Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Les attributs divine"

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Les attributs divine.
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CHAPITRE DEUXIÈME
  
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L'IDÉE DE DIEU EN ISRAËL
  
L'origine du monothéisme chez les Juifs est très discutés par les critiques. Son contents de ramener les commencements de la foi au Dieu lUn à une époque relativement récente, plusieurs d'entre m~ vont même jusqu'à nier qeelle, ait jamais atteint en Israël =0 peoefection telle qu'elle pet exclure tout rente de polythéisme. Mais elle a existé cependant, voilà la fait incontestable. On a beau rapprocher la date, il est des limites que les Mules d'une saine critique ne permettent pu de dépasser et Fantiquité de cette croyance reste encore telle qu'on ne peut raisonnablement Pattri­boer aux seuls progrès de l'esprit humain.
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LE DIEU UNIQUE
  
Longtemps avant que les Alexandrine aient synthétisé les divi­cités de Poucien Olympe dans leu systâme de théurgie, avant que les philosophes grecs aient traité les haute problêmes de la méta, physique, Israël avait déjà parlé de l'unité de Dieu et il n'avait pas attendu l'exemple des chrétiens pour courir joyeusement au martyre plutôt que d'adorer les idoles. Comment supposer qu'en des temps &ignorance de barbarie, de haine entre les peuples, des hommes dénués de toute culture philosophique aient pu W616vûr àdes conceptions supérieures à celles de Socrâte et de Pistent C'est
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Les attributs divins.
  
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L'origine du monothéisme chez les Juifs est très discutée par les critiques. Non contents de ramener les commencements de la foi au Dieu Un à une époque relativement récente, plusieurs d'entre eux vont même jusqu'à nier qu'elle ait jamais atteint en Israël une perfection telle qu'elle pût exclure tout reste de polythéisme. Mais elle a existé cependant, voilà le fait incontestable. On a beau rapprocher la date, il est des limites que les règles d'une saine critique ne permettent pas de dépasser et l'antiquité de cette croyance reste encore telle qu'on ne peut raisonnablement l'attribuer aux seuls progrès de l'esprit humain.
  
là, nous dit‑on, un instinct spécial de la rue, et nous n'y wal disons pu. Mais qu'est‑ce que cette explication, sinon l'aveu déguisé qu'il y a là une manifestation échappant à l'analyse et aux lois de l'évolution historique, un fait qui ne peut rentrer dans la chaîne
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Longtemps avant que les Alexandrins aient synthétisé les divinités de l'ancien Olympe dans leur système de théurgie, avant que les philosophes grecs aient traité les hauts problèmes de la métaphysique, Israël avait déjà parlé de l'unité de Dieu et il n'avait pas attendu l'exemple des chrétiens pour courir joyeusement au martyre plutôt que d'adorer les idoles. Comment supposer qu'en des temps d'ignorance, de barbarie, de haine entre les peuples, des hommes dénués de toute culture philosophique aient pu s'élever à des conceptions supérieures à celles de Socrate et de Platon? C'est<ref>Page 73</ref> là, nous dit‑on, un instinct spécial de la race, et nous n'y contredisons pas. Mais qu'est‑ce que cette explication, sinon l'aveu déguisé qu'il y a là une manifestation échappant à l'analyse et aux lois de l'évolution historique, un fait qui ne peut rentrer dans la chaîne des causes et des effets, une intuition particulière, toutes choses que la langue religieuse résume dans le nom de Révélation? Et d'ailleurs, si l'on en est réduit à déclarer que le monothéisme chez les Juifs est un instinct de la rue et non le fruit d'une élaboration et d'un développement intellectuel, on avoue par là qu'il dut apparaître au début et non au cours de leur histoire. Il suffit d'étudier sous ses divers aspects la conception israélite de la Divinité pour y trouver les caractères du véritable monothéisme. En outre, si à cet égard nous découvrons à toutes les époques en Israël des idées d'une telle élévation, d'une telle richesse que la théologie la plus développée n'eu a pu, dans la suite, exposer de plus parfaites, l'antiquité et l'originalité de ce monothéisme nous paraîtront en même temps surabondamment démontrées.
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Le Dieu d'Israël est incréé : « Avant moi il n' a point été créé de Dieu... je suis le premier et je suis le dernier <ref> Isaïe, XLIII, 10, XLIV, 6. </ref>. De Lui seul toutes choses tirent leur existence, c'est donc que Lui‑même ne doit la sienne à personne. Ses noms les plus anciens, El, Schaddaï, indiquent la force, la toute puissance et si le second a de plus une autre signification, c'est un sens plus sublime et plus métaphysique encore. Il est éternel: les cieux, la terre, et tout ce qu'ils renferment vieillissant comme des vêtements qu'il faut changer, mais Lui au contraire, Il est et demeure le même éternellement <ref> Ps. CII, 27,28 </ref>. Immense, infini, Il l'est aussi « N'est‑ce pas moi qui remplis les cieux et la terre? dit l'Eternel <ref> Jérémie, XXIII, 24. </ref>. Les cieux sont mon trône et la terre mon marchepied » <ref>Isaïe, LXVI, 1. Et dans Isaïe encore: « Saint, saint, saint est l'Eternel Zebaoth, la terre est pleine de sa gloire </ref> Ibid., VI, 3. , ou plutôt: <i> tout ce qui remplit la terre est sa gloire, </i>, traduction plus exacte peut‑être et plus théosophique. On pourrait établir que le nom de Makom, lieu, donné à Dieu par les Rabbins est emprunté à la Bible; ce qu'il y a de certain, c'est que nous trouvons dans<ref>Page 74 </ref> l'Ecriture, celui de Ma'on, qui en est l'équivalent <ref> Makom, de la racine קום <i> stare, persistere</i>; Ma'on, de la racine עון, <i> quiescere, habitarer</i>. Le mot si justement admiré de Malebranche: « Dieu est le lieu des esprits comme l'espace est le lieu des corps » ne fait que reproduire une idée familière à la Bible et aux Rabbins (<i>Note des éditeurs</i>.</ref> « Où irais‑je loin de ton esprit?» s'écrie le Psalmiste; « où fuirais‑je «loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au scheol, t'y voilà! Si je «prends les ailes de l'aurore et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me «dirige, ta droite me saisit. Si je dis: Au moins les ténèbres me couvriront ! la nuit devient «lumière autour de moi. Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi; la nuit brille «comme le jour, les ténèbres comme la lumière » <ref> Ps., CXXXIX, 7‑12.</ref>
  
