Difference between revisions of "Israël et L'Humanité - Rapports as l'homme avec la terre"

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Le progrès dans la création.
 
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RAPPORTS DE L'HOMME AVEC LA TERRE.
 
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Nous ne croyons pas abandonner notre sujet général qui est l'étude des idées constitutives de religion universelle dans le judaïsme en examinant la doctrine du progrès non seulement chez l'homme, mais encore dans le monde. Nous resterions fidèles au plan que nous nous sommes tracé, même si aucun lien ne rattachait Adam à la terre. Mais le lien existe, et c'est pourquoi avant d'aborder la question du progrès général de la terre, nous étudierons d'abord les rapports de l'homme avec le monde qu'il habite.  
 
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Nous dirons avant tout, comme un sérieux examen nous en a convaincu et comme nous espérons le démontrer au lecteur, que <ref> Page 336 </ref> pour le judaïsme traditionnel, l'homme ou l'espèce humaine en général est vis-à-vis du globe terrestre dans les rapports de l'âme avec le corps. Pour la tradition hébraïque, Adam forme le cosmos, mais il est vrai de dire aussi que le cosmos forme Adam, ou pour mieux dire lui donne son corps, précisément comme l'âme de chacun de nous, qui d'abord se construit sa propre demeure physique, celle-ci lui servant ensuite d'instrument et d'organe pour ses diverses fonctions. On sait qu'il y a de nos jours des philosophes et des savants qui croient la sensibilité et la conscience répandues plus ou moins partout: « D'un œuf microscopique, dit M. Hesse, sort un homme avec les germes de toutes les facultés intellectuelles et morales; on ne voit rien que de naturel. Il ne l'est pas moins que des mondes, des organismes et des êtres pensants aient pour point de départ de leur développement des centres cosmiques d'actions et de réactions. Ces centres de force sont aussi des germes » <ref> <i> Revue Philosophique</i>, Aout 1878, p. 199. </ref>. Et, M. Seailles dit de son côté: «  La terre n'est-elle pas un être réel, un système organique, un individu véritable? » <ref> Ibid., Janvier 1880, p. 25. </ref>
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NOTION Xulvir DU PROGRks                                                                  337
 
 
 
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Mais voyons plutôt le, idées h6braïques qui nous intéressent particultkoment. Nous savons que l'opinion commune est qu'Adan, a été appelé, de es nom parce qu'il a été tiré de la terre, adossa. Mais la Bible ne dit~rien là‑dessus et si l'on se rappelle l'analogie des mots hébreux i8ch, tâcha, homme, femme, et le rapport intime dans lequel l'homme se trouve place par la Bible elle‑même avec la terre, il n'est peut‑être pas d'une hardiesse excessive de voir dans les noms Adam, adama, cette idée que la terre a l'homme pour époux. C'est lui qui est appelé à la remplir, à, la soumettre et à dominer toutes les autres créatures qui l'habitent. A l'homme incombe un travail complet de transformation, ou pour mieux dire d'appropriation, de crachas à ce que la terre serve d'instrument docile 1 sa volonté. Nous avons déjà cité les légendes rabbiniques Uni nous montrent un Adam d'une stature telle qu'il atteint le ciel et embrasse le inonde d'un bout à l'autre. Cet Adam‑lâ s'idon­Bile en quelque sorte avec une terre à forme humaine. Aussi entendons‑nous les Rabbins nous dire que tout ce qui existe dans l'homme a son âquivalont dans la terre ('Y. c'est ce que l'on a appelé la doctrine du maeromssme par antithêse avec celle. du mi. crou0sme, gui est l'homme, et la prendiêre est une conséquence de
 
 
 
 
 
 
(1) 1ke.~ yÜlo8opUguey Août 1878, p. 199.
 
 
 
0) Ibid.,                 1880, p. 25.
 
 
 
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L'histoire d'Adam offre également plus d'une analogie avec ,elle de la terre. Notre monde est maudit et déchu avec lui, il doit donc se relever avec loi dans la palingénêse. Cette seconde idée que parfois on a crue à tort étrangers à la Bible est cepen­dant une suite logique de la prerniure: puisque l'homme a etitraïnê la terre dans sa chute, West‑il pas raisonnable de croire qu'elle participera, cite aussi, à la régénération de llh,Lm,,iito 1
 
 
 
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« Croit‑on que le corps de l'homme soit ce quo noua appelons ordinairement de ce octal Nous pensons plutôt qu'il n'est que le noyau d'un autre corps bien autrement immense, car il faut ré­fléchir que cette enveloppe organique dont la volonté se sort étant un composé de force expansive et concentrique ne peut quo a, restreindre on se dilater à chaque changement, si petit qu'il soit, qui survient dans les den, grandes sphéres de concentration et de dissolution composant Punivers matériel. Tact Vautrera peut être en ce sens considéré comme notre propre corps c. C'est un philosophe italien, hi. Fornari, qui s'exprime ainsi (') et traduit en langage scientifique les idées analogues de diverses mythologies. Ces idées ne sont que le développement de cette courte formule midraschique qui nous présente aussi clairement que possible la théorie d'Adam, âme du monde: ~ Et l'esprit de Dieu planait sur la surface des eaux (». C'est la, (lisent les Rabbins, pouce ou l'esprit du premier Adam ». Ce commentaire rabbinique suffit pour établir ce que l'hébraïsme pense (les rapports de l'homme avec notre terre. Voyons à présent quelle idée, le jude8me s'est faite du progrüs dans la création elle‑même.
 
