Le progrès intellectuel et religieux.
 
 
Nous avons vit que le principe du progrès humain est haute­muet affirmé par la Bible et par les Rabbin& Voyons à présent ce que l'hébraïsme pense du progrès intellectuel qui intéresse tout particulièrement la religion. Il est incontestable que c'est la un domaine où toutes les religions positives ont une tendance marquée à, proclamer la supériorité des temps anciens sur l'époque pré. sente. Par conséquent si, même sur ce terram‑lâ, le judaïsme pro­fesse la croyance à la perfectibilitê successive, ce sera une preuve éclatante que le principe du Progrès a pénétré bien profondément dans la pensée hébraïque, puisqu'il a fa5onné même les dogmes Ica plus vénérables.
 
En remontant le cours du temps, examinons d'abord ce qu'ont dit à ce sujet les théologiens et les Kabbalistes. A chaque page de leurs livres, on rencontre cette idée que la révélation des mystères ne se fera que progressivement et que la pleine connaissance, celle du moins que la nature humaine est capable d'cri acquérir, est ré­serves pour les derniers temps, c'est‑â.(tire pour lère messianique. La valeur de cette doctrine pour l'intelligence des origines clore­licence n'échoppera à personne. Il n'y pas didée qui revienne plus fréquemment dans les Evangiles. Jésus déclare qu'il est venu on ce monde pour dire tout haut, et selon S. Lue, pour prêcher sur
 
 
(~) 97‑ M~VtD.‑l mte D,Dsm 41V rriln z4jo~èt 'iv l'Ili C,z~tc 4~w
 
 
NOTION JUIVE DU PROGRÈS 311)
 
 
h,S toits (‑) ce qui avant lui était enseigné secrètement. Comme il
 
se croyait, le Messie et que ses disciples jugeaient ouverle père
 
messianique, ils pansèrent tons qu'ils étaient dorénavant dispensé , e
 
de toute réserve et la théologie ésotérique des Pharisiens fut étalée
 
su gramijour et divulguée à une foule qui n'en pouvait comprendre
 
le premier met. Ce n'est pas ici le lien d'étudier le bena résultat
 
de cette révélation, mais ce que nous tenons à faire remarquer,
 
c'mat que cette histoire des premiers temps du christianisme noms­
 
lune ou réponse à ceux qui prétendraient que la règle d~mmoi­
 
gnement secret chez les Israélites a été imaginée postérieurement
 
pour eacher,la nouveauté de certaines doctrines inconnues au in
 
daisme primitif et permettre de leur donner ainsi, malgré leur im­
 
portation récente, le prestige de l'antiquité. Tout de qui s'est passé
 
à Pêpoque de la diffusion de PEvangile dément cette spêcienso
 
explication. Ce n'est certes pas par de prétendus stratagèmes théo­
 
logiques que peut avoir été inspirée la prédication des premiers
 
apôtres chrétiens; ceux‑ci, en croyant à tort que les derniers temps
 
étaient arrivés, ont voulu propager des doctrines jusqu'alors tenues
 
cachées et ils ont ainsi rendu, à leur manière, témoignage au prin,
 
eipe juif de développement progressif de la maisons sacrée.
 
Le progrès religieux est sensible même avant Moïse. Les hommes grandissant da plus en plus moralement; Abraham est supérieur à Noé et Moïse est plus grand qu'Abraham. Bien que la Loi existât en germe, croyans‑nons, avant Papparition de Moïse, ‑il n'est pas douteux qu'elle ne soit devenue quelque chose de nouveau entre ses mains et que le Sinaï ne marque, vis‑à‑vis des centres de l'ancienne ,e]igion~ un notable progrès. Les Rabbins, dans une ingénieuse pu­,abois, comparent les révélations antérieures ~> Moïse aux flacons que le maître de la, maison présente à, ses hôtes, taudis que la révélation sinaïqique est comme le tonneau qu'on vide par sa béante ouverture. Moïse à ce propos a des paroles qui êtonnent par leur hardiesse; seule l'habitude de les lire nous 'es fait trouver naturelles. Lui venu, les patriarches mont dépassés; une connais sauce plus complète de Dieu apparaît; un nom, sinon nouveau, du moins nouvellement révélé, vient prendre la place des anciens noms divine ou plutôt il leur est dorénavant préféré: « Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu toutpuissaut, mais
 
 
0) S. L.~, ,,, 3.
 
