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L'unité d'origine d'après la Bible et lu Babilles.
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DEUXIÈME PARTIE
  
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L'HOMME <ref> Page 275 </ref>CHAPITRE PREMIER
  
Nous devons rechercher maintenant si l'idée que l'hêbraisme S'est faite de l'homme pr~aewo ce caractère d'universalisme que nous venons de retrouver dans l'idée (le Dieu.
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L'IDÉE DE L'HOMME DANS L'HÉBRAÏSME
  
La première pensée quI~ vient naturellement à Festoit, c'est que seule dans toute l'antiquité la religion israélite s'est occupée des origines de l'humanité. Indépendamment de la manière aussi peu partieulariste que possible dont ses traditions les racontent, ce fait constitue déjo a lui seul 'mepreuvo en faveur de ses aspi. rations universelles, comme l'ont reconnu les écrivains les plus impartiaux. fontes les races, poussées par l'ignorance aussi bien que par l'orgueil, ont cherché à faire remonter leur généalogie jusqu'à, nos premiers parents en excluant les autres peuples de ce privilège d'origine. C'est tout au plus si l'histoire de ces races est mentionnés parfois sous ~forme d'appendice à l'histoire de la race principale. L'étrange,, le barbare apparaît ainsi comme un être inférieur dont la nature reste grossière et le développement incomplet; en lui refusant l'honneur de la communauté, d'origine on s'autorise à le combattre, à le dépouiller, à le tuer même le jour bu Pintérôt Pexige. Il en était ainsi dans les temps anciens; il en est encore de même de nos jours chez des peuples qui se piquent pourtant (le civilisation.
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ORIGINE DE L'HUMANITÉ
  
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L'unité d'origine d'après la Bible et les Rabbins.
  
L'ethnologie des Juifà, comme on l'a fort justement remarqué, reposait sur des notions plus vastes, et leurs livres sacrés, dans leurs récits sur les origines, s'intéressent aussi bien aux autres races qu'aux ancêtres d'Israël. Assurément, à partir d'une certaine période de l'histoire de l'humanité, la Bible, qui est spécialement destinée aux Juifs, néglige les autres peuples pour s'occuper d'Israël particulièrement, mais il n'on est pas moins vrai que dans ses premiers chapitres elle trace, soit avant, soit même après le déluge, un cadre si général qu'il embrasse avec nue parfaite égalité tous les peuples de la terre. Dans ses différentes parties consacrées aux annales israélites, il n'est même pas rare de rencontrer de petites digressions, dans lesquelles il s'agit non plus des Hébreux, mais de quelque nation païenne, ce qui prouve évidemment qu'aux yeux des écrivains bibliques les étrangers n'étaient nullement des êtres d'origine méprisable. Nous ne faisons aucune difficulté de reeonnaitre que l'orgueil national a toujours pousse chaque peuple à se croire bien supérieur à tous les autres, Il on a certainement été ainsi jadis à Jêrasaloeu comme à Athènes; il en est encore dA même de nos jours à flores, à Berlin comme à Paris. Mais l'histoire dira si la race qui a eu constamment At plus distinctement qu'aucune autre l'idée de l'égalité essentielle, fondamentale, de tous les hommes, ce qui implique l'absence de toute prétention à un privilège inné quelconque, n'est pas celle qui est le mieux fondée à aspirer à la direction religieuse de l'humanité. C'est d'ailleurs la le seul domaine dans lequel le judaïsme revendique une place à part et Israël est si loin d'avoir négligé, l'origine des Gentils et leur développement historique, quon peut dire de lui, avec beaucoup plus de raison encore que Floras ne le disait des Bancaire, qu'on lifflut ses an~ notes ce n'est pas l'histoire d'un seul peuple que l'on apprend, mais celle de l'espèce humaine tout entière.
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Nous devons rechercher maintenant si l'idée que l'hébraïsme s'est faite de l'homme présente caractère d'universalisme que nous venons de retrouver dans l'idée de Dieu.
  