 
 
 
  
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Mais voyons plutôt les idées hébraïques qui nous intéressent particulièrement. Nous savons que l'opinion commune est qu'Adam a été appelé de ce nom parce qu'il a été tiré de la terre, <i>adama </i>. Mais la Bible ne dit rien là-dessus et si l'on se rappelle l'analogie des mots hébreux <i>isch, ischa</i>, homme, femme, et le rapport intime dans lequel l'homme se trouve placé par la Bible elle-même  avec la terre, il n'est peut-être pas d'une hardiesse excessive de voir dans les noms <i>Adam, adama,</i> cette idée que la terre a l'homme pour époux. C'est lui qui est appelé à la remplir, à la soumettre et à dominer toutes les autres créatures qui l'habitent. A l'homme incombe un travail complet de transformation, ou pour mieux dire d'appropriation, de manière à ce que la terre serve d'instrument docile à sa volonté. Nous avons déjà cité les légendes rabbiniques qui nous montrent un Adam d'une stature telle qu'il atteint le ciel et embrasse le monde d'un bout à l'autre. Cet Adam là s'identifie en quelque sorte avec une terre à forme humaine. Aussi entendons-nous les Rabbins nous dire que tout ce qui existe dans l'homme a son équivalent dans la terre <ref> כל מה שיש באדם יש כנגדו בארץ </ref>. C'est ce que l'on a appelé la doctrine du macrocosme par antithèse avec celle du microcosme, qui est l'homme, et la première est une conséquence de<ref> Page 337 </ref>celle-ci, car si l'homme est le monde en petit, le monde doit être un homme en grand.
  
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L'histoire d'Adam offre également plus d'une analogie avec celle de la terre. Notre monde est maudit et déchu avec lui, il doit donc se relever avec lui dans la palingenèse. Cette seconde idée que parfois on a crue à tort étrangère à la Bible est cependant une suite logique de la première: puisque l'homme a entrainé la terre dans sa chute, N'est-il pas raisonnable de croire qu'elle participera, elle aussi, à la régénération de l'humanité?
  
P.
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Lorsqu'il sera question de la loi de l'homme, nous verrons que pour l'hébraïsme la loi créatrice de l'univers, le Logos universel, la Sagesse des Proverbes se confond avec le Logos humain ou, pour employer le langage du quatrième Evangile, la lumière qui éclaire tout homme en ce monde <ref> St Jean, I, 9 </ref>. Et comme le Logos n'est au complet que dans l'humanité prise dans son ensemble, c'est l'humanité, ou Adam la représentant et la résumant, qui est <i>l'âme du monde </i>.
  
C) G.,e,c, 1, 2, J.1~«t &h. mr. 4.
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« Croit-on que le corps de l'homme soit ce que nous appelons ordinairement de ce nom? Nous pensons plutôt qu'il n'est que le noyau d'un autre corps bien autrement immense, car il faut réfléchir que cette enveloppe organique dont la volonté se sert étant un composé de force expansive et concentrique ne peut que se restreindre ou se dilater à chaque changement, si petit qu'il soit, qui survient dans les deux grandes sphères de concentration et de dissolution composant L'univers matériel. Tout l'univers peut-être en ce sens considéré comme notre propre corps ». C'est un philosophe italien, M. Fornari, qui s'exprime ainsi <ref> <i> Armonia Universale </i>, p. 15. </ref> et traduit en langage scientifique les idées analogues de diverses mythologies. Ces idées ne sont que le développement de cette courte formule midraschique qui nous présente aussi clairement que possible la théorie d'Adam, âme du monde: «  Et l'esprit de Dieu planait sur la surface des eaux <ref> Genèse, I, 2, <i> Jalkout Sch.</i> Ber. 4 </ref>». C'est là, disent les Rabbins, l'âme ou l'esprit du premier Adam ». Ce commentaire rabbinique suffit pour établir ce que l'hébraïsme pense des rapports de l'homme avec notre terre. Voyons à présent quelle idée le judaïsme s'est faite du progrès dans la création elle-même . <ref> Page 338 </ref>
  
  

Latest revision as of 11:48, 8 October 2010

VI.

Le progrès dans la création.

§ 1.

RAPPORTS DE L'HOMME AVEC LA TERRE.