 
320 l~'Ho~u
 
je n'ai pu été connu IVeux sous mon nom, Avaya » (). C'est toujours la même méthode d'évolution; Vésotériame disparaît et Pon voit se découvrir ce qui était précédemment caché, soit vo. lontaitement, soit inconsciemment à la Jo~wL du fruit dans la flou. Les deux: formes de mystêre peuvent très bien coexister d'ailleurs, Car une même génération comprend tant deesprits divers que Ce qui est connu de l'un peut demeurer secret pour Passtre et qu'il n'y a pu peur ainsi dire deux personnes qui n'aient à apprendre l'une de l'autre quelque chose de nouveau.
 
Aprês Moïse la même toi Continue à régir la développement de la science religieuse. On se rend Compte en parcourant la Bible qu'il y a entre les temps anciens et les temps postérieurs une dif­f6rence dans la maniêre de concevoir la religion. Le fait est ‑ de toute évidence et l'on ne peut lui trouver que deux explications plausibles. On bien il faut admettre aVee la Critique rationaliste l'introduction de livres, de dogmes, de rites neuves=, on bien on est obligé de reconnaître la justesse de notre théorie de Verga­nisme os développant dans toutes ses phasses depuis le germe jusqu'au tirait, toujours variable, mais toujoart; identique en aube. lance, il la fa~mI de tout ce qui est vivant (~. Il n'y a que les choses privées de vie qui soient A la fois immaisibles; et périssables; immuables, aussi longtemps quIelles durent, périssables, puisqu'elles n'ont qu'une durée éphémère, car an elles le caractère didentité et le changement sont successifs, taudis queils sont inséparables dans les êtres vivants.
 
On ne saurait nier que lait Rabbins n'aient adopté cette hypo.
 
 
(1) Exode, V, il.
 
(1) 0. su d'être frappui de la similitude de Cette tbêorl,.,,w
 
oelle a, M. Iahy, de I,gt,i,q ,, p,,t~,~: « N,etil p,, "ni que test nt
 
mo,~mt dm, ,, religlo. vJ~.we, érit 1, élèbr, utwur de « IIE~gil« et
 
Pliglise ~~ emyanoe, dIsolpline, marais et sans 1 La tradition sud à la êtabi.
 
nid, mats 1, 1, p .... .. pme,. Puisque 1, r,11gloes dlle~i, d"mi, ,, ri­
 
gines juqlâ IlppËtl,, de et 1, depuis sa te,­
 
ddiun, os ét6 Plu ~I'fflm qu'aucune &une religion, su ne devra pe,
 
qu'ils aient h,,g6 d,,"tgo, ,,,p,r 1, simple ,mbi,,I,,.
 
v«m~ et même sansagers, aveu Issu ê1èmembs primitifey Comme les historien,
 
qui se hurlent à fuite un rdwé de, id6m et omstuaness pur lu on,.
 
POEM entre dl", sent trop 6‑dils à l'Id, ettie, met, Puoe l'intensité même d'...
 
panasses vitale, d'un dynamisme qui à nou« dans les rencontres de Phistoire
 
leu "Md"" lu »"I",t" lu 1, matière de sus Propoes développe‑
 
ami ». d'su I,ai Il,,,, p. 47. (Nos, du 6ditew,).
 
