~ci aucune supériorité essentielle. On affirme seulement que les vérités qui préexistaient dans la judaïsme an­tique n'étaient point généralement connues; mais lors même qu'elles auraient été le ~privilêge d'une élite, elles n'eu constitueraient pu moins aujourdehui, d'aprêa le christianisme lui‑même, le oriterium nécessaire pou juger les doctrines qWil propose. Quant à ceux qui no" parlent de nouvelle révélation, ne voienkils pas que si les mystêres chrétiens étaient véritablement une nouveauté, toute l'économie de la révélation divine se trouverait bouleversée 1 Il ne âlagirait plus sa effet d'ans révélation unique et parfaite sortant, comme la création physique, de la souveraine intelligence de Dieu, mais bien de révélations fragmentaires, saceeosives et pu consé. queut perfettibles comme les in8titations et les sciences humaines.
 
 
INTRODUCTEON 139
 
 
Ainsi donc, pour être logique, le christianisme lui‑môme, au lieu de su considérer comme la religion détiùitive de Ubamanitê, devrait s'attendre, dans un délai plus on moins éloigné, à être remplacé par une autre. Dûs Pieutant que, dans Vintention de combattre le judaïsme, on abandonne Vidés d'une révélation unique, qui, sans modification fondamentale, se développe au cours des âges, il ne reste plus que l'hypothèse de religions se supplantant l'une Vautre tour à tour aussi longtemps que durera Fêvolution de l'humanité. Arrêter à un moment déterminé de l'histoire, au profit d'une forme religieuse quelconque, cette série de révélations, c'est lit un système si inconsistant qu'il ne mérite pu un sérieux examen.
 
Il existe bien ans autre thâorie.beanwap plus juste etqui tient le milieu entre l'idée d'une seule révélation et celle de rêvélations successives, mais elle ne sort nullement, comme on 19 voudrait, la cause de Pabolition de le; Loi. iYest le système des germes prêexis­tante, desprêB lequel le%, formes religieuses qui as succèdent ne font que développer de plus en plus parfaitement les principes et les institutions contenus en germe dans la révélation primi­tive. Ainsi la christianisme n'aurait fait que perfectionner es qui existait dans l'hébraïsme, sang que Von soit nullement obligé d'en chercher Vorigins dans les dogmes et les pratiques du polythéisme oriental. Mais ai la théorie de Pêvolatiou religieuse est vraie en elle‑même, elle n'on est pas moins inapplicable quand il s'agit des rapports entre le christianisme et le judaïsme. Les documents êvaa­géliques nous parlent en effet deune révélation proprement dite accompagnée de véritables Prodiges, ce qui, peur une simple êvo­lution, serait un moyen bien extraordinaire, hou de toute pro­portion avec le but tracé d'avance pu la sagesse divine. D'ailleurs, cette loi de développement ne peut être intermittente; c'ut un mouveme,rit continu qui tend à manifester progressivement au dehors ce qui existait d'une manière latents et ce serait faire injure à la Providence que d'exiger à chaque pas, dans cette marche lu­cassants, de nouveaux miracles, comme si la loi une fois tracée ne devait pas recevoir son accomplissement. Bn outre, ce système exclut un point d'arrêt définitif à un moment quelconque de Vide. toire au profit de l'une de ces étapes religieuses que parcourt l'humanité. Et surtout Il faut renoncer à toute idée de solution de continuité ou d'antagonisme entre la forme précédente et celle qui lui succède, comme il Wen existe évidemment que trop entre
 
 
30 INTUODUCMON
 
 
le christianisme actuel et la judaïsme. Dirâ‑ton que cet antago. niftnO n'est dÛ qu'à l'aveuglement des Juifs qui n'ont pu voulu reconnaître que le christianisme était nue évolution toute natu. rails du judaïsme, en sorte qWils ont obstinément repoussé le dé. VOIOPPemmt légitime de leur propre religiont Mais il est vraiment inadmissible que le peuple juif, après s'être prêtê ma la moindre OPPOsition à toutes les évolutions antérieures au christianisme, as soit montré si complêtement réfractaire à cette derniers, qu'il n9y ont chez lui pour laccepter qu'une infiMe et obseurs Minorité. Il &niât d'ailleurs de reprendre la comparaison du germe préexistant, sur laquelle on appuie cette théorie, pour voir combien une pa, mille supposition serait absurde.
 