‑des cannes et des e1lets, une intuition particuliûre, toutes choses que la langue religieuse résume dans le nom de Révélationt Et d'ailleurs, si Pou en est réduit à déclarer que la monothéisme chez les Juifs est un instinct de la rue et non le fruit d'une êl%b~ ration et d'un développement intellectuel, on avoue pu qWil dut apparattm au débat et non au cours de leur histoire. Il suffit d'étudier sous ses divers aspects la conception ieraélite de la Divinité pour y trouver les cara«téres du véritable monothéisme. Bu outre, si à cet égard nous découvrons à toutes les époques en Israël des idées d'une telle élévation, d'une telle richesse que la théologie la plus développée n'eu a pu, dam@ la suite, exposer de plus parfaites, Pmtiquit6 et l'originalité de ce monothéisme nous paraltront au même temps surabondamment démontrées.
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Mais il y a plus. L'idée de l'être en soi, de l'être nécessaire, qu'on serait tenté de considérer comme trop abstraite pour pouvoir exister dans la Bible, s'y trouve cependant très clairement exprimée. N'est‑elle pas d'abord renfermée dans la notion de création qui n'est que le possible dérivant du nécessaire et dans celle d'émanation qui exclut même la possibilité du néant? Mais que dire du tétragramme? N'est ce pas précisément l'idée de l'être qu'il exprime et cette idée, commentée et confirmée par la paraphrase qui précède: « Je suis celui qui est » dont le tétragramme n'est que la formule abrégée, n'implique‑t‑elle pas celle d'existence nécessaire? Les savants peuvent après cela nous démontrer que la même conception se retrouve dans la religion égyptienne, ils ne nous prouvent par que deux choses: l'erreur de ceux qui croient l'antiquité incapable de telles envolées métaphysiques et la réalité des rapports qui ont existé entre les deux religions. Il reste établi que pour la Bible le Dieu d'Israël est l'Absolu.
  