 
NOTION TUIVE DU PROÏERES
 
 
thèse de l'évolution religieuse. L'accusation qui leur est faite dans l'Evangile d'avoir mis (les traditions humaines au‑dessus de, la parole de Dieu suffit à prouver qu'ils n'étaient gnore partisans de Pimmutabilitii. Les protestations des Sadducéens et Voxisteneo mêmede repartit confirment les reproches des Evangiles. Aujourd'hui même la critique historique, sans aucune intention hostile, au mal­trotte, reconnaît dans les pharisiens les représentants du monte­ment et da progrês religieux au sein du judaïsme, li,mique, dans un sens bien différent du nôtre. Il no faut pas confondre en effet la croissance naturelle illene institution, son évolution organique, avec les changements qu'on y introduirait volontairement pour l'adapter aux temps et aux lieux. Autant la promière modification est juste, légitime, orthodoxe en un mot, autant la seconde est fausse, injurieuse pour l'idée qu'elle prétend servir et l'on pourrait même dire antigoientifique, car la science ne connaît pas les rêve­bidons, mis seulement les transformations lentes, inconscientes, la sélection radicale ‑ le birour des, Kabbalistes ‑ qui n'est pu inuompatibleI loin do la, avec le principe d'hérédité et d'identité et même avec le notion d'un type primitif spécial.
 
Mais ce qui est assurément bien significatif, c'est que les Pha­risiens, avec une sûreté de conscience étonnante, ne font rien pour repousser l'accusation (le nouveauté que leur adressent leurs adret. saires. Ils mettent sans hésitation au~dessus de Moïse IL. Akiba, le représentant par excellence de la tradition non seulement pro, tique, mais théologique, lu seul, dit le Talmud, qui ait pu se livrer sans danger à pâture de la m"caba. Il est raconté dans nu autre passage que lorsque Moïse mont& au Sinaï pour recevoir la Loi, Dieu lui fit voir toutes les gênêrati ans futures de sec
 
Au rang le plus éloigne, il aperçut R. Akiba qui, sur choque petit
 
mot de la Thora, prêchait des, montagnes de doctrines. Et comme
 
âfoïse ne comprenait pas.ce que. disait le rabbin,, il en êprrouva
 
une vive douleur et ne se calme qu'au moment où il entendit
 
R. Akiba qui concluait cri disant: I Toutes ces doctrines nous pro.
 
viennent de Moise qui les r8~ut, au Binai .. Cà prodigieux passage
 
cornai tuerait le plus subtil dénigrement de la Loi écrite, s'il n'en
 
était en réalité la plus profonde apologie. cette image de Moïse
 
qui ne comprend pas ce qu'on dit en son nom, ce qu'il aurait par
 
conséquent prêché lui‑même et qui ne se rassure que lorsqu'il en.
 
tend rattacher les plus modernes théories pharisiennes à son propre
 
enseignement sur le Binai, est un chef‑d'oeuvre. de vérité, de pro­
 
lIle2 Il H ... ce. ‑ 12.
 
 
fondeur; il y a là tout lut système de concordance de la loi écrite et de la loi oraIe~ de Pimmutabilité et du progrès, condensé en quelques mots. Est‑ce que le germe, Wil était doué d'intellfgenee, se reconnaitrait dans la plantel Est‑ce que Penfant se reconnait dans Ilbommel Non, Parcs que la différence est trop grande et que la conscience et la mémoire ne sont pas là pour attester la conti. unité, l'identité de l'existence. Mais la plante se reconnaitrait dans la germe, l'homme sa reconnaîtra dans Poulinai, parce que Ilâvo. lutiort étant déjà un Ut acquis, tous les moments de l'existence as trouvent reliée les uns aux autres et forment une abstins tain­terroeuplue qui permet à l'âtre dalUrmer sa propre identité.
 