Il est évident en effet que le développement dan germe ne peut s'opérer d'une manière conforme à sa nature que dans le milieu et à Paide des circonstances où il a pris naissance, c'est‑à‑dire dans un terrain, sous un climat et grâce à des influences et à me culture homogimes, propres W conséquent à favoriser Pépanouis. sement de us qualités apêcifiques. Il serait dom souverainement déraisonnable de prétendre que les germes existants dans le judalame n'ont pu pousser et.graudir quesu milieu de quelques gens du Peuple dont Ilignorance nest contestée pu personne et, plus tard, dans des pays et "ne Paction d'influences étranger« anti­Pathiques à la religion d'Israël. Enfin, ce systâme n'est pu âms danger pour l'apologétique chrétienne qui, pour éviter un êeuei~, tombe en réalité dans une autre dUfieult6. Car que fait‑elle lorsque la critique rationaliste prétend chomher dans les religions adati­ques, bouddhisme, brahmanisme, mazdéisme, Porigine des croyances et des pratiques chrétiennes 1 Elle insiste fortement eur la pré­senoe en Palestime à l'époque de Jésus, des mêmes doctrine& qui prévalurent ensuite dans l'Eglise et elle au conclut à bon droit que c'est plutôt là que partout ailleurs qu'on doit chercher la râ, oins premiers du christianisme. S'agit‑il au contraire de rehausser vis à~vis du judaisme la valeur de la religion chrétienne et de jus. tifier oell~oit Au risque alors de ne contredire, on signale avW complaisance les différences qui la caractérisent et il est bien entendu que sur tous les points oh elle Wcarte de la foi juive, &cet tout Israël qui est dans Permur et que unie me domaine de pêcheurs illettrés ont été en possession de la pleine vérité ismê. lit~ Nous demandons si me Pareille apologétique tout artificielle ne répugne pas grandement aux règles de la logique et Wil n'ap­
 
 
IN~DUCMON . si
 
parait pas aux esprits non prévenus que Védifice religieux qu'elle élêve contient un vice initial de structuré, qui fait douter avec raison de Ba solidité.
 
 
X.
 
 
Pour échapper à cette redoutable alternative de 8aorifier la raison à la foi on d'immoler la foi à la raison, il faut doue re~n­nattre que le judaïsme providentiellement conservé au cours des siselog a aucors quelque ohm à enseigner A l'humanité. Entre le Syllabus avec ses antathèmes à toutes les conquêtes de la civil!­sation et le besoin inassouvi de croyances religieuses, entre les égarements d'me raison orgueilleuse abandonnée à elle‑même et lu aspirations jamais satisfait« de Pâme humaine tâtonnant per­pétuellement dans le doute comme si Dieu ne sétait point révélé, nous croyons qu'il existe me solution et que Boule l'antique re. ligion hébraïque Bat en état de la fournir. Olest cette conviction qui a inspiré le présent ouvrage.
 
Deux grands enBoignementa ressortiront> nous en avoue Paspoir, de notre travail. Nous démontrerons, d'ose p%r~ centre les eêgae­tions de la critique rationaliste, que le judaïsme, loin d'être comme elle le prétend une religion panment ethnique, a. un mwtêre nettement universaliste et qu'il n'a cessé de aloccapor de l'huma, nitê et de son destinée& Yautre part, nous établirons comment l'idéal que Phêbraleme s'est fermé de l'homme et de Parganisation sociale non seulement n'a jamais été surpassê~ mais n'a même été approché que de très loin, et que c'est en acceptant cet idêalq en réformant Bon christianisme ut ce modèle~ que l'humanité pourra, une renier ses principes les plus chers, avoir eue foi raisonnable en Dieu et an es révélation.
 
Le problême à résoudre peut donc os formuler ainsi:
 
. Le jmialsmw~ comme toutes les anciennes religions, né con­emnaît‑il que le peuple qui le professait ou bien, contrairement àPoxemple de toute Pautiquité et par Une unique et merveilleuse exception, embr~it‑il dans sa, conception le genre humain tout entierl >
 
Ce qui revient à nous demander, si, en dehors de Bon but Par­ticulier et Immédiat, le judaïsme a été conga et organisé en vue de rintérêt général. Avant &exposer notre plan, disons deabord qu?il est facile d'observer quelque chose de semblable, soit dans
 