Le Dieu dl Israël e5t inûrêê: « Avant moi il n'a point été créé de Dieu... je sais le premier et je sais le dernier (1) >. De Lui seul toutes choses tirent leur exislence, cle#t donc que Lui‑même ne doit la sienne à personne. Ses noms lu pins anciens, El, Schaddaï, Indiquent la force, la toute‑puissance et ai le second a de plua une autre signification, c'est un mu plus sublime et plus métaphysique encore. Il est éternel: les cienxl la tenu et tout ce qu' ils renier. ment vieillissant comme des vêtements qu' il faut changer, mais Lui an contraire, Il est et demeure le même éternellement 0). Immense, infini, Il Pest anemit « N'est~ pas moi qui remplis les cieux et la turet dit IlBternel (3). Les cieux sont mon trône et la tom mon marchepied » (4). Et dans Isaïe encore: C Saint, saint, saint est PEternel 'Zebâothe la terre est pleine de sa gloire > (l), ou plutôt: tout es qui remput la t«ve mi M 910ire, traduction plus exacte peut‑être et plus théosophique. On pourrait établir que la nom de Makom, lieu, donné à Dieu par les Rabbins est emprunté à la Bible; ce quell y a de certain, c'est que no" trouvons dans
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Or une telle notion supprime tout polythéisme. Deux absolus sont incompatibles. L'Absolu demeure exclusif et jaloux selon l'expression si frappante de l'Exode: « Je suis l'Eternel ton Dieu, Dieu jaloux <ref> Exode, XX, 5. </ref>. L'Eternel se nomme  jaloux; il est Dieu jaloux <ref> Ibid., XXXIV, 14. </ref>». Nous avons déjà dit que la prohibition de toute image prouve que le Dieu de Moïse est infini. Un être fini, même immatériel, pourrait toujours à la rigueur être représenté symboliquement sous une forme sensible, pourvu que celle‑ci indiquât les qualités déterminées<ref>Page 75 </ref> qu'on entend lui reconnaître. Mais comment donner une figure à l'Etre unique dont les attributs infinis sont en nombre infini, comme dit Spinoza, ou dont les ministres et les anges sont innombrables, pour employer le langage de la Bible qui exprime, croyons‑nous, la même pensée ? Les idoles extravagantes, monstrueuses, les images multiples et fantastiques du paganisme attestent cette impossibilité. Dans un passage assez connu, Strabon dit que Moïse interdit la représentation matérielle de la Divinité, parce que son dieu n'était que l'ensemble des choses, la Nature. Ce texte est précieux en ce sens qu'il établit que l'impression faite par le mosaïsme sur les païens cultivés était précisément celle que donne le judaïsme, de la Kabbale, mais Strabon se trompe en ne voyant dans la conception mosaïque que la Divinité immanente, la Schechina, et non pas l'aspect transcendantal de Dieu. Si le Dieu des Hébreux avait été non l'Infini, mais la Nature, elle aurait toujours été, nous le répétons, susceptible de représentation, car toute grande et puissante qu'elle soit, elle est finie et rien ne s'oppose à ce que le fini trouve dans le fini son image équivalente. Toujours est il que le Dieu d'Israël est unique, soit qu'on veuille voir en lui, comme le géographe grec, l'ensemble du créé, soit qu'on l'adore avec nous comme l'Infini.
  
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Il importe de faire remarquer que les attributs de Dieu chez les Juifs ne se déduisent pas d'un système théologique déterminé; ils apparaissent plutôt comme une intuition de la prière et de l'adoration. Ce manque de spéculations philosophiques est une preuve du génie religieux d'Israël, car l'intuition et la réflexion sont deux facultés qui semblent s'exclure le plus souvent et cela a été observé plus d'une fois par les savants précisément à propos du monothéisme israélite. « La race juive, dit un auteur italien moderne, malgré sa conception de l'unité de Dieu et peut‑être à cause de cette conception lui‑même, pourra posséder et possède très certainement beaucoup de qualités éminentes, géniales, artistiques, l'enthousiasme musical, l'inspiration poétique et une certaine disposition à un vague et superficiel panthéisme, mais il semble que l'énergie pour la spéculation systématique et l'analyse organique lui fasse entièrement défaut » <ref> R. MARIANO, <i> Cristianesimo, cattolicimo e civiltà,</i> p. 176. </ref>. Et le même écrivain, après avoir déclaré que la Kabbale est la seule philosophie juive,<ref>Page 76 </ref> se hâte, pour ne pas contredire sa thèse, d'affirmer avec Hegel qu'il ne faut voir là qu'un amalgame de rudiments d'astronomie, de magie, de thérapeutique, donnant les plus extravagante résultats. Certes, Hegel jugeait d'après les connaissances que l'on avait de son temps et il a même négligé de consulter certains ouvrages de l'époque qui auraient pu lui donner une tout autre idée de ce qui lui paraissait si méprisable. Mais de nos jours on n'est plus excusable d'émettre de telles appréciations, car la science tend de plus en plus à accorder à la Kabbale une très grande importance. Elle ne constitue pas, il est vrai, un système de philosophie à proprement parler, et c'est en quoi l'observation faite à propos de l'inaptitude des Juifs pour ce genre de spéculation garde toute sa valeur, mais comme métaphysique et théologie intuitives, elle reste la plus remarquable preuve de cette faculté qu'on dit caractéristique du génie hébraïque.
  