Il Wy apas lien de s'élancer après cela si le Zohar met B. Simon Ben Jochai au‑douas de Moïse, en disant que celui‑ei ignorait que sa fou fût resplendissante, tandis que le mettre de la Kabbale la Buvait parfaitement. Le Midrasch Rabba, commew tant les paroles de la Genèse: Et Dieu dit: Que la lumière soit; et la lumière fat Dl dit: « Que la lumière soit! il sagit de Moïse; et la lumière fut; il sagit là de B. Simon Bon Jochai (') ». Bien de plus beau, de plu original, de plus expressif que ce commentaire; c'est la puluance et Pacte mis en face Pun de poutre, c'est la préparation et Pexêcution, le dessein et l'accomplissement reliée ensemble. comme la commencement à la au. Qui sait même ‑ et à notre avis, il y a là plus qu'une conjecture ‑ si Jésus en disant: « Ne croyez pu que je sois venu pour abolir la loi on les lire. ploilles; je sais veau, non pour les abolir, mais pour les accent. plir (2) ll, n'a pu entendu parler d'un accomplissement à la manière que nous disons. (3lest la seule explication permettant de concilier Pattitude de réformateur qulil avait prise et sa qualité de révé­lots" de doctrines jusqu'alors tenues socrêtese autrement dit les idées de mouvement et de conalsrvation dont i6sue se fait tour àtour le représentant. Seulement ce n'est pu à la branche à: im­primer et à régler le mouvement de croissance de toute la plante; c'est là la fonction du trams, de la raciale, ceut‑à‑dire de la nation tout entière, ou mieux encore de Bon génie, de cette force ma‑
 
 
(l) R. J'cos RICIR dl, Trlpoli C~on~ire ~ 1« TokilU~ ps. 83. No. &,On@ Vatalleut lhl"hê le oltatio. a,ou la une, ghfil. de Midruch rebb Inelqu6o par pulsar, .,Il plats est si joue et el belle qu si le puug, 'l'ulluelt pu, s'est Il lu dl dl" qu'Il fald,odt*Pi .... ter.
 
0) B. m.t~l.,, Y, 17.
 
 
NOMON JUIVE DU ~GR*$ 3.23
 
nyme, mais générale, qui embrasse son passé, son présent et son avenir.
 
Lu Pharisiens ont même opéré ce miracle de donner droit de cité à un mot qui, dans toute autre religion, est synonyme dlii6tê. rodoxie, au mot k"moh, nouveauté. Chez aux, la nouveauté est légitime. Le mot est toujours pris en bonne part. L'innovation, est méritoire et apparaît comme un des éléments indispensables de la vie cultuelle; elle forme avec le respect de la tradition le rythme régulier de l'histoire religion". C'est ainsi qu~lis ont af. firmé que tout hiddoweh, tout ce que peut dire de nouveau celui qui étudie la Thorg, a été révélé à Moïse sur la Sinai. Comment cela, si c'est une nouveautêt Evidemment de la même manière que l'enseignement de R. Akiba peut être rattaché à celui de Moïse. Ailleurs la clou et le plante, l'un comme symbole de fixité, d'immutabilité, Vautre comme emblème de croissance et de déve. loppement, nous sont préacoelés pour signifier cette double pro priété de la Loi. C'est à propos de ce verset de l'Ecclésiaste: « Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et rassemblées ou, un recueil elles sont comme des cloue plantés, donnée par un seul maître (') >. Les paroles des sages seraient‑elles donc mobiles et changeantes comme Paiguillon l disent les commentateurs. Nou$ puisqu'elles sont comparus à des clou. Seraient‑elles donc infê­coudes comme les elous qui ne croissent ni ne multiplientl Non, puisqu'il, est dit que ces elous sont plantés.
 
Il suffit d'ailleus de rappeler une vérité dont nous espérons donner plus loin la démonstration complets: c'est que pour Phé­braïsme, la Bible et la Tradition, la Loi écrite et la Loi orale se confondent avec le Logos divin, la Sagesse créatrice et par là même avec la loi des êtres, de l'univers entier, la loi cosmique. Dans cette conception grandiose de la Loi divine, comment aurait il possible de nier que le progrès ne soit, pour toute intelligence dois, une du conditions même de la notion qu'elle en peut ac­quérirt La Loi cet le Logos, la science divine tout entière que Phomme, borné ne saurait par conséquent jamais Posséder complâ­tentent, si bien qu'au dire des Babbins sur les cinquante portes pu lesquelles on pont passer pour parvenir à an connaissance, quacomte‑neuf seulement ont été ouvertes à Moïse, la cinquantième ayant été réservée à Dieu seul
 
 
(il Bedmiute, xu, 13.
 