 
32 l"ILODUCIrION
 
 
le monde dm nations où chaque peuple a un rôle spécial à rem­plir, soit dans la société où chaque individu. (contribue, par son activité personnelle à la prospérité de tous, soit enfin dans l'oui­vus physique dont chacune des parties se trouve coordonnée àl'harmonie de Pensemble. Mais chaque corps concourt au but gê­aérai par le jeu normal de ses qualités essentielles, toute nation travaille pour sa part au progrès de l'humanité en développant son propre génie et l'individu lui‑même se rend utile à la société en servant intelligemment son intérêt particulier. Ici, au contraire, nous voyons une organisation mise au service d'une autre, une re­ligion nationale constituée la gardienne d'une autre religion dm­flués à tous les hommes et Vintêrêt particulier subordonné si complêtement à Vintërêt universel qu'Ezêchiel a pu dire que Dieu régnera par force sur les Juifs qui demandaient à être ~ tous le peuple de la terre. H y a là, W conséquent, dans l'ordre spi. rituel, me morte d'expropriation pour eau» deutilitê publique. Re­muquons enfin. que, dans les exemples précédents, nations et in­dividus concourent Sans le savoir au but éloigné que la nature poursuit en eux et pu eux, tandis qu'Israël avait pleinement conscience de se mission providentielle et humanitaire. Sans doute, il a son existence propos et intérieurs, mais il confère en même temps à la vie universelle, il est pâme des âmes, comme Dieu, selon le mot d'Aristote, est la pensée de la pensée. Ausaî~ doué d'une aptitude particulière pour le divin, d'une faculté religieuse que la science moderne reconnalt de plus en plus comme caracté. ristique de la rue sémitique et spécialement de la race juive, il cet soumis à des devoirs qui neincombont qu% lui seul; il a un culte et dm pratiques à lcmpeût hiératique, disons même th6ur­gique. qui répondent au côté mystérieux de l'univers. Il remplit de la sorte une fonction indispensable à Perdre général. sa vie, encore une fois, est comme celle dû l'âme dans laquelle se résout la vie extérieurs du corps et qui absorbe et fait monter d'un degré cette vie organique en transformant les forces physiques en forces intellectuelles.
 
Nous montrerons (loue que dans le judaïsme luniversalisme (comme but et la particularisme comme moyen ont toujours coexisté et que celui‑ci est d'autant plus caractérisé que "nie une religion très concrète, très positive, très personnelle, pouvait servir de dé­pasitaire et d'organe à une religion universelle. On comprendra qu'Israël devait se replier d'autant plus mur lui‑même, concentrer
 
 
IN11RODUCTION 33
 
d'autant mieux au forces que, pour atteindre le but auquel il
 
aspirait, il avait de plus grands obstacles à surmonter.
 
Mais avant même que nous entrions en matière, la critique rationaliste nous oppose ans fin de non recevoir en contestent pauthentiaité des monuments bibliques sur lesquels nous avons àappuyer nos démonstrations. On voit de suite quelle importance présente cette question dans une thèse qui tend à prouver les aspirations universalistes du jadalisme, l'intuition qu'il a eue cons­tamment des destinées communes de l'humanité et le but qu'il a invariablement poursuivi, qui a été sa cause premiêre et la raison d'être de toute son histoire. Les rationalistes Ils S'en tiennent Pu la. Ils nous opposent leur propre interprétation qui contredit par­p6tuellement les conclusions que nous entendons tirer nous‑même (les Boritures, quelles que soient d'ailleurs l'antiquité et Paulhan­ticit6 des documends sacrés. lis s'efforcent d'établir que les idées exceptionnelles, que nous présentons comme caractéristiques du judaïsme et qui présupposent raisonnablement une origine excep. tionnelle aussi, doivent être nées simplement dans les monuments dont l'autorité «ne saurait être mise en doute, ou du moins ra. menées à une époque beaucoup plus récente chaque fois que Pauthon­ticité des écrits bibliques peut être contactés avec quelque vraiskna­blancs. Mais il n'est pas nêcemaire que nous nous engagions dans une discussion à food eut cette question d'authenticité qui, assu­rément fort importante, décisive même, quand Il s'agit de la rêvé. lation. proprement dite, n'offre pas le même intérêt capital, lorsqu?ou se propose uniquement de rechercher les trucs des doctrines univer. salistes dont nous avons parlé. Il nous suffit que le judaïsme, tel qWil s'est définitivement constitué, c1est~â‑dirù celui que Pon a coutume de qualifier d'orthodoxe, les ait réellement professêes et constamment maintenues dans son enseignement.
 