(5 haU, , 10, C) Ps. cul 27, 28. À3) J6r&m1~ xsni, 24. (4) hale, ~V1, 1. e) Ibid., VI, 3.
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L'écrivain que nous venons de citer nous en montre un autre exemple dans le livre même de la Genèse: « Le premier livre de la Bible, nous dit‑il, dans lequel la création et la vie primitive de l'humanité sont représentées par d'antiques traditions et des mythes religieux et philosophiques, est comme une ébauche poétique, un pressentiment de la cosmogonie rationnelle et empirique. Pour qui sait aller au fond des choses, sans s'arrêter aux détails, à la forme mythique, il y a là l'idée de l'évolution de l'abstrait au concret et comme l'embryon d'une vérité que la physique et la métaphysique devront plus tard démontrer. Aussi, comparée aux mythes cosmogoniques des autres religions et même aux mythes poétique et religieux des Grecs, la Genèse de la Bible les surpasse tous en élévation et en pénétration. C'est ce qui explique que Kant, Gœthe, Hegel et Kækel même n'aient parlé de la Bible qu'avec une grande vénération » <ref> Ibid. p 183‑184. </ref>
  
 
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Les attributs divins que nous révèlent les Ecritures de même que les récits du livre de la Genèse et les enseignements de la Kabbale, ne font point partie d'un système défini, coordonné. Il faut voir en eux, nous l'avons dit, une intuition de l'âme religieuse d'Israël; mais pris chacun séparément ou rapprochés les uns des autres, ils proclament tous l'existence du Dieu unique et absolu.<ref>Page 77 </ref>
IlBeriture celui de Milon, qui en est l'équivalent ('). < Où frais‑je loin de ton espritl > s'écris le Pulmiste; « où fuirais‑je loin de
 
 
 
• ta damai Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au
 
 
 
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• droite me saisit. Si je dis: Au moins les ténêbres me couvri‑,
 
 
 
• ront! la nuit devient huniers autour de moi. Même les ténèbres
 
 
 
• ne sont pu obscures pour toi; la nuit brille comme le jour, les
 
 
 
• ténÜb"s comme la lumiêre > (1).
 
 
 
Mais il y a plus. L'idée de l'être en soi, de l'âtre nécessaire, qu'on serait tenté de considérer comme trop abstraite pour pouvoir exister dans la Bible, s'y trouve cependant très clairement exprim, éo. N'est‑elle pu illaborsi renformée dans la notion de création qui n'est que le possible dérivant du nécessaire et dans celle d' émw nation qui exclut ilâme la possibilité, du néantl Mais quo dire du tétragtammet N'est‑ce pas précisément l'idée de l'être qWil exprime et cette idée, commentée et confirmée par la paraphrase qui préoêde: s: Je sais celui qui est > dont le tétragramme West que la formule abrégés, Wimplique‑t‑elle pas celle dexistence né­cessairef Lu savants peuvent aforês cela nous démontrer que la même conception sa retrouve dans le religion égyptienne, ils ne ne noie prouvent par là quo deux choses: Ilerreur de ceux qui croient l'antiquité incapable de telles envolées métaphysiques et là réalité des rapports qui ont existê entre lu deux religions. Il reste établi que pour la Bible le Dieu d'Israël est PAb»lu.
 
 
 
Or nue telle notion supprima, tout polythéisme. Deux absolus sont incompatibles. L'Absolu demeure exclusif et jaloux solon Ilex. pression si frappante de l'Exode: c JO suis Plidernel ton Dieu, Dienjaloux(3). L'Eternelie nommelojaloux; ilest Dienjalo~0) >. Nous avons déjà dit que la prohibition de toute image prouve que le Dieu de Mules est infini. Un être liai, même immatériel, pour. rait toujours à la rigueur âtre représenté symboliquement sa" mw forme sensible, pourvu que cell"! indiquât les qualités déter.
 