(2) Ruch ~h&aa, 21b
 
 
324 J~HO~
 
Un autre rabbin nous dira que la raison pour laquelle il est écrit que Moïse reçut la Loi du Sinaï (1) et non pas que Dieu donna la Loi à Moïse, c'est parce que Moïse était incapable de la recevoir tout entière. Il est dit que Moïse la reçut, pour aiguiller qu'il en reçut ce qu'il avait la faculté d'en comprendre (2). En outre, le texte ne dit pu hatthora, la Loi, mais seulement thora, Loi, et il ne dit pas non plus que Moïse la reçut de Dieu, mais du Sinaï. Pourquoi celal Olest afin de ne pu attribuer à Dieu une chose imparfaite.
 
Enfine toujours en vertu du même principe, les Rabbin& nous expliquent pourquoi l'israélite appelé à la lecture de la Loi dans la synagogue ne dit pas dans la bénédiction qui précède la lecture: c Béni sois‑Ta, ô Eternel, qui as donné la Loi » mais il dit: < Beni sois‑Tu ô Eternel, qui donnes la Loi (au présent) , car, ajoutant­ils, la Loi n'est pas donnée une fois, ai dix fois, ni mille fois pour toutes, mais elle est donnée continuellement; c'est "a source qui jaillit et ne tarit jamais.
 
 
§ 2.
 
 
Si, parmi toutes les écoles juives, celle des Pharisiens est la seule qui ait professé ce principe du progrès, ce reeet pas à dira qu'elle ait été en cela infidèle à la Bible. Celle‑ci est pleine de cette promesse que la science religieuse ne fers que s'accroîtra, qu'elle atteindra son degré le plus élevé aux derniers temps et que I'Baprit divin se répandra alors sur tous les hommes sans distinction dâge, de sexe, ni de condition: « Après cela, proclame Joële je répandrai mon esprit sur toute obair; vos fils et vos fines prophétiseront, vos vieillards auront des images, et vas jeunes gens des vision$ (3) ‑ c Cûlui~ci n'consignera plus son prochain, dit de son côté Jérémie, ni celui‑lâ son frère, en disant: Con­naissez PEternell car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit IlEternel. (4) >. Et lIabakuk: , La terre sera remplie de la connaissance de la gloire de IlEtemel, comme la fond de la mer pu les ceux qui le couvrent (6), toutes parolea
 
 
(1) 'J'ID15 limin ~np ÎIVO Pirkê Aboth, 1. 1. (2) Tosephet Jem Tob, lbid. e) J'Q' ,, 28. (4) Jêlêlll, s'Il, 34. (~) Hbb,k.k, ix, g4.
 
 
NOTION JITIVL DU PROGUÙS 325
 
que l'on oral aucomplis à pavÛneMent du christianisme, alors que
 
de tous côtes on vit surgir des prophètes At des inspirés, car
 
comme on s'imaginait que l'cru messianique était ouverte, 011 s'at.
 
tendait gênéralement à cette diffusion (le lumière.
 
Nous trouvons également dans le livre de Daniel des textes significatifs: Beaucoup se mettront à VêLudo et la connaisan~ augmentera c,est‑à‑(Ii,e que le progrès slopùrra non seulement par l'extension fies reelvachôs, mais encore par l'intensité des efforts accomplis. C'est pourquoi l'écrivain sacré ajoute: ~ Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à toujours et à porpétaitê » (2).
 