Voilà pourquoi nous puiserons indifféremment aux sutures bibliques, rabbiniques, voire môme kabbalistiqueB. Comme nous croyons fermement que le judaïsme orthodoxe seul cet en état de répondre aux besoins religieux de l'humanité, c'est à lui que nous nous adresserons pour savoir si, de même qu'il entretient luron­testablement des aspirations de religion universelle, il posede les moyens nécessaires pour les rêaliser. Nous aurons cependant re, cours de préférence aux sources dont la légitimité et l'antiquité ne peuvent être contestées sérieusement. D'ailleurs ces idées sont si répandues, si fréquentes dans tous les monuments de l'antiquité
 
B . . .......... : l'ai a B.W. ‑ d.
 
 
34 INTRODUCTION
 
 
hébraïque que si même on croyait en devoir rejeter quelques‑uns comme datant en réalité d'une époque beaucoup plus récente, cela ne saurait compromettre en aucune fâ4~on le résultat définitif auquel nous visons. Quant aux différentes interprétations que llexégêu moderne nous oppose, nous croyons pouvoir affirmer que rien ne sera négligé, clin que la vérité se fasse jour à travers les mille difficultés amoncelées centre elle.
 
Nous nous proposons donc dans cet ouvrage de rechercher le mutêre universaliste de l'Hébraïsme,
 
Tout d'abord dans le domaine spéculatif, clestâ‑dire dans l'idée que le judaïsme s'est formée:
 
1.0 de Dieu et des dieux;
 
2.‑ de l'homme;
 
8.0 des nations;
 
4.0 de l'humanité et de an Du derniêre;
 
En second lieu, dans le do mine pratique, nous voulons dire dans la conception que Pon West faite:
 
1~O de la loi;
 
2.0 de la révélation primitive;
 
3.0 de la révélation aux Gentils;
 
4.‑ de la révélation juive elle‑même, soit en ce qui,concerne les lois mosaïques proprement dites, soit pour tout ce qui regarde les lois noachides de la gentifitê.
 
Le plan que nous nous tra~,on& comporte ainsi trois grandes divisions principales:
 
I. Dieu;
 
Il. L'homme;
 
111. La Loi.
 
Dieu et Phomme~ voilâ las principes du judaïsme, comme de toute religion; le moyen~ par lequel m'établissent les rapports entre Phommo et Dieu, clest la Loi révélée mou son double aspect, juif et universel; l'instrument, &est Israël; enfà~ le but suprêmee eest la régénération de Pliumulté, le royaume de Dieu.
 
 
Xi.
 
 
Essayons maintenant de saisir mieux encore la physionomie de l'hébraïsme dont nom venons d'esquisser, les linéaments. il suf. gra pour cela ~pi"quer en quoi il se distingue des deux grandes
 
 
INTRODUCrION
 
 
religions rivales, le polythéisme et le christianisme, soit dans la doctrine, "fi dans la forme on Ira procédés.
 
On peut dire que l'une des plus notables différences qui séparant l'hébraïsme du polythéisme, c'est Précisément
 
lisme complêtement étranger aux divers cultes payons et qui sous­tiras au contraire le caractêre spécial et la mission bien définie de la religion d'Israël. Bien do semblable en effet dans 16 pagw nisme; la, l'idée de la Divinité se subdivisait, se morcelait à piaffai. (je n'étaient partout que dieux locaux, nationaux, domestiques, individuels, dieux des diverses parties de l'àme, de ses faculté$, de sas passions, voire même (les différents états de santé ou de maladie. Le principe d'unificoution de cette cohne, innombrable, la conception du point central d'où tout émanait et où tout devait revenir, faisait totalement défaut. Il y avait là quelque chose d'ana. logue au divin sans Dieu d'une certaine école philosophique moderne on encore aux faits de conscience constituant, au dire de quelques psychologues, la conscience entiêre, soffl qu'il Y ait un point, un contre, un moi indivisible auquel tous ces faits aboutis­sent; toujours des phênomênes sans une substance qui les sup. Ports, des actes sous un sujet dont lie forment la manifestation on la modification. Cela n'empêche pas d'ailleurs qu'il ne faille reconnaître, même dans le polythéisme, sous Finfluance de certaines circonstances, l'unité dominante et que l'idée universaliste n'y reprenne de loin en loin ses droite.
 
Il n'est pas possible d'énumérer ici tous les sas; où, selon nous, le monothéisme et l'universalisme se font jour au soin des cultes païens. Il nous faudrait parler de leurs origines, soit générales, sait locales, des mystêres où se conservait leur doctrine secrète, des occasions exceptionnelles où les divinités des diverses nations entrant en contact étaient reconnues comme identiques par leurs adorateurs, et enfin de la conception, qui se rencontre fréquemment dans les mythes polythéistes, (l'une puissance supérieure à tous les dieux. Toujours estil que ce qui prévalait partout dans les croyances populaires, &est la pluralité et l'antagonisme des dieux uns aucune aspiration vers Vanité religieuse.
 