 
 
 
 
 
M,koen, de 1, réome, " etev,                    Melon, de 1, restes Mit,
 
 
 
                      àb~. U met si justement d,IM dl, MallbrmChl: ~ Dis, et le
 
 
 
  lie, des seprin, somme Ilesp~ est la lieu des Qorp, 1 1. sait q., reproduit.
 
 
 
idd, Assaillis» à 1, Bible et an, ebbine (XIU de» édi~,I).
 
 
 
(1) Ils., cxxxix, 7‑12.
 
 
 
(.) E;,a" xx, 5.
 
 
 
(4) Ibid., xxxiv, 14.
 
 
 
 
 
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minées qu'on entend lui rewimaltre. Mais comment donner ans figure à PEtre unique dont lei attributs infinis sont en nombre iiifini, comme dit Spinoza, ou dont les ministres et les anges sont innombrables, pour employer le langage de la Bible qui exprime, croyoeu‑nous, la même penEpêet Lu idoles extravagantes, mous­trucages, les images multiples et fantastiques du paganisme at­testent cette impossibilité. Dans an passage usez connu, Strabon dit que Mules interdit la représentation matérielle de la Divinité, parce que son dieu Wêtait que Fonsemble, des ehous, la Nature. ca tarte est précieux en ce sens quil établit que l'impression faite par 10 muaisme Our les Païens cultivés était précisément balle que donne le judalisme, de la Kabbale, mais Strabon se trompe en ne voyant dans la conception mosaïque que la Divinité imma­nente, la SOh«hiRa~ et non pu Paapeet tranmendental de Dieu. Si le Dieu des Hébreux avait été non P InIln4 mais la Nature, elle aurait toujours été, nous le répétons, suseçptible de représen­tation, Mr toute grande et puissante quWle $014 elle cet finie et rien ne Bloppose à ce que le fini trouve dans le flui son image équivalente. Toujours est‑il que le Dieu d~Ieraël cet unique, sait qu'on veuille voir en loi, comme le géographe grec, Pensemble du créé, soit qu~on l'adore avec nous comme FInfini.
 
 
 
Il importe de faire remarquer que les attributs de Dieu chez les Juifs ne se déduisent pu d'un système théologique déterminé; ils apparaissent plutôt comme une intuition de la prière et de l'adoration. (le manque de Spéculations philosophiques est une prouve du génie religieux dIsraël, eu Fintuition‑ et la réflexion sont deux facultés qui semblent s'exclure 'le plus souvent et cela a été observé plus d'une fois par les savants précisément à propos du monothéisme israélite. c La race juive, dit un autour italien moderne, malgré es, conception de lunité de Dieu et peut‑être àcause de cette conception elle‑même, pourra posséder et possède très certainement beaucoup de qualités éminentes, géniales, or­tistiqu«~ Penthoulawne musical, Pinspiration poétique et une oer­taine disposition à un vague et superficiel panthéisme, biais il semble que l'énergie pour la spéculation systématique et l'analyse organique lui fasse entièrement défaut > (~). Et'le même écrivain, apr%q avoir déclaré que la Kabbale est la seule philosophie juive,
 
 
 
 
 
 
~1W~ e oiriud, 'p. 176.
 
 
 
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se hâte, pour ne pu contredire sa thèse, d'affirmer avec Hegel qu'il ne faut voir lâ qu'un amalgame de rudiments d'astronomie, de magie, de thérapeutique, donnant les plus extravagante résal­tais. Certes, Hegel jugeait d'après las connaisseuse que l'on avait de son temps et il a même négligé de consulter certains ouvrages de l'époque qui auraient pu lui donner nue tout autre idée de ce qui lui paraissait si méprisable. Mais de non jours on Wut plus excusable d~émetL» de telles appréciations, car la science tend de plus en plus à accorder à la Kabbale une très grande Importance. Elle ne constitue pas, il est vrai, un système de philosophie àproprement parler, et c'est en quoi Pobservat4on faite à propos de l'inaptitude des Juifs pour ce genre de spéculation garde toute sa valeur, mis comme métaphysique ci théologie intuitives, elle mie la plus remarrqmble preuve de cette faculté qu'on dit caractéristique du génie hébraïque.
 