Après avoir mentionné ces prédictions grandioses, à peine serait‑il besoin de parler d'une disposition rituelle et législative inspirée par le même principe, mais qui, par sa nature positive, est bien faite pour contenter les esprits les mains spéculatifs. Il s'agit de la règle talandiqne d'après laquelle les derniers venus parmi les Doc­teurs doivent être préférés aux prêcêdents comme autorité rail. gieus, (~). On suppose en offet que le dernier venu étant en pas. session de tout ce que ses prédécesseurs ont enseigné se trouve ainsi mieux en état de faire faire un nouveau pas à la science; il est tic toute évidence qu'il y a là une sanction solennellement donnée a, principe (lu progrès. Nous avouons que l'on pourrait facilement trouver des passages qui semblent contredire cette doctrine, puis. qu'ils mettent les anciens docteurs infiniment au~dessus des nou­veaux, prodiguent aux premiers les titres et les êloges les plus pompeux et aux seconds les qualifications les plus méprisantes. La contradiction disparalit, à notre avis, des que l'on distingue entre l'individu et la masse. Les grandes individualités sont plus aura. brelises et plus remarquables dans les temps anciens que dans les temps modernes et c'est cette diminution que l'on dêplore. Ce qui s'êlëvo au contraire, c'est le, niveau général de la foule, grâce ànon plus grande diffusion des connaissances facilitée par ces admi. rables instruments qui sont 116criture et l'imprimerie. Il y a lien de signaler aussi au sein du judaïsme certaines coincidences frap
 
 
(~) DI.ill, Il., 4.
 
(2) lied, 'a, 3.
 
Ci MMmz MD ~,_l 1. l~j d1opê~ 1,. V. Jai Afill.khi
 
par 1. Rbb. M,1.khi Al,.h,..
 
 
326 i~Ho~E
 
 
pardes. C'est presque au moment de l'invention de l'écriture alpha­bêtiq,m que le livre de la Loi apparaît. La Tradition commence àêtre Consignée par écrit lorsque la civilisation occidentale généra­lise passage des manuscrits. Enfin, l'enseignement ésotérique est mis à la portée de tous ceux qui sont capables d'on profiter, àl'époque de la découverte de l'imprimerie.
 
Mais voici quelque chose qui réclame notre attention et qui exige des explications de notre part beaucoup plus que les juge~ morts rabbiniques sur le mérite comparatif des anciens et (les ma­dernos. Nous voulons parler du mythe d'Adam, d'après lequel la perfection aurait été le partage tic l'homme à l'origine, tandis que depuis le péché qui a apporte dans le monde le mal physique avec le mal moral, l'humanité au lien de progresser se trouverait dé. chue. N'y a‑t‑il pas là un démenti formel apporté à la doctrine de progrès? Nous avons déjà répondu en partie à cette objection à, propos de la perfectibilitê humains. Nous ferons encore observer ici, que dans le mythe en question, Adam nous est présenté à la fois Comme plus parfait et Comme moins parfait à d'autres égards que l'homme réel et historique, comme a dû l'être précisément l'homme primitif. D'après l'idée que l'hébraïsme se fait de l'âge d'or, les premiers hommes se trouvaient naturellement mieux doués de certaines facultés, notamment, de la spontanéité on faculté la­ventive. Ln vérité est que, près des origines, noya seulement po,~ garaisme humain est plus actif, mais l'activité morale, elle aussi, est plus intense. ~ De même quU aucun âge les développements organiques ne sont plus vifs que dans l'enfance, dit Un auteur, de même à aucune époque il n'y a plus de mouvement que dans celle là. La mythologie est excusable de se représenter les dieux à for!­glas, car jamais il ne s'est produit tant d'heureuses inspirations et d'inventions étonnantes . (a). Comment être surpris après cela de la sensation de déchéance qu'il éprouve, lorsque, dans les âges suivants, Phomme voit s'atténuer CAS facultés primitivesl
 
Mais la perfection d'Adam a‑telle quelquechasse d'historique? On pourrait soutenir à la vérité que tout ce que la Bible nous raconte de la félicité d'Adam n'a d'autre but que de nous dé­peindre l'idéal de perfection qnù l'homme peut et doit atteindre. Oit trouve ailleurs des exemples de cette idéalisation: < Comme l'esprit humain tend à localiser l'idéal une fois Conçu et à le re‑
 
 
(~) ~"o, 1""' a c", P. 162.
 