Nous ne croyons pas abandonner notre sujet général qui est l'étude des idées constitutives de religion universelle dans le judaïsme en examinant la doctrine du progrès non seulement chez l'homme, mais encore dans le monde. Nous resterions fidèles au plan que nous nous sommes tracé, même si aucun lien ne rattachait Adam à la terre. Mais le lien existe, et c'est pourquoi avant d'aborder la question du progrès général de la terre, nous étudierons d'abord les rapports de l'homme avec le monde qu'il habite. Nous dirons avant tout, comme un sérieux examen nous en a convaincu et comme nous espérons le démontrer au lecteur, que [1] pour le judaïsme traditionnel, l'homme ou l'espèce humaine en général est vis-à-vis du globe terrestre dans les rapports de l'âme avec le corps. Pour la tradition hébraïque, Adam forme le cosmos, mais il est vrai de dire aussi que le cosmos forme Adam, ou pour mieux dire lui donne son corps, précisément comme l'âme de chacun de nous, qui d'abord se construit sa propre demeure physique, celle-ci lui servant ensuite d'instrument et d'organe pour ses diverses fonctions. On sait qu'il y a de nos jours des philosophes et des savants qui croient la sensibilité et la conscience répandues plus ou moins partout: « D'un œuf microscopique, dit M. Hesse, sort un homme avec les germes de toutes les facultés intellectuelles et morales; on ne voit là rien que de naturel. Il ne l'est pas moins que des mondes, des organismes et des êtres pensants aient pour point de départ de leur développement des centres cosmiques d'actions et de réactions. Ces centres de force sont aussi des germes » [2]. Et, M. Seailles dit de son côté: «  La terre n'est-elle pas un être réel, un système organique, un individu véritable? » [3]

Mais voyons plutôt les idées hébraïques qui nous intéressent particulièrement. Nous savons que l'opinion commune est qu'Adam a été appelé de ce nom parce qu'il a été tiré de la terre, adama . Mais la Bible ne dit rien là-dessus et si l'on se rappelle l'analogie des mots hébreux isch, ischa, homme, femme, et le rapport intime dans lequel l'homme se trouve placé par la Bible elle-même avec la terre, il n'est peut-être pas d'une hardiesse excessive de voir dans les noms Adam, adama, cette idée que la terre a l'homme pour époux. C'est lui qui est appelé à la remplir, à la soumettre et à dominer toutes les autres créatures qui l'habitent. A l'homme incombe un travail complet de transformation, ou pour mieux dire d'appropriation, de manière à ce que la terre serve d'instrument docile à sa volonté. Nous avons déjà cité les légendes rabbiniques qui nous montrent un Adam d'une stature telle qu'il atteint le ciel et embrasse le monde d'un bout à l'autre. Cet Adam là s'identifie en quelque sorte avec une terre à forme humaine. Aussi entendons-nous les Rabbins nous dire que tout ce qui existe dans l'homme a son équivalent dans la terre [4]. C'est ce que l'on a appelé la doctrine du macrocosme par antithèse avec celle du microcosme, qui est l'homme, et la première est une conséquence de[5]celle-ci, car si l'homme est le monde en petit, le monde doit être un homme en grand.

L'histoire d'Adam offre également plus d'une analogie avec celle de la terre. Notre monde est maudit et déchu avec lui, il doit donc se relever avec lui dans la palingenèse. Cette seconde idée que parfois on a crue à tort étrangère à la Bible est cependant une suite logique de la première: puisque l'homme a entrainé la terre dans sa chute, N'est-il pas raisonnable de croire qu'elle participera, elle aussi, à la régénération de l'humanité?

Lorsqu'il sera question de la loi de l'homme, nous verrons que pour l'hébraïsme la loi créatrice de l'univers, le Logos universel, la Sagesse des Proverbes se confond avec le Logos humain ou, pour employer le langage du quatrième Evangile, la lumière qui éclaire tout homme en ce monde [6]. Et comme le Logos n'est au complet que dans l'humanité prise dans son ensemble, c'est l'humanité, ou Adam la représentant et la résumant, qui est l'âme du monde .

« Croit-on que le corps de l'homme soit ce que nous appelons ordinairement de ce nom? Nous pensons plutôt qu'il n'est que le noyau d'un autre corps bien autrement immense, car il faut réfléchir que cette enveloppe organique dont la volonté se sert étant un composé de force expansive et concentrique ne peut que se restreindre ou se dilater à chaque changement, si petit qu'il soit, qui survient dans les deux grandes sphères de concentration et de dissolution composant L'univers matériel. Tout l'univers peut-être en ce sens considéré comme notre propre corps ». C'est un philosophe italien, M. Fornari, qui s'exprime ainsi [7] et traduit en langage scientifique les idées analogues de diverses mythologies. Ces idées ne sont que le développement de cette courte formule midraschique qui nous présente aussi clairement que possible la théorie d'Adam, âme du monde: «  Et l'esprit de Dieu planait sur la surface des eaux [8]». C'est là, disent les Rabbins, l'âme ou l'esprit du premier Adam ». Ce commentaire rabbinique suffit pour établir ce que l'hébraïsme pense des rapports de l'homme avec notre terre. Voyons à présent quelle idée le judaïsme s'est faite du progrès dans la création elle-même . [9]


References

  1. Page 336
  2. Revue Philosophique, Aout 1878, p. 199.
  3. Ibid., Janvier 1880, p. 25.
  4. כל מה שיש באדם יש כנגדו בארץ
  5. Page 337
  6. St Jean, I, 9
  7. Armonia Universale , p. 15.
  8. Genèse, I, 2, Jalkout Sch. Ber. 4
  9. Page 338