Israël et L'Humanité - Rapporte du mosaïme avec la révélation noachide ou universelle

Rapports du Monisme avec la révélation noachide ou universelle.

La coexistence d'une loi obligatoire, dont nous venons d'étudier en détail les divers commandements, et d'une règle de phts indi. viduelle pour ceux qui inspiraient à une plus grande perfection religieuse, nous amène à, rechercher dans quels rapports se trouvait exactement la loi de Mules avec la révélation primitive nousidérés sous ce double aspect.

Après tout ce que nous avons dit, l'hypothë8e d'une substitution du nommomme à la religion notachide on universelle comme valable pare tout le monde indistinctement doit être, croyons‑nous, dâti­IlitivOmOnt écartée. Nous avons vu que, bien différent en cela du ohristianisan, qui a prétendu établir Illimité religieuse sur les raines de tout ce qui existait avant lui tant chez les Israélites que chez les poires, le judaïsme, en respectant la loi imitatifs, a consacré le principe d'une (Inutile extérieurs qui se justifie à tous les points de vue; il n'a nullement cherché à faire entrer de force l'humanité dans l'Eghse qu'il constituait, pu plus qWil n'a voulu confondre cette Eglise d'Israël dans le catholicisme de ce temps‑lâ. D'un côté il affirmait, sono le nom de imachisme, la loi universelle obligatoire, de l'autre il s'affirmait lui‑même comme loi sacerdotale, donnant ainsi, à uns distance de près de quatorze siècles, un démenti aux prétentions des propagateurs du christianisme qui; à l'apparition de cette religion aux aspirations universalistes, déclarèrent le, mosaïsme déclin comme religion particulière du peuple élu. La religion universelle est si peu une nouveauté qu'elle a précédé la judaïsme; celui‑ci marque an progrès à son égard en ce sens qu'il a constitué, pour employer le langage scientifique, un travail de spécialisation, de différenciation: à la place d'une religion uniforme, inorganique, dans laquelle les peuples au point de vue de l'existence nationale, n'entraient absolument pour rien, ce qui, de l'aveu de tous, est précisément le caractère dominant du christianisme à, partir du moment où il consomma sa rupture avec Israël ('), à

(1~ V. Si. Paul aux Romains, X, 12: Il ajy à nuance diff6rence en effet mure 1, Juif et le (use. Et ailleurs ~ Il Wy a plus ni Juif ni Grec. Et. aux Galat", ni, 28; Col ... le . .. .... Il.

LES PRÉcEPLES DE L& toi NOACHIDE

la place d'un culte qui ne considère que les individus, il organis, l'humanité en une grande Eglise comprenant une nation de prêtres et des peuples laïques. Et cette dualité qu'il établit ainsi définit!. veinent n'est a, fond que la très simple et très naturelle distinction entre la loi commune à tous et la règle purement sacerdotale.

Dans ces conditions, quels saut donc les rapports du mosaïsme avec la révélation primitive telle qu'il l'a lui‑même conç,o, &est~, dire avec l'état religieux du genre humain à l'époque de son arc­juanontl Le présent travail nous paraît avoir élucidé considère­blement la question. Le judamme trouva l'humanité régie par cette révélation p rimitive qu'on pont appeler adanaitique, patriarcale on noachide, et qui en tout cas est la seule qui mérite véritablement le nom de, catholique. Mais à côté de la loi obligatoire pour tous, on distinguait des règles de perfection propres aux hommes plus pieux et tout au moins aux prêtres de ce temps‑là. Jusqu'à Moise cette distinction était tout individuelle et se retrouvait dans les cultes de toutes les nations. Il y avait partout des prêtres et des laïques, un ensemble de prescriptions imposées à tous les hommes indistinctement et une loi de morale supérieure pour les âmes spirituelles, un code général et un idéal de vie sainte; mais la société humaine n'était point encore organisée avec son sacerdoce tel que le conçut le grand lêgialate,r. Ce fut le mosaïsme en effet qui, des sa naissance, lit faire ce pas gigantesque à l'humanité. tes différents Peuples devinrent à ses yeux les membres d'une seule grande famille terrestre (1) créée, nous disent les Rabbins, à Plonge do monde divin (~). Et dans cette famille, il désigna un frère amê, Israël, qui à l'instar de tous les aînés dans Pantiquitê fat chargé, pour le compte de tous, des fonctions de la prêtrise. c'est à lui qu!il assigna comme statut particulier cette loi de per­fection que les prêtres gentils observaient avant Moïse; ainsi le sacerdoce, dont les éléments étaient jusqu'~blors dispersés chez tous les peuples, prit définitivement corps et la nation israélite Pexerça dorénavant au nom de la famille humaine tout entière.