 
NOTION lUIVE DU PROGRÙS .327
 
vêtir des formes sensibles, afin (le se persuader qu'il n'est pas dupe de quelque illusion; comme d'ailleurs 16 Passé a sur l'avenir l'avan­loge incontestable d'avoir appartenu au monde (les réalités, il ar­rive que les hommes de progrès eux‑mêmes substituent l'éloge de ce qu'ils croient avoir existé, à l'espérance nécessairement incer. taine (fini grand succès futur. La Grèce, particulièrement Athènes, dans Athènes le parti respectable (les socratiques art longtemps pour tel idéal une Sparte primitive (lotit le législateur était, suivant le moi (le la Pythie, peut‑âtre moins un homme qu'un dira. Rome aussi se fit un idéal (le ses premiers temps . ('). Mais l'idée que les autres peuples se sont faite (le la perfection primitive présente tin,,,(Iiffêrence capitale avec celle de l'hébraïsme. Alors que chez les autres nations la conception du progrès, en supposant qu'elle existât, était implicite et inconscients, dans le judaïsme au con­traire elle apparoir lumineuse comme une doctrine parfaitement établie, %tirant et pins encore que la notion de perfection ait début, de Phumanité, car taudis que celle ci ne se trouve que dans le livre de la Genèse et, chose étonnante, ne se rencontre plus çà et ]à dans toute la Bible que comme un écho faible et incertain, tout à fait disproportionné â,11importance (lu récit de l'Eden, s'il devait être pris entièrement dans IA sens littéral, l'bleu du progrès au contraire remplit IlEtiriture tout entière.
 
Entre le système de la mythologie grecque qui, avec l'âge d'or, phuait la perfection à l'origine et celui des penseurs modernes qui la renvoient complètement à la fin des temps, quelle est donc la position de l'hébraïsme? Il professe une doctrine intermédiaire en affirmant la perfection Boule par Io développement régulier du principe. Ainsi que nous l'avons dit, le progrès pour le judaïsme est une voie, ce qui suppose mi point (18 départ, un acheminement et un bat. Cela posé, à ceux qui nous demanderaient si, au Point de vnejuif, l'homme a avance a, recule, nous repoudrons ~ L'homme a grandi. Par. conséquent il a perdu ait spontanéité et instinct nu­tourel, mais il a‑ gagné comme être libre, conscient et moral. Les premiers hommes nous étaient supérieurs par l'instinct comme le sont les animaux, mais nous les surpassons par la réflexion.
 
C'est dans ce sens quo les Rabbins, jugeant comparativement 10 prophète et le sage on homme de Relance, ont formulé cette
 
 
(s) Bc., ac. D&a. 15 dé~. 1871, P. 819.
 
 
»S L'HO~
 
grande mavime que le sage est supérieur au prophète ('). Cela ne veut pas dire que la sagesse humaine soit'prêfërable à l'inspiration. Sans doute, le prophète possède davantage, mais son individualité est moins affirmée, car il n'a pas conscience de tout ce qu'il pos­sède. Le sage, dans une certaine mesure, s'est crée lui‑même par ses persévérants efforts et sa conscience est plus forte, bien que le contenu ou soit moindre que celui d'une intelligence inspirée. Le prophète est supérieur en capacité, le sage en intensité.
 
Ce qui est caractéristique de la doctrine du progrès dans plié. b,aïmme~ c'est la controverse qui a occupé 108 tbêologiens j'lits $or la snpê,ioritê relative de l'homme et de Fangs. ("est pourquoi nous en dirons un mot maintenant.
==References==

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