C'est déjà beaucoup assurément que le judaïsme ait été la seule religion de J'antiquité qui se soit occupée des origines de phonos, cité, mais la maniêre dont il a résolu le problème en proclamant l'cuite primitive du genre humain constitue pou de ses plus beaux titres de gloire. Llhëbraïsme s'est élevé, dans sa conception de l'homme, à une incomparable hauteur. Il l'a mis sur le trône même de Dieu et c'est la qu'un jour le christianisme est allé le chercher pour le faire descendre et régner sur la terre, transformant en un véritable avatar l'apothéose joies. Il l'a placé à l'aurore de la création sur le chaos encore informe comme une force fâcondante
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La première pensée qui vient naturellement à l'esprit, c'est que seule dans toute l'antiquité la religion israélite s'est occupée des origines de l'humanité. Indépendamment de la manière aussi peu particulariste que possible dont ses traditions les racontent, ce fait constitue déjà à lui seul une preuve en faveur de ses aspirations universelles, comme l'ont reconnu les écrivains les plus impartiaux. Toutes les races, poussées par l'ignorance aussi bien que par l'orgueil, ont cherché à faire remonter leur généalogie jusqu'à nos premiers parents en excluant les autres peuples de ce privilège d'origine. C'est tout au plus si l'histoire de ces races est mentionnée parfois sous forme d'appendice à l'histoire de la race principale. L'étranger, le barbare apparaît ainsi comme un être inférieur dont la nature reste grossière et le développement incomplet; en lui refusant l'honneur de la communauté d'origine on s'autorise à le combattre, à le dépouiller, à le tuer même le jour où l'intérêt l'exige. Il en était ainsi dans les temps anciens; il en est encore de même de nos jours chez des peuples qui se piquent pourtant de civilisation.<ref> Page 277 </ref>L'ethnologie des Juifs, comme on l'a fort justement remarqué, reposait sur des notions plus vastes, et leurs livres sacrés, dans leurs récits sur les origines, s'intéressent aussi bien aux autres races qu'aux ancêtres d'Israël. Assurément, à partir d'une certaine période de l'histoire de l'humanité, la Bible, qui est spécialement destinée aux Juifs, néglige les autres peuples pour s'occuper d'Israël particulièrement, mais il n'en est pas moins vrai que dans ses premiers chapitres elle trace, soit avant, soit même après le déluge, un cadre si général qu'il embrasse avec une parfaite égalité tous les peuples de la terre. Dans ses différentes parties consacrées aux annales israélites, il n'est même pas rare de rencontrer de petites digressions, dans lesquelles il s'agit non plus des Hébreux, mais de quelque nation païenne, ce qui prouve évidemment qu'aux yeux des écrivains bibliques les étrangers n'étaient nullement des êtres d'origine méprisable. Nous ne faisons aucune difficulté de reconnaître que l'orgueil national a toujours poussé chaque peuple à se croire bien supérieur à tous les autres, Il en a certainement été ainsi jadis à Jérusalem comme à Athènes; il en est encore de même de nos jours à Rome, à Berlin comme à Paris. Mais l'histoire dira si la race qui a eu constamment et plus distinctement qu'aucune autre l'idée de l'égalité essentielle, fondamentale, de tous les hommes, ce qui implique l'absence de toute prétention à un privilège inné quelconque, n'est pas celle qui est le mieux fondée à aspirer à la direction religieuse de l'humanité. C'est d'ailleurs là le seul domaine dans lequel le judaïsme revendique une place à part et Israël est si loin d'avoir négligé l'origine des Gentils et leur développement historique, qu'on peut dire de lui, avec beaucoup plus de raison encore que Florus ne le disait des Romains, qu'en lisant ses annales ce n'est pas l'histoire d'un seul peuple que l'on apprend, mais celle de l'espèce humaine tout entière.
  
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C'est déjà beaucoup assurément que le judaïsme ait été la seule religion de l'antiquité qui se soit occupée des origines de l'humanité, mais la manière dont il a résolu le problème en proclamant l'unité primitive du genre humain constitue l'un de ses plus beaux titres de gloire. L'hébraïsme s'est élevé, dans sa conception de l'homme, à une incomparable hauteur. Il l'a mis sur le trône même de Dieu et c'est là qu'un jour le christianisme est allé le chercher pour le faire descendre et régner sur la terre, transformant en un véritable avatar l'apothéose juive. Il l'a placé à l'aurore de la création sur le chaos encore informe comme une force fécondante <ref> Page 278 </ref>
  
ORIGINE DFI L'HUMANITÊ                                              279
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WORK IN PROGRESS
 
 
 
 
 
et organisatrice, quand il a fait do PUep,it de Dieu ou du vent impêtrieux qui soufflait sac les eaux Pâme du premier homme et et de l'âme de l'homme, l'âme de la terre.
 