Ce qui se passa à l'époque de la révélation mosaïque dans le domaine religieux est semblable au procédé qui se révèle dans l'univers physique où les phénomènes vont de l'homogène à l'lié­têrogène et réalisent des spécialisations successives qui, loin de

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noirs à, Maromme et à l'unité véritables, ne font que les rendre

finie et l'autre plus riches et pins fécondes. Lorsqu'il s'agit de

les maintenir Bons une plus grande multiplicité de formes, le lien

central destiné à les réunir doit être lui‑même ipaucout pins fort

et plus indivisible. Cette vérité Précieuse, que la critique iodé­

POudIntO confirme pleinement, nous fait comprendre pourquoi le

j mlaisme a du Prendre un caractère essentiellement particalariste en

ce qui concerne 1% nation sacerdotale, en même temps qu'il donnait

aux autres peuples, comme membres laïques de l'Eglise universelle

fondée Pm lui, la toi morbide, cette vraie loi catholique dont

nous venons de tracer à grands traits les lignes principales.

Sans doute 11018 ne prêtendims pas que Moïse ait conçu dans tous 808 détails 00 Plan grandiose, mais celai‑ci apparaîtra néon. moins très visiblement, ce nous semble, à tous ceux qui auront bien voulu suivre sans parti Pris et jusqu'au bout notre longue mais soigneuse démonstration. D'us Pauvre du législateur hébreu, qui eut d'ailleurs sous les yeux, dans le spectacle offert par les constructions cyclopéennes de PEgypte, l'imposante vision des destinées futures du monde., tout est fait en vue de l'avenir. Ses efforts pour organiser la race sacerdotale, la maintenir intacte au milieu de l'humanité et la rendre capable de se plier à, toutes les exigences des temps et des lieux et de s'adapter à tous les chant­gements qui pouvaient survenir dans le cours des âges, revêtent une souplesse et une sagesse admirables.

Aussi la tradition rabbinique ne s'y est point trompêe. Elle a parfaitement compris la nature différente des deux parties de Pieuvre mosaïque: d'un côté, le code civil destiné à régler les rapports de l'homme avec ses semblables et les conditions de là société buaélite; de l'autre, la loi morale et religieuse dont le but supérieur dépasse infiniment les frontières nationales et les limites de l'existence terrestre. Dans VeHprit des Docteurs de la Symi­gagne, la première partie était nécessairement ouverte à toutes les modifications qui ne pouvaient manquer de se produire dans la vie du peuple qu'elle était appelés à gouverner; la seconde au contraire, en raison de son essence qui échappe aux contingences sociales, ne devait être altérée en aucune manière par les close­gemAnts survenus dans la nation elle‑même: de nouvelles aimait, tions biologiques, géologiques ou emmologiques AU pouvaient Boules modifier l'aspect. Encore, même dans ce dernier cas? le principe de l'immutabilité (le la Loi n'en subsiste pas moins; comme nous

LES PRÊer.PTES DE LA, 1,01 NOACOETDE 711

avons ou l'occasion de le dire, c'est prêcisêment parce que la loi est immuable que la manière de Pobserver doit changer onfo,­mément à la situation nouvelle des sujets qa~elle a la mission de diriger. Pourrait,on soutenir An effet que c'est toujours la même loi, si en présence d'un sujet complêtement différent de ce qu'il était auparavant, elle continuait a édicter les mêmes rêgles de conduite?

Nous ne saurions trop insister sur cette distinction qui, dans la véritable théorie de l'hébraïsme, nous paraît capitale. C'est elle qui contient la, clef nons permettant de résoudre les différents problêmes soulevés par l'couvre de Moïse et de préserver cette oeuvre elle‑même des fausses interprétations qui l'exposeraient àdivers dangers et finiraieDt par la dénaturer entiêrement. Elle nous fait comprendre en tout cas que le judaïsme, dans mes rapports avec la loi noachide ou universelle toujours intimement rattaclitêe à sa propre constitution, nourrissait mi idéal qui ne s'arrêtait point aux frontêres palestiniennes, mais qui embrassait au contraire toute l'humanité dans son évolution future.