 
 
L'écrivain que nous venons de citer nous en montre un. autre exemple dans la livre même de la Gaussa: < Le premier Uwe de la Bible, nous dit‑il, dans lequel la création et la vie primitive de Phumanitê sont représentées par d'antiques traditions et des mythes religieux et philosophiques, est comme une ébauche poétique, un pressentiment de la cosmogonie rationnelle et empirique. Pour qui sait aller au fond des choses, sans s'arrêter aux détails, à la forme mythique, il y a lâ l'idée de l'évolution de l'abstrait au concret et comme l'embryon d'une vérité que la physique et la métaphysique devront plus tard démontrer. Aussi, comparés aux mythes wamogoniques des, autres religions et même aux mythes poétique et religieux des Grecs, la Genèse de la Bible les sur­peau tous en élévation et en pénétration. C'est ce qui explique que Kant, Gwthe~ Hegel et Kwekel même n'aient parlé de la Bible qu'avec une grande vénération > (').
 
 
 
Les attributs divins que nous rêvêlerw; les Eoritues de même que les récits du livre de la Gûnêse et les enseignements de la Kabbale, ne font point partie dieu systâme défini, coordonné. Il faut voir en eux, noue pavoise dit, une intuition de Pâme religieuse d'Israël; mais pris chacun sépasément ou rapprocilde les nu des autres, ils proclament tous Pexistencè du Dieu unique ci absolu.
 
 
 
 
 
 
Ibid. p. 183‑181.
 
  
 
== References ==
 
== References ==

Latest revision as of 19:51, 29 May 2010

CHAPITRE DEUXIÈME

L'IDÉE DE DIEU EN ISRAËL

LE DIEU UNIQUE

I.

Les attributs divins.

L'origine du monothéisme chez les Juifs est très discutée par les critiques. Non contents de ramener les commencements de la foi au Dieu Un à une époque relativement récente, plusieurs d'entre eux vont même jusqu'à nier qu'elle ait jamais atteint en Israël une perfection telle qu'elle pût exclure tout reste de polythéisme. Mais elle a existé cependant, voilà le fait incontestable. On a beau rapprocher la date, il est des limites que les règles d'une saine critique ne permettent pas de dépasser et l'antiquité de cette croyance reste encore telle qu'on ne peut raisonnablement l'attribuer aux seuls progrès de l'esprit humain.

Longtemps avant que les Alexandrins aient synthétisé les divinités de l'ancien Olympe dans leur système de théurgie, avant que les philosophes grecs aient traité les hauts problèmes de la métaphysique, Israël avait déjà parlé de l'unité de Dieu et il n'avait pas attendu l'exemple des chrétiens pour courir joyeusement au martyre plutôt que d'adorer les idoles. Comment supposer qu'en des temps d'ignorance, de barbarie, de haine entre les peuples, des hommes dénués de toute culture philosophique aient pu s'élever à des conceptions supérieures à celles de Socrate et de Platon? C'est[1] là, nous dit‑on, un instinct spécial de la race, et nous n'y contredisons pas. Mais qu'est‑ce que cette explication, sinon l'aveu déguisé qu'il y a là une manifestation échappant à l'analyse et aux lois de l'évolution historique, un fait qui ne peut rentrer dans la chaîne des causes et des effets, une intuition particulière, toutes choses que la langue religieuse résume dans le nom de Révélation? Et d'ailleurs, si l'on en est réduit à déclarer que le monothéisme chez les Juifs est un instinct de la rue et non le fruit d'une élaboration et d'un développement intellectuel, on avoue par là qu'il dut apparaître au début et non au cours de leur histoire. Il suffit d'étudier sous ses divers aspects la conception israélite de la Divinité pour y trouver les caractères du véritable monothéisme. En outre, si à cet égard nous découvrons à toutes les époques en Israël des idées d'une telle élévation, d'une telle richesse que la théologie la plus développée n'eu a pu, dans la suite, exposer de plus parfaites, l'antiquité et l'originalité de ce monothéisme nous paraîtront en même temps surabondamment démontrées.