 
 
Pour certains savants de nosiours l'homme n'est que le descen­dant perfectionné d'mi quadrumane; pare l'hébraïsme rabbinique au contraire le singe est un homme dégénéré. Cette doctrine dIaH~ leurs n'est pas entièrement étrangers à la science contemporaine, puisque des naturalistes ont avance que les bimanes et les qua, drumures pourraient bien descendre d'une souche.commune, d'un placentaire supérieur, d'un primate qui, ayant joué le rôle d'espèce originaire, aurait donné naissance, par loi de divergence, aux deux ordres mentionnés. Ainsi Phébraïsme se trouve d'acccad avec la science quand il Proclame Paffinitê de l'homme avec tous 108 êtres organisés. Peut‑être faut‑il voir on écho de cette tradition dans le mette St. François d'Assise appelant,,omme l'avait fait leBouddba, tous les animaux ses frères cadets. La th4orie rabbinique fait de l'homme la force organisatrice de la terre At par suite le germe de tout ce qui a vie. Tel est le sens de cette hagadda qui décrit a,, Adam dont la taille s'élève de la terre au ciel et dont la largeur s'étend d'un bout à Fortes du monde (~). Une autre légende t%Imu~ (tique atteste la parenté du premier homme avec toutes les formes organiques, quand elle nous montre Adam essayant de s'unir àrace lu animaux de la terre avant de trouver sa compagne. C'est toujours l'identification d'Adam avec cette forme primordiale pro­to,oai,e d'où se sont ramiflées toutes les formes organiques. Et sous nu autre aspect c'est encore la doctrine de la Kabbale qui voit dans Adam le principe mâle du monde et dans rve, le principe féminin, l'un et l'autre étant figurés plus tard par les deux ohé­cabine du sanctuaire, eux aussi mâle et femelle, nés du Logos (tiplieret) et da cosmos (Malkout).
 
 
 
                Quelle hardiesse et quelle largeur de vue! L'universalisme juif,
 
 
 
        dans ses aperçus sur Punitê d'origine du genre humain, atteint des
 
 
 
            proportions presque invraisemblables. Et cependant il est si peu
 
 
 
              ,me interprétation fantaisiste des Rabbins, il est si authentique­
 
 
 
              ment biblique que sans loi le récit des premiers chapitres de la
 
 
 
Genèse n'a que                              mystères et puérilités à, nous offrir.
 
 
 
        Si dans ce récit ou se refuse à voir un mythe, nous défloirs qu'on y
 
 
 
        puisse trouver quelque chose digne (le retenir un instant l'attention.
 
 
 
 
 
 
(1) Haghigà 12,                38.
 
 
 
 
 
280                                        L'Hoxmre
 
 
 
 
 
 
Racolons; la science nous donner la conclusion du système dar­winien: « En partant du principe d'élection naturelle avec la di­vergence des caractères, il ne semble pu incroyable que les animaurr et les plantes se soient formés de quelque forme inférieure inter­mèdiaire. Si nous admettons ce point de départ, il nous faut admettre aussi que tous les êtres organisés qui ont jamais vécu peuvent des­cendre d'une forme primordiale unique ~ (~). Adam serait doue ainsi le père non seulement de route l'espèce humaine, mais de tout ce qui a vie et le monde ne formerait qu'une seule famille, quoique infiniment variée dans ses membres. Nous ne prétendons nullement soutenir que ce soit la le seul sens acceptable (les premiers cha­pitres de la Contas, ni qu'en dehors de cette conception presque cosmogoulquû, les Rabbins ne reconnaissent pas un Adam histo­tique plus près de nous et créé à notre image. Nous affirmons seu­lement qu~fi suffit de lire la narration biblique pour y dëcouvrir autre chose que la signification littérale. Si un Adam historique a existé, une foule de notions mythiques est venue s'ajouter à ce que la tradition a pu savoir de lui, au point de le rendre mêeon­uaissaddo. Quoi qu'il en soit, scripturaire on non, cette grandiose conception adamitique est incontestablement cou notion hébraïque et rabbimque; elle doit par conséquent entrer en ligne de compte quand il s'agit d'étudier les croyances universalistes de llhêbraisme.
 