La différence de forme ou de procédé entre le judaïsme et la polythéisme West que la conséquence de colle que noua venons de signaler dans leur fond respectif. L'idée de religion universelle étant étrangers à sa théologie, le polythéisme Wa pu et ne eau­mit avoir de prosélytisme. Non seulement cette notion lui cet lu.
 
 
connus, mais elle est même incompatible avec son génie religieux, car c'était précisément un devoir pour chaque peuple, pour chaque contrée on chaque ville, de rester fidèle à ses divinités partieu­lières. Bien plus, nous ne croyons rien exagérer ou disant que si l'on va bien au fond des choses, il ne pouvait même être aucu. nement question chez les païens d'un devoir universel, ou cette emâception implique très certainement celle d'une volonté unique, existant au‑dessus de toutes les différences locales et. nationales, d'une Loi universelle, supérieure aux divinités elles‑mêmes et Imm­nant d'une source qui les domine toutes également. Or tout cela révèle incontestablement le Dieu unique, souverain législateur dont l'empire sétend partout et toujours, sur tous les dieux et sur toutes les nations, en un mot le monothéisme et l'essence même de la doctrine hébraïque. Si le sentiment d'un devoir.commun à tous se maintenait chez les païens, c'est uniquement parce que l'erreur ne peut. jamais obscurcir complètement la vérité et que la nature im. pose à l'homme des nécessités inéluctables qu'il ne saurait trans‑, gresser impunément.
 
06t attachement exclusif de chaque peuple à, ses divinités pari ticulères était si général dans la monde ancien et paraissait si naturel quIl arrive aurJuifs de levecuumaître formoDemen4lorsqulils parlent des païens, et d'employer eux‑mêmes le langage qni était alors communément accepté: C comme tous les peuples marchent, chacun au nom de son dieu, nous marcherons, nous, au nom de 11Bternel, notre Dieu, à perpétuité » ('). Bien que ce verset si­guide peut‑être simplement que la fidélité témoignée par les Gen­tils à leurs fausses divinités était due, à, plus forte raison, par les Israélites au Dieu véritable, il n'en est pas moins vrai que le fait dont nous parlons s'y trouve proclamé expressément.
 
Il nous reste à dire un mot sur la différence de fond et de forme qui sépare, à ce point de vue spécial, le judaïsme du chris­tifflisme.
 
Sans doute la doctrine d'une religion universelle "retrouve nettement chez l'un comme chez Fautre, mais ils différent toute. fois considérablement dans la manière de la concevoir.
 
Dieu, dans l'hébraïsme, n'est pas seulement le Père de tous les hommes considérés chacun dans son individualité, mais il l'est aussi, et au plus haut degré, de ces agglomérations des individus
 
 
(') M'CRÊ" IV, 5.
 
 
INTRODUCTION 37
 
qu'on appelle les nations et de Phumanit6 dans Bon ensemble, envi. sagée comme un vaste organisme, comme une famille dont les divers peuples sont les membru. Cette dernière idée ne figure dans 18 christianisme qu'au se(mna plan; elle y apparalt plutôt comme an pâle reflet des notions bibliques que comme une conception vivante, fêconde et fondamentale, telle qu'elle ressort de tous les monuments du judaïsme dans lesquels, si elle Weffau point Fantre doctrine, elle est du moina, surtout dans les Ecritures, un peu plus accentuée. En un mot, ce q t prêvaut dans l~hêbralme
 
ni biblique, c'est l'idée d'un Dieu universel des nations, tendis que dans la christianisme au contraire, c'est celle d'un Dieu universel des individus. La ~ne64nence logique de ces aspirations univer­salistes est, dans le judaïsme comme dans le christianisme, une tendance à se propager, à réaliser dans l'histoire Funitê religion" qui est la fond même de leurs dogmes, à amener d'une ra"iêre on de l'autre Phumanitê à reconnaître cette universalité, Caractère essentiel de leurs croyances. Mais ici encore les deux religions Wécutent notablement dans les procédés. Tandis que lejuddisme s'adresse surtout à, la raison, c'est plutôt le sentiment que le chris­tianisme cherche à captiver. Le premier tend à constituer non seulement une Eglise composée d'individus gagnés à, sa doctrine, mais dans cette Eglift même autant de collectivités, autant de na~ tiens que la nature en a formé; le second au contraire n'a Pm d'autre souci que celui des âmes à sauver, eest‑â‑din des Indi­vidus seulement.
 