Le Dieu d'Israël est incréé : « Avant moi il n' a point été créé de Dieu... je suis le premier et je suis le dernier [2]. De Lui seul toutes choses tirent leur existence, c'est donc que Lui‑même ne doit la sienne à personne. Ses noms les plus anciens, El, Schaddaï, indiquent la force, la toute puissance et si le second a de plus une autre signification, c'est un sens plus sublime et plus métaphysique encore. Il est éternel: les cieux, la terre, et tout ce qu'ils renferment vieillissant comme des vêtements qu'il faut changer, mais Lui au contraire, Il est et demeure le même éternellement [3]. Immense, infini, Il l'est aussi « N'est‑ce pas moi qui remplis les cieux et la terre? dit l'Eternel [4]. Les cieux sont mon trône et la terre mon marchepied » [5] Ibid., VI, 3. , ou plutôt: tout ce qui remplit la terre est sa gloire, , traduction plus exacte peut‑être et plus théosophique. On pourrait établir que le nom de Makom, lieu, donné à Dieu par les Rabbins est emprunté à la Bible; ce qu'il y a de certain, c'est que nous trouvons dans[6] l'Ecriture, celui de Ma'on, qui en est l'équivalent [7] « Où irais‑je loin de ton esprit?» s'écrie le Psalmiste; « où fuirais‑je «loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au scheol, t'y voilà! Si je «prends les ailes de l'aurore et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me «dirige, ta droite me saisit. Si je dis: Au moins les ténèbres me couvriront ! la nuit devient «lumière autour de moi. Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi; la nuit brille «comme le jour, les ténèbres comme la lumière » [8]

Mais il y a plus. L'idée de l'être en soi, de l'être nécessaire, qu'on serait tenté de considérer comme trop abstraite pour pouvoir exister dans la Bible, s'y trouve cependant très clairement exprimée. N'est‑elle pas d'abord renfermée dans la notion de création qui n'est que le possible dérivant du nécessaire et dans celle d'émanation qui exclut même la possibilité du néant? Mais que dire du tétragramme? N'est ce pas précisément l'idée de l'être qu'il exprime et cette idée, commentée et confirmée par la paraphrase qui précède: « Je suis celui qui est » dont le tétragramme n'est que la formule abrégée, n'implique‑t‑elle pas celle d'existence nécessaire? Les savants peuvent après cela nous démontrer que la même conception se retrouve dans la religion égyptienne, ils ne nous prouvent par là que deux choses: l'erreur de ceux qui croient l'antiquité incapable de telles envolées métaphysiques et la réalité des rapports qui ont existé entre les deux religions. Il reste établi que pour la Bible le Dieu d'Israël est l'Absolu.

Or une telle notion supprime tout polythéisme. Deux absolus sont incompatibles. L'Absolu demeure exclusif et jaloux selon l'expression si frappante de l'Exode: « Je suis l'Eternel ton Dieu, Dieu jaloux [9]. L'Eternel se nomme jaloux; il est Dieu jaloux [10]». Nous avons déjà dit que la prohibition de toute image prouve que le Dieu de Moïse est infini. Un être fini, même immatériel, pourrait toujours à la rigueur être représenté symboliquement sous une forme sensible, pourvu que celle‑ci indiquât les qualités déterminées[11] qu'on entend lui reconnaître. Mais comment donner une figure à l'Etre unique dont les attributs infinis sont en nombre infini, comme dit Spinoza, ou dont les ministres et les anges sont innombrables, pour employer le langage de la Bible qui exprime, croyons‑nous, la même pensée ? Les idoles extravagantes, monstrueuses, les images multiples et fantastiques du paganisme attestent cette impossibilité. Dans un passage assez connu, Strabon dit que Moïse interdit la représentation matérielle de la Divinité, parce que son dieu n'était que l'ensemble des choses, la Nature. Ce texte est précieux en ce sens qu'il établit que l'impression faite par le mosaïsme sur les païens cultivés était précisément celle que donne le judaïsme, de la Kabbale, mais Strabon se trompe en ne voyant dans la conception mosaïque que la Divinité immanente, la Schechina, et non pas l'aspect transcendantal de Dieu. Si le Dieu des Hébreux avait été non l'Infini, mais la Nature, elle aurait toujours été, nous le répétons, susceptible de représentation, car toute grande et puissante qu'elle soit, elle est finie et rien ne s'oppose à ce que le fini trouve dans le fini son image équivalente. Toujours est il que le Dieu d'Israël est unique, soit qu'on veuille voir en lui, comme le géographe grec, l'ensemble du créé, soit qu'on l'adore avec nous comme l'Infini.