 
 
Sous estimons qu'il ne sera plus permis après cela de parler de vues étroites, d'horizons rétrâcis, d'êgoisme national à propos d'une religion qui, en racontent ses origines, comprend dans un universel embrassement les hommes, les animaux, les plantes et la création tout entière. peut‑être, n'a‑t‑on jamais remarqué comme il convient la beauté de cette légende rabbinique, d'après laquelle, pour former le corps d'Adam, Dieu prit la terre sous l'emplacement de l'autel de Jérusalem, ou comme disent textuellement les Docteurs, du lieu de son pardon (2). Voisiner miséricordieux du Créateur, Pémi~ conte dignité d'Adam, père de l'humanité, dont le corps est la­çonnê à poulet même de Dieu, et le trait lumineux d'universalisme religieux qui éclaire ce culte juif rêpatê si jalousement partirais, riste et ce Temple qu'on disait être la eltadolle du plus étroit égoïsme national, tout n'est‑il pas ici admirablel Nous y entre, voyons aussi le lien qui rattache, dans la pensée des Rabbins,
 
 
 
 
 
 
(1) Jovue eoisatifique du 24 août 1875.
 
 
 
(1) mlimi IMDD =IputD =I)t Mkot
 
 
 
 
 
oR1GT~ DE V"U~NiTÉ
 
 
 
 
 
 
281
 
 
 
 
 
 
l'unité humaine à Parité divine. Celle‑ci étant admise, 11,Astil pas naturel que l'espèce humaine ait été créée Par im seul acte de cette Puissance unique et souveraine ? Des dieux nationaux auraient pu créer chacun le peuple qu'il voulait gouverner, mais an Dieu universel no pouvait procéder à autant de créations spéciales, comme si, mécontent des premières, ri en essayait de nouvelles. Ainsi cette Croyance Û l'unité d'origine de l'humanité fournit un nouvel or, griment en faveur de PAxistence du monothéisme chez log anciens trébreux, car on ne la trouverait certainement pas établie à une époque si reculée, si les hommes n'avaient déjà cru alors à parité du pouvoir crëatour.
 
 
 
~ Dans le POlYthêi$mO, dit au auteur distingué, la division des nations est originaire et perpétuelle, Mr elle dérive de la pluralité des dieux (lent chacun est Pemblème d'un peuple distinct. Aussi, malgré le progrès de la philosophie, les penseurs de la Grecs et (le, Rome eurent plutôt le soup~on que la conviction de‑la troc termite. Cet obstacle à la conception de la fraternité n'existe pas dans le mosaisme. Un seul Dieu crée le genre humain et pour tê­moigner que tous sont un oit essence, le Créateur les fait calibre d'un seul homme. Il veut même que la femme qu'il a donnée au premier homme soit tirés de lui, afin que tout soit un dans le genre'humain. Ainsi, l'élection spéciale dont se glorifient les lié­lortoix était dominée par un dogme supérieur et fondamental, l'unité de Dieu et de la création > ('). Le paganisme avait si bien l'instinct du lien rattachant le monothéisme à l'unité humaine que, par Poi~ gante de son dernier apologiste, l'empereur Julien, nous le voyons nier cette unité en alléguant l'existence des différents dieux qui inspirent diversement chaque peuple de la terre ('). Nous avons dit que les variétés de races, attribuées par Julien à la pluralité des dieux, constituent pour nous un fait qui trouve son explication théologique dans les aptitudes particulières à concevoir le divin, autrement dit à considérer spécialement une des faces de la na­ture do'Dieu, un de ses attributs devenu, une fois personnifié dans l'idéal d'un peuple, le 8m, de ce peuple lui‑même. Nous savons colin que tout cela se concilie parfaitement avec le monothéisme, à la condition toutefois que chaque nation reconnaisse qu'elle ne puis­sêde qu'un côté de la synthèse unitaire et qu'aucune des idées di­vines ne doit être exclusive.
 
 
 
 
 
 
L~,m.,., Acao,, 4. droit d, jm, .I. , p. "S. c,w~, d~. J.1., lit. ".
 
 
 
 
 
282                                      j~1Ho~
 
 
 
 
 
 
    La fraternité entre tous les peuples et la communion (le tous
 
 
 
avec Israël , 1 i est le centre vers lequel doivent tendre, pour se
 
 
 
                    qu
 
 
 
'éunir, toutes les conceptions religieuses, telle est la conséquence dernière de l'unité d'origine de l'humanité si hautement proclamée par l'hébraïsme.
 