ce West pas tout. comme s'applique à, convaincre la raison humaine et que, d'autre part,.il se fonde sur la base indéfectible d'ou nationalité qui as croit investie dans le monde d'une mission providentielle, le prosélytisme juif a toujours été plus ou moins lent~ patient, parfois même passif, respectant jusqu'au acropole non seulement la liberté, mais encore la spontanéité individuelle, préférant que le monde vint à lui gagné par la sublimité de ma doctrines, plutôt que de chercher lui‑même à le convertir. L'attitude du christianisme est toute contraire. Son unique buI~ c'est le salut des âmes qu'il suppose irrémédiablement perdues tant qu'elles n'ont pu accepté ses; enseignements; tous 868 efforts sont donc dirigée, non point à ~nquêrir pas à pu la conviction, mais àVemporter d'un "ni coup en faisant surtout appel au sentiment. Et comme l'instrument de sa propagande a été, hou pas une famille naturelle indissoluble, elut‑â~dire un peuple en possession deune
 
 
88 IMMODUCTION
 
 
histoire, d'me tradition, mais nue poignée de Mêlés sans passé, sarm organisation préétablie, sans racines dans la nation, l'impa­tience, la passion, la pression et trop souvent même la violence ont été les conséquences naturelles de ce vice originel et les mi. rmtêres distinctifs du prosélytisme chrétien.
 
Ces différences, qui séparent si profondément Phébraïsme du polythéisme d'abord, puis du christianisme lui‑même, correspondent à la double démonstration que nous poursuivons dans cet ouvrage et au double but que nous nous proposons d'atteindre. La Présence de l'idée de religion universelle dans le j udaisme fera reaaortir la nature particulière de la foi dIsraël qui la distingue complètement de toutes les croyances du mondé ancien et qui constitue en sa faveur une exception si merveilleuse que, pour PAxpliquer, fi cet indispensable de recourir à une cause non moins exceptionnelle, La critique rationaliste as, trouve donc en défaut quand elle en. treprend deusujêtir à des lois d'évolution identiques les religions polythéistes et Phébraïsme: telle est notre première démonstration et l'une des conclusions de cette étude. Mais il ne nous suffit pas d'établir l'existence de l'universalisme juif, nous devons encore noue convaincre qu'il est de bon aloi, qu'il évite les défauts des autres, du christianisme par exemple, et que, pu suite, il remplit les conditions nécessaires pour le rendre acceptable à la société moderne: ce sera la seconde partie de notre tâche et la second but auquel nous espérons arriver. Pour tout résumer en un mot~ il faut voir si le judaïsme a parlé de l'humanité et Wil en a bien parlé.
 
Que les libres penseurs se rendent bien compte qu'une religion qui répond aux justes exigences de la science et de la civilisation moderne sera toujours le meilleur des rationalismes, non seulement au point de vue philosophique, mais surtout dans la pratique de la vie 1
 
Et puissent les chrétiens ne pas oublier que ce qui puis dans ces pages, c'est Phébraïsme dont le christianisme est issu et dont ils Partagent les croyances et 168 espérances; que les intérêts de PUR et de l'autre sont ainsi solidaires et qu'en définitive ce sera toujours 10 Christianisme, rêfOmê il est vrai sur son Premier modèle, qui Scrâ la religion des peuples gentils!
 
Et il le sera pu le judaïsme lui‑même. La réconciliation rêvés Pm les premiers chrétiens comme une condition de la parousie ou avènement final de Jésus, le retour des Juifs dans le sein de IlEglise, sans lequel les diverses communions chrétiennes, qui
 
 
1141PRODtICTION 89
 
s'efforeent d'y travailler chacune à sa manière, s'ucordent à re. connaître que Voeuvre de la r6demption demeure incomplète, es retour, disons‑nous, eelfectuera, non pu, à la vérité, comme on l'a attendu, mais de lis seule manière s6rieuse, logique et durable, et surtout de la seule façon profitable au genre humain. Os sera la rêunion de PHêbraïsme et des religions qui en sont issues et, selon le mot du dernier des Prophète@, du sceau des Voyants, comme les Docteurs appellent Malubie, le retour du coeur des enfants àà leurs pères.
==References==

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