Il importe de faire remarquer que les attributs de Dieu chez les Juifs ne se déduisent pas d'un système théologique déterminé; ils apparaissent plutôt comme une intuition de la prière et de l'adoration. Ce manque de spéculations philosophiques est une preuve du génie religieux d'Israël, car l'intuition et la réflexion sont deux facultés qui semblent s'exclure le plus souvent et cela a été observé plus d'une fois par les savants précisément à propos du monothéisme israélite. « La race juive, dit un auteur italien moderne, malgré sa conception de l'unité de Dieu et peut‑être à cause de cette conception lui‑même, pourra posséder et possède très certainement beaucoup de qualités éminentes, géniales, artistiques, l'enthousiasme musical, l'inspiration poétique et une certaine disposition à un vague et superficiel panthéisme, mais il semble que l'énergie pour la spéculation systématique et l'analyse organique lui fasse entièrement défaut » [12]. Et le même écrivain, après avoir déclaré que la Kabbale est la seule philosophie juive,[13] se hâte, pour ne pas contredire sa thèse, d'affirmer avec Hegel qu'il ne faut voir là qu'un amalgame de rudiments d'astronomie, de magie, de thérapeutique, donnant les plus extravagante résultats. Certes, Hegel jugeait d'après les connaissances que l'on avait de son temps et il a même négligé de consulter certains ouvrages de l'époque qui auraient pu lui donner une tout autre idée de ce qui lui paraissait si méprisable. Mais de nos jours on n'est plus excusable d'émettre de telles appréciations, car la science tend de plus en plus à accorder à la Kabbale une très grande importance. Elle ne constitue pas, il est vrai, un système de philosophie à proprement parler, et c'est en quoi l'observation faite à propos de l'inaptitude des Juifs pour ce genre de spéculation garde toute sa valeur, mais comme métaphysique et théologie intuitives, elle reste la plus remarquable preuve de cette faculté qu'on dit caractéristique du génie hébraïque.

L'écrivain que nous venons de citer nous en montre un autre exemple dans le livre même de la Genèse: « Le premier livre de la Bible, nous dit‑il, dans lequel la création et la vie primitive de l'humanité sont représentées par d'antiques traditions et des mythes religieux et philosophiques, est comme une ébauche poétique, un pressentiment de la cosmogonie rationnelle et empirique. Pour qui sait aller au fond des choses, sans s'arrêter aux détails, à la forme mythique, il y a là l'idée de l'évolution de l'abstrait au concret et comme l'embryon d'une vérité que la physique et la métaphysique devront plus tard démontrer. Aussi, comparée aux mythes cosmogoniques des autres religions et même aux mythes poétique et religieux des Grecs, la Genèse de la Bible les surpasse tous en élévation et en pénétration. C'est ce qui explique que Kant, Gœthe, Hegel et Kækel même n'aient parlé de la Bible qu'avec une grande vénération » [14]

Les attributs divins que nous révèlent les Ecritures de même que les récits du livre de la Genèse et les enseignements de la Kabbale, ne font point partie d'un système défini, coordonné. Il faut voir en eux, nous l'avons dit, une intuition de l'âme religieuse d'Israël; mais pris chacun séparément ou rapprochés les uns des autres, ils proclament tous l'existence du Dieu unique et absolu.[15]

References

  1. Page 73
  2. Isaïe, XLIII, 10, XLIV, 6.
  3. Ps. CII, 27,28
  4. Jérémie, XXIII, 24.
  5. Isaïe, LXVI, 1. Et dans Isaïe encore: « Saint, saint, saint est l'Eternel Zebaoth, la terre est pleine de sa gloire
  6. Page 74
  7. Makom, de la racine קום stare, persistere; Ma'on, de la racine עון, quiescere, habitarer. Le mot si justement admiré de Malebranche: « Dieu est le lieu des esprits comme l'espace est le lieu des corps » ne fait que reproduire une idée familière à la Bible et aux Rabbins (Note des éditeurs.
  8. Ps., CXXXIX, 7‑12.
  9. Exode, XX, 5.
  10. Ibid., XXXIV, 14.
  11. Page 75
  12. R. MARIANO, Cristianesimo, cattolicimo e civiltà, p. 176.
  13. Page 76
  14. Ibid. p 183‑184.
  15. Page 77