  
 
==References==
 
==References==

Revision as of 15:44, 20 September 2010

DEUXIÈME PARTIE

L'HOMME [1]CHAPITRE PREMIER

L'IDÉE DE L'HOMME DANS L'HÉBRAÏSME

ORIGINE DE L'HUMANITÉ

I.

L'unité d'origine d'après la Bible et les Rabbins.

Nous devons rechercher maintenant si l'idée que l'hébraïsme s'est faite de l'homme présente caractère d'universalisme que nous venons de retrouver dans l'idée de Dieu.

La première pensée qui vient naturellement à l'esprit, c'est que seule dans toute l'antiquité la religion israélite s'est occupée des origines de l'humanité. Indépendamment de la manière aussi peu particulariste que possible dont ses traditions les racontent, ce fait constitue déjà à lui seul une preuve en faveur de ses aspirations universelles, comme l'ont reconnu les écrivains les plus impartiaux. Toutes les races, poussées par l'ignorance aussi bien que par l'orgueil, ont cherché à faire remonter leur généalogie jusqu'à nos premiers parents en excluant les autres peuples de ce privilège d'origine. C'est tout au plus si l'histoire de ces races est mentionnée parfois sous forme d'appendice à l'histoire de la race principale. L'étranger, le barbare apparaît ainsi comme un être inférieur dont la nature reste grossière et le développement incomplet; en lui refusant l'honneur de la communauté d'origine on s'autorise à le combattre, à le dépouiller, à le tuer même le jour où l'intérêt l'exige. Il en était ainsi dans les temps anciens; il en est encore de même de nos jours chez des peuples qui se piquent pourtant de civilisation.[2]L'ethnologie des Juifs, comme on l'a fort justement remarqué, reposait sur des notions plus vastes, et leurs livres sacrés, dans leurs récits sur les origines, s'intéressent aussi bien aux autres races qu'aux ancêtres d'Israël. Assurément, à partir d'une certaine période de l'histoire de l'humanité, la Bible, qui est spécialement destinée aux Juifs, néglige les autres peuples pour s'occuper d'Israël particulièrement, mais il n'en est pas moins vrai que dans ses premiers chapitres elle trace, soit avant, soit même après le déluge, un cadre si général qu'il embrasse avec une parfaite égalité tous les peuples de la terre. Dans ses différentes parties consacrées aux annales israélites, il n'est même pas rare de rencontrer de petites digressions, dans lesquelles il s'agit non plus des Hébreux, mais de quelque nation païenne, ce qui prouve évidemment qu'aux yeux des écrivains bibliques les étrangers n'étaient nullement des êtres d'origine méprisable. Nous ne faisons aucune difficulté de reconnaître que l'orgueil national a toujours poussé chaque peuple à se croire bien supérieur à tous les autres, Il en a certainement été ainsi jadis à Jérusalem comme à Athènes; il en est encore de même de nos jours à Rome, à Berlin comme à Paris. Mais l'histoire dira si la race qui a eu constamment et plus distinctement qu'aucune autre l'idée de l'égalité essentielle, fondamentale, de tous les hommes, ce qui implique l'absence de toute prétention à un privilège inné quelconque, n'est pas celle qui est le mieux fondée à aspirer à la direction religieuse de l'humanité. C'est d'ailleurs là le seul domaine dans lequel le judaïsme revendique une place à part et Israël est si loin d'avoir négligé l'origine des Gentils et leur développement historique, qu'on peut dire de lui, avec beaucoup plus de raison encore que Florus ne le disait des Romains, qu'en lisant ses annales ce n'est pas l'histoire d'un seul peuple que l'on apprend, mais celle de l'espèce humaine tout entière.

C'est déjà beaucoup assurément que le judaïsme ait été la seule religion de l'antiquité qui se soit occupée des origines de l'humanité, mais la manière dont il a résolu le problème en proclamant l'unité primitive du genre humain constitue l'un de ses plus beaux titres de gloire. L'hébraïsme s'est élevé, dans sa conception de l'homme, à une incomparable hauteur. Il l'a mis sur le trône même de Dieu et c'est là qu'un jour le christianisme est allé le chercher pour le faire descendre et régner sur la terre, transformant en un véritable avatar l'apothéose juive. Il l'a placé à l'aurore de la création sur le chaos encore informe comme une force fécondante [3]

WORK IN PROGRESS

References

  1. Page 275
  2. Page 277
  3. Page 278